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simple, qualités natives de l'heureux génie de la Grèce. Fénelon n'a pas besoin de reproduire les formes de la narration d'Homère, pour qu'on reconnaisse dans la parole du prêtre chrétien l'euphonie de la prose attique. L'abondante parole de Massillon est naturellement harmonieuse et cadencée comme Ja parole travaillée d'Isocrate. Le prédicateur de Versailles ne songeait point au rhéteur d'Athènes; mais il était né sous un aussi beau ciel, sur cette côte, la grande Grèce de la Gaule, près du lieu où fut Olbia la fortunée, à Hières,

grain de raisin;

patelle, coquille qui s'attache aux rochers;

ruelle, recoin;

étincelle;

matteau de chanvre;

bogue, gros poisson de

mer;

bocal;

vorace;

en vue de l'île du Titan, de l'île du Soleil. A la fin du dix-huitième siècle, quand on était, dans l'art et la poésie, aussi loin que possible de l'antiquité, le fils d'une femme de Byzance (André Chénier) retrouva, pour un moment, mélodie, grâce antique. Alors la Grèce fit à la Gaule son dernier présent (*). ►

Pour compléter cet article, nous ajoutons ici un choix d'un assez grand nombre de mots grecs conservés avec plus ou moins d'altération dans le dialecte provençal (**).

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Bourrido,

soupe de poisson;

Boopidlov, sorte de poisson.

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(*) J. J. Ampère, Histoire littéraire de la France, t. I, p. 125 et suiv. — Voyez encore le traité de Henri Étienne De la conformité du langage français avec le grec, et le discours de M. Charpentier sur cette question: A laquelle des deux littératures grecque ou latine la littérature française est-elle la plus redevable?

(**) Voyez le tome III de l'excellente Statistique des Bouches-du-Rhône, publiée par comte de Villeneuve.

le

(***) Le mot provençal vient plutôt de ballux, emprunté comme ẞáλλexa à l'ancien espagnol, (****) Comparez l'italien cantone.

πύρριχος (comparez roussin).

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(*) L'étymologie de ce mot est contestée; du Cange dérive le mot de la basse latinité gabia, l'italien gabbia et l'allemand käfig, du latin cavea. Ce qu'il y a de certain, c'est que la forme primitive de la hune se rapprochait de celle d'une cage, et qu'aujourd'hui encore les matelots qui se tiennent dans les hunes sont appelés gabiers.

(**) Mot emprunté par les Grecs aux Persans.

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œil; frapper;

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Indépendamment de ces mots, dont l'étymologie est plus ou moins certaine, tous les usages et les procédés relatifs à l'agriculture, à l'industrie et au commerce, ont conservé leurs noms grecs. Un certain nombre d'exclamations grecques subsistent encore. Telle est l'exclamation arri, dont les paysans se servent pour exciter leurs ânes, et répondant au grec app, dont, au témoignage d'Hésychius, les chasseurs faisaient usage pour exciter leurs chiens, et les rameurs pour s'animer au travail. A Marseille, pour exciter un cheval de main, on dit encore: hep, hep, qui vient probablement de nos. Les matelots de Marseille disent pour s'exciter à la manœuvre à la soya lesso, ce qui n'est peut-être autre chose que les mots grees ἀλλά σου ἀλέξω, je me soucierai bien de toi! Enfin, le chant Nono-nono,

avec lequel les nourrices marseillaises endorment leurs enfants, répond au grec vúviov, qui, selon Hésychius, avait la même signification.

Voici en outre un choix de mots grecs conservés dans le français (*) :

Amphigouri, Artimon, Bourse,

aupi, autour; yupòs, cercle.
aptépwv, même sens.
βύρσα, cuir.

(*) Nous n'avons compris dans cette liste aucun mot grec transmis au français par l'intermédiaire du latin, non plus qu'aucun de ceux qui appartiennent soit à la religion, soit à la grammaire, soit aux sciences en général et aux arts; car les premiers ne sont pas dus aux rapports des Gaulois avec la Grèce, et les seconds, que nous avons empruntés à l'idiome hellenique à mesure que le besoin d'étendre la nomenclature scientifique se faisait sentir, sont encore moins le résultat d'une transmission directe et immédiate.

GRÈCE MODERNE

Boutique,
Caler (la voile),

Caresser, Coupe,

Couper, copeau.

Crémaillère,

Estrope,

Frissonner,

Golfe,

Lourdaud,

Moquer (se),

Paresse,

Tome, Trou,

FRANCE.

anon (ital. bottega). zv, lâcber. χαρίζεσθαι, flatter. κύπελλον, meme sens. xóжтεty (rad. xo), même

sens.

χρεμαστήρ, instrument pour suspendre. гролшτηρ, même sens. opiooev, même sens. xóλñоg, même sens. λopoós, imbécile.

μωκαν, meme sens. άpets, relâchement, défaillance.

τόμος. τρῦμα.

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Thaion, bisaïeul;

θεῖος.

Thaionne, bisaïeule; θεῖα.

GRÈCE MODERNE (relations de la France avec la) (**). A proprement parler, nos rapports avec la Grèce ne commencent qu'en 1827, époque où la révolution grecque fut reconnue par la France, l'Angleterre et la Russie. Jusque-là, par suite de l'état de sujétion où les Ottomans avaient réduit la patrie de Thémistocle et de Léonidas, nous ne pouvions avoir de relations qu'avec les Grecs. Cependant, comme on se proposait pour but, sinon toujours l'affranchissement de la Grèce, du moins l'espoir de l'arracher au joug musulman pour la placer sous la direction d'un prince chrétien, il est nécessaire de dire un mot de ces relations.

(*) Quelques érudits ont aussi rapproché, de la négation grecque un, la particule négative mi, usitée dans le patois picard; mais malgré la similitude des deux mots, mi vient beaucoup plus vraisemblablement du mot latin mica, resté avec un sens négatif dans la langue italienne. Ce qui semble le prouver c'est que mi s'écrie plus régulièrement mie, comme dans ces deux vers picards cités par la Fontaine :

a Biaux chires leups, n'écoutez mie

Mère tenchent chen fieux qui crie.»> (**) Pour les temps antiques et le moyen âge, voyez l'article précédent, Marseille, Provence, Lyon, Empire grec, Empire latin.

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Lorsque la prise de Constantinople par Mahomet II, en 1453, eut anéanti le dernier reste de l'empire d'Occident, l'Europe tout entière s'émut, et différents projets de croisades furent formés pour chasser de l'Europe les éternels ennemis de la chrétienté. Philippe le Bon, duc de Bourgogne, donna, le 9 février 1454, à Lille, une fête splendide où l'expédition fut résolue. (Voyez FETES et VOEU DU FAISAN.) Ce prince, après avoir fait en vain un voyage pour recruter des croisés en Allemagne, ne fut pas plus heureux en France. Cependant, par des lettres patentes du 5 mars 1455, Charles VII lui avait accordé la permission de lever, dans les seigneuries qu'il possédait en France, des soldats, une aide en argent, et un décime sur le clergé, pour l'accomplissement de sa bonne et louable entreprise. Ces projets belliqueux ne reçurent même pas un commencement d'exécution; mais, lors de la conquête du royaume de Naples par Charles VIII, ce prince, à qui le succès avait tourné la tête, se fit couronner empereur de Constantinople; il se flattait de pouvoir conquérir avant peu tout l'empire d'Orient. Il envoya donc des émissaires dans les différentes parties de la Grèce pour en soulever les habitants contre leurs oppresseurs. « Le Turc, dit Comines, eût esté aussi aisé à troubler qu'avoit esté le roi Alphonse; car, d'Otrante à Valonne, n'y a que soixante milles, et de Valonne en Constantinople, y a environ dix-huit journées des marchands, comme me le conterent ceux qui souvent faisoient le chemin, et n'y a aucunes places fortes entre deux, au moins que deux ou trois, le reste est abattu; et tous ces païs sont albanois, esclavons et grecs et fort peuplés, qui sentoient des nouvelles du roy, par leurs amis qui estoient à Venise et en Poüille, à qui aussi ils escrivoient, et n'attendoient que messages pour se rebeller. Et y fut envoyé un archevesque de Duras de par le roy, qui estoit Albanois; mais il parla à tant de gens que merveilles prests à tourner, estans enfans et neveux de plusieurs seigneurs et gens de bien de ces marches... En Thessalie, plus de 5,000 se fussent tournez; et encores se fut pris Scutari, ce que je sçavois par intelligence et par la main du seigneur Constantin, qui

plusieurs jours fut caché à Venise avec moy... et fut ledit seigneur Constantin à trois lieues près, et se fût exécutée l'entreprise, n'eût esté que ledit archevêque de Duras demeura à Venise aucuns jours après ledit seigneur Constantin; et... tous les jours je le pressois de partir, car il me sembloit homme léger en paroles; il disoit qu'il feroit quelque chose dont il seroit parlé, et de male adventure, le jour que les Vénitiens sceurent la mort d'un frère du Turc, que le pape avoit baillé entre les mains du roy, ils délibérèrent de le faire sçavoir au Turc par un de leurs secrétaires, et commandèrent qu'aucun navire ne passast la nuict entre les deux chasteaux qui font l'entrée du gouffre de Venise, et y firent faire guet (car ils ne se doutoient (méfiaient) que de petits navires, comme grips, dont il y en avoit plusieurs au port d'Albanie et de leurs isles de Grèce); car celuy qui eût porté ces nouvelles eût eu bon présent. Ainsi ce pauvre archevêque, cette propre nuict, voulut partir pour aller à cette entreprise du seigneur Constantin qui l'attendoit, et portoit force espées, boucliers et javelines, pour bailler à ceux avec qui il avoit intelligence ( car ils n'en ont point); mais en passant entre les deux chasteaux, il fut pris et mis en l'un desdits chasteaux et ses serviteurs, et le navire passa outre par congé. Il luy fut trouvé plusieurs lettres qui découvrirent le cas; et m'a dit ledit seigneur Constantin que les Vénitiens envoyèrent advertir les gens du Turc aux places voisines, et le Turc propre, et n'eût esté le grip qui passa outre, dont le patron estoit Albanois, qui l'advertit, il eût esté pris; mais il s'enfuit en Pouille par mer (*). » L'empereur turc Bajazet, ainsi instruit par Venise des complots qui se tramaient contre lui, rétablit, en faisant couper des milliers de têtes, la tranquillité de son empire.

A partir de cette époque, on resta en France, pendant plus d'un siècle, sans Songer a aucune tentative en faveur des alheureux Grecs. Cela tenait à plusieurs causes d'abord la puissance

(*) Mémoires de Philippe de Comines, liv. VII, c. 17.

ottomane avait pris trop de développement et trop de consistance pour qu'on pût songer alors à une résurrection de la Grèce; ensuite on ne désirait que médiocrement sa délivrance, par suite des préjugés religieux qui souvent sont plus forts entre des sectes différentes qu'entre des religions ennemies; enfin, l'ambition de la maison d'Espagne avait obligé François Ier et ses successeurs à contracter avec la Turquie une alliance offensive et défensive qui leur enchaînait les bras, et ne leur permettait guère d'intercéder qu'en faveur des Grecs catholiques. Aussi n'est-ce que vers l'an 1612 que l'on retrouve les traces d'un projet d'affranchissement, conçu par un prince français en rapports directs avec les habitants du Magne, qui devaient donner le signal de l'insurrection. Le prince dont il est ici question est Charles II de Gonzague et de Clèves, duc de Nevers, de Mayence et de Rethel, pair de France, etc., etc., qui avait droit au nom de Paléologue, comme descendant en ligne directe d'Andronic le Vieux, empereur d'Orient. Une correspondance (conservée en manuscrit à la bibliothèque du roi) eut lieu à ce sujet entre le duc et plusieurs évêques du Magne. La première lettre, datée du 1er octobre 1612, est en mauvais italien, tracé avec des caractères grecs. On y voit que l'évêque du Magne, Néophytas, a eu des nouvelles du tresillustre duc de Nevers par un personnage nommé Juan, et par une lettre d'un certain Kalapotos. Le pauvre évêque annonce qu'aussitôt après avoir reçu la nouvelle du projet qu'avait formé le prince de se rendre en Morée, il s'était mis en route et avait marché toute la nuit pour rencontrer sa seigneurie et lui donner sa bénédiction; « et, dit-il, pour saluer notre roi très sacré, et jouir de la vue de Votre Seigneurie, comme les Hebreux de celle du Messie, qui est Dieu.» Trompé dans son espoir, le prélat ajoute qu'il envoie son neveu, qui, conduit par le seigneur Juan vers le prince, devra accompagner ce dernier dans son expédition. Une autre lettre datée du 8 octobre porte pour suscription intérieure : « A l'empereur « Constantin et à toute sa famille impériale, années nombreuses et salut dans

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