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XXV.

LES HOMMES ET LES CROSES.

de Lille: c'est un in-seize, imprimé en 1556, ayant pour titre Francisci HOENII Insulani sacrorum hymnorum libri duo; ejusdem variorum carminum Sylva una. Insulis, apud Guillelmum Homme

IMPRIMERIE A LILLE. - La Revue du Nord, journal littéraire, écrit et dirigé avec talent vers un but incontestable d'utilité, dans le compte, plein de bienveillance, qu'elle a rendu en décembre dernier, de la Bibliographie Douai- lin 1556. » sienne, fait un appel aux biblioIl n'est pas inutile de rappeler graphes, afin d'arriver à préciser que cette assertion de M. Dieula date de l'établissement, à Lille, donné, a été détruite depuis par de l'imprimerie. Sans avoir la pré- des faits positifs, pour indiquer le tention de fixer ce point assez im- degré de confiance que l'on peut portant de l'histoire littéraire de avoir, sous le rapport bibliogranotre pays, nous venons apporter, phique, dans ce qu'a publié cet comme un tribut, quelques ren- administrateur, d'ailleurs trèsseignemens, qui pourront faciliter éclairé.

les recherches des bibliographes. M. Brunet, dans ses savantes et M. Dieudonné, dont le départe- Nouvelles Recherches, nous a apment du Nord conservera long- pris que Valenciennes, dès 1500, tems le souvenir, à cause de la possédait une imprimerie (1). Bosagesse et du dévouement avec le- naventure Brassart, imprimait à quel il l'a administré, en qualité Cambrai, avant 1520, le curieux de préfet, publia, en 1804, une Voyage à Jérusalem du Douaisien Statistique du département du Jacques Lesaige. Lille, loin d'être Nord, véritable modèle des ou la première ville du département vrages de ce genre (1). Un des cha- qui ait eu une imprimerie, ainsi pitres de ce livre est consacré à que l'assurait aussi positivement l'imprimerie; et c'est dans ce cha- M. Dieudonné, ne serait donc que pitre que, pour la première fois, la troisième. Mais poursuivons, et il fut question des droits que la peut-être nos lecteurs penserontville de Lille croyait avoir à re- ils avec nous, que la ville de Lille vendiquer la possession de la plus ne peut même pas réclamer, sur ancienne imprimerie du départe- titres incontestables, la troisième place dans cet ordre chronologique. L'auteur de la Statistique du département du Nord, avait-il vu l'ouvrage dont il a parlé ? Nous ne

ment.

On lit, p. 129, du t. 3 de cette statistique : « La première édition que l'on connaisse appartenir au département du Nord, est sortie

(1) Statistique du département du Nord, par M. Dieudonné, préfet. Douai, Marlier, an XII [1804], 3 vol. in-8.

(1) Les Chansons Géorgines, imprimez à Valenciennes, par Jehan de Liege, etc. [Voir les Archives du Nord, tome 3 , page 280].

pouvons le croire; car un homme aussi éclairé n'en eût point cité le titre aussi inexactement; il n'eût point changé le mot principal de ce titre, le nom de l'auteur qu'il a laissé imprimer HOENII au lieu de HÆMI.

Ceditre, selon nous, a donc dû lui être donné, ou communiqué d'après des indications puisées dans les auteurs ou sur des ma.nuscrits, tels que celui cité par la Revue du Nord. Et, nous sommes d'autant plus fondés à le penser, que nous avons vaïnement recherché l'édition de cet ouvrage, de 1556, et que nous n'avons pu la rencontrer ni à Lille, ni dans les autres bibliothèques publiques ou particulières du pays. Seulement,

Valère (André), désigne de la manière suivante cet ouvrage, dans le peu de mots qu'il consacre à Haemus: Sacrorum Hymnorum . lib. 11. ac Sylva Variorum Carminum. Insulis. 1556, in-8° (1).

Swertius parle aussi de Hamus, et donne ainsi l'indication de son lib. 11, cum Sylva variorum Carouvrage : Sacrorum Hymnorum minum (2).

Il convient de faire observer que M. Dieudonné annonce ce livre comme in-16; Paquot, comme inr2; et Swertius, comme in-8°.

Enfin, Sanderus cite parmi les ouvrages que François Haentus a lib. 2, ac Sylva variorum carmiproduits, le Sacrorum Hymnorum nous avons trouvé à la bibliothède la ville de Douai, un volu`num funebrum lib. 2, et Miscellaque me renfermant les ouvrages d'Ha-céder l'énonciation de ces ouvrąneorum lib. 3 (3). Mais il fait prémus, mentionnés dans le titre que nous avons rapporté; il est inti- ges, de ces mots : Varia poemata emisit, ex officina Plantinianá, 1578 (4).

tulé: POEMATA FRANCISCI HÆMI INSULANI, Jam tertiò in lucem edi

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[1] Bibliotheca Belgica, etc. Lov. Henr. Hastenium. 1693.

[2] Athenæ Belgicæ, etc. Antv. G. a. Tungris. 1628.

[3] Hagiologium Flandriæ. Antv. G. a. Tungris. 1695.

[4] Nous possédons cette édition sortie des presses de Christophe Plantin, eh 1578; elle est intitulée « Poemata francisci Hæmi

insulani, ad Reueredum patrem D. Joannem Locum Præpositum .Euersamensem : de 298 pp. Ce volume est divisé en cinq lijam primùm in lucem edita. Antverpiæ, in-16 vres qui commencent après quelques pièces liminaires. Le premier livre renferme les pièces funébres sur les ecclésiastiques, le deuxieme celles sur les laïcs; viennent ensuite les poésies sacrées, puis les profanes, et enfin le volume est complété pa les pie

.

De 1556 à 1611 (1), nous n'a- pour nous, que le livre dont on vons rencontré aucune autre trace s'autorise pour fixer la date de l'éde livres imprimés à Lille. Toute- tablissement de l'imprimerie à fois, pendant le cours de ce demi- Lille, pourrait bien n'avoir point siècle, on faisait imprimer des ou- été imprimé dans cette ville;. que vrages tout spéciaux pour la ville les mots Apud Guillelmum Hamede Lille, et ces ouvrages on les con- lin, pourraient aussi n'indiquer fiait aux presses étrangères. Ainsi, que le nom du libraire qui l'avait en 1569, les Coustumes de Lille mis en vente. Car, quoique quels'imprimarent chez Loys de Win- quefois, mais fort rarement, la de, à Douai, de même, qu'un au- préposition apud ait désigné une tre ouvrage dédié, par Mathias imprimerie; en général, elle ne Galenus à Mgr. Vylain de Rassein- précède que l'indication d'une ghem, gouverneur des châtellenies boutique de libraire. Ce qui, plus de Lille, Douai et Orchies (2). positivement, désigne les impriSi la ville de Lille possédait alors meries, ce sont les souscriptions : Ex typis. et depuis près de quinze ans, une imprimerie, pourquoi ne la met- officina typographica, etc. Pour nous donc, jusqu'à ce qu'un exemtait-on pas à profit? Pourquoi recourait-on aux presses de Douai? plaire des poèmes d'Hamus, de 1556, nous soit représenté, nous De 1565 à 1611 (3), la ville de serons portés à croire que cet ouDouai compte plus de trois cents vrage a été imprimé chez les Planouvrages imprimés dans ses murs. tin, à Anvers, comme l'édition de Comment arrive-t-il que l'on ne 1578, mentionnée par Swertius, puisse pas citer un seul livre im- et mis en vente à Lille, chez un primé à Lille, pendant ce demi- libraire du nom de Guillaume Hasiècle, si cette ville possédait une melin; nous reporterons, comme presse dès 1556 ? conséquence, l'établissement. de De ces faits, il semble résulter l'imprimerie dans la ville de Lille, à un demi-s ècle plus tard, de 1600 à 1611.

ces morales et. louangeuses. Il est probable que les deux premiers livres contenant les vers funèbres, ne sont point dans l'édition de 1556, la plupart des pièces qui les composent portant des dates postérieures à cette

année.

A. D.

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Excudebat.

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Ex

Nous livrons ces observations et ces courtes réflexions aux bibliographes Lillois; et comme aucun sentiment de rivalité locale n'entre dans notre pensée, nous faisons des vœux pour que, plus heureux que nous, ils puissent appuyer de preuves irrécusables l'époque de l'établissement à Lille de l'imprimerie, antérieurement au XVII© siècle.

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Nous terminerons cette note par détruire, mais non à combattre. une observation, qui se rattaché Ils se jetèrent avec cet appareil aux œuvres de François Hamus,, dans les bourgs et dans les villac'est que les vers qu'il a composés ges qui environnent Saint-Omer, sur l'incendie qui désola Lille, en et aux cris de: Vivent les Gueux ! 1545, n'ont jamais été imprimés; ils saccagèrent les monastères et l'auteur de l'article de la Revue du les églises, mettant en fuite, non Nord, semble penser le contraire. par leurs armes, mais par leur seul Ils ont passé manuscrits, à la aspect, tous ceux qui voulaient mort d'Hamus, arrivée le 3 sep- leur faire obstacle. tembre 1585, à son ami Antoine de Meyer, l'annaliste; Paquot don-. ne ainsi le titre de ce manuscrit : Fortuitum Insulensis urbis Incen

dium, trecentarum pænè ædium Ampo: 1545, 111 Non. Septembris,

ep vers.

H.-R. DUTHILLOEUL.

Douai, le 8 mars 1836.

LES GUEUX A ANVERS (1566). Le prince d'Orange, voulant usurper la domination sur la Belgique, s'allia avec les hérétiques de France, ayant reconnu qu'il ne pouvait enlever complètement les Pays-Bas au roi catholique que par une grande scission religieuse. Il voulut la consommer par un coup d'étât; et il fut décidé qu'on ruinerait publiquement les églises et qu'on supprimerait tout-à-coup le culte romain, pour le remplacer par les rites de Genève. On commença dans l'été de 1566. Le premier attentat se commit dans ́a Flandre inférieure, entre la Lys et la mer. Une poignée de la' plus vile populace, mêlée de brigands et de voleurs, se rassembla à un jour indiqué. Ils avaient pour armes des bâtons, des coignées, des marteaux, des échelles, ordes, toutes choses propres à

.

Après ce coup d'essai, ils crièrent Ypres d'une voix unanime. Cette ville était remplie de calvinistes, ils s'y rendirent en hurles mendians et les vagabonds, et lant, recevant en chemin avec eux augmentant continuellement leur troupe, comme la boule de neige qui descend du sommet d'une montagne. Ils parurent dans la ville troublée le jour de l'Assomption de la Sainte Vierge; le peuple leur avait ouvert les portes que les magistrats avaient fermées. Ils coururent droit à la principale église, dédiée à Saint-Martin, y dressèrent leurs échelles, abattirent les tableaux à coups de hache, pillèrent les vases sacrés, brûlèrent les livres d'église, et détruisirent tout dans cette église, ainsi que dans toutes les autres et dans les monastères, avec si peu de respect des magistrats et des prêtres, qu'on, eût pu croire qu'ils étaient envoyés au nom de la ville et que la ville les payait pour commettre leurs sacriléges. Le fait est que personne n'osa s'opposer à eux.

Les mêmes désordres avaient lieu en même tems à Menin, à Codes mines, à Wervick, à Lille, uai. Les seuls paysans de Se

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clin prirent les armes et protégèrent leurs autels. Il leur fallut pour cela tuer un assez bon nombre de gueux; ce qui arrêta leur intrépidité destructive.

ils se mirent tous à crier: Vivent les Gueux! Ils commandèrent ensuite à l'image de la Vierge de répéter ce cri, la menaçant de la tuer si elle n'obéissait pas. Ils avaient leurs marteaux, leurs haches, leurs cordes et leurs échelles. Au bruit de ce nouveau scan

A Anvers, le même jour de l'Assomption de la Vierge, 15 août 1566, comme on portait en procession par la ville l'image de dale, Jean d'Immerseel, bourgNotre-Dame, que les habitans mestre d'Anvers, accourut avec d'Anvers ont prise pour leur pro- quelques archers. On commençait tectrice, quelques éclaireurs du parti des Gueux, voulant l'effet qu'ils produiraient sur la multitude, commencèrent par railler la pieuse cérémonie; puis ils

essay er

firent des révérences bouffonues à

paro

en

l'image de la Vierge; puis ils l'attaquèrent tout haut des par les insolentes et injurieuses. Ils épouvantèrent; et la procession se hâta de rentrer dans la grande église. Cette circonstance les couragea. Ils arrivèrent le lendemain dans l'église, en petit nombre pourtant; et s'approchant de l'autel de la Vierge, ils lui deman dèrent, d'un ton goguenard, quelle crainte l'avait obligée de se retirer si tôt dans sa niche ? Ils coururent ensuite dans la nef et dans le > chœur, menaçant les images. Un de ces compagnons monta même en chaire et se mit à prêcher des choses ridicules. Les uns l'applaudissaient; d'autres lui jetaient des pierres, qu'il renvoyait dans l'église.

Tout ce désordre ne fut que le prélude de ce qui devait se faire le 21 août. Les Gueux entrèrent dans l'église à, la fin des vêpres; tandis que les fidèles s'écoulaient,

à juger de quoi les Gueux étaient capables. Ou savait leurs pillages à Ypres. Ils les avaient répétés à Gand, à Bruges, à Aude

naerde. Partout ils avaient saccagé les églises et mis en fuite les religieux des monastères. On redoutait pour Anvers les mêmes excès. Le bourgmestre vint avec trop péu de monde; quoique les pillards ne fussent guères qu'une centaine d'hommes ivres, ils chassèrent le magistrat et ses archers, fermèrent sur eux les portes de l'église, et se mirent à y danser comme étant les maîtres

La nuit venait : ils illuminèrent les cierges en entonnant les pseaumes de David à la manière de Genève; puis ils se jetèrent sur les images de Jésus-Christ, de la Vierge et des Saints, en leur commandant de crier, vivent les gueux, si elles ne voulaient pas ètre considérées comme des idoles. Les images n'obéissant pas', ils en renversèrent quelques unes par terre et les foulèrent aux pieds; ils en per cèrent d'autres avec leurs épées, ils abattirent la tête de quelques unes, avec des coignées. Les femmes débauchées qui les accompa

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