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IX.

LES HOMMES ET LES CHOSES.

95-97 (*)

LOUIS XIV ET LA JEUNE FLAMANDE (1667). Aussitôt que Tournai fut rendu, et les nouveaux postes occupés, le roi voulut faire son entrée dans cette importante ville, qu'il lui tardait beaucoup de voir. Le peuple et la bourgeoisie quoique muets et silencieux regardèrent volontiers défiler l'armée française et la maison du Roi; mais les gens de la haute classe ne parurent presque point à leurs croisées, et le peu qui se montra sur les balcons saillans n'applaudit pas le roi.

Quant à lui, richement paré, sur son cheval soupe au lait, le plus beau coursier du monde, il continua sa marche entouré de sa jeune noblesse, et il faisait jeter de l'argent devant lui. (1)

Le cortège s'arrêta devant l'hôtel-de-ville, où les magistrats le haranguèrent, après lui avoir livré les clefs d'obéissance sur un large bassin de vermeil.

Comme le roi, d'un visage serein, et satisfait, allait répondre à cette harangue, il vit une femme qui s'était glissée entre deux gardes françaises, le regardait très fixement, et semblait vouloir avancer jusqu'à lui. Elle avança deux ou trois pas effectivement, et la parole que sa bouche proféra parut au conquérant une grossière injure.

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Arrêtez cette femme, s'écria le roi; et, au même instant, elle fut saisie et amenée devant lui.

- Pourquoi m'offensez-vous lui dit-il avec vivacité, quoiqu'avec retenue.

-Je ne vous ai point offensé, lui répondit la dame flamande; le mot qui m'est échappé serait plutôt une flatterie et un éloge, du moins si on lui conserve le sens qu'il a dans ces cantons peu français.

– Répétez ce mot, ajouta le roi, car je veux légitimer aux yeux de tous la punition qui vous sera-infligée.

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(*) Par erreur typographique les pages 64 et 71 étant doubles, on a du coter celie~ ei de 95-97 pour rendre dorénavant la pagination régulière.

Madame, reprit aussitôt le monarque, allez, s'il vous plaît, faire votre toilette, je vous invite à dîner aujourd'hui avec moi.

Madame de Sainte-Aldegonde, eut l'honneur, en effet, de dîner ce jour-là avec le prince. Elle avait beaucoup d'esprit, elle sut être aimable; et le roi, dont la politique était de gagner les coeurs par toutes les avances permises, l'indemnisa des pertes qu'elle avait faites durant la guerre, et favorisa de même tous ses parens et ses amis.

La famille de Sainte-Aldegonde parut à la cour; s'y attacha par des bienfaits, elle est déjà une pépinière d'excellens officiers et de per sonnes de mérite.

Sans la parole un peu grivoise de madame la comtesse, tous ces géntilhommes seraient restés obscurs et pauvres dans les environs de Tournai (2).

(Mém. de mad. de Montespan)

DUBREUCQ (JACOBUS). Sculpteur et architecte Montois. Les biographes ont fait naître Dubreucq à Saint-Omer en France; ils se sont trompés. Leur erreur

(2) Madame de Montespan, si tant est que ce soit elle qui ait écrit ces mémoires, se trompe en disant que la famille de Sainte

Aldegonde serait restée obscure à Tournai. Bien longtems avant l'entrée de Louis XIV dans les Pays-Bas, cette noble famille avait acquis de l'illustration dans nos contrées. Ce fut le comte de Sainte-Aldegonde-Noircarmes qui en 1567, raffermit le pouvoir Espagnol en Belgique par la prise de Valenciennes sur les huguenots. A. D.

vient sans doute de ce que ce célèbre sculpteur s'est également distingué comme architecte par plusieurs monumens construits sous sa direction à St.-Omer et dans les environs, ce qui l'a fait réclamer cette ville comme né par dans ses murs.

Gependant VanDyck, son ami, qui l'a jugé digne

de

son pinceau, l'a' placé dans le recueil de ses portraits avec celte inscription: Jacobus Dubreucq architectus Montibus in hannonia. Ce témoignage est bien fort en faveur de la ville de Mons, car l'illustre peintre flamand eut été désabusé par Dubreucq lui même avec lequel il était intimement lié, si cette assertion n'eut pas été exacte, Il y a à Mons plusieurs ouvrages de sculpture par Dubreucq d'une exécution fine et énergique. Je citerai entr'autres les trois bas-reliefs qui sont à l'église de Sainte-Waudru, représentant la Résurrection, la Flagellation et le portement de la croix. Les trois Vertus Theologales et les trois Vertus Cardinales, figures en albâtre du même auteur et

qui ornent la même église, ont aussi beaucoup de mérite.

L. F.

BÉRANGER, ACADÉMICIEN MALGRÉ LUI. Voici en quels termes M. Béranger a accepté le diplôme de membre correspondant qui lui a été offert par la société d'Emulation de Cambrai :

» M. le secrétaire perpétuel, « La crainte que m'inspire l'idée de faire partie d'un corps littéraire

est bien connue. Plusieurs académiciens de mes amis qui m'ont longtemps engagé, moi, indigne coupletteur, à solliciter les honneurs du fauteuil, ont désespéré de leurs instances et désormais ne m'en parlent plus.

« Comme vous le pensez sans doute, cette crainte ue tient chez moi qu'à un sentiment d'indépendance poussé à l'excés, mais qui, je le crois me dominera toujours, Cependant, monsieur, comme il est vraisemblable que le titre de membre correspondant n'engage à rien qu'à la reconnaissance envers ceux qui vous l'ont déféré et que sous ce rapport, je suis sûr de n'être pas en reste avec Messieurs les membres de la Société d'émulation, je crois pouvoir accepter ce titre, heureux que je suis d'une marque d'estime que j'étais loin d'attendre.

« Permettez-moi seulement

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Monsieur, de vous répéter que je pense qu'aucun devoir, aucune obligation ne sont attachés au titre de membre correspondant. Je suis fâché, je suis honteux même d'insister sur cette observation. Si j'avais l'honneur d'être connu de vous vous la concevriez. J'ai entr'autres une telle répugnance pour les solennités publiques, que je serais homme à ne pas remettre le pied dans Cambrai, s'il me fallait assis ter à des réunions de cette nature.

Je sens qu'il y a là de l'enfantillage. Je vous en demande pardon mais que voulez-vous?

:

>> En vous remerciant particu

lièrement de tout ce que votre lettre contient d'obligeant pour moi, permettez que je vous fasse observer que je ne suis pas né, comme vous semblez le croire, dans les environs de Cambrai. Si c'est un titre à l'association, je ne l'ai point, je suis de Paris. Mais je n'en aime pas moins votre ville où j'ai de bons de bons amis, et qui parens, va encore m'être plus chère le par témoignage de bienveillance que votre société daigne m'accorder.

» Ayez la bonté, Monsieur, de vous faire l'interprète de mes sentimens de gratitude auprès de messieurs vos collègues, en leur expri-` mant bien que ce qu'il peut y avoir de singulier dans ma manière de voir relativement aux sociétés littéraires, n'ôte rien à l'estime que je fais de la vôtre, dont j'ai souvent entendu vanter l'utilité et le bon esprit. Dites surtout à ces Messieurs, je vous prie, que je suis d'autant plus touché qu'ils aient bien voulu penser à moi que je me sens moins propre à les aider dans leurs travaux et à en illustrer le succès.

>> Recevez etc.

» BÉRANGER

» 25 novembre 1831. »

CANONNIERS DE LILLE. La fin de l'année 1831 a vu la réorganisation du bataillon des canonniers sédentaires de la garde nationale de Lille. On ne saurait trop s'étendre sur la beauté, la discipline et l'uniformité de ces braves artilleurs; nous rappellerons seulement à nos lecteurs les

glorieuses annales de ces compa- gnies: chaque période de guerre est chargée de quelque fait honorable pour ce corps.

dévoûment et de bravoure lors de l'attaque dirigée contre la ville par le duc d'Aremberg. Pendant soixante-dix jours, les canonniers ne quittèrent pas leurs batteries.

C'est du 2 mai 1483 que date l'organisation de la Compagnie de C'est pour la défense de la ville madame Sainte Barbe; c'est sous de Lille et de la patrie que comce nom qu'elle fut instituée. battirent au bombardement de En 1578, six batteries servies sur 1792 les braves qui comptaient Oviles remparts de Lille gneur dans leurs L'histoire rangs. par les canonniers sédentaires, sont le plus abandon patriotique ils sont resredira avec quelle intrépidité, quel

sûr boulevard de la ville.

En 1645, la ville de Lille est surprise par une armée nombreuse: elle était sans garnison; l'ennemi venait d'emporter les faubourgs de St.-Pierre et de la Barre, et s'y était logé : les artilleurs vo·lent au rampart, font un feu terrible, écrasent les assaillans et les forcent à la retraite,

Ce sont ces mêmes canonniers qui, pendant le siége de 1667, servaient les deux batteries du bas

tion derrière les Carmelites, qui
firent tant de mal aux assiégeans.
Durant ce siége, la compaguie eut
quatre canons entièrement détruits
à leurs batteries, d'autres démon-
lés le feu de l'ennemi, plu-
par
sieurs hommes tués sur leurs piè-
ces,
et son chef le brave Bousse-
mart, dangereusement blessé.

En 1717, le duc du Maine, grand maître de l'artillerie, récompense du don de deux pièces de canon, les services rendus par les canonniers Lillois durant le siége fameux si vaillamment soutenu par le maréchal de Boufflers en 1708.

tés fermes au poste le plus avancé,
et quelle part principale ils ont
eue à la retraite honteuse d'un en-
nemi acharné, Aussi en l'an XI,
le grand homme du siècle, visitant
les ruines presqu'encore fumantes
d'un des quartiers les plus popu¬
leux de la ville, et parcourant
l'emplacement, où étaient les bat-
teries de l'ennemi, voulut savoir
qui avait si vaillamment défendu
la place si vivement attaquée : on
nomma les canonniers sédentaires,
té, il ordonna que deux pièces de
et en récompense de leur intrépi-
canon, avec cette inscription ho-
norable, leur seraient accordées ?

LE PREMIER CONSUL
AUX CANONNIERS DE LILLE,

29 septembre 1792.

En 1809, une expédition sortie des ports d'Angleterre vient débarquer dans l'île de Valcheren. Toutes les gardes nationales des dépar temens voisins furent appelées à la défense du territoire; le corps des canonniers sédentaires fut dirigé vers l'un des points les plus expo¬ sés. Dans cette campagne nos artilleurs perdirent trois officiers et

En 1744, nouveaux gages, de vingt canonniers,

Nous pouvons encore rappeler l'armement de 1814, et les dispositions honorables à repousser l'étranger....... Les opinions des canonniers Lillois ne sont pas changées ils sont tous dévoués à notre jeune royauté et aux principes des immortelles journées de juillet; pour preuve nous pourrions citer les paroles d'un des vétérans des phalanges impériales, le général Jouffroy, récemment admis dans le corps des canonniers lillois.

L.

DE MEAN (FRANÇOIS-ANTOINEMARIE-CONSTANTIN, prince de), né au château de Saive, le 6 juillet 1756 mort à Malines le 15 janvier 1830. Il étudia successivement à l'académie de Douai et à celle de Mayence et il était chanoine de la cathédrale de Liège lorsqu'il fut élevé à la prêtrise. En 1786, il devint évêque suffragant de cette ville, et en 1792 en fut élu évêque. La révolution française le contraignit de se réfugier en Allemagne, et ce ne fut qu'après 20 années d'exil qu'il revint dans sa patrie. L'évêché de Liège n'existait plus, et M. de Pradt ayant résigné ses fonctions, le prince de Méan fut nommé archevêque de Malines et primat des Pays-Bas. Simple et sans ostentation, ses immenses revenus étaient consacrés à soulager l'infortune.

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cription géognostique du Luxem→ bourg, in-4°; des Considerations sur les blocs erratiques de roches primordiales, in-8°, 1829; enfin, De la géognosie sous ses différents rapports, 1830. Il prit une grande part aux événemens de la révolution belge de septembre, et mourut au bain, frappé d'apoplexie, le 21 juillet 1831.

PIED DE TOURNAI. (Identité entre ce pied et l'ancien pied Romain.)- Le pied dont on se servait, avant que le système métrique ne vint ramener tout notre pays à une commune mesure, avait une longueur différente dans chaque province et quelque fois dans chaque partie de la ville. Renard dans ses Tarifs métriques de tous les anciens poids et mesures des départemens de Jemmapes, Sambre et Meuse, etc., nous donne une longue énumération de ces différens pieds. On ignore d'où ils tirent leur origine. Mais en convertissant les pieds romains cités par Rondelet en fractions décimales du mètre, on leur trouve une identité étonnante avec quelques-uns de ceux dont on se servait dans notre pays. Quoique les savans et les métrologues ne soient pas d'accord sur la valeur du pied romain en mesures modernes, ils diffèrent peu dans leur évaluation; et cette différence n'étonne aucunement, lorsqu'on admet avec quelques auteurs que les plus longs sont ceux qui remontent à une plus haute antiquité. Nous trouvons pour comparaison de quelques pieds de notre pays avec ceux cités par Ron

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