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frégates croiser au vent de son armée. Le 6, à la pointe du jour, il fit signal à une partie de ses vaisseaux, qui n'avaient pas encore appareillé, de se former en ligne, sans avoir égard ni à leurs postes ni à leur rang.

L'armée anglaise, qui avait l'avantage du vent, s'approchait alors, toutes voiles dehors, dans l'ordre de bataille suivant : à l'avant-garde, le vice-amiral Barrington, sur le Prince de Galles, de 74 canons; au corps de bataille, l'amiral Byron, sur la Princesse royale, de 90 canons; et l'arrière-garde, sous les ordres du contre-amiral Hyde-Parker, embarqué sur le Conqueror, de 74

canons.

L'armée française, qui courait à bord opposé, devait être ainsi formée : à l'avant-garde, le comte de Breugnon, commandant sur le Tonnant, de 80 canons; le comte d'Estaing, général, au corps de bataille, sur le Languedoc, de 80 canons; l'arrière-garde, commandée par M. de Broves, sur le César, de 74

canons.

Il n'y eut d'abord que 15 vaisseaux français qui purent prendre part au combat à cause des courants. Cependant l'armée anglaise, sans cesser de combattre, continuait de courir avec confiance vers la baie de Saint-Georges, dans l'espoir d'arriver encore assez à temps pour secourir l'île de Grenade mais à la vue du feu des forts sur son chef de file, l'amiral Byron fit revirer son armée vent arrière, et mit au même bord que les Français. Le combat continua avec la plus grande vivacité jusqu'à midi un quart; il cessa alors, parce que l'armée anglaise forçait toujours de voiles et serrait le vent pour rejoindre son convoi, tandis que l'amiral français arrivait insensiblement pour rallier ses vaisseaux sous le vent.

Lorsque l'armée française fut bien formée en ligne, d'Estaing la fit revirer vent devant tout à la fois. L'objet de cette évolution était de couper le Grafton, le Cornwall et le Lion, vaisseaux de l'arrière-garde anglaise, qui semblaient fort désemparés, et qui se trouvaient à une grande distance en arrière. Mais l'Anglais ayant fait, peu de temps après, la même manoeuvre, le comte fit reformer son armée en ligne

sur son vaisseau de queue. Alors le Grafton et le Cornwall ne purent rejoindre leur escadre qu'en passant au vent de la ligne française ; ils essuyèrent le feu de tout son corps de bataille. Pour le Lion, qui était extraordinairement dégréé et absolument coupé, il fit vent arrière et alla se réfugier à la Jamaïque dans l'état d'un vaisseau naufragé.

Deux capitaines de vaisseau de notre flotte furent tués, quatre blessés ; le comte de Breugnon, dangereusement malade, se fit porter sur le pont de son vaisseau, pour être présent au combat et donner ses ordres. Enfin, les Anglais, maltraités, se retirèrent laissant d'Estaing dominer dans la mer des Antilles.

-L'île de la Grenade tomba au pouvoir des Français dirigés par Victor Hugues, en 1794; les Anglais y rentrèrent l'année suivante.

GRENADE (traité de ). Le 11 novembre 1500, Louis XII conclut avec Ferdinand et Isabelle, souverains d'Espagne, un traité négocié avec le plus profond secret, et signé à Grenade, par lequel il s'associait à une odieuse perfidie. « Ce traité, dit M. de Sismondi, n'était que l'accomplissement de celui que Ferdinand et Isabelle avaient précédemment proposé à Charles VIII. II commençait par des protestations de la plus dégoûtante hypocrisie, sur le devoir des rois de maintenir la paix, d'éviter les blasphèmes des gens de guerre, la profanation des temples, le déshonneur des vierges et des femmes; sur la nécessité de secourir la sainte Église, et de la protéger contre la rage des Turcs; sur le crime qu'avait commis don Frédéric d'Aragon, en correspondant avec les Turcs et recherchant leur alliance. Après être convenus de contracter l'union la plus étroite entre les monarques de France et d'Espagne, de s'assister réciproquement contre tous les ennemis étrangers ou domestiques, de se livrer les criminels de lèse-majesté qui se réfugieraient des terres de l'un dans celles de l'autre, les parties contractantes s'accordaient à partager entre elles le royaume de Naples, de telle sorte que la terre de Labour et les Abruzzes, avec les villes de Naples et de Gaete,

demeurassent à Ferdinand, en faveur duquel Louis renoncerait encore à tous ses droits sur le Roussillon et la Cerdagne; la douane des moutons voyageurs de la Pouille devait être perçue par le roi d'Espagne; mais il devait en partager le produit avec le roi de France, qui pouvait envoyer des commissaires pour assister à sa perception.

« Le traité devait être exécuté avec une noire perfidie; Louis XII devait annoncer ses prétentions au trône de Naples. On supposait que Frédéric réclamerait alors l'assistance de Ferdinand et d'Isabelle, qui lui enverraient une armée formidable comme pour combattre les Français ; mais quand les troupes seraient maîtresses des places fortes et des provinces de Frédéric, elles l'en expulseraient pour partager le royaume avec les Français. »

Une pareille convention était aussi impolitique que déloyale, car Louis était alors l'arbitre de l'Italie; le roi de Naples lui offrait, pour avoir la paix, un tribut, l'hommage féodal, tous les avantages enfin que le monarque français pouvait obtenir par la victoire. Malheureusement, le prince voulait faire de l'habileté à la manière de son prédé cesseur et il n'était pas un Louis XI.

GRENADIERS. C'est en France que l'institution des grenadiers a pris naissance. Dans les quatorzième, quinzième et seizième siècles, on donnait le nom d'enfants perdus à des soldats d'élite, ordinairement placés aux avant-postes, et choisis dans les bandes les mieux disciplinées. On en formait quelquefois de petits corps détachés, destinés à marcher en tête des colonnes d'attaque. Ils servaient pour éclairer les marches et les convois; c'étaient eux aussi qui avaient l'honneur de monter les premiers à l'assaut d'une place. On les arma de grenades en 1536, époque de l'invention de ce projectile (*), et on les employa dans les sièges à jeter à la main cette arme meurtrière. Ils prirent le nom de grenadiers en 1667, et on en plaça d'abord quatre dans chaque compagnie d'infanterie. Il est à remarquer que lors de l'institution de cette troupe

(*) Les Français en firent usage pour la première fois au siége d'Arles.

d'élite, on ne tenait pas exclusivement à la taille; il suffisait d'avoir une bonne constitution et une bravoure éprouvée. On exigea depuis des conditions rigoureusement observées; il fallut avoir six ans de service, et la taille de 5 pieds 4 pouces. La première de ces conditions fut réduite à quatre, et ensuite à deux

ans.

Les premiers grenadiers portaient une hache, un sabre et une grenadière, ou sac de cuir contenant douze à quinze grenades. Lorsqu'en 1671 le mousquet fut remplacé par le fusil, on donna cette arme à une grande partie des grenadiers; ils en étaient tous armés vers la fin du règne de Louis XIV.

La grenade, qui varia beaucoup dans son poids et son calibre, était garnie de poudre, et on y mettait le feu avec une mèche. D'après Gassendi, les anciennes grenades sont préférables aux grenades plus pesantes qui leur furent substituées, et qui sont en usage de nos jours (*).

En 1670, on créa une compagnie de grenadiers dans le régiment du roi; bientôt une création semblable eut lieu dans chacun des trente plus anciens régiments, et successivement chaque ba tailion finit par avoir sa compagnie de grenadiers. Des que ces compagnies devinrent l'élite de l'infanterie, on cessa de les exercer au jeu de la grenade. Les troupes du génie furent les seules qui apprirent l'usage de ce projectile.

En 1745, les compagnies de grenia

(*) La grenade se fabriqua en carton, en verre, en métal de cloche, en bronze et en fonte de fer; on n'en fabrique plus maintenant que de ce dernier métal. On lui donne la forme d'un globe creux. On distingue deux espèces de grenades : les grenades à main, du calibre des boulets de 4, et du poids de deux livres, se jettent à la main dans les redoutes, dans les chemins couverts ou dans les tranchées, et prennent feu par une fusée de vingt secondes de durée; les grenades de rempart, que l'on nomme aussi grenades de fosse, sont du poids de douze livres et du calibre des boulets de 16, de 24 et de 32. Après avoir mis le feu à la fusée, on les roule du haut du rempart dans les fossés, au moyen d'une espèce de châssis appelé auget.

diers des bataillons de milices formèrent 7 régiments auxquels on donna le nom de grenadiers royaux, et à la réforme de 1749, 48 compagnies des régiments licenciés formèrent le corps des grenadiers de France, si connu dans nos fastes militaires par sa brillante valeur. Ces troupes disparurent, en 1789, lors de notre première régénération politique, avec laquelle disparurent aussi nos vieilles institutions militaires.

a été une haute distinction militaire. Les grenadiers jouissent encore de certaines prérogatives dans l'armée. Les principales consistent dans le port de l'épaulette et du sabre; dans l'exemption des corvées qui roulent sur le régiment ou le bataillon; dans une haute paye d'un sou par jour. Ils ont, avec les voltigeurs, la garde du drapeau.

La Prusse est la première nation qui ait imité nos grenadiers. Après elle, toutes les puissances du Nord voulurent aussi avoir leurs troupes d'élite, et cet exemple se répandit bientôt dans toute l'Europe.

Depuis l'organisation de 1791 jusqu'à nos jours, il y a toujours eu une compagnie de grenadiers en tête de chaque bataillon d'infanterie de ligne et même GRENIER (Paul, comte), lieutenant de garde nationale. L'infanterie de la général, naquit à Sarrelouis en 1768. Il garde du Directoire ne se composait ne dut son élévation qu'à son mérite, que de deux compagnies de grenadiers; et l'on peut dire de lui, comme de Chela garde des consuls en eut deux batail-vert, que le seul titre de maréchal de lons, et la garde impériale renfermait des régiments de grenadiers à pied, de grenadiers fusiliers, de flanqueurs et de tirailleurs-grenadiers, de conscrits-grenadiers. On a fréquemment réuni les grenadiers en division et en corps d'armée, pour servir de réserve conjointement avec la garde. La France se rappelle le beau corps de grenadiers d'Oudinot, et les services qu'il rendit dans les premières campagnes d'Au

triche.

Le corps royal des grenadiers de France, organisé, en 1814, avec les débris de grenadiers de la vieille garde, ne fut pas maintenu après les cent jours.

La seconde restauration supprima aussi la compagnie de grenadiers à cheval, qui, en 1814, avait été introduite dans la maison du roi. Cependant il y en avait deux régiments dans la garde royale, qui disparurent après le mois de juillet 1830. Cette institution était due à Louis XIV, qui l'avait créée en 1676. La compagnie des grenadiers à cheval était alors destinée à marcher et à combattre à pied et à cheval, en tête de la maison du roi, dont cependant elle ne faisait point partie. Supprimée en 1775, cette troupe fut rétablie en 1789, et licenciée en 1792, pour reparaître avec éclat dans la garde consulaire, puis dans la garde impériale, où les grenadiers à cheval formaient un régiment.

a

De tout temps, entrer aux grenadiers

France a manqué, non pas à sa gloire, mais à l'exemple. Son père était huissier, et le destinait à lui succéder; mais le jeune Grenier entra au service comme simple soldat dans le régiment de Nassau (infanterie), le 21 décembre 1784. A la bataille de Valmy, le 20 septembre 1793, il était déjà capitaine. Sa conduite à Jemmapes, et pendant toute la campagne suivante, lui mérita, le 15 octobre 1793, le brevet d'adjudant général. Nommé général de brigade le 29 avril 1794, et général de division le 11 octobre même année, il reçut, après la journée de Fleurus, les éloges du général en chef, qui lui attribua une partie du succès. C'est lui qui dirigea, le 6 septembre 1795, le passage du Rhin à Urdingen, par l'avant-garde de l'armée française.

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En 1797, le Directoire lui écrivait la lettre suivante : « L'ouverture de la « campagne de l'armée de Sambre-et« Meuse a été marquée, citoyen général, par des événements qui ont di«gnement occupé la renommée pen«dant le repos de l'armée d'Italie. Les « batailles de Neuwied, et les combats à la suite desquels l'armée s'est si rapidement portée sur le Mein, sont « pour elle l'époque la plus glorieuse « peut-être de ses succès. Vous avez

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acquis à la gloire dont elle s'est coua verte une part distinguée, et qui a a fixé l'attention du Directoire exécu« tif. »

Hoche venait de remplacer Jourdan dans le commandement de l'armée du Rhin; Grenier passa à l'armée d'Italie en 1799, et s'y fit remarquer aux batailles de l'Adige, de Vérone, de Cassano, de Bassignano, etc., et pendant la retraite de Schérer. Réuni à l'armée des Alpes (Championnet), il s'empara des postes du petit Saint-Bernard, et prit une part glorieuse aux combats de la Stura, de Mondovi et de Fossano.

En 1800, à l'armée du Rhin, ses savantes manœuvres décidèrent la prise de Guntzbourg, et contribuèrent au succès des batailles d'Hochstædt et de Hohenlinden.

Après la paix de Lunéville, le premier consul le désigna pour remplir les fonctions d'inspecteur général d'infanterie. Il fit les campagnes de 1805 à 1807, et devint, à la fin de cette dernière année, gouverneur de Mantoue et comte de l'empire.

En 1809, il prit le commandement d'une division de l'armée d'Italie, à la tête de laquelle il prit part aux combats de Sacile, de Caldiero et de Saint-Daniel. Ayant reçu, à la suite de ces affaires, le commandement d'un corps d'armée, il se signala au passage de la Piave, à celui du Tagliamento, et à la bataille de Raab. A Wagram, il reçut, pour sa brillante conduite, le titre de grand-croix de la Légion d'honneur.

Envoyé dans le royaume de Naples en 1810, il prit, l'année suivante, le commandement en chef du corps d'observation de l'Italie méridionale.

En 1812, il organisa la 35o division, la mena en Prusse, au-devant des débris de la grande armée, et protégea la retraite du prince Eugène, qui vint prendre position sur l'Elbe. L'année suivante, il reçut l'ordre de prendre le commandement du corps d'observation qui venait d'être créé sur l'Adige. Lieutenant du vice-roi d'Italie à la suite de cette campagne, il bat les Autrichiens à Bassano, à Caldiero et à Saint-Michel, et dispute ensuite, pied à pied, le terrain à l'ennemi. La défection de Murat étant venue compliquer les embarras de l'armée d'Italie, le général, de concert avec Eugene, dirigea les mouvements défensifs de cette armée, et contribua efficacement au succès de la bataille du

Mincio. Lorsque le vice-roi traita pour l'évacuation de l'Italie avec Bellegarde, il remit à Grenier le commandement en chef de l'armée, que celui-ci ramena en France.

Pendant les cent jours, les suffrages des électeurs de la Moselle appelèrent le général Grenier à la chambre des députés; il y exerça une grande influence, et fut nommé membre du gouvernement provisoire. Il cessa d'être employé activement après la seconde restauration. Le département de la Moselle l'envoya de nouveau à la chambre des députés de 1818.

Le général Grenier mourut en 1827. GRENIERS A SEL. - Cette juridiction royale, où se jugeaient en première instance les contraventions en fait de gabelle, fut créée, par lettres patentes du 20 mars 1342, dans le but de maintenir le monopole; elle se composait d'un président, d'un grenetier, d'un contrôleur, d'un procureur du roi, et d'un greffier. Il fut établi de ces tribunaux exceptionnels dans toutes les localités où la fréquence de la contrebande en fit sentir la nécessité. L'appel de leurs jugements était porté devant la cour des aides. (Voyez aussi Gabelle.)

GRENOBLE, Cularo, Gratianopolis, ancienne ville du Dauphiné, aujourd'hui chef-lieu du département de l'Isère.

Avant la conquête des Gaules par les Romains, Grenoble tout entière, située sur la rive gauche de l'Isère, appartetenait aux Allobroges, qui l'appelaient Cularo; et deux inscriptions, trouvées sur une des vieilles portes de la cité, prouvent qu'elle portait encore ce nom 288 ans après Jésus-Christ (*). Une lettre de Plancus à Cicéron (**), datée de Cularone ex finibus Allobrogum, semble prouver que c'était une localité fort obscure au temps de César, puisque Plancus croit devoir en indiquer la position. Cularo continua à subsister sans illustration pendant plusieurs siècles; et il n'en est plus fait mention, du moins sous ce nom, dans aucun auteur, jusqu'à l'époque où la Gaule fut

(*) Champollion-Figeac, Ant. de Grenoble, 1807, in-4, p. 17 et 28.

(**) Ep. ad fam., lib. x, epist. 23, t. I, p. 390, dans le Cicéron de V. Leclerc.

divisée non plus en peuples, mais en provinces et en diocèses. La Notice de l'Empire (*) place Cularone ou Calarone dans la Sapaudia, nom qui, dans les derniers temps de l'Empire, remplaça celui d'Allobrogie. Enfin, l'emplacement de Cularo à Grenoble, quoique contesté par de nombreux savants, est prouvé non-seulement par les mesures anciennes de la Table de Peutinger, mais encore par quatre-vingts inscriptions qui y ont été trouvées à diverses époques. Trois cent trente-deux ans après la lettre de Plancus, M. Aurel. Maximianus fit reconstruire les murs de Cularo, et douna de nouveaux noms à ses deux portes. L'an 379, l'empereur Gratien, passant dans les Gaules et dans le voisinage de la province Viennoise, où se trouvait Cularo, agrandit considérablement cette ville, et lui donna son nom qu'elle conserva depuis. Il en fit peutêtre même le siége d'un évêché particulier. Ces faits sont démontrés par un passage d'Ausone (**), et par une ancienne Notice des Gaules (***), qui dit positivement que Grenoble, Gratianopolis, fut bâtie par Gratien.

Deux ans après le voyage de Gratien, on voit assister, au concile d'Aquilée, un certain Domninus, évêque de Grenoble. Une bulle de saint Leon, de l'an 450, nomme cette ville parmi les suffragantes de Vienne; et toutes les Notices des Gaules la mettent au nombre des cités de la Viennoise, immédiatement après Vienne et Genève. L'identité de Cularo et de Gratianopolis ne peut donc plus être révoquée en doute. Seulement il est constant que les deux noms furent encore assez longtemps usités concurremment.

Grenoble fut prise par les Burgondes dans le cinquième siècle; après la destruction de leur puissance par les Francs, elle passa sous la domination des rois de la première race. Toutefois, l'histoire ne la mentionne guère avant la fin du sixieme siècle, où elle soutint un siége contre les Lombards, que commandait Rhodane. Mummole, à la tête de l'armée de Gontran, accourut pour la se

(*) Edit. Phil. Labbé, § 65, p. 121. (**) In Gratianum pro consulatu, p. 584. (***) Publiée par dom Bouquet.

courir. Les ennemis furent taillés en pièces (575). Depuis cette époque jusqu'à la première moitié du dixième siècle, il n'est que rarement question de Grenoble, qui fut donnée, dans les derniers temps du second royaume de Bourgogne, à ses évêques, également maîtres de tout le Grésivaudan. Jusqu'en 1044, ils possédèrent la ville en franc-alleu. Cependant les dauphins de Fiennois (voyez ce mot) parvinrent, après de longs débats, à faire reconnaître leur souveraineté par ces prélats; et c'est au dauphin Humbert II que Grenoble, république ecclésiastique, dut l'établissement d'un conseil delphinal, avec juridiction souveraine; conseil dout l'autorité fut reconnue par les dauphins de France, et que Louis XI érigea en parlement.

Quant aux évêques, ils continuèrent d'y prendre le titre de princes de Grenoble, et d'y avoir la justice en pariage avec le roi. Pendant les guerres religieuses du seizième siècle, cette ville eut à souffrir comme le reste de la province (voy. DAUPHINÉ, t. VI, p. 369, et ADRETS [des], t. I, p. 135, 136 et 137). Elle tomba au pouvoir du farouche baron des Adrets; Sassenage, ancien gouverneur de Grenoble pour le roi, la reprit aux protestants; mais des Adrets se présenta bientôt sous ses murs pour la seconde fois, s'en rendit maître malgré la courageuse résistance de la garnison, qu'il fit passer au fil de l'épée.

Les troupes royales tentèrent inutilement de la reprendre ou de la conserver, et elle resta au pouvoir des protestants jusqu'à l'édit d'Amboise (Voy. EDIT, t. VII, p. 102). Lorsque la guerre recommença, Grenoble fut mise en un si bon état de défense que les huguenots ne songèrent plus à l'attaquer. Cependant, après la mort de Charles IX, Lesdiguières crut pouvoir la surprendre, et le succès répondit à son audace. Dans la nuit du 24 au 25 novembre 1574, il s'empara du pont qui communiquait de la rive droite à la rive gauche de l'Isère, ce qui lui permit de bloquer la ville, qui se rendit par capitulation au bout de vingt-cinq jours.

Depuis la fin du seizième siècle jusqu'aux dernières années du règne de Louis XIV, rien n'avait troublé la

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