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reur, accompaigné de Charles de Lannoy, vice roy de Naples', le marquis Pescara, don Inigo de Moncada, le seigneur Aleron*, Jean d'Urbin', le marquis del Guasto, don Fernand de Gonzaga', et plusieurs autres sieurs et capitaines, desquels il fut receu moult honorablement.

Peu de temps apres mondit seigneur duc de Bour

1 Charles de Lannoy Maingoval, seigneur de Senzeille, appartient à la famille belge de ce nom; né à Valenciennes, vers 1470, il se distingua d'abord dans les tournois et fit ses premières armes en Italie, sous l'empereur Maximilien. Il reçut le collier de la Toison d'or en 1516; il était gouverneur du Tournaisis, quand il fut envoyé en Italie; l'Empereur lui confia la vice royauté de Naples en 1522; l'année suivante, il succéda à Prosper Colonna, dans le commandement de l'armée impériale; on sait la part glorieuse qu'il prit à la bataille de Pavie; l'Empereur le tenait en haute estime et le créa prince de Sulmona. Il mourut de la peste, à Aversa, le 6 novembre 1527.

2 Alphonse d'Avalos, marquis de Pescara, autre général trèsdistingué de l'armée impériale, mort à Milan, le 30 novembre 1525.

3 Hugues de Moncade successeur du prince de Sulmona à la vice royauté de Naples, périt, le 28 mai 1528, en vue de cette ville, dans un combat naval. V. ci-après, chap. x.

▲ Alarcon ou Alarçon, brave capitaine espagnol, s'était déjà particulièrement distingué à la bataille de Ravenne en 1512. Il eut la chance singulière d'être préposé à la garde de François Ier durant toute sa captivité et à celle du pape Clément VII, après la prise de Rome et la capitulation du 6 juin 1527. Brantôme, t. I p. 42.

5 « Jouan Orbina qui a esté un brave soldat et grand capitaine << pour l'infanterie, soubs ce grand marquis de Pescayre et fut « son favori. » Ibid., p. 89. Il fut tué au siége de Spelle, en août 1529.

6 Alphonse d'Avalos, marquis del Guasto, cousin du marquis de Pescara, fut l'un des plus braves et des plus habiles généraux de Charles-Quint. Ibid., p. 52.

7 Ferdinand de Gonzague, marquis de Mantoue, servit successivement l'Empereur et son fils, Philippe II. Ib., p. 65.

bon fut esleu lieutenant general pour l'Empereur, et comme le noble prince eust prins congé à Leure' et fait ses remercimens à la gendarmerie du conté de Bourgoigne, chacun se retira en sa maison. Monsieur de l'Estoille, mon maistre, beau frere à monsieur d'Auchiere, fut presenté à mondit seigneur duc, lequel l'accepta pour gentil-homme de sa maison, luy ordonna qu'il le vint trouver en Italie, ce qu'il fit bientost apres, et nous partismes de l'Estoille avec un autre seigneur, nommé monsieur de l'Ar*, et chevauchames tant que nous arrivames en Lombardie.

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CHAPITRE II.

Comme le duc de Bourbon se trouva dans Milan assiegé des François et Venitiens.

Nous trouvames que le bon duc estoit assiegé dedans Milan par les François et Venitiens, lesquels par succession de temps leverent le siege, et se retirerent à grande perte et deshonneur; car journellement il se faisoit des grosses escarmouches, et sail

1 Lure.

2 Probablement le sieur d'Arcier.

3 Le château de l'Étoile appartenait en 1387 à Guy de Vienne, seigneur de Ruffey et de Chevroz, mais il paraît qu'il était sorti de cette illustre maison à l'époque où commencent ces mémoires. Gollut, p. 870.

Peut-être l'auteur veut-il désigner Louis d'Ars, « qu'aucuns « voulurent soupçonner d'être trop ami et plus qu'il ne le debvoit, « de feu monsieur de Bourbon. » Brantôme, I, p. 207.

5 Prosper Colonna mourut, le 30 décembre 1523, à Milan, où Charles de Lannoy et Pescara entrèrent le même jour; le connétable y arriva peu après, à la tête de 6,000 landsknechts.

loient nos gens, à tous coups dedans leur camp, lequel en fin se retira à Civasco, et ès lieux circonvoisins, pour soulager leurs gens.

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Entre les autres, le seigneur Bayard fut campé avec les avanturiers françois à un village nommé Rebecco, là où il fut quelque peu de temps soy fortifiant, dont nos gens furent advertis, et leur fut faite une camisade par une matinée, leur donnant assaut et allarme de tous cottez, où furent tuez beaucoup de françois, qui avant qu'ils se peussent mettre en bataille, furent contraints de se retirer le chemin de Civasco, où estoit la force de leur camp': et en ladite retraitte fut tiré le bon chevalier Bayard, par un arquebuzier espaignol, dont ce fut grand dommage.

Les aventuriers, infanterie irrégulière formée de gens de toutes les nations, apparaissent dès le moyen-âge, dans les armées de l'Occident, sous les noms de routiers, armagnacs, brabançons, chaperons, compagnies blanches, écorcheurs, tondeurs, etc., «< ne sont pas soldats gagés, ni soldoyés, » dit Brantôme; aussi ne vivaient-ils que de rapine et de pillage; François Ier chercha à réprimer, par plusieurs ordonnances, les affreux désordres auxquels ils se livraient, mais comme à chaque guerre nouvelle, il autorisait la levée de ces brigands, ils continuèrent longtemps à être le fléau des pays où ils se trouvaient. Brantôme, 1, p. 579, Daniel, Histoire de la milice françoise, 1, p. 180, 189 et 190.

2 On désignait ainsi une attaque faite de nuit, ou de grand matin pour surprendre l'ennemi; afin de se reconnaître les uns les autres, dans l'obscurité ou dans le désordre du combat, les assaillants passaient une chemise blanche sur leurs armures; de ce stratagème, souvent employé à cette époque, est venu le mot français camisade, de l'italien camisia, camiscia, chemise. V. ciaprès, ch. IV.

5 L'auteur confond ici deux événements, la surprise de Bayard, à Rebecco, le 13 février 1524, et la retraite de l'armée française, sous Bonnivet, opérée à la fin du mois d'avril suivant. Du Bellay, p. 391. Gollut, 1573.

A cette charge et deffaite' estoit mondit seigneur duc de Bourbon, lequel recognut le vaillant Bayard à la livrée de ses gens, desquels il estoit gardé, il fut emmené en nostre camp, où mondit seigneur de Bourbon le fit visiter par tous les médecins et chirurgiens que lors se peurrent trouver mais comme il estoit blessé à mort, il ne vesquit que trois à quatre jours.

La deffaite et perte des François fut cedit jour grande, qui fut cause que peu de temps apres, ils se retirerent en France. Et d'autant que l'hyver approchoit, nostre camp' fut aussi reparty et bien logé.

L'année suivante comme mondit seigneur duc estoit paisible, tous les seigneurs d'Italie traiterent avec luy, et luy fournirent or et argent, de crainte qu'il ne les allast visiter: si qu'il conclud avec ses capitaines d'aller prendre Marseille, et que par ce moyen il esbransleroit le royaume de France. Il fit assembler son camp, et marcher droit vers Nisse * en Provence, proche de laquelle ville, en un village nommé Saint-Laurent, nous sejournasmes quelque temps, attendant le prince d'Orange, Philibert de Chalons, lequel venoit d'Espaigne en un brigantin,

1 Du Bellay et Brantôme nomment cet événement la retraite de Rebec.

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2 Les historiens français et notamment Du Bellay, Brantôme et la chronique de Bayard disent que le brave chevalier est mort quelques heures après sa blessure; ils ne parlent ni de son transport au camp des impériaux, ni des soins que lui fit donner le connétable.

5 Cette expression s'appliquait aussi bien à une armée en campagne, qu'à des troupes réellement campées.

♦ Nice. Le connétable passa le Var, le 7 juillet 1524.

5 Philibert de Châlons, prince d'Orange, se croyant traité in

par ordonnance de l'Empereur, et qui arrivant proche dudit Nisse, André Doria, qui lors estoit François, avec ses galères, l'ayant descouvert, fit hausser les voiles, et luy donna la chasse, en sorte qu'il ne sçeut jamais gaigner terre, et fut prins prisonnier, qui nous fut grand desplaisir.

Le roy de France estant adverty de sa prise, manda incontinent qu'il luy fut envoyé avec tous ses gentils-hommes, ce que fit le sieur Doria', dont depuis il se repentit ayant seu la fortune et prinse de son bon prince 3.

Deux jours apres nostre camp se leva marchant vers ladite ville de Marseille sans trouver resistence quelconque, prenant villes et chasteaux; arriva à Aix, bonne et grosse ville pleine de tous biens, qui fut grand bien et assistance pour nostre camp. Il y fut laissé garnison, et tout le reste alla assiéger Marseille, laquelle ne fut pas prinse; car c'est une

justement par le roi, quitta la France pour aller offrir ses services à Charles-Quint.

André Doria commandait une puissante flotte créée par lui; il était à la solde de la France à la manière des condittiere de l'époque; au mois de juin 1528 il refusa de renouveler son engagement, et dès le 4 juillet suivant, il passa, avez douze galères, au service impérial, qu'il ne quitta plus. Brantôme, p. 104. Sismondi, histoire des républiques italiennes, t. ví, p. 206.

2 Le prince d'Orange fut détenu au château de Lusignan, en Poitou, jusqu'aux préliminaires du traité de Madrid, 1526. Brantôme, 1, 62. Gollut.p. 1576 note.

3 Le refus du roi de remettre à Doria la rançon du prince d'Orange, l'irrégularité dans le payement de la solde des équipages, le commandement de la flotte des mers du Levant, confié à Barbezieu « qui ne scavoit, à croire Brantôme, que c'estoit qu'une mer, » mais surtout les atteintes portées aux libertés et au commerce de sa patrie, tels furent les griefs qui inspi

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