Images de page
PDF
ePub

d'un homme dont le nom inspire le respect à tous, et qui, après avoir pris connaissance du rapport, m'a écrit la lettre dont voici un extrait :

« Cher Monsieur,

Paris, le 9 janvier 1869.

« Je vous remercie beaucoup de la bonne pensée que vous avez eue de me communiquer le rapport de M. Kuborn. Veuillez dire à l'auteur que, s'il en a le désir, je suis tout prêt à en offrir un exemplaire de sa part à l'Académie des sciences, avec un rapport de quelques mots, suivant notre usage.

.......

... Le rapport de M. Kuborn est si clair et si concluant qu'il emportera, je l'espère, l'assentiment des personnes les plus étrangères à la question. Il est hors de doute que le travail des femmes dans les houillères constitue pour elles, et par conséquent pour la société, un double danger physique et moral. Il n'est pas moins évident que l'Etat, en présence d'une nécessité si manifeste, a le droit de prononcer l'interdiction. Je suis également d'accord avec vous pour empêcher l'introduction de garçons dans les houillères avant l'âge de 14 ans. En somme, je trouve les trois articles que vous proposez excellents de tous points; je crois que la loi est toute faite; il n'y a plus qu'à faire des vœux pour que le Gouvernement et les Chambres l'adoptent dans les termes mêmes de l'Académie. Je n'y voudrais ajouter qu'un quatrième article, pour établir une bonne sanction pénale, et une inspection salariée et régulière, si elle n'existe pas déjà en Belgique comme en France.

«< ... M. Kuborn a bien raison d'invoquer, outre l'hu

[ocr errors]

manité, qui pourtant crie si haut, les raisons de patriotisme. Quand j'ai lutté de toutes mes forces, et bien inutilement, hélas! contre le fléau des armées permanentes, je n'ai cessé de dire qu'en augmentant les armées au détriment de la génération, ou tout au moins du mariage, on diminuait la population dans l'avenir, ce qui aboutirait à diminuer plus tard les armées par la plus triste de toutes les causes, à savoir la disette d'hommes. M. Kuborn dit la même chose pour le travail. Si le travail national épuise les mères, prend les enfants trop jeunes et les retient chaque jour plus longtemps, cela peut pour aujourd'hui mettre à sa disposition. une somme de force plus considérable, mais à condition de diminuer année par année la production de la force. Cela s'appelle, en propres termes, vivre sur son capital. Même au point de vue de l'économie, au point de vue de l'intérêt argent, un peuple doit veiller sur la première richesse, qui est la force humaine. Il y a comme une épidémie d'infanticide qui nous coûte plus cher chaque année qu'une bataille perdue, et contre laquelle il faut réagir par la morale, en restaurant la famille par la loi, en restreignant le travail des femmes et des enfants.

k

Je vous demande pardon, cher Monsieur, de la longueur de cette lettre; mais je me contrains difficilement, quand il s'agit d'économiser le sang et les muscles et de répandre parmi les masses l'instruction et la civilisation. Tout ce qu'on fait ici, avec plus de bruit que d'efficacité, pour le développement intellectuel des masses, ne donnera des résultats sérieux que quand on aura limité le travail des enfants dans les manufactures et procuré aux femmes les moyens de gagner l'argent à domicile.

< Votre loi, quand elle sera faite, va rendre à la lumière

du jour quelques milliers de femmes; il faudra les occuper ailleurs. M. Kuborn dit que le travail seul de ménagère représente bien 1 franc par jour; il a raison, mais d'abord les filles qui sortiront des fosses ne savent rien faire; en second lieu, ce n'est pas une valeur d'un franc qu'il faut à tous les ménages, c'est quelquefois fr. 1.90, comme dans l'exemple cité. Il y aura d'ailleurs un trop plein momentané et une détresse qui en sera la suite. A mon avis, en même temps qu'on s'occupe de chasser les femmes des houillères et de les laisser le moins possible dans les fabriques, on doit leur apprendre le métier de ménagère, comme cela se fait en Prusse, notamment à Crefeld, et leur donner une éducation professionnelle, pour qu'elles remplacent par l'habileté ce qui leur manque du côté de la force.

«

Agréez, je vous prie, Monsieur le Président, l'assurance de mes sentiments les plus cordialement dévoués. »

Et savez-vous qui est l'auteur de cette lettre ? C'est M. Jules Simon.

L'homme qui reçoit, pour un travail qu'il a accompli, les éloges d'un personnage aussi illustre, aussi ami du peuple que M. Jules Simon, peut facilement se consoler des attaques dont il a été l'objet.

M. le Président : Ne devrions-nous pas suivre le principe admis d'abord pour l'examen de cette question importante, en ayant une autre séance exceptionnelle pour la continuation de la discussion? Et ne croyez-vous pas que cette séance devrait avoir lieu le plus tôt possible?

[ocr errors]

·M. Graux : Il faut au moins attendre que le Bulletin

de la séance d'aujourd'hui soit imprimé.

M. Van den Broeck : L'observation de M. Graux

est assez juste. Il est bon que l'on puisse prendre connaissance, avant une nouvelle séance, de ce qui s'est dit dans celle-ci. Je crois qu'il pourrait en être ainsi, si l'on fixait la prochaine séance au premier samedi de février,

M. Sovet Je demande que le Bureau soit juge de fixer le jour. On désire que les discours prononcés aujourd'hui soient imprimés, nous ne pouvons savoir le temps qu'il faudra pour cela.

M. le Président : Dans tous les cas il y aura une séance ordinaire à la fin de ce mois. Si nous ne sommes pas prêts, vous déciderez s'il y a lieu d'avoir une nouvelle séance extraordinaire pour continuer cette discussion.

COMMUNICATION.

M. Mathieu, fabricant d'instruments à Paris, présente à l'Académie plusieurs instruments qu'il a inventés ou auxquels il a apporté des améliorations. Parmi ces instruments nous remarquons une pince œsophagienne à croisements. multiples, un pantoscope, une ophthalmoscope, l'instrument de M. Wasseige pour faire l'embryotomie, modifié par M. Mathieu.

M. Mathieu présente aussi, de la part de M. Nélaton, un dilatateur du prépuce, inventé par ce dernier.

[blocks in formation]
« PrécédentContinuer »