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minons, plus nous y découvrons de perfections, l'admiration augmente. Nous n'admirons guère que ce qui est au-dessus de nos forces ou de nos connaissances. Ainsi l'admiration est fille tantôt de notre ignorance, tantôt de notre incapacité : ces principes sont si vrais, que ce qui est admirable pour l'un, n'attire seulement pas l'attention d'un autre. Il ne faut pas confondre la surprise avec l'admiration. Une chose laide ou belle pourvu qu'elle ne soit pas ordinaire dans son genre, nous cause de la surprise; mais il n'est donné qu'aux belles de produire en nous la surprise et l'admiration ces deux sentiments peuvent aller ensemble et séparément. Saint-Évremond dit que l'admiration est la marque d'un petit esprit : cette pensée est fausse; il eût fallu dire, pour la rendre juste, que l'admiration d'une chose commune est la marque de peu d'esprit ; mais il y a des occasions où l'étendue de l'admiration est, pour ainsi dire, la mesure de la beauté de l'ame et de la grandeur de l'esprit. Plus un être créé et pensant voit loin dans la nature, plus il a de discernement, et plus il admire. Au reste, il faut un peu être en garde contre ce premier mouvement de notre ame à la présence des objets, et ne s'y livrer que quand on est rassuré par ses connaissances, et surtout par des modèles auxquels on puisse rapporter l'objet qui nous est présent. Il faut que ces modèles soient d'une beauté universellement con

venue. Il y a des esprits qu'il est extrêmement difficile d'étonner; ce sont ceux que la métaphysique a élevés au-dessus des choses faites, qui rapportent tout ce qu'ils voient, entendent, etc. au possible, et qui ont en eux-mêmes un modèle idéal au-dessous duquel les êtres créés restent toujours.

ADOR et ADOREA, (Myth.) gâteaux faits avec de la farine et du sel, qu'on offrait en sacrifice; et les sacrifices s'appelaient adorea sacrificia. ADORATION, s. f. (Theol.); l'action de rendre à un être les honneurs divins.

Ce mot est formé de la préposition latine ad, et de os, la bouche; ainsi adorare dans sa plus étroite signification veut dire approcher sa main de sa bouche, manum ad os admovere, comme pour la baiser, parce qu'en effet dans tout l'Orient ce geste est une des plus grandes marques de respect et de

soumission.

la

Le terme d'adoration est équivoque; et dans plusieurs endroits de l'Écriture, il est pris pour marque de vénération que des hommes rendent à d'autres hommes; comme en cet endroit où il est parlé de la Sunamite dont Élisée ressuscita le fils. Venit illa, et corruit ad pedes ejus, et adoravit super terram. Reg. Iv, cap. IV, . 37.

Mais dans son sens propre, adoration signifie le culte de latrie, qui n'est dû qu'à Dieu. Celle qu'on prodigue aux idoles s'appelle idolatrie.

C'est une expression consacrée dans l'Église catholique, que de nommer adoration le culte qu'on rend, soit à la vraie croix, soit aux croix formées à l'image de la vraie croix. Les protestants ont censuré cette expression avec un acharnement que ne méritait pas l'opinion des catholiques bien entendue; car, suivant la doctrine de l'Église romaine, l'adoration qu'on rend à la vraie croix et à celles qui la représentent, n'est que relative à JésusChrist l'Homme-Dieu; elle ne se borne ni à la matière, ni à la figure de la croix. C'est une marque de vénération singulière et plus distinguée pour l'instrument de notre rédemption, que celle qu'on rend aux autres images, ou aux reliques des saints. Mais il est visible que cette adoration est d'un genre bien différent et d'un degré inférieur à celle qu'on rend à Dieu. On peut voir sur cette matière l'Exposition de la Foi, par M. Bossuet, et décider si l'accusation des protestants n'est pas sans fondement.

ADORATION (Hist. mod.); manière d'élire les papes, mais qui n'est pas ordinaire. L'élection par adoration se fait lorsque les cardinaux vont subitement, et comme entraînés par un mouvement extraordinaire, à l'adoration d'un d'entre eux, et le proclament pape. II y a lieu de craindre dans cette sorte d'élection que les premiers qui s'élèvent n'entraînent les autres, et ne soient cause de l'élection d'un sujet auquel on n'aurait pas pensé.

D'ailleurs quand on ne serait point entraîné sans réflexion, on se joint pour l'ordinaire volontairement aux premiers, de peur que si l'élection prévaut, on n'encoure la colère de l'élu. Lorsque le pape est élu, on le place sur l'autel, et les cardinaux se prosternent devant lui, ce qu'on appelle aussi l'adoration du pape, quoique ce terme soit fort impropre, l'action des cardinaux n'étant qu'une action de respect.

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ADORER, v. a. (Théol.) : ce terme pris selon sa signification littérale et étymologique tirée du latin, signifie proprement porter à sa bouche, baiser sa main, ou baiser quelque chose; mais dans un sentiment de vénération et de culte : Si j'ai vu le soleil dans son éclat et la lune dans sa clarté, et si j'ai baisé ma main, ce qui est un trèsgrand péché, c'est-à-dire, si je les ai adorés en baisant ma main à leur aspect. Et dans les Livres des Rois Je me réserverai sept mille hommes qui n'ont pas fléchi le genou devant Baal, et toutes les bouches qui n'ont pas baisé leurs mains pour l'adorer. Minutius Felix dit que Cécilius passant devant la statue de Sérapis baisa la main, comme c'est la coutume du peuple superstitieux. Ceux qui adorent, dit saint Jérôme, ont accoutumé de baiser la main, et de baisser la tête; et les Hébreux suivant la propriété de leur langue, mettent le baiser pour l'adoration; d'où vient qu'il est dit : Baisez le fils, de peur qu'il ne s'irrite, et que vous ne péris

siez de la voie de justice; c'est-à-dire, adorez-le, et soumettez-vous à son empire. Et Pharaon parlant à Joseph : Tout mon peuple baisera la main à votre commandement; il recevra vos ordres comme ceux de Dieu ou du Roi. Dans l'Écriture, le terme d'adorer se prend non-seulement pour l'adoration et le culte qui n'est dû qu'à Dieu seul, mais aussi pour les marques de respect extérieures que l'on rend aux rois, aux grands, aux personnes supérieures. Dans l'une et dans l'autre sorte d'adoration, on s'inclinait profondément, et souvent on se prosternait jusqu'en terre pour marquer son respect. Abraham adore prosterné jusqu'en terre les trois anges qui lui apparaissent sous une forme humaine à Mambré. Loth les adore de même à leur arrivée à Sodome. Il y a beaucoup d'apparence que l'un et l'autre ne les prit d'abord que pour des hommes. Abraham adore le peuple d'Hébron: adoravit populum terræ. Il se prosterna en sa présence pour lui demander qu'il lui fit vendre un sépulcre pour enterrer Sara. Les Israélites ayant appris que Moïse était envoyé de Dieu pour les délivrer de la servitude des Égyptiens, se prosternèrent et adorèrent le Seigneur. Il est inutile d'entasser des exemples de ces manières de parler ils se trouvent à chaque pas dans l'Écriture. Job, xxx1, 26, 27; 111, Reg. x1x, 18; Minut. in Octav. Hier. contr. Rufin, Liv. 1, Ps. x1, 12; Genes. XLI, 40; Genes. XVIII, 2, XIX, 7; Exod. IV,

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