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résultats des expériences auxquelles nous nous sommes livrés lorsque nous avons préparé le rapport qui vous a été fait dans la séance du 28 novembre 1868.

Nous n'avons pas cru pouvoir publier nos expériences dans ce rapport, qui devait être aussi concis et aussi clair que possible pour répondre à la lettre de M. le ministre de l'Intérieur; c'est pourquoi nous allons résumer celles de M. Blas.

Des poissons ont été placés dans 2 litres de solution contenant la décoction de 1 et 2 grammes de coque du Levant, 5 et 15 milligrammes de picrotoxine pure.

A la dose d'un gramme la coque n'a pas d'influence sensible; à la dose de 2 grammes elle fait mourir le poisson en quatorze heures. 5 milligrammes de picrotoxine sont sans action, 15 milligrammes tuent l'animal après dix heures d'immersion. D'où l'auteur conclut que 2 grammes de coque ou 1 centigramme de picrotoxine sont nécessaires pour obtenir l'effet physiologique que nous avons indiqué.

Pour connaitre la quantité de coque à ajouter à la bière, pour lui communiquer une amertume supportable, M. Blas a ajouté à de la bière douce et à de l'eau sucrée des quantités déterminées de décoction de cette substance et il a reconnu que 50 centigrammes de coque du Levant sont suffisantes pour arriver à ce résultat.

Cette expérience, jointe à celle qui démontre que le produit de 2 grammes de coque pour 2 litres d'eau est nécessaire pour tuer le poisson, conduit M. Blas à conclure, que, pour opérer avec certitude de trouver la picrotoxine en cast de fraude, il faut agir au moins sur 4 litres de bière, et mieux encore sur 6 litres, parce qu'il est peu probable que l'on remplace la totalité du houblon par la coque du Levant.

M. Blas s'est assuré, en opérant sur le lupulin isolé, que le

principe amer du houblon n'a pas d'action toxique sur le poisson. Nous sommes arrivés au même résultat en prenant le houblon pour point de départ de nos essais.

L'auteur s'est parfaitement rendu compte du rôle que remplit le sel marin dans le procédé que nous avons fait connaître.

Nous devons cependant ajouter que le sel marin a nonseulement pour effet de précipiter des matières résinoides et extractives, de faciliter la séparation de l'éther, de diminuer la solubilité de celui-ci dans la bière, mais encore de permettre à ce dernier d'enlever à la bière falsifiée toute la picrotoxine qu'elle renferme.

Ce fait résulte d'un grand nombre d'expériences qui nous ont démontré que lorsqu'un corps soluble à la fois dans l'eau et dans l'éther se trouve dissous en petite quantité dans un grand volume d'eau, l'éther ne l'enlève pas à la solution aqueuse. Mais, si l'on ajoute à celle-ci un sel neutre trèssoluble, tel que le chlorure ou le sulfate sodique, incapable de former avec le corps dissous une combinaison nouvelle insoluble dans l'éther, celui-ci l'enlève complètement au véhicule aqueux.

L'expérience suivante ne peut laisser de doute à cet égard. Que l'on dissolve 5 centigrammes d'acide picrique dans 1 litre d'eau; on obtiendra ainsi une solution jaune, qui, agitée avec l'éther et abandonnée au repos, laissera surnager celui-ci complètement incolore, tandis que l'eau conserve sa couleur.

Si ensuite on ajoute un excès de sulfate ou de chlorure sodique et si on agite de nouveau, on verra, après un repos convenable, l'éther surnageant coloré en jaune tandis que l'eau aura perdu sa teinte primitive.

Votre rapporteur a eu souvent l'occasion d'employer avec succès cette méthode de séparation de l'acide picrique dans l'analyse de la bière, et il la considère comme étant de beaucoup préférable à celles qui ont été publiées jusqu'à ce jour.

Nous n'avons pas cru devoir recommander l'évaporation préalable de la bière, avant le traitement par l'éther, parce que nous avons cru reconnaître que l'action longtemps soutenue de la chaleur sur les solutions de picrotoxine altère celle-ci.

Nous n'oserions pas affirmer le fait, parce que nos occupations ne nous ont pas permis de faire beaucoup d'expériences dans cette direction, mais, nous le répétons, nous avons cru le remarquer.

M. Blas a comparé son procédé, celui de M. Kohler et le nôtre en les appliquant à une même bière additionnée de coque du Levant.

Il a extrait la picrotoxine par les trois procédés ; il conclut qu'ils peuvent être employés avec avantage, mais il reconnait que notre méthode doit être préférée, parce que la picrotoxine extraite est plus pure, que les opérations sont plus simples et l'emploi des réactifs moins compliqué.

L'auteur signale cependant comme un inconvénient qui se présente quelquefois, la lenteur avec laquelle se fait la filtration de la bière saturée de sel marin.

C'est là, en effet, un inconvénient que nous avons aussi reconnu, et nous verrions un avantage sérieux à concentrer préalablement la bière, comme l'indique M. Blas, s'il était démontré que la picrotoxine ne s'altère pas dans ce liquide longtemps chauffé.

M. Blas a recherché la picrotoxine dans cinq bières brassées dans différentes villes, en employant le procédé qui lui

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est propre ainsi que celui que nous avons indiqué dans notre rapport du 28 novembre 1868.

Dans aucun cas il n'a constaté la falsification par la coque du Levant.

Enfin M. Blas recommande aux chimistes chargés de rechercher la coque dans la bière, de soumettre 6 litres du liquide suspect au procédé d'investigation que nous avons décrit, ou à celui qu'il indique comme étant d'une application très-simple, plus générale, en ce qu'il permet de reconnaître la présence d'autres principes amers ajoutés frauduleusement.

Le résumé bien incomplet que nous venons de présenter démontre, Messieurs, que le mémoire de M. Blas présente un grand intérêt, qu'il est l'œuvre d'un homme consciencieux, et qu'il mérite de figurer dans le recueil de nos travaux.

En conséquence, nous avons l'honneur de vous proposer d'ordonner l'impression du travail de M. Blas dans le Bulletin de l'Académie et l'inscription du nom de l'auteur, dont vous avez déjà accueilli favorablement le travail sur la thévéline, sur la liste des aspirants au titre de correspondant.

--

M. le Président : L'Académie entend-t-elle se prononcer immédiatement sur les conclusions de ce rapport?

M. Depaire : Je crois que l'Académie peut se prononcer immédiatement sur les deux propositions que nous lui faisons. Il serait d'autant plus important de publier ce mémoire, qu'il a été convenu de porter à l'ordre du jour d'une prochaine séance la discussion de la question soulevée par M. Bonnewyn. De cette manière l'assemblée aurait sous les yeux tous les documents, c'est-à-dire, notre premier rap

port, le travail de M. Bonnewyn, celui de M. Blas et le rapport que je viens de vous faire.

-La première conclusion est adoptée. La seconde est renvoyée, conformément à la décision prise le 28 mai 1864, à la Commission qui sera ultérieurement nommée pour arrêter les listes des candidats à présenter à l'Académie.

Le travail de M. Blas ainsi que le rapport dont il a été l'objet, seront mis en discussion en même temps que la communication sur la picrotoxine dont M. Bounewyn a donné lecture dans la séance du 2 octobre dernier.

(M. Thiry remplace M.Vleminckx au fauteuil de la présidence.)

3. SUITE de la discussion du rapport de la Commission qui a été chargée de l'examen des questions relatives à l'admission des femmes dans les travaux souterrains. M. KUBORN, rapporteur (1).

- M. Fossion: Je crois m'apercevoir que l'Académie est fatiguée de cette longue discussion et qu'elle désire en finir dans cette séance. J'aurais volontiers renoncé à la parole, si les honorables MM. Vleminckx et Kuborn, dans les deux discours qu'ils vous ont lus, n'avaient pas dirigé contre moi des attaques, et ne m'avaient pas adressé des aménités contre lesquelles je dois protester. Pour ne pas abuser de vos moments, je me bornerai à vous présenter de mémoire quelques observations en réponse à leurs discours.

Ces deux honorables membres ont adopté l'un et l'autre une tactique qui manque rarement son effet sur les assem

(1) Voir Bulletin, t. III, 3 série, pp. 11, 99, 366, 483, 632, 750, 927 et 1044.

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