Images de page
PDF
ePub
[graphic]

du bouillon ou du lait; aliments dont la digestion s'achève dans l'estomac et dans la partie supérieure de l'intestin grèle.

J'ai donné du vin, variant les quantités selon les cas, pour agir sur le système nerveux, et fournir en même temps une certaine quantité de carbone pour l'oxydation; j'ai fait appliquer des compresses chaudes aussi longtemps que le météorisme n'existe pas, glacées dans ce dernier cas.

Quant aux aliments solides, même les plus faciles à digérer, j'ai toujours pensé qu'il ne fallait les donner que dans la convalescence bien prononcée et avec grande prudence.

En fait de médicaments, après un léger purgatif donné au début, je n'ai employé que le sulfate de quinine à faible dose et l'acide sulfurique, deux substances qui ralentissent l'action du cœur et diminuent la chaleur; j'ai traité de la méme manière les adultes et les enfants. Quelquefois, mais toujours avec regret, j'ai dû employer la morphine le soir quand l'insomnie ou le délire se prolongeait trop longtemps. Les fièvres muqueuses ne réclamaient aucun traitement médical actif, aussi longtemps qu'aucune complication ne se manifestait.

Dans la méningite, j'ai employé l'émission du sang, les vésicatoires et ensuite l'opium à haute dose.

Dans la fièvre récurrente, la quinine à haute dose, 1 gramme au moins par jour.

Tel est le traitement que j'ai employé parce que avec lui on perd le moins de malades, point dans la fièvre muqueuse et dans la fièvre récurrente si des complications n'arrivent pas'; peu dans la fièvre typhoïde (1), le plus dans la méningite cérébro-spinale, dont le pronostic est toujours grave.

(1) On sait que l'abstinence est plus fatale aux enfants qu'aux adultes, et les médecins qui accusent une grande mortalité dans la fièvre typhoïde des

[graphic]

Quelle est la cause de cette terrible épidémie? elle est dans l'air, dit-on d'autres pays, l'Italie, l'Espagne ont eu des épidémies semblables. C'est possible, mais nous savons par les recherches faites en Angleterre que presque chaque fois que ces épidémies ont éclaté, on en a trouvé la cause dans les égouts, on les a améliorés, et la mortalité a considérablement baissé avec le nombre des cas de typhus, et s'il y a un fait bien certain et acquis à la médecine, c'est que toute épidémie de fièvre typhoïde est due à des gaz produits par la décomposition des matières organiques, fécales et autres (1).

Liége, Anvers, Gand, Louvain n'ont pas été attaqués cette année par l'épidémie, on n'y a vu que les cas importés de Bruxelles ou ceux qu'on voit peu nombreux dans toute grande ville. Il faut donc qu'il existe des causes locales dans Bruxelles et ses faubourgs. Il s'agit de les trouver; le gouvernement anglais envoie bien dans ce moment deux médecins dans l'Inde pour rechercher les causes du choléra, il les a obligés d'étudier d'abord en Allemagne les champignons microscopiques auxquels quelques-uns attribuent, à tort ou à raison, car rien n'est prouvé jusqu'à présent, l'origine de la maladie. Nous possédons un Conseil supérieur d'hygiène, une Commission médicale provinciale et une locale, tous composés d'hommes savants et expérimentés. Espérons qu'ils voudront nous communiquer le résultat de leurs recherches.

enfants doivent se demander si le régime ou plutôt l'abstinence n'est pour rien dans la mortalité.

Chez les enfants, la mort est bien rare dans la fièvre typhoïde, je suis tout à fait d'accord sur ce point avec M. West, de Londres, contre MM. Rilliet et Barthez.

(1) Ces causes agissent d'une manière plus funeste encore quand il y a encombrement ou famine. (Voir pour les effets que déterminent l'injection des matières putrides et de la levure chez les animaux mon Atlas, liv. XIV, page 20.)

Pour ma part, j'ai examiné et j'ai fait examiner l'eau d'une maison infectée où il y avait quatre cas graves de fièvre typhoïde. Eau de puits, eau de la ville, nulle part je n'ai trouvé de matière organique.

La cause doit être ailleurs. Est-ce que l'odeur qui se dégage si souvent des regards d'égouts n'indique rien? Sous ce rapport, la lettre publiée par un habitant de la rue de la Loi me parait mériter un examen.

Le silence pourrait être très-nuisible à une des plus belles capitales de l'Europe qui commence à jouir de la réputation peu méritée et peu enviable d'avoir une fièvre particulière : la fièvre de Bruxelles (1).

[ocr errors]

M. Lebeau : Messieurs, ce n'est pas sans faire un sacrifice d'amour-propre que je prends ex abrupto la parole pour répondre à mon savant ami, M. Gluge. J'espérais que quelqu'un de nos honorables collègues mieux préparé entrerait dans la lice avant moi.

Mes premiers pas dans la science datent d'une époque où l'anatomie pathologique et la chimie organique étaient au berceau, et lorsque leur application à la connaissance des maladies et à leur traitement n'était encore qu'en espérance; j'avoue donc, Messieurs, mon ignorance comparative, et si je fais appel à votre attention, ce n'est pas le savant qui la réclame, mais le praticien qui, pendant plus de quarante

(1) On dit encore que les ouvriers occupés aux égouts ne sont pas souvent affectés de fièvre typhoïde; j'ai ouvert dans les hôpitaux des centaines de cadavres de fièvre typhoïde, je n'ai jamais eu la fièvre typhoïde; est-ce que cela prouve qu'il n'y a là aucun danger?

En Angleterre, où l'on est si jaloux de la liberté individuelle, l'autorité intervient quand les latrines d'une maison sont dans un mauvais état. Un médecin anglais, dont la fille était atteinte de fièvre typhoïde dans une grande maison, dont les latrines dépourvues d'eau dégageaient une odeur détestable, me demanda, à ma première visite: Existe-t-il un « board of health = auquel je puis adresser une plainte ? Que pouvais-je répondre ?

[graphic]

ans, a lu presque chaque jour de sa vie dans le grand livre de la nature que les salles d'un vaste hôpital ouvraient sous

ses yeux.

Messieurs, si mes recherches d'anatomie pathologique ne se sont pas étendues jusqu'à la cellule, si je n'ai pu faire qu'un usage modéré du microscope et de l'analyse chimique, je n'en prise pas moins les enseignements que donne l'amphithéâtre, et les nombreuses autopsies que j'ai faites m'ont fourni de précieux matériaux pour apprécier la signification des symptômes de la fièvre typhoïde dans ses phases diverses, ainsi que les moyens que la thérapeutique possède pour combattre ou modérer ce qu'ils peuvent avoir d'excessif.

Écoutez-moi donc avec bienveillance, Messieurs, car je pourrais vous dire, avec Montaigne ce sont des paroles de bonne foi que je vous apporte. C'est un praticien vieilli dans l'observation, qui reste convaincu que malgré les travaux des physiologistes de tous les temps, la médecine pratique est encore une science d'observation et que les théories nées en dehors d'elle ont peu fait, soit pour l'application des moyens thérapeutiques, soit pour l'appréciation de leur mode d'action dans l'économie.

A Dieu ne plaise pourtant que je désespère de l'avenir et que je refuse mon juste tribut d'admiration aux hommes illustres qui, dans les diverses parties du monde, ont consacré leurs travaux et souvent exposé leur vie pour l'avancement des sciences physiologico-chimiques.

J'attendais de mon honorable collègue, M. Gluge, dont la juste et haute réputation repose surtout sur les progrès qu'il a fait faire à cette partie de la science, j'attendais, dis-je, qu'il s'éclairerait du flambleau de l'anatomie pathologique

« PrécédentContinuer »