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ment, se voyant assailli par des forces bien supérieures aux 95-an v. siennes, se retira sans brûler une amorce, emmenant avec lui son artillerie. En même temps les autres sections s'empressaient de concourir au succès de la cause commune. La section du Mont-Blanc arrêtait les subsistances que Barras faisait venir à son camp des Tuileries; celle de l'Arsenal s'emparait de chevaux appartenans à l'État, et proposait à la section dirigeante (celle de Le pelletier), de se rendre à Essonne pour prendre possession des moulins à poudre qui s'y trouvent. La section Poissonnière s'emparait également d'une certaine quan tité de chevaux d'artillerie, et celle du Théâtre-Français, indépendamment des bataillons qu'elle tenait sous les armes, écrivait encore circulairement aux communes environnant

la partie méridionale de la capitale, pour les engager à marcher au secours des citoyens de Paris.

Barras semblait vouloir tenir ses troupes sur une stricte défensive. Son but était de rejeter sur les sections tout l'odieux d'une première agression. En effet, à deux heures de l'après-midi, le cinq octobre (13 vendémiaire), les colonnes sectionnaires se formèrent dans les deux parties de la ville que divise la Seine, et marchèrent sur la Convention. Le bataillon de la section dite de la Fidélité, se jeta sur le poste commandé par l'adjudant-général Devaux, qui avait sous sa garde un dépôt d'artillerie. Mais les soldats qui défendaient ce poste firent si bonne contenance, en présentant la baïonnette aux assaillans, que ceux-ci n'osèrent pas pousser plus avant, et rétrogradèrent après un moment d'hésitation. Cette circonstance fut très-heureuse pour la Convention; car si le poste cût été forcé, les insurgés se trouvaient possesseurs de plusieurs pièces de canon avec leurs caissons de munitions.

A quatre heures, les deux partis étaient en présence sur tous les points. Les plus grands rassemblemens se trouvaient

1795-an Iv. dans les rues Saint-Honoré, de Richelieu, aux débouchés France. des rues du Dauphin, de l'Échelle, de Saint-Nicaise. Le ba

taillon de la Butte-des-Moulins occupait les degrés de l'église de Saint-Roch, en face de cette même rue du Dauphin, qui portait alors le nom de la Convention. C'était là que le combat allait être le plus sanglant, et c'est dans le parvis du temple d'un Dieu de paix que des citoyens allaient recevoir la mort des mains de leurs concitoyens. Les relations ne sont point d'accord sur la manière dont commença tet engagement déplorable. Les uns prétendent que ce fut un coup de fusil tiré d'une des fenêtres d'un restaurateur où dînaient des députés, qui engagea les sectionnaires à riposter par une décharge générale des premiers rangs qui occupaient le débouché de la rue. D'autres prétendent que l'agression vint des sectionnaires. Ils rapportent qu'après plusieurs pourparlers inutilement entamés entre les généraux Danican et Duhoux, d'une part, et Barras, de l'autre, des sectionnaires s'étaient avancés vers les conventionnels, avec des démonstrations amicales, et qu'au moment où ces derniers ouvraient leurs rangs pour les recevoir, une décharge, partie derrière les sectionnaires, et au-dessus de leurs têtes, avait renversé quelques soldats de Barras. Cette version coïnciderait avec l'ordre donné par le général conventionnel à ses troupes, de laisser commencer l'attaque par les troupes des sections.

Quoi qu'il en soit, le sang avait été versé, et Barras ordonna au général Berruyer, et à l'adjudant-général NoëlHuard, qui commandaient les détachemens postés dans la rue étroite du Dauphin, de marcher sur les sectionnaires et d'attaquer le bataillon placé sur les marches de l'église SaintRoch. L'entreprise était difficile. Les sectionnaires avaient l'avantage de la position, et de toutes les fenêtres environnantes de la rue Saint-Honoré, partaient de nombreux coups de fusil, qui se croisaient sur les attaquans, en même temps

que le bataillon les fusillait de front. Berruyer et Huard, 1795-an iv. qui avaient débouché de la rue, allaient être repoussés et France. peut-être entourés, lorsque le général Bonaparte accourt avec deux pièces de canon, par le haut de la rue du Dauphin. Il braque les pièces contre l'église et contre la rue du même nom, également occupée par une colonne nombreuse. La troupe de Berruyer tourne à droite et à gauche, dans la rue Saint-Honoré, pour démasquer les pièces. Alors la mitraille vole dans les rangs des sectionnaires. Le bataillon des patriotes de 1789 marche la baïonnette en avant; le poste de Saint-Roch est emporté. Les sectionnaires fuient en désordre, et la mitraille les poursuit encore dans les rues où la terreur porte leurs pas.

Deux autres engagemens avaient lieu au même moment dans les rues Saint-Nicaise et de l'Échelle. L'adjudant-général Blondeau, qui commandait le poste de la rue Saint-Nicaise, obtint, par le moyen de son artillerie, le même succès que Bonaparte. Le général Brune et l'adjudant-général Gar danne, qui commandaient, l'un dans la rue de l'Echelle et l'autre dans la rue Saint-Honoré, furent d'abord forcés de se replier, parce qu'ils voulurent combattre à armes égales, en négligeant de se servir de leur artillerie. Mais quand ils eurent fait avancer cette dernière, et qu'elle eut vomi la mitraille, les sectionnaires épouvantés ne songèrent plus qu'à effectuer leur retraite, et se replièrent, d'un côté, dans le haut de la rue de Richelieu, et de l'autre jusqu'à l'Oratoire.

Sur l'autre rive de la Seine, les sectionnaires osèrent également braver le canon conventionnel. Ils avaient réuni une forte colonne, qui, s'avançant par le quai Voltaire, menaçait d'attaquer le pont des Tuileries (Royal). On dit qu'une grande partie des sectionnaires qui composaient cette colonne nombreuse, et marchaient en bon ordre, étaient des jeunes gens ap Aujourd'hui maréchal-de-camp.

1795-an, partenant aux familles les plus distinguées de la capitale, et que Bretagne. cette bouillante jeunesse, ne déguisant plus ses vœux, faisait retentir le quai des cris répétés de vive le Roi! Le poste du Pont-Royal, par sa situation et par les dispositions qu'avait prises Barras, était précisément le plus difficile à emporter. Le pont était hérissé d'artillerie. Le quai des Tuileries, à partir du Louvre, était également garni de canons. Il suffit aux généraux Carteaux, Verdières et Lestrange, qui commandaient cette partie de la ligne de défense, de faire une décharge à mitraille sur les sectionnaires pour les dissiper. Ils s'échappèrent par les rues qui débouchent sur le quai Voltaire. Il en fut de même d'une autre colonne venue par le haut du faubourg Saint-Germain, et qui voulut déboucher par le palais Bourbon, pour venir attaquer le pont de la Révolution (Louis xvi) et se porter ensuite sur la place Louis xv. La mitraille força également ces derniers assaillans à rétrograder.

Sur ce même point, c'est-à-dire par les Champs-Élysées,

accouraient en toute hâte les habitans de la ville de SaintGermain, avec quelques pièces de canon, pour prêter leur secours aux sections de Paris. Ce ren fort aurait pu être d'une grande utilité aux ennemis de la Convention, qui manquaient, comme on l'a vu, d'artillerie. Mais, plus zélés que braves, les jeunes gens de Saint-Germain ne surent point résister à l'attaque d'un simple piquet d'éclaireurs que Barras avait placé vers l'allée des Veuves. Ils s'enfuirent honteusement, abandonnant leurs canons, et se jetèrent dans la grande rue de Chaillot, pour éviter plus sûrement la poursuite des sol-. dats conventionnels.

Cependant les sectionnaires, repoussés à Saint-Roch et dans les rues Saint-Honoré, Saint-Nicaise et de l'Échelle, s'étaient ralliés sur les boulevards et redescendaient par les rues de Richelieu et Vivienne. Le Palais-Royal et le Théâtre dit de la République (Français) étaient toujours en leur pou

France.

voir. Barras ordonna aux généraux Montchoisy et Duvignau 1995-an 14. de se mettre à la tête d'une colonne prise dans la réserve postée sur la place Louis xv, de s'avancer avec deux pièces de douze sur les boulevards; et, descendant par la rue de la place Vendôme, de venir se réunir au détachement qui était au couvent des Capucines; tandis que d'un autre côté le général Brune ferait avancer deux obusiers par les rues SaintNicaise et de Rohan. Le général Carteaux, passant par la rue Saint Thomas du Louvre, devait, avec deux cents hommes et du canon, prendre position sur la place du PalaisRoyal, tandis que le général Berruyer, chargé du commandement du poste des Feuillans, devait s'avancer par la place Vendôme et la rue des Petits-Champs. Ces dispositions eurent tout le succès que Barras s'en était promis. Les sectionnaires furent forcés dans le Palais-Royal. Vainement ils voulurent se défendre au Théâtre de la République, Brune fit tirer à boulets sur les portes d'entrée. La colonnade qui règne au-devant de l'édifice fut très-endommagée. Les sectionnaires se retirèrent par le Palais-Royal et la rue Vivienne, et Brune fit occuper le théâtre.

Les sectionnaires, malgré tous ces échecs, n'avaient pas encore perdu tout espoir à la nuit, ils barricadèrent les rues où les conventionnels n'avaient point encore pénétré, et dépavèrent ces mêmes rues pour assommer les patrouilles qui tenteraient de forcer les barricades; mais Barras fit faire feu sur plusieurs travailleurs, et fit marcher pour renverser toutes ces barricades. Celle de la barrière des Sergens, au débouché des rues Croix-des-Petits-Champs et du Coq SaintHonoré, ne fut forcée qu'après une fusillade assez vive où les conventionnels perdirent quelques hommes. Peudant la nuit, les sectionnaires avaient réussi à reprendre le poste de l'église de Saint-Roch. L'adjudant-général Vachot, envoyé contre eux, ne put les en déloger qu'à la pointe du jour, le

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