DISCOURS DIVERS Camille Desmoulins, secrétaire du ministère de la justice au lendemain du 10 août, avait été élu député à la Convention nationale pour le département de Paris 1. Camille ne devait briller comme orateur ni à la Convention ni dans les clubs. Une sorte de bégaiement, dû plutôt à un certain embarras qu'à une infirmité, l'empêchait d'être jamais un personnage à la tribune. Aussi bien. avait-il essayé de demeurer journaliste tout en entrant à la Convention. Son cri personnel était toujours son fameux: A moi, mon écritoire! Il avait fondé, en octobre 1792, avec Merlin de Thionville, un journal quotidien auquel, dit M. E. Hatin', il continua le titre de sa première feuille : Révolutions de France et de Brabant, seconde partie, par Camille Desmoulins et Merlin de Thionville, membres de la Convention (55 numéros in-8. Octobre à décembre 1792). Ce journal réussit fort peu. Camille dut alors se contenter de sa situation à l'Assemblée. En qualité de conventionnel, Desmoulins écrivit plu-. tôt qu'il ne prononça deux Discours importants dans la 1. Voir à l'Appendice le récit de la journée du 10 août, tiré du Portefeuille de Lucile Desmoulins. 2. Bibliographie de la presse périodique. terrible question du procès de Louis XVI. Ce sont là deux pièces historiques d'un intérêt capital et que nous recueillons à ce titre seul. Je ferai remarquer l'étrange et curieuse note qui se trouve en tête du premier de ces Discours: « Canaille, populace, dit Camille Desmoulins, << nom dont appellent tous les jours le peuple la plupart « de ceux qui aujourd'hui appellent hypocritement au « peuple. » Ces quelques lignes ne sont-elles pas encore aujourd'hui d'une étonnante actualité? Disons tout de suite, pour ne point multiplier les notes et explications, que Camille, votant la mort du roi, souleva des protestations dans la Convention même en s'écriant: « Je vote la mort trop tard peut-être pour l'honneur de la Convention nationale. » Était-ce là la froideur et le calme du juge? C'était encore un de ces mots que l'intempérance de Desmoulins devait lui faire regretter un jour. On a aussi publié de Camille Desmoulins les Discours suivants que nous ne pouvons donner, faute de place, dans l'édition présente : DISCOURS SUR LA SITUATION POLITIQUE DE LA NATION, à l'ouverture de la seconde session de l'Assemblée nationale, prononcé à la Société des amis de la Constitution, dans la séance du 21 octobre, par CAMILLE DESMOULINS (avec cette épigraphe : Moins l'Assemblée est grande et plus elle a d'oreilles.) (Paris, chez les marchands de nouveautés, 1791.) Société des amis de la Constitution séante aux Jacobins, à Paris. DISCOURS DE CAMILLE DESMOULINS, no |