Quelques mois apres avoir achevé lesdites Memoires, et ne pensant plus qu'à passer le reste de sa vie en paix et repos, il fut fait gouverneur et capitaine du chasteau de Bouchain', mercede qu'il attribua, et receut pour effet de la promesse de Son Alteze Marguerite d'Austriche, mentionnée cy dessus, d'advertir le roy (qui estoit lors Philippe deuxiesme) du service qu'il luy avoit rendu, par la deffaite premiere desdits Brises-Images, à quoy il s'estoit porté du seul zele de la gloire de Dieu, service du roy et bien publique du pays. De laquelle mercede il n'a peu faire mention dans ses Notices, d'autant que comme il se preparoit, et le mesme jour au matin qu'il en pensoit aller prendre possession, il tomba, lavant ses mains, en apoplexie, dont une heure apres il deceda en sa maison de Pesquencour, sans en avoir joüy, combien que si le prudent lecteur a la bonté de jetter l'œil sur les fruicts du mariage dudit de Guyon avec damoiselle Jeanne de Saint-Raagon', duquel sont sortis Anne DE GUYON, Pierre, Bonne, Leonore, Marguerite, Marie Annette, Roland, Philippe, Louysse DE GUYON, il jugera, sans doute, qu'il en jouyt, ores qu'en autre maniere, en sa postérité; car ladite Louysse, derniere née desdits enfans, ayant esté alliée à feu le sieur Michel de Cambry, conseiller principal de la ville de Tournay, et eu par ensemble six enfans tant fils que filles, Jenne de Cambry premiere née d'iceux, dès son bas âge, prevenuë 1 Le gouvernement de cette place avait certaine importance, puisqu'on voit le prince de Parme le donner à Georges de Montigny, seigneur de Noyelle. Corresp. d'Alex. Farnèse, 49. 2 Pierre Daubenoy cité plus haut, p. 148, était issu d'un premier mariage de Jeanne de Saint-Raagon. Note de P. de Cambry, de la douceur des bénédictions de Dieu, s'estant renduë religieuse en l'ordre des chanoinesses regulieres de saint Augustin à Tournay, et en apres recluse joignant l'eglise de Saint-André-lez-Lille, où elle est decedée le 19 de juillet 1639, agée de 58 ans, et enterrée en ladite église, nostre bon Dieu l'a comblée et enrichie de tant de graces et faveurs celestes, que l'on peut pieusement croire que ç'a esté en recompense des services de son grand pere, rendus à la foy catholique par ses armes et valeur, selon que messire André Catulle, prevost, et monsieur Jacques Groulard, thresorier, chanoines de l'église insigne collegiale de Renaix, ont remarqué en leur censure et approbation de ce livre des Memoires dudit sieur de Guyon, que Dieu ait en gloire. CY SUIVANT VA LA CHANSON PROMISE ET MENTIONNÉE EN L'EPISTRE DEDICATOIRE. CHANSON faite l'an 1566 par un paysan des environs de Pesquencour sur le sujet de la deffaite des brise-Images à Marchiennes, le 25 d'aoust dudit an, par le sieur de Guyon. Les huguenots sont assemblez Et sans respecter le dimanche Ils ont abbatu les autels Fery Guyon premier nommé Ils y marcherent vaillament, Ils leurs ont là livré bataille. En nombre de dix à douze vingt Sont demeurez dessus la place Et le lundy au desieuner Les huguenots avoient conclu. D'estre au disner à Bouvenies 168 MÉMOIRES DE FERY DE GUYON. Ils estoient desgoustez de chair En despitant les catholiques Car estans au gist à Brillon Ont envoyé poste sur poste Ils en ont bien gratté leurs testes. Les freres en Christ sont mis à mort Et voudroit bien gaigner sa vie Qu'elle nous soit toujours propice, FIN. |