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la direction de l'incision, après avoir remédié à l'inclinaison et à la torsion de l'utérus, et après avoir fait fixer convenablement l'organe utérin, nous incisons couche par couche les parois abdominales en suivant le procédé dit de Mauriceau.

L'incision mesure 16 centimètres et dépasse à gauche la cicatrice ombilicale.

Ce premier temps achevé, nous entamons les parois utérines en procédant comme pour les parois de l'abdomen, c'est-à-dire couche par couche, et en étanchant le sang au fur et à mesure qu'il s'écoule.

Les parois utérines sont très-minces; à peine avonsnous fini de les inciser que les membranes, qui n'ont pu être déchirées par le vagin, se rompent et qu'un flot de liquide jaillit au loin; nous plongeons de suite la main dans la cavité utérine et nous en retirons un enfant du sexe masculin, de petite dimension.

Le peu de développement de l'enfant, la grande quantité de liquide et surtout le grand développement du ventre nous font supposer que nous avons affaire à une grossesse gémellaire dont le diagnostic n'avait pas pu être porté. En effet, nous retirons un second enfant du mème sexe et du mème volume. La délivrance ne tarde pas à se faire par la plaie.

Pendant tout le temps de l'opération, les aides ont maintenu d'une manière exacte le contact immédiat de la paroi abdominale et de l'organe gestateur, peu de liquide a pu s'épancher dans la cavité péritonéale.

La femme sort du sommeil anesthésique; nous ne jugeons pas prudent de continuer l'emploi du chloroforme. Il survient une hémorrhagie légère qui n'aurait rien d'inquiétant si ce n'était l'état de faiblesse de l'opérée, qui

tombe à plusieurs reprises en syncopes dont elle sort par la respiration de vapeurs excitantes.

Des applications froides sur les cuisses et le ventre, le seigle ergoté et la teinture de cannelle parviennent à arrêter l'hémorrhagie.

Une petite quantité de vin ingérée par l'accouchée relève assez ses forces pour qu'il nous soit possible d'achever l'opération par une série de points de suture enchevillée entre lesquels nous plaçons des points de suture entre-coupée.

La suture s'arrête à 4 centimètres de l'angle inférieur de la plaie pour permettre l'écoulement des liquides, mais bientôt nous devons fermer complétement la plaie parce que, à chaque quinte de toux, les intestins se précipitent par cette petite ouverture.

A ce moment, le toucher renseigne la dilatation du col. La réunion opérée, nous appliquons un léger bandage de corps et par-dessus des compresses imbibées d'eau froide selon la méthode de Metz, d'Aix-la-Chapelle.

La femme, malgré son état de faiblesse, supporte trèsbien l'emploi continu du froid.

Le lendemain, 24, la réaction est franchement établie, nous substituons aux compresses d'eau froide des vessies pleines de glace.

Le 24, au soir, urine, deux selles liquides verdâtres, peau ardente, pouls très-accéléré, douleur de ventre spontanée surtout à droite, quelques légères syncopes, la glace est continuée.

Le 25, au matin, face mieux composée, pouls accéléré, plaie d'un bel aspect, météorisme assez considérable, douleur généralisée au ventre, diarrhée, même traitement.

Le soir, pouls très-accéléré, respiration très-fréquente,

un peu de hoquet, délire, météorisme modéré, plaie belle, ochies; même traitement.

Le 26, une amélioration assez sensible se manifeste, l'opérée a pu prendre quelques heures de repos, la glace est continuée, un peu de bouillon est administré.

Le 27, la plaie laisse suinter un liquide purulent, les lochies continuent à couler, l'état est à peu près le même.

Le 28, le pouls est accéléré et petit, la diarrhée et le météorisme sont moindres, la plaic est belle, pas de douleurs spontanées, facies bon, suspension de la glace, bouillon, pain, café, vin, quinquina.

Le 29, facies excellent, lochies nulles, météorisme à peine sensible, douleur à droite par la pression, diarrhée légère, sommeil, nourriture ut suprà.

Le 30, plaie très-belle, le pouls plus plein, sommeil, diarrhée, lavements laudanisés, continuation du régime. Le 31, enlèvement de quelques points de suture.

Le 1er avril, sommeil non interrompu toute la nuit, état des plus satisfaisants, bouillon, œufs, viande, quinquina. Depuis cette époque, nous notons l'augmentation de la toux, la marche progressive de l'affection pulmonaire et quelques syncopes de courte durée.

Le 9, survient un mouvement fébrile avec douleur et météorisme de l'abdomen surtout à droite, stomatite aphtheuse, cataplasmes et onctions mercurielles belladonées sur le ventre; collutoire au chlorate de potasse.

Le 12, G... est complétement remise.

Le 13, reviennent les mêmes accidents que ceux du 9, ils sont combattus par le même traitement. La respiration devient de plus en plus difficile, c'est à peine s'il reste encore quelques parties perméables du poumon.

Le 15, la femme meurt dans une syncope.

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Autopsie. - Le ventre est modérément ballonné, les lèvres de la plaie, primitivement rapprochées et réunies en haut sur une étendue de plusieurs centimètres, sont fortement écartées, cependant l'oblitération de la cavité péritonéale est complète.

La vessie contient un litre environ d'urine; elle adhère en avant à la paroi abdominale et ferme la plaie dans sa partie inférieure, en arrière, à tout ce qui se trouve derrière elle et elle oblitère la plaie utérine. Elle remonte jusqu'aux régions rénales.

Le reste de la plaie abdominale est fermé par le colon transverse et quelques anses de l'intestin grêle.

L'intestin a une coloration verte violacée, il ne contient qu'un peu de matières jaunâtres et quelques noyaux de matières fécales durcies.

Les adhérences sont aussi étendues que possible. On voit des fausses membranes sur tous les points, principalement dans les hypochondres, et des exsudats mous non encore organisés.

Les poumons sont fortement malades. Le poumon droit est complétement adhérent et forme une masse gris-jaunâtre, rapetissée, composée de tubercules ramollis, en haut il y a une caverne assez étendue.

Le poumon gauche est farci de tubercules en haut et en bas, il ne reste de perméable que quelques points situés au milieu ; l'utérus est remonté jusqu'au rein droit, son col a une longueur d'environ 7 'à 8 centimètres, le corps est petit; l'incision est à peine de 4 centimètres et la vessie la recouvre par sa face postérieure, de sorte que la cavité utérine ne communique plus avec la cavité péritonéale.

Le bassin est incliné à droite, le sacrum est horizontal en haut et se courbe au niveau de la troisième pièce, il

regarde à droite. La saillie du promontoire divise les diamètres obliques supérieurs.

Dimensions du bassin dégarni des parties molles et

séché.

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L'opération que nous faisons connaitre est intéressante à plus d'un titre.

G..., atteinte d'une tuberculose pulmonaire avancée, enceinte de neuf mois, devant subir forcément l'opération césarienne et redoutant la douleur, demande et supporte parfaitement la chloroformisation malgré l'état des voies respiratoires.

Faible, ayant eu une perte légère, à la vérité, mais compromettante pour notre opérée, G... subit avec avantage le traitement de Metz, application d'abord de compresses imbibées d'eau froide et ensuite de glace.

G..., malgré les détestables conditions dans lesquelles elle se trouvait, guérit; en effet, c'est la tuberculose qui a tué notre malade.

Enfin, signalons encore l'utérus qui, fixé dans la partie supérieure de la cavité abdominale par des adhérences, a dù prendre la singulière configuration qu'il présentait lors du retrait de l'organe.

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