Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

:

teaux de province où de grands seigneurs, fort experts dans l'art de jouir de la vie, recevaient avec plaisir un hôte si joyeux, un poëte si égrillard. C'était chez le duc d'Aiguillon, à Véret, en Touraine, que Grécourt s'arrêtait le plus volontiers le train de vie fort peu exemplaire du duc, les gais compagnons qu'on trouvait chez lui, l'attiraient toujours vers ce lieu qu'il appelait son paradis terrestre. Il eut beaucoup de part, avec la princesse de Conti et le père Vinot, oratorien, à un recueil de poésies licencieuses que fit publier le duc d'Aiguillon en 1735, sans nom d'auteur, après l'avoir fait imprimer dans son château même. A la faveur des connaissances qu'il avait faites dans le grand monde, Grécourt aurait pu s'élever aux dignités de l'Eglise, qui s'accordaient souvent alors à des hommes de son espèce, ou obtenir des gens haut placés des emplois et des faveurs; mais il n'avait aucune ambition: tout cédait, chez lui, au goût du plaisir pour satisfaire ce goût, il voulait avant tout être libre. C'est pour cela qu'il refusa les offres brillantes que lui fit le célèbre Law. Il ne tint qu'à lui de prendre, aux opérations du banquier écossais, une part avantageuse. Il aima mieux continuer sa vie de chanoine in dépendant, de poëte de salon et d'épicurien nomade. L'apologue intitulé le Solitaire et la fortune, où il remerciait Law, est une de ses plus jolies compositions. Doué d'une grande facilité pour tourner en vers toutes les idées qui se présentaient à son esprit, il produisit un grand nombre de pièces de diverses sortes. Ce sont des épîtres, des fables, des contes, des chansons. On y trouve des traits piquants, d'heureuses saillies; mais le style en est gé néralement lâche et faible: la gaieté des contes et des chansons est trop souvent ordinaire. L'ignorance ou la négligence des éditeurs a mêlé, dans le recueil de ses œuvres, plusieurs pièces qui ne sont point de lui, et dont quelques-unes sont bien supérieures à tout ce qu'il pouvait faire: tels sont le quatrain de Piron en l'honneur de Grassins; les Poëtes épiques, stances de Voltaire; le Mondain, par le même ; le Rajeunissement inutile, de Mon

crif, etc. Grécourt mourut en 1743. Il n'ajouta pas du moins aux scandales de sa vie, celui de publier lui-même ses œuvres complètes; ce ne fut qu'en 1747 que ce recueil parut. Grécourt était né en 1684. Sa famille était d'origine écossaise.

GREFFIERS. Officiers ministériels chargés d'expédier et de garder en dépôt les jugements et actes émanant d'un tribunal ou de toute autre autorité officielle.

Sous les deux premières races, les procès se terminant par le combat judiciaire ou se résolvant en compositions, il n'en restait pas d'autre trace que la charte de sécurité, charta securitatis, que le roi ou le bénéficier délivrait à celui qui avait acquitté le wergeld et le fredum; le greffier n'était done guère utile. Mais plus tard les baillis, sénéchaux et autres juges royaux ou seigneuriaux commirent leurs clercs pour tenir leurs écritures, d'où les greffes prirent le nom de clergie. Les ordonnances de la troisième race donnent aussi le nom de notaires aux individus chargés de ces fonctions. Comme elles étaient plus lucratives que considérées, il arriva souvent que les juges les firent exploiter par leurs domestiques. Ils partageaient le bénéfice. En 1302, Philippe le Bel, qui faisait argent de tout, revendiqua les clergies et notaireries comme un droit royal, et fit defense à tous ses juges de les donner dorénavant en commission. Cette ordonnance fut confirmée par Philippe le Long en 1318.

Charles IV, par un mandement de 1322, ordonna que les greffes des justices royales seraient à ferme, et cet usage continua, sauf quelques interruptions de peu de durée, jusqu'au règne de François Ier, qui les érigea en office.

Durant les douzième et treizième siècles, le nom de greffier ne se rencontre dans aucun document. Ceux qui en remplissent l'office sont encore désignés, tantôt sous le nom de clerici, tantôt sous celui de notarii, et quelquefois sous ceux de scribæ, scribanæ, registratores. Au milieu du quatorzième siècle, cette dénomination n'était encore appliquée qu'à celui du parlement. Il parait même qu'elle était alors regardée comme três-honorifique; car le

T. IX. 8 Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

8

parlement crut devoir rendre un arrêt solennel pour défendre, à tout autre qu'à son greffier, de prendre ce titre Nulli scribarum, etiam regiorum, præter unum curiæ actuarium grapharii, ut vocant, nomen usurpare licet.

Le greftier du parlement de Paris jouissait, comme les autres menìbręs de cette cour, d'un grand nombre d'exemptions et de prérogatives. C'était un personnage d'importance qui allait de pair avec la magistrature; on a même l'exemple de l'un d'eux qui passa en 1416, de son banc de greffier, au rang de conseiller. Il était élu par le parlement tout entier, chambres réunies, en présence du chancelier.

Depuis le règne de François, en 1521, où les greffes royaux, comme nous l'avons dit, furent érigés en titre d'office, leur nombre se multiplia à un degré infini. Aucun de nos rois ne sut résister à la tentation de se procurer de l'argent par ce moyen. Il était si commode de battre monnaie aux dépens des plaideurs! On créait, pour chaque acte de la vie, une formalité qui exigeait quelque écriture, et vite on émettait un office, qu'on vendait bien cher à celui qui se présentait pour le remplir; il n'y eut pas jusqu'à l'emploi de commis-gref fier qu'un édit de 1577 ne mît en titre d'office. On ne s'étonnera donc pas de voir figurer ci-dessous :

Des greffiers d'affirmations, chargés de recevoir les affirmations de voyage des parties qui se déplacent pour apporter leurs pièces et faire juger quelque affaire (création de 1669);

Des greffiers d'appeaux ou d'appel, chargés de tenir la plume dans les audiences des bailliages où l'on jugeait les appels;

Des greffiers des arbitrages, chargés de tenir en dépôt et d'expédier les jugements rendus par des arbitres ;

Des greffiers des apprentissages, pour enregistrer les brevets d'apprentissage, lettres de maîtrise;

Des greffiers du premier chirurgien du roi, qui tenaient les registres des communautés de chirurgiens, barbiersperruquiers, baigneurs et étuvistes.

Pour ne pas fatiguer nos lecteurs par des détails sans intérêt, nous ne ferons que mentionner pour mémoire:

Les greffiers à peaux, chargés des expéditions sur parchemin;

Les greffiers des mariages, baptêmes et sépultures;

Les greffiers des bâtiments ou greffiers de l'écritoire ;

Les greffiers des criées,

des depris;
garde-sac;

des instructions;
des inventaires;
des municipalités (*),
des notifications;
des insinuations;
des présentations
des subdélégations;
des tailles, etc., etc.

Tous ces offices, dont plusieurs du reste n'eurent qu'une existence éphémère, furent supprimés à la révolution française.

La loi du 24 août 1790 ordonna que, dorénavant, les greffiers des tribunaux de district seraient nommés au scrutin, et à la majorité absolue des voix, par les juges qui leur délivreraient une commission et recevraient leur serment. Chaque tribunal devait avoir un greffier; il etait nommé à vie et ne pouvait être destitué que pour prévarication jugée.

Par la loi du 19 mai 1791, les greffiers des cours criminelles étaient également inamovibles, mais ils devaient être élus par les assemblées électorales de département.

Les greffes des justices de paix organisées par la Constituante, d'après le même principe que ceux des tribunaux de district, subirent coup sur coup un grand nombre de vicissitudes. La loi du 24 août donnait à chaque juge de paix le droit de choisir son greffier, sans pouvoir cependant le destituer; la loi du 23 floréal an 11 fit passer ce droit aux conseils généraux de district; celle du 21 fructidor an III le transféra aux administrations municipales de canton; enfin, celle du 25 frimaire, rétablissant les choses sur leur ancien pied, le rendit au juge de paix.

Une regle uniforme fut établie pour

(*) Au dix-huitième siècle une femme exerça pendant 25 ans la charge de greffière de la municipalité.

tous les tribunaux par la loi du 27 nivôse an VIII. Le principe du gouvernement avait changé, la nomination par le pouvoir exécutif remplaça l'ancien mode par élection. Par l'art. 92, le droit de nommer les greffiers de toutes les cours et de tous les tribunaux fut donné au premier consul, qui put les révoquer à son gré.

La vénalité des charges de greffier se glissa à la suite des armées étrangères en 1815. Les Bourbons ayant besoin d'argent pour payer leurs alliés, eurent recours à l'ancien moyen, si fort usité par leurs prédécesseurs en pareille circonstance; seulement, ne pouvant plus créer des offices, ce qui eût excité trop de rumeur, ils prescrivirent à tous les officiers ministériels un supplément de cautionnement, et, à titre d'indemnité, la même loi du 28 avril 1816 leur conféra le droit de présenter leurs successeurs. C'est sur ce texte unique que repose toute la prétention des greffiers et autres officiers à l'hérédité de leur charge.

Les droits que les différents greffiers peuvent percevoir pour la délivrance des expéditions de jugements et dépôt de pieces ont été réglés par les lois du 11 mars 1798, 16 juin 1799, décrets du 12 juillet 1808, 6 janvier 1814, et enfin par l'ordonnance du 5 novembre 1823.

GRÉGOIRE DE TOURS (saint), célèbre évêque et chroniqueur, naquit en Auvergne en 539, d'une famille qui comptait parmi les plus illustres dans les Gaules aux temps des empereurs romains. Il avait pour bisaïeul saint Grégoire, évêque de Langres, qui laissa plusieurs enfants d'un mariage antérieur à son épiscopat. Grégoire, à sa naissance, reçut les noms de George et de Florent, qu'il a inscrit lui-même en tête de ses ouvrages. Ce fut seulement lorsqu'il parvint à l'évêché de Tours que, d'après l'usage des temps, il prit le nom du plus illustre de ses ancêtres. La carrière que devait embrasser Gregoire ne pouvait être douteuse. Il fut elevé par son oncle saint Gal, alors évêque de Clermont, par son grand-oncle saint Nicier, évêque de Lyon, et par l'archidiacre Avit, devenu depuis successeur de saint Gal. Après avoir

étudié quelque peu la grammaire et les auteurs de la belle latinité, il reçut les ordres en 564, à l'âge de vingt-cinq ans, et s'adonna sans partage à l'étude de l'Écriture sainte et des auteurs ecclésiastiques. « Je ne m'occupe point, dit-il lui-même, de la fuite de Saturne, ni de la colère de Junon, ni des adultères de Jupiter; je méprise toutes ces choses qui tombent en ruine, et m'applique bien plutôt aux choses divines et aux miracles de l'Evangile.» Sa santé fut toujours débile, et il était déjà diacre lorsque, pour obtenir sa guérison, il se fit transporter sur le tombeau de saint Martin; dans ce voyage, son instruction, son caractère et son esprit le firent chérir et admirer du peuple et du clergé de Tours. Aussi en 573, Euphronius, évêque de cette ville, étant venu à mourir, le clergé et le peuple, d'une voix unanime, élurent, pour le remplacer, Grégoire, alors à la cour de Sigebert, roi d'Austrasie, auquel appartenait l'Auvergne. Des députés partirent aussitôt pour aller solliciter du roi Sigebert la confirmation de ce choix. Effrayé de sa jeunesse, de sa mauvaise santé et des périls de toutes sortes qui environnaient alors l'épiscopat, Grégoire hésita pendant quelque temps; mais enfin, pressé par Sigebert et la reine Brunehaut, il accepta, et fut sacré par Ægidius, évêque de Reims, le 22 août 573. Par sa fermeté et sa douceur, Grégoire sut se concilier à la fois, pendant tout le cours de son épiscopat, la considération des rois barbares et l'amour de son peuple. Lorsqu'en 575 le duc Gontran, oncle de Childebert II, vint auprès du tombeau de saint Martin chercher un refuge contre la vengeance de Chilpéric et de Frédégonde, Grégoire résista à leurs menaces, et refusa de livrer le fugitif. En vain les terres de l'évêché et de la province furent-elles ravagées, l'évêque resta inébranlable. Il déploya la même fermeté quand Mérovée, fils de Chilpéric, ayant épousé Brunehaut et fuyant la colère de son père, se réfugia aussi au tombeau de saint Martin; Chilpéric vint le redemander à la tête d'une armée, et la ville de Tours ne fut sauvée que par la fuite de Mérovée. Le noble caractère de Grégoire ne se démentit

pas lors de l'accusation dirigée contre l'évêque de Rouen, Prétextat, dont il embrassa énergiquement la défense. Lui-même eut à se purger par serment de calomnies dirigées contre lui par des faux témoins qu'avait suscités Frédégonde, mais qui furent sévèrement punis. Grégoire, choisi comme médiateur dans les différends qui s'élevèrent pour la succession de Chilpéric, fut l'un des principaux auteurs du célèbre traité d'Andelot. Chilpéric II, roi d'Austrasie, le chargea aussi de plusieurs ambassades.

Grégoire était d'une petite taille et d'une complexion fort délicate; l'intervention de saint Martin parvint seule, comme il le raconte, à l'arracher plusieurs fois à la mort. Enfin, le 17 novembre 593, les miracles devinrent inefficaces: l'évêque de Tours mourut à 54 ans, après vingt ans et quelques mois d'épiscopat, et fut élevé au nombre des saints. Il a laissé un assez grand nombre d'ouvrages, qu'il indique lui-même, et qui, à l'exception de quatre, sont parvenus jusqu'à nous 1o l'Histoire ecclésiastique des Francs; 2o un Traité de la gloire des martyrs, recueil de légendes en cent sept chapitres, consacré au récit des miracles des martyrs; 3° un Traité des miracles de saint Julien, martyr à Brioude, en Auvergne, contenant cinquante chapitres; 4° un Traité de la gloire des confesseurs, en cent douze chapitres; 5° un Traité des miracles de saint Martin de Tours, en quatre livres; 6° un Recueil intitulé: Vies des Pères en vingt chapitres, renfermant l'histoire des vingt-deux saints ou saintes de la Gaule; 7° un Traité des miracles de saint André, sur l'authenticité duquel on a élevé à tort quelques doutes. Ses ouvrages perdus sont: un Commentaire sur les psaumes; un Traité sur les offices de l'Eglise; une Préface mise en tête d'un traité des messes de Sidoine Apollinaire, et enfin une traduction latine du Martyre des sept dormants. « De tous ces ouvrages, dit M. Guizot, et malgré quelques malgré quelques détails sur l'esprit et sur les mœurs du temps, épars dans les recueils de légendes, l'Histoire ecclésiastique des Francs est le seul qui soit demeuré pour nous important et curieux. Tout porte à croire que ce fut le dernier travail de

l'auteur; son récit s'étend jusqu'en 591, époque voisine de sa mort, et presque tous ses ouvrages y sont cités, tandis que l'histoire des Francs ne l'est dans aucun des autres. Elle est divisée en dix livres. Le premier, résumé absurde et confus de l'histoire ancienne et universelle du monde, serait aussi dépourvu d'intérêt que de vérité chronologique s'il ne contenait quelques détails sur l'établissement du christianisme dans les Gaules; détails de peu de valeur, il est vrai, quant à l'histoire des événements, mais qui peignent naïvement, et quelquefois avec charme, l'état des esprits et des mœurs; peu d'anecdotes de ce temps sont plus touchantes, plus poétiques même que celles des deux amants: ce livre finit à la mort de saint Martin de Tours, en 397. Le second livre s'étend de la mort de saint Martin à celle de Clovis Ier, c'est-à-dire de l'an 397 à l'an 511. Le troisième, de la mort de Clovis Ier à celle de Théodebert Ier, roi d'Austrasie, de l'an 511 à l'an 547. Le quatrième, de la mort de Théodebert Ier à celle de Sigebert I, roi d'Austrasie, de l'an 574 à l'an 575. Le cinquième comprend les cinq premières années du règne de Childebert II, roi d'Austrasie, de l'an 575 à l'an 580. Le sixième finit à la mort de Chilpéric, en 584. Le septième est consacré à l'année 585. Le huitième commence au voyage que fit le roi Gontran à Orléans, au mois de juillet 585 et finit à la mort de Leuvigild, roi d'Espague, en 586. Le neuvième s'étend de l'an 587 à l'an 589. Le dixième enfin s'arrête à la mort de saint Yrieix, abbé en Limousin, c'est-à-dire au mois d'août 591. L'ouvrage entier comprend ainsi, à partir de la mort de saint Martin, un espace de cent soixante-quatorze ans. Les cinquante-deux dernières années sont celles auxquelles l'historien avait assisté. Tout indique qu'il écrivit son histoire à deux reprises différentes; plusieurs manuscrits ne contiennent que les six premiers livres, et ce sont les seuls que connut Frédégaire lorsque, dans le siècle suivant, il entreprit un abrégé des chroniqueurs qui l'avaient précedé. Il est donc probable que les quatre derniers livres furent composés après la publication des premiers; peutêtre même ne furent-ils répandus qu'a

près la mort de l'auteur. Cependant leur authenticité n'est pas moins certaine (*). »

L'histoire des Francs, imprimée pour la première fois en 1561, l'a été souvent depuis. Les meilleurs textes qui existent sont d'abord ceux qui ont été insérés dans le Recueil des historiens de France et dans la nouvelle édition publiée par la société de l'histoire de France, édition enrichie d'une très-bonne traduction, de variantes, de notes et d'un index complet. La traduction donnée par M. Guizot laisse beaucoup à désirer, et, pour se faire une idée des nombreuses infidélités qu'on peut lui reprocher, on n'a qu'à consulter l'avantpropos de l'édition de MM. Guadet et Taranne, qui en ont relevé un grand nombre.

Les traductions de Claude Bonner et de l'abbé de Marolles, publiées l'une en 1619, l'autre en 1688, sont oubliées au jourd'hui, et méritent de l'être.

La seule bonne édition des œuvres complètes de Grégoire de Tours est celle qui fut donnée par dom Ruinart, en 1699, in-folio.

Pour l'appréciation de Grégoire de Tours, comme historien et comme écrivain, on peut consulter le troisième volume de l'Histoire littéraire de la France; un travail de l'évêque de la Ravalière dans le tome XXVI de la Collection des mémoires de l'Académie des inscriptions, et enfin les chapitres X et XI du livre II de l'Histoire littéraire de la France, par M. Ampère.

Grégoire XI, pape, dont le nom était Pierre Roger, naquit au château de Maumont, paroisse de Roziers, en bas Limousin. Clément VI, son oncle, lui avait, dès l'âge de dix-sept ans, conféré la pourpre sous le nom de cardinal de Beaufort. Après la mort d'Urbain V, il fut élu pape, le 30 décembre 1370. Il intercéda d'abord pour la paix auprès de Charles V de France et d'Édouard III d'Angleterre, et en obtint une trêve de quatre ans. Il réconcilia de même les princes de Castille, d'Aragon, de Navarre et de Sicile. Mais si jusque-là il

(*) Notice sur Grégoire de Tours, dans la Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, t. I.

agit avec modération et sagesse, il fit preuve d'une intolérance et d'une animosité excessives dans ses persécutions contre plusieurs novateurs, qui, vers cette époque, commencèrent à attaquer les doctrines de l'Église, tels que Jean Milicius en Bohême, en Pologne, en Silésie, et Wiclef en Angleterre. En France, il appela les rigueurs du roi sur les malheureuses sectes des Vaudois, des Albigeois, et des Bégards ou Turlupins. L'événement le plus important de son pontificat est le retour de la cour papale à Rome après une résidence de soixante et douze ans à Avignon. Livrée à l'ambition de quelques factieux, l'ancienne capitale du monde chrétien était près d'échapper à l'autorité du saintsiége, et dans toute l'Italie, que déchiraient de sanglants désordres, on faisait aux prêtres une guerre atroce et cruelle. Grégoire ne pouvait plus prolonger son séjour à Avignon. Les Romains, du reste, l'avaient déjà menacé de lui donner un successeur. Ces considérations, jointes aux prières de sainte Catherine de Sienne et de sainte Brigitte de Suède, le décidèrent, malgré les sollicitations du roi de France, a retourner à Rome, et, le 13 septembre 1376, il s'embarqua à Marseille avec toute sa cour, à l'exception de six cardinaux qu'il laissa dans le Comtat. Il ne fit son entrée à Rome que le 17 janvier de l'année suivante, au milieu des acclamations du peuple. Mais les troubles qu'il avait réussi à calmer pour quelque temps renaissaient à chaque occasion, et Grégoire méditait le projet de transférer de nouveau sa résidence à Avignon, quand le chagrin le conduisit au tombeau. Ce fut après sa mort, arrivée le 27 mars 1378, que commença le schisme d'Occident. On lui a reproché d'avoir accordé trop de faveurs à ses compatriotes et à sa famille. Mais il a droit à nos éloges pour ses talents, pour la protection qu'il accorda aux sciences et aux arts, et pour la pureté de ses mœurs.

GRÉGOIRE (Henri), évêque de Blois, député à la Convention nationale, naquit d'une famille pauvre, à Vého, près de Lunéville, en 1750. « La physionomie morale de Grégoire, dit M. Carnot dans l'intéressante notice qu'il a publiée sur cet homme célèbre, se distingue entre toutes dans les fastes de la révo

« VorigeDoorgaan »