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deux ambitions réunies firent de Guébriant un maréchal de France, et le Laboureur dit que cette dignité appartenait à double titre à madame de Guébriant, par participation de son mari, et par la part qu'elle avait méritée dans le bon succès de ses armes. La maréchale, devenue veuve en 1643, crut ne pas avoir assez fait pour sa gloire, et, en 1645, elle trouva moyen de se faire nommer ambassadrice extraordinaire auprès du roi de Pologne. C'était la première fois qu'en France une femme portait, de son chef, le titre d'ambassadrice. La négociation dont madame de Guébriant était chargée semblait du reste affaire de femme, puisqu'il s'agissait de conduire vers Wladislas la princesse Marie-Louise de Gonzague, qu'il avait épousée par procureur. La princesse arrive à Varsovie; elle trouve le roi prévenu contre elle. On l'accusait d'avoir éperdument aimé le malheureux Cinq Mars, et pour ce fait elle allait être outrageusement renvoyée en France. Madame de Guébriant vit le péril; elle sut qu'une partie de la cour intriguait contre Marie de Gonzague; qu'une princesse polonaise visait à supplanter la reine; elle résolut de tenir tête à la fortune. Ce qu'elle dé-, ploya de dextérité, d'esprit et de profonde diplomatie pour amener Wladislas à reconnaître Marie de Gonzague pour épouse, serait incroyable, si on n'en avait le détail authentique dans une série de lettres écrites par la maréchale à la princesse Anne, mère de la reine de Pologne. Non-seulement la princesse fut reconnue, mais Wladislas donna ordre de rendre à l'ambassadrice les mêmes honneurs qu'avait reçus l'archiduchesse d'Inspruck, Claude de Médicis, lorsqu'elle lui avait amené à Varsovie sa première femme, fille de l'empereur Ferdinand III. Une fois entrée dans la diplomatie, madame de Guébriant résolut de n'en plus sortir. Charlevoix, gouverneur de Brisach, venait d'être remplacé par Tilladet dans cet office; mais lorsque le nouveau gouverneur se présenta devant la place, l'ancien refusa de lui en ouvrir les portes, et il fallut songer à négocier ou à donner, avec des troupes françaises, assaut à une place française dans laquelle il ne

se trouvait d'autre rebelle que le gouverneur. On fit appel aux talents de madame de Guébriant. Celle-ci, feignant du mécontentement personnel contre la cour, se rendit près de Charlevoix avec une femme qu'il aimait ; une fois dans la place, elle n'eut pas de peine à inspirer au gouverneur assez de confiance pour l'engager à aller hors des murs se promener avec sa maîtresse. Un avis envoyé à temps au commandant de Philisbourg donna à celui-ci la facilité d'enlever Charlevoix pendant une de ces promenades, et la place fut livrée au nouveau gouverneur tandis que l'autre dut rester en prison fusqu'à ce que la France fût entièrement pacifiée. Cette perfidie fit beaucoup d'ennemis à la maréchale; mais elle augmenta encore son crédit à la cour, qui, dit-on, allait la nommer gouverneur de Brisach et de l'Alsace, lorsqu'elle mourut à Périgueux, le 2 septembre 1659, au moment où elle prenait part à la négociation de la paix des Pyrénées, sous le titre de première dame d'honneur de la jeune reine, Marie-Thérèse d'Autriche (*). Gui Patin raconte que la maréchale refusa à ses derniers moments de recevoir les secours de l'Église, fait qui peut-être n'est pas moins extraordinaire à cette époque, que ne l'est le reste de la vie de cette femme.

GUEIDAN, baronnie de Provence, fut (*) Louis XIV continua à faire des dames d'honneur les instruments de sa politique : on lit dans les Annales de la cour et de Paris, 1697 et 1698, imprimées à Amsterdam en 1706: « Il faut savoir que la dame d'honneur de madame la duchesse d'Elbeuf ayant voulu se retirer, sa place (il y a deux mille écus de pension) fut briguée par quantité de femmes de qualité qui, outre ces deux mille écus qui leur faisoient envie, considéroient que ce poste leur pourroit être utile par les relations qu'on y a avec Sa Majesté. Car Elle est bien aise qu'on lui rende compte de ce que fait madame la duchesse; et c'est pour cela qu'on a établi ces sortes de dames d'honneur chez les princesses du sang, et que le roi s'est chargé de payer lui-même ces pensions. C'est une politique fine et adroite qui les retient dans le devoir, et même qui y retient leurs maris, parce qu'ils savent qu'ils ont aussi chacun dans leurs maisons une personne qui prend garde qu'il ne s'y passe rien au préjudice de ce qui est dû à Sa Majesté.»

érigée en marquisat par lettres du mois de mai 1752, en faveur de Gaspard de Gueidan. Gueidan est aujourd'hui un hameau du département des Basses-Alpes, arrondissement d'Annot.

GUÉMENÉ, petite ville du département du Morbihan ( arrondissement de Pontivy), qui appartint longtemps à la maison de Rohan. On y voit les restes d'un château fort démoli après les guerres de la ligue. Elle avait été érigée en principauté en 1570, en faveur de Louis VI de Rohan. Guémené est la patrie de l'intrépide Bisson.

GUEMENÉE (famille de). Voyez Ro

HAN.

GUENÉE ( Antoine ), chanoine d'Amiens, professeur de rhétorique au collége du Plessis, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, etc., né à Étampes en 1717, fit paraître les Lettres de quelques juifs portugais, allemands et polonais, à M. de Voltaire (1769, in-8°, plusieurs fois réimprimées). Cet ouvrage est le principal titre de célébrité de son auteur, qui mourut en 1803, à Fontainebleau. C'est cet ecclésiastique que Voltaire a désigné sous le nom de Secrétaire juif dans sa lettre à d'Alembert du 18 décembre 1776, etc. GUENES (combat de). Le 31 octobre 1808, Lefebvre, avec trois divisions (Leval, Vilatte et Sébastiani, vainqueurs à Durango), était entré à Bilbao et avait poursuivi les ennemis jusqu'à Guenès. ( Voyez DURANGO [bataille de ].) Le 7 du mois suivant, le maréchal, dont Victor, dans l'intervalle, était venu couvrir le flanc gauche avec le premier corps, attaqua de nouveau Blacke sur les hauteurs où il s'était fortifié. Nos troupes percèrent d'abord, par un effort vigoureux, le centre des positions ennemies, puis forcèrent les ailes à se replier et à se jeter confusément dans les montagnes. Les difficultés de terrain qui, d'une part, empêchaient la cavalerie française d'agir, et, de l'autre, l'extrême fatigue de notre infanterie, ne permirent pas à Lefebvre de poursuivre les Espagnols au delà de Valmaseda; mais Blacke avait perdu dans cette affaire plus de 4,000 hommes, tués, blessés ou faits prisonniers, et l'armée de Galice n'était plus à craindre de quelque temps.

GUÉRANDE, chef-lieu de canton de la Loire-Inférieure, et la seconde ville du département. Les temps historiques de Guérande ne commencent guère que vers le milieu du neuvième siècle. On prétend néanmoins que les Romains, pour contenir les bandes saxonues campées au Croisic, bâtirent, en 470, une forteresse appelée Grannona, sur le plateau qui domine Guérande. En 850, un évêque de Nantes, dépossédé par un autre prélat, s'établit en dépit de tous à Guérande, et conserva la moitié de son diocèse, arborant ainsi crosse contre crosse. Quelques évêques de Nantes vinrent encore y résider dans la suite. Guérech ou Quiriacus, l'un d'eux, sacré en 1055, l'habita longtemps, et lui fit donner le nom d'Aula Guiriaca, ou Cours de Guérech, d'où son nom actuel. Depuis le dixième siècle, où les Normands l'assiégèrent sans succès (919 et 953), les guerres continuelles dont la Bretagne a été jadis le théâtre avant sa réunion à la France, ont souvent attiré l'ennemi sous ses remparts. Trois fois ses murailles furent renversées, ses édifices réduits en cendres et sa population exterminée, triste mais honorable témoignage de la valeur des habitants, presque toujours chargés seuls de sa défense. Parmi les siéges qu'elle eut à soutenir, un des plus fameux est celui où, en 1342, Louis d'Espagne la prit d'assaut, et y mit tout à feu et à sang. Du Guesclin s'en empara aussi en 1373. Six ans après, Clisson vit échouer ses efforts contre elle.

Les ravages de la guerre réduisirent sa population de près de moitié, et toutes les fois qu'on relevait ses remparts on en rétrécissait l'enceinte. Ceux qu'on y voit aujourd'hui furent bâtis par Jean V, duc de Bretagne, et datent de 1431. Ils sont encore flanqués de dix fortes tours. Le château fut démoli en 1614. Le seul édifice remarquable à Guérande est la cathédrale, dont le haut clocher fut bâti en 857.

Les états de la province tinrent plusieurs fois leurs assemblées à Guérande (*). Jusqu'à la révolution, il y

(*) Les états réunis à Guérande, le 4 août 1625, accordèrent au roi un don gratuit de 500,000 livres, et à la reine la somme de 150,000 livres.

exista une communauté de ville ayant droit de députer aux états de Bretagne, une subdélégation, une sénéchaussée royale; c'était, avec le présidial, la seule juridiction royale de l'évêché de Nantes. En même temps son territoire était partagé en une multitude de petits fiefs, et l'émigration de 1790 rompit singulièrement l'équilibre de cette population. Elle est aujourd'hui évaluée à environ 8,000 habitants.

GUÉRANDE (traités de).- C'est dans cette ville que se conclut, après la bataille d'Aurai et la mort de Charles de Blois, la paix qui assura le duché de Bretagne à Jean de Montfort. « Les conférences commencées à Rennes, suivies à Redon, continuées à Guérande, durèrent cinq mois. On se vit souvent sur le point de les rompre; mais le peuple, lassé d'une guerre de vingt-trois ans, demanda la paix à grands cris. On faisait des prières publiques et des émeutes pour ce sujet. Enfin, le traité fut signé le 11 avril 1365, en présence des commissaires du roi de France. Il y fut stipulé que tant qu'il y aurait hoirs mâles descendants de la ligne de Bretagne, filles ne succéderaient au duché. Ce traité assurait la couronne à la ligne masculine; mais les prétentions de la ligne féminine avaient occasionné une guerre de plus de vingt ans. La comtesse de Blois conserva le comté de Penthièvre, et obtint quelques indemnités en terres, notamment la vicomté de Limoges. Les princes ses fils, aux dépens de qui la paix venait d'être conclue, furent les seuls qui n'en jouirent pas. On ne trouva pas de meilleure garantie contre leur ambition que de les retenir prisonniers en Angleterre (*).

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Une autre paix, conclue en 1381, entre le duc Jean IV et le roi Charles VI, fut ratifiée le 4 avril, à Guérande.

GUERANDE (monnaie de). Jean de Montfort, qui possédait cette ville dans son apanage, et qui y avait fait construire des fortifications, y battait monnaie dans le quatorzième siècle. Ces pièces portent la lettre G avec le nom de Montfort.

GUÉRANDE (siéges de).- La ville de

(*) Daru, t. II, p. 13.

Guérande fut plusieurs fois assaillie, et avec des succès divers, par les Normands, au neuvième et au dixième siècle. Dans une de ces attaques, on vit, dit l'historien d'Argentré, saint Aubin lui-même combattre à la tête des assiégés.

- Pendant la querelle de Montfort et de Charles de Blois, Louis d'Espagne, partisan de ce dernier prince, marcha sur Guérande, en 1342. La garnison se retira dans la vieille forteresse de Grannone, et les habitants se chargèrent de défendre la ville. La haine contre l'étranger anima même les femmes à monter sur les remparts, d'où elles jetaient sur les assiégeants des pierres et des solives; les prêtres encourageaient les travailleurs et les combattants de la voix et de l'exemple. Mais la fortune trahit le courage de ces braves gens. Les Espagnols enlevèrent la place, et personne n'échappa à leur fureur. Les églises même furent incendiées; leurs ruines enflammées écrasèrent ceux que le fer avait épargnés (*); le château de Grannone fut rasé, ainsi que les fortifications. On compta à Guérande 8,000 victimes de ce malheureux siége.

-Pendant les guerres du quatorzième et du quinzième siècle, les Guérandais résistèrent avec le même courage aux autres armées étrangères, aux Français, et surtout aux Anglais. Au temps de la ligue, ils repoussèrent successivement les Espagnols et le roi de Navarre. Enfin, leur ville fut encore occupée par les royalistes, au mois de mars 1793; mais ils n'y purent rester qu'une semaine. Revenus à la charge, le 7 juillet 1815, ils abandonnèrent l'entreprise après une attaque de quelques heures.

GUERARD (dom R.), bénédictin de Saint-Maur, né en 1641, à Rouen, où il mourut en 1715, avait été choisi pour aider dom Delfau dans la révision des œuvres de saint Augustin. Pendant un exil dans le Bugey, qui lui fut infligé comme à l'un des auteurs du livre intitulé l'Abbé commendataire, il découvrit, dans la bibliothèque de la Chartreuse, un manuscrit de l'ouvrage de

(*) La voûte de l'église de Guérande est restée jusqu'à nos jours telle que l'a faite l'incendie allumé par les Espagnols.

saint Augustin contre Julien, intitulé : Opus imperfectum; il fit, sur ce mamustrit, un savant travail, qu'il envoya au général de la congrégation. On lui doit aussi un Abrégé de la sainte Bible, 2 vol. in-12, souvent réimprimé.

GUERARD (Benjamin - Edme - Ch.), membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, né à Montbard (Côted'Or), conservateur à la bibliothèque royale (département des manuscrits), professeur de l'école des chartes, est l'un des académiciens les plus instruits sur tout ce qui concerne l'histoire civile et la législation de la France au moyen âge. Il a publié : 1° Essai sur le systéme des divisions territoriales de la Gaule sous les rois francs, Paris, 1832, in-8°, couronné par l'Institut; 2° Polyptique de l'abbé Irminon, ou Etat des terres, des revenus et des serfs de l'abbaye de Saint-Germain des Prés sous le règne de Charlemagne, 1re livraison, partie latine, Paris, 1836, in-4° ; 3° Cartulaire de l'abbaye de Saint-Bertin, Paris, imprimerie royale, 1841, in-4°; 4° Cartulaire de l'abbaye de Saint-Père de Chartres, 1840, 2 vol. in-4°. Ces deux derniers ouvrages font partie de la collection de documents inédits publiés par le ministère. A ces travaux fort importants, il faut joindre un assez grand nombre de mémoires et de dissertations insérés, soit dans le recueil de l'Académie des inscriptions, soit dans le Journal des savants, soit dans la Bibliothèque de l'école des chartes, soit dans la Revue de numismatique. GUERCHE (la), terre et seigneurie dans l'évêché de Nantes, érigée en marquisat par lettres du mois de février 1682, en faveur de René de Brue, che valier, sieur de Montplaisir et maréchal de camp. La Guerche fait aujourd'hui partie du département d'Ille-et-Vilaine, arrondissement de Vitré.

GUERCHY (Claude François - Louis Regnier, comte de), lieutenant général, naquit en Bourgogne en 1715. Il passa en Italie, en 1734, et se distingua à la bataille de Guastalla, fut envoyé en Bohême, peu de temps après, s'empara d'Ems, y soutint un siege glorieux, et se voyant près de succomber écrasé par des forces supérieures, se fit jour à travers l'ennemi, et se retira dans les

murs de Lintz. Bientôt cette place fut assiégée et forcée de se rendre, malgré la belle défense de la garnison, et les exploits de Guerchy, qui refusa de signer la capitulation. Ce brave capitaine continua de s'illustrer dans les guerres de Flandre, et surtout à Fontenoi, puis aux journées d'Hastembeck, de Crévelt, etc., et au combat de Minden, où on le vit arrêter les troupes près de céder le terrain, et, jetant sa cuirasse, s'écrier: Je ne suis pas plus en sûreté « que vous. Allons, Français, suivez<< moi; venez combattre des gens que << vous avez vaincus plus d'une fois. » Après la signature du traité de paix, en 1763, il fut nommé ambassadeur à Londres. Au bout de quatre ans de service dans ce poste, pendant lesquels il avait eu le désagrément de voir sa conduite surveillée par le chevalier d'Éon (voyez ce mot), il demanda son rappel, et vint mourir à Paris en 1767.

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GUERET, Varactum, ancienne capitale de la Marche, aujourd'hui chef-lieu du département de la Creuse, doit son origine à un couvent fondé vers l'an 720, par saint Pardoux. La petite cité s'augmenta considérablement par le séjour qu'y firent les comtes de la Marche (voyez ce mot). Guéret avait autrefois de fortes murailles et des tours qui subsistent en partie. On y voit encore les restes du château où séjourna Charles VII, poursuivant le dauphin son fils.

Avant 1789, Guéret possédait une sénéchaussée, un présidial, une justice royale, une maréchaussée; elle était chef-lieu d'élection.

La population actuelle est de 4,000 hab. Guéret est la patrie de l'historien Varillas.

GUERIN (François), vicomte d'Étoquigny, lieutenant général, né à Dieppe, en 1762, entra, en 1792, à l'état-major de l'armée du Midi, devint, en 1795, colonel des hussards des Alpes, conduisit ce régiment à l'armée d'Italie, fut destitué à la fin de cette campagne, sous le prétexte d'opinions royalistes, puis renvoyé bientôt après à l'armée d'Italie. où il eut le commandement du 10° régiment de chasseurs à cheval. Pendant la brillante campagne de 1796 à 1797, il sut maintenir parmi ses soldats une

discipline qui les empêcha de suivre le mouvement insurrectionnel du reste de l'armée, et lui valut les éloges du Directoire. Quand le 25° de chasseurs, toujours commandé par le colonel Guérin, marcha sur Naples, cet officier prit à l'ennemi, dans différentes charges, 10 pièces de canon, et se distingua à la journée de la Trébia. Nommé officier général sur le champ de bataille, il fut chargé de l'arrière-garde, pendant la retraite sur la Toscane. Après la révolution du 18 brumaire, il fut envoyé à l'armée des Grisons, y commanda la cavalerie de l'avant-garde, et obtint de nouveaux éloges de Macdonald. Il servit ensuite successivement à l'armée de Hollande, en Italie, fit la campagne de 1809, à la tête de la 1re division de dragons, et, à la paix, fut nommé gouverneur général de la Styrie et de la Carinthie, et, en 1810, alla commander la cavalerie de l'armée du Portugal. Ayant éprouvé quelques mécontentements, au sujet de l'avancement dû à tant et à de si glorieux services, le général donna sa démission, et rentra dans ses foyers. Les Bourbons, à leur rentrée, le rappelèrent au service. Lors du débarquement de Napoléon au golfe Juan, le général Guérin fut appelé chez le roi, et en reçut des instructions et une mission dont l'histoire contemporaine ne désigne pas la nature, mais que le général reçut probablement pour l'étranger, car il quitta aussitôt la France, et n'y rentra qu'après la bataille de Waterloo. Commandant de divers départements, il fut compris dans la promotion de lieutenants généraux faits à l'occasion du baptême du duc de Bordeaux. Il est mort en 1827.

GUÉRIN (N.), lieutenant des guides du général Bonaparte à l'armée d'Italie, en 1796, commandait, au combat de Bassano, douze guides à cheval, qui formaient toute l'escorte de ce général; se précipita, à la tête de ces braves, sur deux bataillons de grenadiers croates, qui formaient l'arrière-garde de l'armée autrichienne, et leur fit mettre bas les armes.

GUERIN (Louis), né à Paris, en 1778, était fils d'un marchand de fer. Contre l'ordinaire des peintres qui se sont distingués, il ne fut point entraîné dans sa

jeunesse vers l'étude des arts par un goût naturel et presque invincible, mais seulement par l'exemple de quelques jeunes camarades qui fréquentaient les ateliers, et par les conseils de ses parents. Il entra dans l'atelier de Brennet, et, chose assez singulière, il en fut renvoyé à cause de sa paresse, et il n'y rentra que quand Regnault en prit la direction, après la mort de Brennet. Bien qu'on remarquât chez lui de la sagacité et un esprit pénétrant, il avait fait peu de progrès quand la première réquisition vint encore interrompre ses études. Il obtint cependant son congé, à titre d'artiste, et prit part aux concours d'émulation, qui avaient survécu à ceux de l'Académie. En 1796, il obtint un second prix, et un premier en 1797. Il savait alors combien il avait besoin d'études sérieuses et d'un travail opiniâtre; il s'y livra avec ardeur : le premier résultat fut son tableau de Marcus Sextus, qu'il exposa en 1800.

Ce tableau produisit un effet extraordinaire, et que l'on ne peut pas expliquer par son mérite intrinsèque comme peinture. Ce sujet traité par Guérin était habilement choisi pour émouvoir les sentiments dominants à cette époque, où les listes de proscriptions, enfin effacées, permettaient à une multitude de Français, longtemps éloignés, de rentrer dans leur patrie. Marcus Sextus, de retour à Rome, d'où les fureurs rivales de Marius et de Sylla l'avaient exilé, trouve sa femme morte et sa fille expirante. Ce fut le tableau des émigrés. La réputation de Guérin devint presque une affaire de parti. Malgré l'éclat de ce succès, son tableau fut alors l'objet de quelques critiques. On lui reprochait surtout d'avoir reçu, du Bélisaire de Gérard, une inspiration trop immédiate, et ce reproche était fondé. Il y avait non-seulement analogie entre les sujets, ce qui ne pouvait pas être la matière d'un reproche, mais aussi ressemblance dans le caractère des personnages principaux. Cela, du reste, s'explique facilement. La composition primitive était le retour de Belisaire dans sa famille, et ce fut dans le dessein de faire vibrer une corde trèssensible à ce moment, et, il faut le dire, d'obtenir un succès en dehors de son

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