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SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1869.

PRÉSIDENCE DE M. VERHAEGHE.

La séance est ouverte à onze heures.

A la suite de la lecture du procès-verbal de la séance précédente, M. Vleminckx, qui n'était pas présent lorsque les pièces adressées à la Compagnie ont été analysées, demande à présenter quelques observations au sujet d'un paragraphe qui le concerne. Ce paragraphe est ainsi conçu :

« Une lettre, envoyée de Seraing et signée par dix médecins, contient une protestation contre les paroles prononcées par M. Vleminckx, dans la discussion sur le travail des femmes, affirmant que les médecins des charbonnages ne se croyaient pas libres. Dépôt sur le bureau pendant la

discussion. »

M. Vleminckx fait d'abord remarquer que MM. les médecins de Seraing, qui protestent, ont eu une première et belle occasion de parler : c'est lorsque l'Académie leur a adressé de la manière la plus sympathique une circulaire pour leur demander des renseignements qui devaient l'éclairer sur la question de l'admission des femmes dans les mines, circulaire à laquelle ils n'ont pas jugé convenable de répondre. Ils

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avaient aujourd'hui une raison plus plausible pour se taire et ils ont jugé convenable de parler.

« Si ces Messieurs ont pensé un instant, ajoute M. Vleminckx, que je retrancherais la moindre de mes paroles prononcées dans cette enceinte, ils se sont trompés; je maintiens ce que j'ai dit; mais il ne faut pas donner à mes paroles une portée qu'elles n'ont pas. Je n'ai pas dit que tous les médecins des houillères ne se croyaient pas libres, mais que des médecins de houillères ne se croyaient pas libres.

« On ne m'entraînera pas sur le terrain des personnalités ; non, je n'irai pas où l'on voudrait peut-être que j'allasse. Mais quant aux preuves, je ne dirai pas de couardise, mais d'excessive prudence de la part de quelques médecins de houillères, nous n'en aurions que trop à citer, s'il nous était permis de le faire.

« Quant aux médecins qui ont envoyé la protestation, datée de Seraing, ils ont d'autant moins de raison de protester que je n'ai pas parlé d'eux, ni même songé à eux en particulier; je ne les ai pas vus, je ne les connais même pas. La Commission, en ne s'adressant pas à eux, a cru remplir un devoir envers l'Académie, allendu que ces Messieurs n'avaient pas daigné répondre un mot à la circulaire.

<«< Encore une fois, dans ce que j'ai dit, il ne s'agissait pas des médecins de Seraing et des environs, il ne s'agissait pas de tous les médecins, mais de quelques médecins de houillères; et si je devais en appeler au témoignage de mes collègues de la Commission, ils sauraient vous dire jusqu'à quel point ont été poussées la prudence et la timidité d'un certain nombre de praticiens. »

M. Boëns appuie les paroles de M. Vleminckx par le fait suivant on a fait à M. Boëns un grief d'avoir dit, dans la

séance du 10 juillet dernier, qu'il y avait eu d'autres pressions exercées et d'avoir par-là insinué que les médecins de houillères n'avaient pas eu le courage de leur opinion.

« Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, ajoute M. Boëns; j'ai déclaré et je maintiens qu'on a exercé une pression sur certains médecins. » Pour prouver son assertion, M. Boëns rappelle que, dans son premier discours, il a parlé de faits qui lui avaient été communiqués par M. M***. Cet honorable praticien est allé trouver M. Boëns et lui a déclaré qu'il avait éprouvé beaucoup d'ennuis et de contrariétés; qu'on lui avait écrit et qu'on l'avait même menacé à propos des renseignements qu'il lui avait fournis. « Je ne veux plus, a ajouté ce médecin, que vous fassiez usage des renseignements que je vous ai donnés; si vous en usiez encore, je serais obligé, sinon de vous donner un démenti, du moins de protester contre leur exactitude. >>

A la suite de ces observations, le procès-verbal est adopté.

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Sous la date du 18 novembre courant, M. le Ministre de l'Intérieur adresse à l'Académie la dépêche suivante :

« M. Ed. T'Saggeny, l'un de nos meilleurs peintres d'animaux, a consacré plusieurs années de travail à l'exécution d'un important ouvrage intitulé: Atlas d'anatomie de la race bovine.

« Le mérite artistique de l'oeuvre ne peut être mis en question. Au point de vue de la science, l'appréciation d'une autorité compétente est indispensable pour fixer la valeur de l'œuvre et en assurer la publication.

« Cédant à la demande que m'adresse à cet égard M. T'Sag

geny, je vous prie, M. le Président, de vouloir bien soumettre à l'Académie royale de médecine l'atlas en trois volumes que j'ai l'honneur de vous communiquer et de me faire connaître l'avis de la Compagnie sur le mérite scientifique de ce travail. »

Renvoi à une Commission à nommer par le Bureau.

Par une autre dépêche, M. le Ministre de l'Intérieur soumet à l'Académie une lettre par laquelle M. Ramshorn, premier lieutenant dans l'armée prussienne, propose au Gouvernement de lui faire connaître un remède infaillible contre la rage, remède dont il s'engage à remettre la formule moyennant une indemnité.

M. Vieminckx fait remarquer que la Compagnie ne peut pas se prononcer sur la valeur d'une médication qu'elle ne connaît pas et que, la connût-elle, il faudrait encore que pour l'expérimenter elle eût des individus atteints de la rage à trailer; or, les cas de rage se présentent rarement. En conséquence, M. Vleminckx demande que le Bureau soit autorisé à répondre dans ce sens à M. le Ministre. Cette proposition est adoptée.

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M. le Ministre de la Justice transmet quelques publications qui complètent les volumes des recueils des ordonnances du duché de Bouillon et de la principauté de Liège précédemment envoyés à la Compagnie.

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La famille de feu le docteur Broeckx remercie des marques d'estime pour le défunt el de sympathie pour elle que l'Académie a données.

M. le Président invite M. Gouzée, qui a représenté la Compagnie aux funérailles de M. Broeckx, à donner lecture

du discours qu'il a prononcé dans cette triste circonstance. M. Gouzée s'est exprimé en ces termes :

« Messieurs,

« L'Académie royale de médecine, déjà si éprouvée dans ces derniers temps par des pertes multipliées, m'a confié la pénible mission de vous exprimer ses profonds regrets de la mort si prompte et si inopinée de notre collègue et ami Broeckx. Si la douleur de sa nombreuse et intéressante famille et de ses amis pouvait être allégée, ce serait au souvenir de sa vie toute remplie de dévouement et de travail : dévouement à ses malades, attirés vers lui par la prudence de ses soins, aussi bien que par la bienveillance et la constante aménité de son caractère; puis venait le travail du cabinet, où il trouvait un délassement aux labeurs de la clientèle. Son goût des anciens livres, des recherches historiques et biographiques, l'avait porté de bonne heure à l'étude des diverses phases de la médecine belge dans les temps. passés, et des travaux des hommes qui ont illustré notre pays. Répondant à une question posée en 1835, par la Société de médecine de Gand, il écrivit un mémoire, Essai sur la médecine belge avant le XIXe siècle, qui eut l'honneur d'être couronné par cette Société savante. Plus tard, toujours entraîné par son penchant vers les recherches historiques, il publia divers mémoires sur les institutions et la bibliographie médicales belges, et il fit paraître successivement un grand nombre de notices biographiques sur des hommes appartenant pour la plupart à Anvers, sa ville natale, et qui s'étaient distingués, dans les sciences médicales et accessoires, par des ouvrages estimables.

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