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vrai, mais habitués à la guerre de montagne, manquant d'artillerie, et préférant à nos manœuvres savantes, où les hommes ne sont comptés pour rien, les évolutions irrégulières, où une si grande place est laissée à la liberté individuelle. Ce n'est pas tout un certain nombre de philhellènes, oubliant leur rôle de compagnons d'armes pour prendre celui d'agents de tel ou tel prince étranger, travaillaient dans l'ombre au renversement des institutions républicaines, qui devaient naturellement paraître les meilleures à un peuple plein d'enthousiasme pour la liberté et pour l'égalité. Sc voyant ainsi méconnus ou contrariés par des hommes qui se vantaient d'être à leur service, les Grecs se conduisirent plusieurs fois avec beaucoup de froideur envers les philhellenes, notamment à la bataille de Péta, où ils ne firent que peu d'efforts pour dégager un corps discipliné que les Turcs étaient parvenus à cerner. Mais, tout en manifestant de l'animosité contre quelques étrangers, ils ne cessèrent jamais d'aimer les vrais philhellènes, et de leur savoir gré de toutes leurs tentatives généreuses, même de celles qui eurent le moins de succès. Ils se gardèrent surtout d'oublier les nobles sacrifices que faisaient, pour le triomphe de leur cause, la France et l'Europe. A cet égard, nous sommes heureux de pouvoir nous appuyer de l'autorité du général Fabvier, dont les desseins furent si souvent entravés par les préjugés des Grecs, mais qui n'en a pas moins conservé une haute opinion de leur reconnaissance et des belles qualités qu'ils ont laissé voir dans toutes les occasions où l'on n'avait pas éveillé leur défiance. Plusieurs philhellènes ont négligé de suivre cet exemple: après avoir commencé par se faire une idée romanesque du caractère des Grecs modernes, ils sont tombés d'un excès dans un autre; quelques-uns ont été jusqu'à leur faire un crime de leur misère, et à les dépeindre comme une nation.complétement avilie par l'esclavage et perdue sans ressource. Grâce à Dieu, il n'en est rien leur héroïsme pendant la révolution, et les améliorations heureuses qui se réalisent tous les jours dans leurs mœurs, ont fait justice de

ces exagérations passionnées. Quand un peuple est brave pendant la guerre, actif pendant la paix, sobre, intelligent et dévoué en tout temps, il y a de la folie ou de l'injustice à désespérer de son avenir. Les souillures de quelques Fanariotes ne sauraient flétrir tout un peuple qui est le premier à en rougir.

En général, c'est de l'Allemagne, de l'Angleterre et de la Russie que sont venues le récriminations les plus dures. Cela se conçoit aisément de jour en jour, les Grecs comprennent mieux que, de tous les peuples, celui qui veut le plus sincèrement leur bien, c'est la France, et que, par intérêt politique autant que par gratitude, ils doivent la regarder comme leur alliée naturelle. Encore aujourd'hui, qui s'oppose à leur agrandissement territorial et à leur développement maritime? L'Angleterre et la Russie, qui les enserrent, l'une du côté de l'empire ottoman, objet de sa convoitise, l'autre du côté des îles Ioniennes. La France, au contraire, a tout intérêt à ce qu'ils obtiennent un accroissement de territoire au nord et l'île de Crète au midi. Or, cette dernière acquisition est de la plus haute importance pour eux, car ils pourraient, à la rigueur, renoncer à l'espoir d'un grand développement sur terre; mais, en aucun cas, ils ne peuvent consolider leur indépendance sans un certain développement de leurs forces de mer, et, sans Candie, pas de développement maritime pour eux. Enfin, si, par un concours fortuit de circonstances, les Grecs étaient appelés à recueillir l'héritage des Turcs, ou plutôt leur propre héritage, quel autre pays que la France consentirait à les y aider? Assu rément, ce ne seraient ni la Russie, ni l'Angleterre, ni l'Autriche. Les Grecs ont donc raison de croire que leur prospérité est liée à la prospérité et à la grandeur de la France. Qu'il revienne quelques beaux jours pour la grande nation! et ils sont certains d'avance de la trouver plus généreuse que la Russie, le jour où elle s'emparerait de Constantinople, ou que l'Angleterre, le jour où la conquête de l'Egypte lui assurerait la domination dans la Méditerranée.

Et, dans cette alliance, la France aussi trouverait de nombreux avanta

ges. Par sa position centrale entre l'Asie, l'Afrique et l'Europe, la Grèce peut redevenir la clef du commerce de l'Orient, et rouvrir à notre commerce tous les débouchés qu'il a perdus, dans ces parages, depuis les envahissements de la Russie et de l'Angleterre. Les matelots grecs, on l'a déjà dit, sont les meil leurs voituriers de la Méditerranée; de plus, ils peuvent nous être d'un bon secours dans une guerre maritime contre les Anglais. S'ils manquent de vaisseaux, nous pouvons en avoir en abondance, et, pour le personnel, ils nous offrent une partie des ressources que nous n'avons pas encore.

Maintenant surtout que la décadence des Ottomans et le peu de succès des tentatives de régénération faites par le sultan Mahmoud nous ont privés de l'alliance de la Turquie, l'un de nos trois principaux satellites (dans l'ancien système d'équilibre) avec la Suède et la Pologne; maintenant que la balance des nations a été si profondément modifiée par la république, par l'empire et par la sainte alliance, maintenant surtout, la question grecque est devenue d'une haute gravité pour notre pays. Jusqu'à certain point, la Grèce peut combler le vide qu'a laissé dans notre système d'alliance l'amoindrissement progressif de la Turquie. Si les Grecs ont besoin de nous pour maintenir leur indépendance à l'abri des atteintes de l'Angleterre et de la Russie, nous-mêmes nous pouvons, avec un peu d'habileté, trouver en eux un point d'appui suffisant pour contenir l'une par l'autre l'ambition des Russes et celle des Anglais. Ainsi, il y aurait moyen de montrer au cabinet de Saint-James combien serait précaire pour lui une occupation de Candie et de Chypre, si, de concert avec le gouvernement hellénique, nous aidions les habitants grecs de ces îles à recouvrer leur indépendance. L'Angleterre ne se risquerait pas légèrement dans cette lutte dont le résultat ne serait pas à son avantage, et qui finirait peutêtre par amener la délivrance des îles Ioniennes, qui entourent d'une ceinture menaçante les côtes occidentales et le midi du Péloponèse, mais qui désirent vivement de rentrer dans le sein de la nation grecque. D'un autre côté, la

Grèce est devenue le boulevard de la France et de toute l'Europe contre les agrandissements sans fin de la Russie sur le continent. Pius cette puissance se rapprochera de Constantinople, plus l'indépendance de la Grèce, plus son développement au nord sera nécessaire pour la sécurité de tous. Là encore, les éléments de succès ne nous feront pas défaut l'Albanie, l'Épire, la Thessa lie, et au besoin la Macédoine et la Thrace, ne demanderaient pas mieux que de répondre à l'appel de la France et du gouvernement grec. Le moment n'est peut-être pas éloigné où nous serons récompensés de tout ce que nous avons fait pour les Hellènes. Seulement, il faudrait, pour cela, plus de fermeté et plus de noblesse dans l'attitude de notre gouvernement vis-à-vis des grandes puissances de l'Europe.

Quant aux Grecs, ils n'ont plus aucune crainte à notre sujet, car ils savent que les rêves d'ambition matérielle se sont évanouis avec l'empire, ou plutôt avec l'empereur; ils savent que désormais la France veut être pour eux une mère et non une métropole. L'amour de la France, le désir de l'avoir toujours pour protectrice et pour alliée, voilà les sentiments qui dominent chez eux. Jusque dans les dissensions civiles qui n'ont que trop souvent armé leurs bras pendant le cours de la révolution, ce fait se révèle avec tous les caractères de l'évidence. Trois partis se sont disputé la prépondérance, et ont dominé tour à tour: le parti russe, le parti anglais et le parti français. Eh bien, de ces trois partis, le seul qui soit toujours resté national, c'est le parti français. Et pourtant, les partisans des Russes avaient en leur faveur l'élément religieux; les partisans des Anglais avaient pour eux l'or et les intrigues. Souvent mal défendus, quelquefois même abandonnés par le cabinet des Tuileries, les partisans de la France n'en ont pas moins réussi à éclipser le parti russe, aussi bien que le parti anglais. La régence bavaroise elle-même a été forcée de reconnaître que, sans l'appui du parti français, il lui serait impossible de rien organiser, de rien fonder de durable en Grèce.

Au point de vue des personnes, il

n'en a pas été autrement. Chaque parti s'est résumé dans un chef principal, qui en représente les idées et les mœurs le parti russe a eu pour directeur le comte Capo d'Istrias; le parti anglais, le Fanariote Mavrocordato; le parti français, le général Kolettis. Ces trois hommes éminents sont recommandables à différents titres; mais le seul qui n'ait jamais cessé d'être national, c'est Kolettis. En tant qu'homme d'État, il est au moins égal à Capo d'Istrias, qui, sous ce dernier rapport, avait beaucoup plus de valeur qu'on ne le croit généralement; tandis que Mavrocordato, trèsremarquable par ses talents diplomatiques, est loin de réunir les qualités moins communes qui caractérisent un chef de gouvernement. Comme patriote, Kolettis n'est pas moins superieur à l'un qu'à l'autre. Né en Epire, loin du joug musulman, initié aux desseins d'AliPacha et à ceux de Napoléon, mêlé à toutes les tentatives d'affranchissement qui ont précédé la révolution, l'un des chefs militaires en même temps que l'un des chefs politiques de cette révolution, en lui tout est national, le cœur, la tête, le bras, les usages et le costume. En lui, on retrouve le type grec aussi fidèlement représenté que dans la personne vénérable de Pétro Bey (Mavromichalis), ancien souverain du Magne, un des plus vigoureux champions de la cause de l'indépendance, et qui semble procéder à la fois de la nature de la Fayette et de celle des rois de Sparte, dans les beaux temps de la république.

Mavrocordato, au contraire, est né au Phanar, patrie de l'esclavage et des intrigues byzantines; Fanariote plus que Grec, diplomate avant tout, il semble beaucoup mieux fait pour suivre le cours des événements que pour le diriger. Ne manquant jamais d'accepter les situations comme elles se présentent, tantôt pour celui-ci, tantôt pour celuilà; mais le plus souvent Anglais, et toujours Fanariote fort instruit, du reste, et ayant donné des preuves de courage pendant les plus mauvais jours de la révolution.

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Quant à Capo d'Istrias, né au fond de l'Adriatique, élevé à la cour de Russie, moitié chambellan, moitié Vénitien

par caractère, il n'avait rien de grec que le nom et les croyances religieuses. On s'est trompé, nous en avons la conviction intime, lorsqu'on l'a pris pour un traître, qui ne cherchait qu'à vendre la Grèce à la Russie; mais il faut convenir que, pour ceux qui ne le connaissaient pas personnellement, les apparences avaient quelque chose de mena cant. Non, Capo d'Istrias n'était pas un traitre, mais c'était un ambitieux qui poursuivait une chimère. Investi de la puissance suprême par la protection du czar, il essaya, non pas de livrer son pays, mais de s'emparer de la dictature avec l'appui de son protecteur, pour s'ériger un trône à lui-même et créer une nouvelle dynastie. Dans ce but, il s'efforca bien moins de fondre tous les partis en un seul, que de ruiner le parti français et le parti anglais; imprudence qui devait nécessairement les coaliser contre le parti russe, et donner naissance à une ligue d'insulaires et de palikares que soutiendraient la France et l'Angleterre, moins tranquilles que lui du côté des Russes, ou moins confiantes dans la supériorité des moyens diplomatiques qu'il tenait en réserve pour jouer ses patrons avec leurs propres ar mes. Mais il faut lui rendre cette justice, que s'il nourrissait de grandes illusions, et que s'il était exclusif dans ses idées, tracassier et despote dans ses manières, capable de tout pour ar river à son but, du moins il voulait sincèrement l'indépendance et la grandeur de la Grèce. Aussi bien que Kolettis, il savait que, sans une forte unité dans le pouvoir exécutif, les Grecs ne deviendraient jamais une nation; comme Kolettis encore, il avait des tendances éminemment démocratiques, et il avait pris à cœur la cause des cultivateurs. Seulement sa démocratie était plus instinctive que raisonnée, comme celle des autocrates russes; sa dictature avait quelque chose de sombre et de mystérieux comme la tyrannie des dix à Venise. Une teinte du moyen âge se refle tait sur son large front; il avait le tort immense de ne plus être de son temps. On apercevait en lui un mélange bizarre de grand homme et de conspirateur; c'était un Pisistrate, si l'on veut mais un Pisistrate soucieux et

fanatique, semblant provoquer à plaisir le fer d'un nouvel Aristogiton. Tout ndiquait que sa fin serait tragique, et elle le fut en effet.

Que doit-on conclure de ce qui prérede? Il en résulte clairement que malgré la force du lien religieux qui l'attache à la Russie, la Grèce saura défendre sa nationalité. Sur le simple soupçon d'avoir des intelligences secrètes avec le cabinet de Saint-Pétersbourg, Capo d'Istrias a été renversé. Et qu'on ne dise pas que c'est uniquement à sa tyrannie qu'il faut attribuer sa chute; comme Capo d'Istrias, Kolettis a gouverné l'État d'une main ferme, et a même exercé la dictature dans plusieurs occasions, sans que les Grecs aient jamais eu l'idée de l'accuser de livrer la Grèce à la France. Pourquoi ce privilége? Parce que son point d'appui était meilleur, parce que notre alliance n'offre pas à la Grèce les mêmes dangers que l'alliance russe ou que l'alliance anglaise, parce que nous n'avons à imposer aux hommes d'Etat qui acceptent notre influence en Grèce, aucun de ces sacrifices antinationaux au prix desquels l'Angleterre et la Russie mettent leur protection. Voilà comment, tout en restant fidèle à l'alliance française, Kolettis s'est toujours prononcé pour les mesures qui rentraient dans l'intérêt général des Hellènes. Son point de vue lui donne cet avantage immense, que n'ayant jamais, comme Mavrocordato ou Capo d'Istrias, à distinguer entre deux intérêts contraires, il n'a pas besoin de cesser d'être Grec pour s'entendre avec la France. Parti français, parti grec, pour lui, ces deux expressions ont le même sens, ou plutôt il ne connaît pas de partis, il n'a qu'à s'occuper des affaires de la nation grecque. En suivant ses inspirations, MM. Maurer et Abel, membres de la régence bavaroise, ont rendu au peuple grec plus d'un service dont il garde le souvenir, entre autres celui d'avoir proclamé l'indépendance de l'Église grecque, innovation salutaire sans laquelle l'indépendance politique des Grecs n'eût jamais été qu'un vain mot. Il est même à remarquer que M. d'Armansberg, président de la régence, et ne partageant pas l'opinion de ses deux collègues, ne

s'est senti le courage d'éloigner Kolettis qu'après lui avoir laissé faire assez de bien pour être en position lui-même de marcher tout seul.

S'il fallait de nouvelles preuves pour démontrer que l'intérêt de la France est seul en harmonie avec l'intérêt de la Grèce, nous citerions l'histoire de l'hétairie grecque. Cette association n'est devenue réellement puissante, et n'a brisé le joug musulman que lorsque, grâce à l'appui de la France, il lui a été permis de prendre une couleur vraiment nationale. Tant que l'hetairie s'est appuyée sur les Russes, elle a vu échouer ses généreuses tentatives, par cette raison bien simple que la nation grecque a toujours été regardée par la Russie comme un instrument bon à servir ses projets de conquête sur la Turquie, ou bien encore comme une proie qui devait revenir au czar avec les dépouilles opimes des Ottomans. C'est uniquement dans le but d'affaiblir les Turcs par une diversion favorable à ses armes que, vers 1770, le cabinet de Saint-Pétersbourg appela une première fois les Grecs à la liberté. La paix de Kaïnardjï montra combien Catherine était peu sensible au malheur des Hellènes. Il est même à remarquer que le machiavélisme de la Russie fut une des principales causes qui donnèrent naissance à l'hétairie. Rhiga, son fondateur, était animé d'un patriotisme vraiment national qu'il avait puisé dans la lecture de l'histoire ancienne et que stimulait encore l'exemple de la France, alors en république, et victorieuse de la coalition des rois. L'hymne admirable par laquelle il appelait aux armes les fils des Hellènes est évidemment une traduction, ou, si l'on préfère, un retentissement de notre Marseillaise. Mais le poëte patriote ne s'en tint pas là, il invoqua directement l'appui de la France, et envoya des émissaires au libérateur de l'Italie. En mourant martyr, il désignait encore le général Bonaparte comme le vengeur futur de la Grèce. Il est donc évident que la révolution française contribua beaucoup plus que les menées ténébreuses de la Russie au réveil des Grecs modernes. Sous l'empire, comme pendant la république, l'hétairie eut les yeux tournés vers Na

poléon, mais sans avoir davantage à à s'en louer. Plusieurs membres de l'association, et notamment un jeune patriote, faisant ses études à Pise, lui offrirent les moyens de délivrer la Grèce sans avoir recours à l'insidieux Ali-Pacha. Après la chute de Napoléon, l'hétairie, qui, réduite à elle-même, se croyait condamnée à l'impuissance, plaça tout son espoir dans la Russie. A partir de 1816 jusqu'à l'année 1821, où éclata l'insurrection, les Grecs se bercèrent de l'idée que les Russes, leurs coreligionnaires, viendraient à leur secours. Il n'en fut rien, et le czar s'empressa de désavouer ses propres agents. Mais bientôt les applaudissements de la France vinrent soutenir l'audace des Grecs; aux applaudissements succédèrent les secours effectifs; et, en dernier lieu, ce fut avec notre assistance que l'hétairie parvint à accomplir une révolution commencée sous la foi des promesses mensongères de la Russie.

Ce qui est arrivé pour la délivrance de la Grèce s'est renouvelé depuis qu'elle a pris rang parmi les nations modernes, et il continuera d'en être de même dans la suite. Avec l'alliance française, les Grecs sont sûrs de conserver leur nationalité et d'obtenir des moyens d'agrandissement; avec la protection de la Russie, ils n'ont rien autre chose à espérer que l'incorporation de leur pays à l'empire moscovite, assez disposé à ne voir en eux que des ilotes. Sous des formes moins violentes, la protection de l'Angleterre ne leur promet rien de plus rassurant l'exemple des îles Ioniennes, joint à beaucoup d'autres exemples, fait voir que les marchands de Londres sont très-enclins à traiter en colons ceux qu'ils honorent du titre de leurs protégés. C'est ce que les Grecs comprennent facilement, et ce qu'ils font comprendre, toutes les fois qu'ils trouvent une occasion de manifester leur gratitude envers la France, seule nation, avec quelques contrées de l'Allemagne, qui les ait secourus sans arrière-pensées d'ambition.

Nous ne saurions terminer cet arti cle sans rappeler au moins les noms des Français qui ont donné le plus de preuves de dévouement à la cause de l'indépendance des Grecs. En première ligne,

on doit citer le général Fabvier et les membres du comité formé à Paris en faveur des Grecs. Ce comité avait pour président M. de Lasteyrie (*), et pour secrétaire M. Firmin Didot. Parmi les autres membres, nous citerons MM. Casimir Perrier, Laffitte, Chateaubriand' Villemain, le maréchal Gérard, le duc de Fitz-James, Benjamin Delessert, Mathieu Dumas, le duc de Choiseul, Eynard, Auguste de Staël, le duc de Broglie, le comte Saint-Aulaire, Sébastiani, Alexandre de Laborde, Eugène d'Harcourt, le duc de Dalberg. M. Pouqueville ne fit pas partie du comité pour rester plus libre d'agir; personne, plus que lui, n'a rendu de services à la Grèce. Le comité avait ses dames quêteuses : madame Récamier, madame de Broglie, et tant d'autres, qui voulurent bien accepter cette honorable et pénible fonction. Disons, pour terminer, que les dons volontaires recueillis par le comité de Paris s'élevèrent à près de deux millions de francs. Avec le colonel Fabvier, beaucoup d'autres philhellènes quittèrent la France pour voler au secours des Grecs. De ce nombre sont : Thouret, Dumont, Graillard, Reybaud, le colonel Voutier, et surtout le docteur Bailly, qui a laissé un si beau souvenir en Grèce.

GRECOURT (Jean-Baptiste - Joseph Willart de), auteur de poésies légères et licencieuses. Peu de poëtes du dixhuitième siècle ont mieux représenté dans leurs vers la dissipation, la gaieté et l'immoralité de l'époque dite de la régence. Cependant Grécourt portait l'habit ecclésiastique. Il avait été pourvu, dans sa jeunesse, d'un canonicat dans l'église de Saint-Martin de Tours, qu'il garda toute sa vie, malgré le peu de vocation qu'il se sentait pour les devoirs de cet état. Il séjournait fort peu dans sa résidence. La plus grande partie de sa vie se passa à Paris, où il se jetait à corps perdu dans la dissipation et les plaisirs, ou bien dans des châ

(*) Son premier président fut M. le duc la Rochefoucauld-Liancourd, qui mourut peu de temps après. Il fut remplacé par M. Terchez qui se tenaient les réunions. Après la mort de ce dernier, M. Alexandre Lameth, et en dernier lieu M. de Lasteyrie, présidèrent.

naux,

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