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lution française: elle est originale autant que noble et pure. On ne peut s'empêcher d'admirer ce prêtre chrétien qui ose confesser sa foi au milieu d'un peuple insurgé contre la religion aussi bien que contre la politique du passé; et pourtant ce peuple, respectant en lui des convictions sincères et profondes, n'a point cessé de le regarder comme un ami. » Telle est en effet l'originalité de Grégoire. Il aperçut de suite l'identité fondamentale de la doctrine évangélique et des principes de la révolution. Il vit que la révolution n'était autre chose que la stricte application de la loi chrétienne à la loi sociale; et dès lors, érigeant le dogme religieux en devoir politique et les principes de la révolution en dogme religieux, il vécut et mourut prêtre et républicain.

Esprit à la fois studieux et pratique, homme de pensée et d'action, cette heureuse alliance de qualités opposées qui distingue toute la vie de Grégoire, se manifesta chez lui dès le commencement. Prêtre par goût, pour nous servir de ses propres paroles, après avoir été quelque temps professeur de belles-lettres à Pont-à-Mousson, il fut nommé vicaire, puis curé d'Embermesnil en Lorraine. Le développement intellectuel de ses paroissiens, leur amélioration morale, et jusqu'à leur bien-être temporel, lui semblèrent compris dans ses devoirs pastoraux, et devinrent, avec l'édification religieuse proprement dite, le constant objet de ses soins. Non content d'instruire par la parole les villageois de la commune, il enrichit le presbytère d'une bibliothèque morale et agronomique qu'il mit à leur disposition. Il visita à plusieurs reprises, en 1784, 86, 87, la Suisse et diverses contrées de France et d'Allemagne dans ce double but, pour lui inséparable, de perfectionnement propre et de philanthropie.

La révolution vint ouvrir à cette activité puissante un plus vaste champ. Déjà, en 1788, l'Essai sur la régénération physique, morale et politique des juifs, livre de tolérance et de liberté, avait paru. Le nom du curé d'Embermesnil était devenu populaire dans toute la Lorraine; il fut élu député aux états généraux. Il se montra dès les premières séances de l'Assemblée ce qu'il fut

toute sa vie, chrétien démocrate. Ses travaux, dont la multiplicité à cette époque atteste la fécondité vraiment prodigieuse de cette âme ardente, sont tous marqués de ce double caractère. Dès l'ouverture de la session, il se réunit aux députés du tiers. Lorsqu'on décréta la déclaration des droits, il proposa de placer le nom de Dieu au frontispice de ce monument social. « L'homme, dit-il, « n'a pas été jeté par le hasard sur la << terre qu'il occupe, et s'il a des droits, «< il faut parler de celui dont il les << tient. »l demanda aussi qu'à la déclaration des droits on joignit celle des devoirs, corrélative, et indispensable, selon lui. Dans la séance nocturne du 4 août, il demanda la suppression des annates. Il se prononça contre le veto absolu, et plus tard contre le chiffre de la liste civile. Adversaire en général du monachisme, il proposa toutefois d'épargner ceux des établissements religieux qui avaient rendu des services aux sciences et à l'agriculture. Il fut le premier qui prêta serment à la constitution civile du clergé, acte qui a déchaîné contre lui de si nombreux et si longs ressentiments. Lors de l'arrestation de Louis XVI à Varennes, Grégoire se prononça pour la mise en accusation de ce prince, mesure qui, ne devant entraîner alors que la déchéance, eût peutêtre changé toute la marche de la révolution. Dans la discussion sur le marc d'argent pris comme base de l'éligibi lité, il resta fidèle à ses principes démocratiques en combattant cette base. Pour compléter cette énumération, citons aussi ses nobles efforts pour la cause des juifs qui triompha, ainsi que pour celle des noirs et hommes de couleur, dont il est resté depuis lors le zélé et constant avocat. Au milieu de tant de graves travaux, cette sollicitude pour le bien-être matériel du peuple que nous avons déjà remarquée en lui, ne l'abandonna point. C'est ce que témoigne sa lettre aux citoyens de la Meurthe sur les salines de la Lorraine, ainsi que sa proposition pour le desséchement des marais, les défrichements et les plantations. Au fort même de l'orage, en 1793, toujours fidèle à ses premières préoccupations, il a publié une Instruction sur les semailles d'automne, adressée aux citoyens cultivateurs par

ordre de la Convention nationale. Deux départements, ceux de la Sarthe et de Loir-et-Cher, lui avaient conféré le même jour l'épiscopat constitutionnel. Il opta pour le siége de Blois, et l'occupa d'une manière édifiante. Il inspira une telle confiance et une telle estime à ses diocésains, qu'ils l'élevèrent à la présidence de l'administration centrale du département, et un peu plus tard le choisirent pour leur représentant à la Convention nationale. Dès l'ouverture de la nouvelle assemblée, il s'associa à Collot d'Herbois pour proposer que la royauté fût abolie et la république proclamée. Ce fut lui qui développa les motifs de cette proposition. On recueillit surtout de son discours ces paroles restées célèbres : « L'histoire des rois ⚫est le martyrologe des nations. »>

Le 15 novembre suivant, dans la discussion qui s'ouvrit sur la mise en jugement de Louis XVI, Grégoire persista dans l'opinion qu'il avait déjà émise au retour de Varennes. Mais tout en se prononçant avec énergie pour l'accusation, if crut devoir en même temps exprimer sa réprobation à l'égard de la peine de mort en général, demandant qu'elle fût abolie, et que Louis partageât le bienfait de cette abolition. Sa conduite à l'époque du jugement fut conforme à ses principes, comme luimême a pris soin de l'établir, sans du reste prétendre jeter par là aucun blâme sur ceux de ses collègues qui se crurent permis un vote plus rigoureux. Il se trouvait alors en mission à Chambéry, avec Hérault de Séchelles, Jagot et Simon. Ceux-ci rédigèrent un projet de lettre à l'Assemblée, contenant leur vote pour la condamnation a mort; mais Grégoire déclara que ni sa qualité de prêtre, ni son opinion contre la peine capitale ne lui permettaient d'y apposer sa signature, à moins que ces deux derniers mots ne fussent supprimés, à quoi ses collègues consentirent après une assez vive discussion. Du reste, son vote ni les trois autres ne furent point comptés pour la condamnation.

Revenu de sa mission à Chambéry et à Nice, mission qui avait eu pour objet l'organisation des nouveaux départements du Mont-Blanc et des Alpes-Maritimes, Grégoire fut aussitôt appelé

dans le sein du comité d'instruction publique, et il prit une part éminente aux utiles créations de ce comité. Il fut l'un des fondateurs de l'Institut natio nal, du Conservatoire des arts et métiers et du Bureau des longitudes. Outre ses rapports sur la composition de livres élémentaires, l'organisation de bibliothèques publiques dans les départements, la propagation de la langue nationale et la destruction des patois provinciaux, d'autres propositions présentées par lui à l'Assemblée, et concues dans le même esprit, eurent pour objet: l'usage de la langue française dans les inscriptions des monument's publics; un système général de dénominations pour les places, rues, quais, etc., dans toutes les communes de la république ; l'établissement de jardins botaniques et celui de fermes modèles; l'admission d'Olivier de Serres, l'auteur du Théâtre d'agriculture, aux honneurs du Panthéon. « Plus que personne, dit M. Carnot, il contribua à prévenir la destruction des monuments d'art, et qualifia le premier ce genre de crime du nom de vandalisme. » Il protégea de tout son crédit les savants, les hommes de lettres et les artistes, pour lesquels il obtint de l'Assemblée une subvention de cent mille écus, qui fut portée dans la suite à huit cent mille francs. Il proposa au comité d'instruction publique un arrêté tendant à organiser, par l'intermédiaire des agents diplomatiques, l'association des savants et des écrivains de tous les pays, idée favorite qu'il reprit et développa encore à d'autres époques de sa vie. L'éducation publique trouva surtout en lui un infatigable propagateur. Toutefois, il crut devoir combattre le projet de Lepelletier SaintFargeau, qui brisait trop à son avis les liens de famille. Il demanda et obtint (24 juillet 1793) la suppression de la prime accordée pour la traite des negres. Elu membre de la commission coloniale, sans se laisser intimider par les menaces dont il fut l'objet, il réclama instamment l'entière abolition de l'esclavage, qui fut en effet décrétée le 4 février 1794. La scène scandale se des abjurations (7 novembre 1793) fut pour lui une occasion solennelle de manifester de nouveau la fermeté de son ca

ractère et son invincible attachement à la foi chrétienne. 11 monta à la tribune, et proclama au milieu des plus bruyantes marques d'improbation, qu'il resterait ce qu'il était, c'est-à-dire catholi que, prêtre, évêque, et aucune menace, aucune sollicitation, aucune promesse ne put le faire chanceler dans sa résolution. Dans cette résistance courageuse, violemment attaqué par les partisans d'Hébert et de Chaumette, il fut bientôt soutenu par Robespierre et Danton, qui s'élevèrent à leur tour contre le scandale des abjurations, qu'ils nommèrent un autre genre de momeries. Ce fut encore lui qui demanda et obtint la délivrance des prêtres réfractaires qui gémissaient entassés sur les pontons de Rochefort. Le 21 décembre 1794, il réclama hautement la liberté des cultes, qui toutefois ne fut décrétée que le 21 février 1795. Il s'occupa alors activement, avec plusieurs autres prélats constitutionnels, de relever les débris de l'Église gallicane et de réorganiser les diocèses. Cette réunion, entre autres mesures, assembla, en 1797, un concile national ayant pour but de tenter une fusion entre les ecclésiastiques assermentés et les réfractaires; tentatives qui demeurèrent sans résultat par l'obstination du clergé non assermenté. Sous la constitution de l'an III, Grégoire fut élu au Conseil des Cinq-Cents. Placé entre les royalistes qui le détestaient comme impie et révolutionnaire, et les philosophes qui se moquaient de son orthodoxie, il monta rarement à la tribune, mais il continua de s'occuper des établissements à la fondation desquels il avait coopéré sous la Convention. Après le 18 brumaire, il entra dans le nouveau Corps législatif qu'il présida, et au nom duquel il porta plusieurs fois la parole devant les consuls, sans chercher à atténuer ses sentiments républicains. En 1801, le second concile national s'étant réuni, Grégoire en fit l'ouverture, et saisit cette occasion de renouveler son invariable profession de foi politique et religieuse. Personnellement consulté par Bonaparte sur son projet de concordat, il le combattit vivement. Bientôt (12 octobre 1801), conformément au message papal, il dut, ainsi que les autres prélats constitutionnels,

résigner son évêché; mais en accomplissant, en vue de la paix, cet acte d'obéissance, il déclara qu'il regardait et regarderait toujours son election comme ayant été légale et légitime. A trois reprises, il fut présenté par le Corps législatif comme candidat au sénat conservateur, et sans sacrifice d'opinion, par la seule force de cette persistance du vœu national. Il fut, en effet, élu le 25 décembre 1801, malgré toutes les répugnances du maître et l'hostilité philosophique de plusieurs membres du sénat lui-même. Dans le sénat, il appartint constamment à cette minorité infiniment petite qui se tint pure de lâches complaisances, et garda fidèlement le dépôt de la tradition républicaine. Il vota, lui troisième, contre l'érection du gouvernement impérial, et combattit seul ensuite l'adresse du sénat à Napoléon au sujet du rétablissement des titres nobiliaires. Toutefois, après le décret, il ne crut pas pouvoir refuser le titre de comte qui lui fut conféré. A l'époque du divorce de l'empereur, il voulut combattre cette mesure au nom de la religion; mais la parole lui ayant été refusée, il ne put que la condaniner par son vote. Ces actes d'opposition joints à quelques passages d'un livre de Grégoire, les Ruines de Port-Royal, livre où le despotisme de Louis XIV était l'objet d'énergiques attaques, mécontentèrent Napoléon, et firent ranger l'auteur dans la catégorie des idéologues.

En 1814, les patriotes se trouvèrent divisés en deux partis: les uns ne voyant dans Bonaparte que le despote, les autres voulant se servir de lui, de son ascendant, et de son immense génie, pour sauver avant tout l'indépendance nationale. Qui eut tort ou raison ? ce n'est point ici le lieu de l'examiner. Grégoire suivit la première route; l'un des premiers il se prononça pour la déchéance de Napoléon. Lorsque le rappel des Bourbons eut été décrété par le sénat, sous la condition de l'acceptation d'un acte constitutionnel, Grégoire, dans un écrit vigoureux qui eut quatre éditions en peu de temps, réclama avec énergie l'accomplissement de cette condition, sans toutefois approuver tous les articles de la constitution présentée au roi. Il ne fut point appelé à faire

partie de la nouvelle chambre des pairs. Bonaparte, à son retour de l'île d'Elbe, ne le comprit pas non plus dans l'organisation de sa pairie, et malgré ce délaissement, qui le rendit tout à fait étranger à la réaction des cent jours, il fut atteint ensuite par la réaction du ministère Vaublanc et de la chambre introuvable. Exclu de l'Institut, dont il avait été l'un des fondateurs et des membres les plus útiles, il fut menacé même dans ses moyens d'existence par la suspension de sa pension d'ancien sénateur. Il vivait renfermé à Auteuil, dans une laborieuse retraite, lorsque, en 1819, les électeurs de l'Isère le portèrent à la chambre des députés. Mais toutes les passions réactionnaires de l'époque se soulevèrent contre cette élection et la firent annuler, en violation de la loi. Les libéraux eux-mêmes craignant que le nom d'un collègue en butte a tant de haine ne nuisît à leur cause, firent les plus vives instances auprès de lui pour l'engager à donner sa démission. Le vieillard d'Auteuil regarda comme une lâcheté ce qu'on exigeait de lui, et repoussa toutes ces sollicitations.

En 1822, le grand chancelier de la Légion d'honneur lui ayant communiqué l'ordonnance du 26 mars 1816, sur le remplacement des anciens brevets des membres de cet ordre, Grégoire lui répondit par la renonciation à son titre de commandeur, et consigna ces phrases remarquables dans la lettre qui renfermait sa demission :

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« Inaccessible à l'ambition, arrivé aux " confins de l'éternité, je m'occupe unie quement, comme dans toute ma vie, de ce qui peut éclairer mon esprit, « améliorer mon cœur, et contribuer * au bonheur des hommes, quoique les « services qu'on leur rend soient ici-bas * rarement impunis. Repoussé du siége législatif, repoussé de l'Institut, à * ces deux conditions on permettra sans doute que j'en ajoute moi-même une troisième, et que je me renferme dans le cercle des qualités qui ne peuvent être ni conférées par brevet, ni enlevées par ordonnance; qualités seules admises dans deux tribunaux qui ⚫ reviseront beaucoup de jugements dont nous sommes contemporains:

« le tribunal de l'histoire et celui du juge éternel. »

α

La révolution de juillet laissa Grégoire dans sa retraite. L'injustice du ministre Vaublanc fut maintenue. Son siége à l'Institut, malgré la réclamation de deux académiciens, ne fut point rendu à Grégoire, non plus que son siége au sénat. A l'occasion de la nouvelle liste civile, il monta une dernière fois sur la brèche, et publia une brochure intitulée Considérations sur la liste civile, où se retrouvent les sentiments et les préoccupations de sa vie entière.

Grégoire mourut en chrétien, à Paris, le 28 mai 1831. Le clergé, et surtout l'archevêque de Paris, M. de Quélen, troublèrent ses derniers instants pour arracher de lui une condamnation du prétendu schisme constitutionnel; il résista avec fermeté, et mourut fidèle à toute sa vie.

Voici la liste des principaux ouvrages de Grégoire, liste où l'on retrouverait au besoin sa biographie tout entière : Essai sur la régénération des juifs, ouvrage couronné par l'académie de Metz, 1789; Mémoire en faveur des gens du sang mêlé de Saint-Domingue et des autres les françaises de l'Amérique, 1789; Éloge funebre de Simonot, maire d'Etampes, in-4°; Motion en faveur des juifs, 1789; Légitimité du serment civique exigé des fonctionnaires ecclésiastiques, 1790, et quelques autres brochures dans ce genre; Rapports sur les destructions opérées par le vandalisme, 1794; et un grand nombre d'autres rapports sur les inscriptions des monuments, la nécessité d'anéantir les patois, sur l'ordre de Malte; Essai sur les arbres de la liberté, 1794, réimprimé en 1833; Système de dénominations topographiques, 1794; Compte rendu aux évéques réunis, par le citoyen Grégoire, de la visite de son diocèse, 1796; Des mandements et instructions pastorales; beaucoup d'articles dans les Annales de la religion; Lettre à D. R.-J. de Arce, archevêque de Burgos, grand inquisiteur d'Espagne, 1798; Traité de l'uniformité de l'amélioration de la Liturgie, 1801; Les ruines de PortRoyal, 1801, 2o édition, 1809; cet ou

vrage ameuta contre Grégoire tout le parti jésuitique; Discours pour l'ouverture du concile national, 1801; Apologie de B. de Las Cases, 1802; De la littérature des nègres, 1808; De la domesticité chez les peuples anciens et modernes, 1814; Histoire des sectes religieuses, depuis le commencement du siècle dernier jusqu'à l'époque actuelle, dans les quatre parties du monde, 1814, 2 vol.; De la constitution française faite par le sénat, 1814; Homélie du citoyen cardinal Chiaramonti, évêque d'Imola (Pie VII), Paris, 1814, 3e édit.; De la traite et de l'esclavage des noirs et des blancs, par un ami des hommes de toutes les couleurs, 1815; Recherches historiques sur les congrégations hospitalières des frères pontifes ou constructeurs de ponts, 1818; Manuel de piété à l'usage des noirs et des gens de couleur, 1818; Deux lettres aux électeurs du département de l'Isère, 1819-1820; De l'in fluence du christianisme sur la condition des femmes, 1821; Observations critiques sur l'ouvrage de M. de Maistre, de l'église gallicane, etc., 1821; Des catéchismes qui recommandent et prescrivent le payement de la dime, l'obéissance aux seigneurs de paroisse, etc., 1821; Des peines infamantes à infliger aux négriers, Paris, 1822; Considérations sur le mariage et sur le divorce, adressées aux citoyens d'Haïti, Paris, 1823; De la liberté de conscience et de culte à Haïti, Paris, 1824; Essai sur la solidarité littéraire entre les savants de tous les pays, Paris, 1824; l'Histoire des confesseurs des empereurs, des rois, Paris, 1824; De la noblesse de la peau, Paris, 1826; Histoire des mariages des prêtres en France, Paris, 1826; Considérations sur la liste civile, Paris, 1830. Dans le courant de l'année 1827, le gouvernement du Port-au-Prince a fait imprimer une épitre que Grégoire avait adressée à la république haïtienne, à la date du 6 octobre 1826; on y retrouve toute la sollicitude de cet infatigable philanthrope pour la race africaine et pour les destinées d'un peuple qu'il a vu naftre à la liberté.

GRÉGORIEN (calendrier). Voyez CA

LENDRIER.

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GRÉGORIEN (Chant). Voy. CHANT. GREINONVILLE, seigneurie de Normandie, érigée en marquisat par lettres du mois de décembre 1695, en faveur de Nicolas Bretel, seigneur de Greinonville. Cette localité fait aujourd'hui partie du département de la Seine-Inférieure, arrondissement d'Yvetot. GRENADE (prise et combat de l'île de la). — La prise de l'île Saint-Vincent ne tarda pas à être suivie d'une conquête beaucoup plus importante, celle de la Grenade. Le comte d'Estaing, après avoir réuni à son armée navale l'escadre du chevalier de la Motte-Piquet, appareilla du Fort-Royal de la Martinique avec 25 vaisseaux, et parut, le 2 juillet 1779, au matin, à la vue de la Grenade. Il mouilla le soir devant l'anse Molenier, et mit de suite à terre 1,300 hommes, qui occupèrent les hauteurs voisines.

« La journée du 3 fut employée à examiner les positions de l'ennemi et à concerter le plan d'attaque. D'Estaing, à la tête des grenadiers, fit une marche très-longue pour tourner le nôle de l'hôpital, où les Anglais avaient réuni leurs richesses et leurs forces. Après cette reconnaissance, il commence l'attaque dans la nuit du 3 au 4, saute un des premiers dans les retranchements anglais, se porte avec rapidité au sommet du Morne, et s'en empare de vive force. Il y trouva 4 pièces de 24, et en fit tourner une, au point du jour, contre le fort dans lequel s'etait retiré le gouverneur. Ainsi menacé d'être foudrové à chaque instant par une artillerie qui dominait le lieu de sa retraite, lord Macartney fut obligé de se rendre, deux heures après. à discrétion.

«On fit 700 prisonniers, et l'on prit sur les ennemis 3 drapeaux, 102 pièces de canon et 16 mortiers (*). »

Le lendemain, d'Estaing reçut l'avis de l'approche de l'armée navale anglaise; le vent ne lui permettant pas de sortir à sa rencontre, il rappela au mouillage ceux de ses vaisseaux que la mauvaise qualité du fond de l'anse Molenier avait fait dérader et s'étendre jusque dans la baie. En même temps, il envoya quelques

(*) Annales maritimes et coloniales, par M. Bajot, t. II, p. 204.

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