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retourner en ma maison, où estant de retour, il me fut dit que divers presens de la part du roy de France estoient arrivés à Cambray, dont il y avoit pour moy une vaisselle d'argent gravée et dorée. Item une grande coupe semblablement d'argent gravé et doré, et une autre d'autre maniere d'argent gravé et doré. Lesdits vaisseaux pesoient tous ensemble septante deux onces, estimez plus de cent escus sols.

CHAPITRE XXXIV.

Comme le prince d'Orange passa la Meuse, entra en Haynaut, et de là en France.

Quelque temps apres, et ce en aoust 1568, le prince d'Orange dressa une armée en Allemaigne, et le duc d'Alve estoit venu d'Espaigne avec six mille espaignols, tant à pied qu'à cheval, trois compaignies d'Italiens à cheval, et quatre de Bourguignons', qui estant adverty de la venue dudit prince, et qu'il vouloit entrer au Pays-Bas, il dressa aussi une armée, et fit lever par monsieur de Noircarmes sept compaignies de chevaux legers, dont il fut nommé general, et monsieur de la Trolliere son lieutenant. Mondit sieur avoit une compaignie, monsieur de la Trolliere une autre, monsieur de Trelon, monsieur de Moriamé', monsieur de Bailleul', monsieur

1 Ce dénombrement de l'armée amenée par le duc d'Albe dans les Pays-Bas n'est plus d'accord avec celui donné par l'auteur au chap. XXXIII. V. Bentivoglio, v, ano 1568. Correspondance de Guillaume-le-Taciturne, t. III, p. 319.

2 Jean de Mérode, baron de Houffalize et de Morialmé, seigneur de Ham-sur-Heure.

3 Pierre de Bailleul, chevalier de Saint-Martin, depuis capi

de Vaux', et monsieur de Bomy, et autres. Et moy je fus lieutenant de la bande de monsieur de la Trolliere 3.

Nostre armée se r'assembla vers Tillemont*, de là on alla camper tout prez de la riviere de Meuse, à une petite lieuë plus bas que Mastrect, sur la fin d'aoust dudit an 1568, que lors ledit prince d'Orange

taine d'une bande des ordonnances. Lettre du roi au duc d'Albe, 4 juillet 1570.

1 Maximilien de Longueval, seigneur de Vaulx, gentilhomme de la bouche du roi, gouverneur d'Arras. Corresp. d'Alex. Farnèse. 32. Corresp. de Philippe II, t. 1, 548.

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2 Frédéric de Wissoucq, seigneur de Bomy et de la Couture. 3 P. de Cambry, dans une note marginale, confond, à tort, les compagnies de chevau-légers avec les bandes d'ordonnances, au nombre de quinze et présentant un effectif de 3,000 chevaux environ; d'un autre côté, Bentivoglio commet aussi une erreur, en disant que ces arquebusiers à cheval, ou chevau-légers, avaient été levés, par Noircarmes, en Franche-Comté; « la relation de l'expédition du prince d'Orange, dans les Pays-Bas, en 1568, » écrite par le conseiller d'État Courtewille, qui accompagna le duc d'Albe pendant cette campagne, fournit sur la composition de son armée des renseignements précis : « Et ainsi fit incontinent, << dit-il, faire les diligences et provisions nécessaires, en joindant << tous les gens de guerre, qui etiont repartiz parmy le pays, tant « de pied que de cheval, aïant ja, quelque temps auparavant, « apperceu (fait tenir prêts) mil chevaulx legiers, du même pays (Pays-Bas), en dessoubz de monsieur de Noircarmes, les pour

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<< lever en cas de besoing et fit lever aultretant des gens de pied (aussi du pays), que montiont les garnisons ordinaires, pour les

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(( povoir tirer au mesme cas et laisser les nouveaux en leur lieu, «<oultre les bendes ordinaires d'hommes d'armes et les compai«gnyes de chevaulx-legiers que Son Excellence avoit amené avecq lui de Italie, espaignols, italiens et bourguignons et deux «< mil noirs harnas, qui estiont jà en service, ausquelz tous il fit prendre le chemin de Maestricht, pour préoccuper la Meuze... » Bentivoglio, 1. iv, ano 1568. Correspondance de Guillaume-le-Taciturne, t. III, p. 320.

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4 Tirlemont.

passa le Rhin, et petit à petit il vint camper aupres de la Meuse, laquelle par une nuit il passa avec tout son camp, et commença à marcher vers Tongre, ville de Liege', laquelle luy ouvrit les portes, et le semblable fit Saintron', et apres marcha vers Louvain : mais nostre camp luy gaigna le devant, cẹ qui le fit retourner une autre fois vers Mastrect et nous apres.

Il avoit quelque intelligence dans ledit Mastrect, laquelle fut descouverte, et furent prins dedans la ville beaucoup de traistres qui luy avoient vendu la ville, qui furent executez. Et comme ledit prince fut adverty que son entreprise estoit descouverte, et qu'il ne pouvoit entrer dedans ny par force, ny par amitié, et que semblablement il ne pouvoit repasser ladite riviere, à cause qu'il avoit beaucoup pleu, et que la riviere estoit enflée et cruë plus de deux pieds, il se delibera de passer au travers du pays de Brabant, pour entrer en Haynaut, lequel il passa, et entra au Cambresis, passa par Premont, et Serain, et puis entra en France.

Passant ainsi par nostre pays, il pilla et brusla, principalement depuis qu'il entra en Haynaut; brusla Bavay, assiegea le Chasteau Cambresis et le batit, et n'eut esté le capitaine Molin qui y entra dedans, il l'eust prins aussi3.

De la principauté de Liége.

2 Saint-Trond.

3 Robert de Harchies, sieur de Molain, recommandé pour ce fait d'armes au roi, par une lettre du cardinal de Granvelle (5 avril 1569), obtint une pension viagère de 300 florins (Lettre du roi au duc d'Albe, 4 juillet 1570). Il commanda un régiment wallon, qui fut donné, après sa mort, à F. Verdugo. Patentes du 1er juillet 1573. Arch. de l'audience, no 1116.

En ce temps je fus envoyé par nostre general monsieur de Noircarmes, de Binche, pour suivre et recognoistre le camp de l'ennemy prince d'Orange, je le costoyay avec quarante huit soldats dont il y avoit quarante lances.

Je leur fis une charge aupres de Famars, où furent prins deux de leurs noirs harnas. Ladite charge dura jusques aupres de leur camp, lequel se logeoit à Barmerin', Vemegis', Werchin3 et aux environs. La nuit survint, je me retiray coucher à l'abbaye de Fontenelle. Le lendemain au point du jour je fis remonter tous mes gens à cheval, je passay à Wersin*, de là le costoyant tousiours, jusques au village de Saulsoy, et estant moy deuxiesme à l'arbre, descouvray leur arriere-garde, qui marchoit de là Montrecour; et dedans le village il y avoit beaucoup de leurs gens qui s'accageoient ledit village.

Je fis lors marcher mes gens à grande diligence, et leur fismes une charge au travers dudit village, où furent tuez beaucoup de leurs gens.

De quoy s'estant apperceu leur arriere-garde, ils me firent une charge de cinq cornettes des leurs, et ce d'une grande lieuë; Dieu voulut qu'il n'y demeura qu'un de mes soldats, et moy j'eschappay pour mon manteau, lequel je laissay tomber, et celui qui me poursuivoit de prez s'arresta et descendit pour le prendre neantmoins ils me poursuivirent bien une

1 Bermerain.

2 Vendegies.

3 Werchain.

4 Werchain.

5 Saulzoir.

6 Montrecourt en Cambresis.

lieuë et demy, et avoient prins un de mes soldats, lequel je recouvray et delivray.

Estant lieutenant de monsieur de la Trolliere, ayant charge de cent chevaux legers, sous la conduite de monseigneur d'Egmont', le roy me traittoit de cinquante florins par mois, et deux chevaux passez à treize florins chacun par mois, avec un cheval de place morte que mondit seigneur de la Trolliere me donnoit sur ses coffres. Mes deux hommes passez estoient Jean de Landrechies et Mathieu Famechon, avec les droicts de capitaine quand ledit seigneur n'estoit pas present.

Du depuis j'ay esté encor lieutenant dudit sieur de la Trolliere, ayant charge comme dessus, et aux mesmes traittemens, et d'avantage; car j'estois mareschal de camp de la cavaillerie de par deçà, dont monsieur de la Trolliere estoit lieutenant general, et pour exercer ledit estat, j'avois quarante escus par mois, sans mon traittement de lieutenant.

Le 14 de janvier de l'an 1544, Fery de Guyon se maria avec damoiselle Jenne de Saint-Raagon, et furent faites les solemnitez des nopces en la ville de Pesquencour lez Douay, en la maison des marians, si avoit il grosse compaignie des deux costez.

Fin desdites Memoires trouvées escrites de la main propre dudit de Guyon.

1 L'auteur faisant un retour sur le passé, rappelle la solde qu'il recevait en 1557.

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