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GOSSELIN (PASCAL-FRANÇOISJOSEPH), né à Lille le 6 décembre 1751, s'adonna de bonne heure à l'étude des antiquités ; à peine âgé de 20 ans sa vocation parut décidée il voyagea en France, en Italie, en Espagne et dans les Pays-Bas, pendant huit années, qu'il consacra à visïter et à observer les diverses positions indiquées dans les itinéraires romains. Il consacra dès lors ses veilles à la géographie des anciens et en débrouilla le cahos avec succès. Envoyé en 1784, comme député des provinces de Flandre, Hainaut et Cambrésis au conseil royal du commerce et en la même qualité près l'assemblée nationale, il fut bientôt après nommé par Louis XVI, membre de l'admiministration centrale du commerce du royaume. Dès 1789, il avait été admis dans le sein de l'acadé

(9) Année littéraire, 1779, t. 1, p. 351; Rém colte de l'Hermite, 1813, p. so.

mie des inscriptions et des belles→ lettres, après y avoir remporté le prix sur cette question : « Compa«rer ensemble Strabon et Ptolémée » et marquer l'état où ils avaient >> trouvé et porté les connaisssances » géographiques. >>

Au milieu des troubles de la Révolution, Gosselin, tout entier à ses études et à ses affections, continua ses recherches et ses observations; en 1794, à une époque où l'on ne croirait guères que les gouvernans s'occupassent d'érudition, Gosselin et ses papiers furent transportés au dépôt de la guerre,

en vertu de l'arrêté suivant : « Le « Comité de Salut Public, sur la « demande du représentant du peu<< ple Calon, met en réquisition le « citoyen Gosselin, érudiste en géo«< graphie, pour les travaux du dé<<partement de la guerre. Signés, « CAMBACÉRES, DELMAS, etc. » A la formation de l'Institut National, il fit partie de la classe d'histoire et de littérature ancienne; en 1799, il succéda à l'illustre auteur du Voyagé du jeune Anacharsis en Grèce, l'abbé Barthélemi, comme Conservateur des médailles, des antiques et des pierres gravées de la Bibliothèque nationale, et il remplit ces fonctions avec zèle et conscience. Il rendit dans ce poste des services éminens, en 1815, par son patriotisme soutenu de son érudition, qui établirent d'une manière certaine pour la France, la propriété d'une foule d'objets précieux que les Alliés revendiquaient à tort.

Depuis 1790, Gosselin, dont le

goût pour les médailles s'était accru à mesure qu'il se fortifiait dans la science numismatique, avait commencé à former une suite de médailles romaines en argent la plus complette peut-être après celle du Roi. Il avait de plus rassem blé la première collection que l'on connût de médailles monétaires grecques, depuis les premiers et barbares essais de ces peuples, jusqu'aux plus beaux types frappés à l'époque la plus brillante de l'art chez les grecs.

Gosselin mourut à Paris, le 7 février 1830 à l'âge de 78 ans; la place qu'il remplissait à la Bibliothèque royale est supprimée par une ordonnance du Roi qui confie entièrement à M. Raoul-Rochette, les médailles et les pierres gravées avec le titre de conservateur; le fauteuil que Gosselin occupait à l'académie des Inscriptions et Belles-lettres est dévolu aussi à un enfant de la Flandre, à M. Van-Praët, conservateur de la Bibliothèque Royale, et l'un des premiers bibliographes de l'Europe.

Gosselin a laissé : I. Géographie des Grecs analysée, ou les systèmes d'Eratosthènes, de Strabon et de Ptolémée, comparés entr'eux et avec nos connaissances modernes. Ouvrage couronné par l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Paris, 1790, in-4° avec 10 cartes. II. Recherches sur la Géographie systématique et positive des anciens, pour servir de base à l'histoire de la géographie ancienne. Paris, 1798 et années suivantes, 4 vol. in-4° avec un grand nombre de cartes. Ces cartes et toutes celles

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éparses dans ses autres ouvrages, au nombre de 75, en 47 feuilles, forment un Atlas qui présente l'ensemble le plus exact de toutes les côtes décrites ou mesurées par les anciens. III. Géographie de Strabon, traduite du Grec en Français. Paris, de l'imprimerie Impériale et Royale, 1805 19. 5 vol. in-4°. Cet ouvrage publié aux frais du gouvernement a été fait en société par MM. De la Porte, du Theil, Coray, Letronne et Gosselin. Les notes signées G. et l'introduction aption de la Géographie ancienne, dans partiennent à ce dernier. IV. Secle rapport de la classe d'histoire de l'institut, sur le concours décennal

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AUDEVAL. Lorsque Bonaparte se fit appeler au consulat à vie, on ouvrit des registres dans toutes les villes de France, pour recevoir les votes d'approbation ou d'improbation; ces derniers furent rares, autant à cause de l'admiration assez générale dont Bonaparte était alors l'objet, que par la crainte que son pouvoir inspirait déjà. Un habitant de Saint-Amand, nommé Audeval, se trouvant alors à Valenciennes, écrivit les mots suivans, qu'il signa, sous la question posée sur l'un des registres ouverts au public : D. Bonaparte sera-t-il Consul à vie? R. Non, vingt-cinq millions de fois non, pour vingt-cinq millions de français qui n'ont pas le courage de le dire! Ce qu'il y a de remarquable, peu de tems après, le sieur Audeval fut promu au grade d'officier dans un régiment corse, par ce mê¬ me Bonaparte qu'il avait voulu repousser du pouvoir par un vote si énergique. A. D.

LES HOMMES ET LES CHOSES.

VI.

BEAUDUIN A LA HACHE. (1117). Le comte de Flandre Beauduin, septième du nom, fut surnommé par un chacun en son pays, le comte à la hache.

Car avec le comte Beauduin il ne fallait pas requérir longtems bonne et prompte justice. Elle était faite sur l'heure.

Si chaussait-on éperon d'or de chevalier, si portait-on braguette de vilain, si chaperonnait-on bé guin de veuve, justice à chacun était octroyée.

Un jour que le comte à la hache s'en revenait seul à Winendale, il fit rencontre d'une pauvre femme laquelle pleurait assise au revers d'un fossé de route.

Sa cotte était déchiquetée en lambeaux, ses cheveux étaient épars et il y avait près d'elle un cadavre de trépassé, occis par horions d'épée, ainsi qu'il se voyait facilement.

Or le comte à la hache fit arrêter son destrier, lequel chevauchait pour lors au galop, et puis il s'enquit de la femme qui pleurait : Pourquoi femme pleurez-vous de la sorte?

Ah! dit-elle, onc il ne s'est vue de de Flandre, par le pays femme qui puisse faire des larmes pires que les miennes. Car la prime journée de mes épousailles a été sanglante, et si je n'en perds la raison le souvenir m'en demeurera jusqu'à l'heu re de la mort.

J'ai épousé ce jourd'hui, un mien ami, Pierre Mahormoudt, lequel m'aimait d'amour fidèle, et honnê→ te depuis quatre ans entiers. Je m'en revenais du moustier avec lui, et nous nous étions enfuis du reste de la noce, pour deviser seulets et à notre loisir.

Et nous étions là assis sur le revers de ce fossé, quand onze chevaliers portant des écus aux cou→ leurs du vôtre, s'en vinrent à pas→ sér, et se prirent à dire : Voici gente fillette, il faut qu'elle octroie un baiser à chacun de nous.

Passez votre chemin, Messeigneurs, leur fis-je, et laissez-là une pauvre épousée', laquelle ne mérite pas, à coup sûr si laide ava→ nie que vous lui faites.

Mais Pierre Mahormoudt ne le prit pas si doucement, et leur dit, mettant sa main à sa dague : Laissez-là mon épousée, ou par Dieu et Notre-Dame, il ne sera pas dit que je vous ai laissé faire insulte à mon épousée.

Les chevaliers rirent de façon insultante et se mirent à frapper de leurs houssines Pierre Mahormoudt si drû et si long-tems que je l'en vis cheoir Car j'étais plus morte que vive et n'ayant pas tant seulement la force de m'enfuir.

Si veux qu'il ait la vie sauvée > me dit l'un d'eux, il faut que tu so is mienne. A ces paroles malotrues Pierre se releva et frappa d'un coup de sa dague le chevalier qui me fe

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lon placé sur la ligne en avant de la ville de Condé. Chaque matin un officier supérieur montait à cheval, à tour de rôle, et parcourait au point du jour, accompagné

Le comte à la hache demanda d'un aide-de-camp du général qui à la femme : Reconnaitriez-vous

les chevaliers.

Oui, sur mon âme, fit-elle.

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Or sus venez avec moi. Et il marcha doucement jusqu'en son logis de Winendale, où il manda à tous les seigneurs qui relevaient de lui de se réunir.

Et il dit à la pauvre femme : Montrez-les moi tous les onze.

Sans hésiter elle les montra du doigt un à un.

Maître Prévot, passez la corde au cou de ces déloyaux, indignes du

nom de chevaliers; faites-les monter sur cette table, et attachez la corde à la poutre du plafond.

Il fut fait ainsi que le comte à la hache avait ordonné.

Après quoi, il prit de ses propres mains la table, et il la tira de dessous les onze chevaliers, lesquels restèrent pendus, et gambillant jusqu'à ce que mort s'en suivit.

Et un chacun se mit à clamer: Dieu et la sainte Vierge soient en aide au comte à la hache, car il a fait bonne et prompte justice.

S. H. B.

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commandait la brigade, tous les postes fournis par nos troupes à l'extrême frontière. Ordinairement un pont jeté entre Crespin et Thivencelles, sur un des nombreux canaux fournis par les eaux de la Hayne qui sillonnent cette terre fertile, séparait nos sentinelles des vedettes Hanovriennes.

M. B. ayant élé désigné à son tour, pour faire ce service de surveillance, partit un matin de bonne heure, dans la compagnie d'un aide-de-camp. Arrivé au petit village de Thivencelles qui n'est séparé du territoire Belge que par un des ponts dont on vient de parler, il indique du doigt à l'aide-de-camp placé à côté de lui, une maison qu'ils venaient de dépasser, comme pouvant servir au besoin de corps-de-garde. Le confiant officier fait faire en arrière un mouvement à son cheval. Pendant ce tems M. de B. pique le sien, tire son mouchoir d'une éclatante blancheur, traverse le pont au galop, et favorisé par le drapeau qu'il vient d'improviser et qui retient le coup de carabine de la vedette ennemie, il disparait..

L'aide-de-camp se retourne au bruit; témoin de l'honorable action du transfuge, il ordonne à la sentinelle Française de faire feu; elle obéit, mais son coup se perd

dans le vide et ne sert qu'à donner l'éveil au poste des hussards Hanovriens qui montent vivement à cheval, et dont le chef, informé de ce qui vient de se passer, se met à la poursuite de M. de B.

Tout finit là. L'aide-de-camp revint seul à Condé : sur le rapport de ce qui s'était passé, une procédure fut entamée, et le conseil de guerre condamna, par coutumace à la peine de mort, l'homme dévoué qui fuyait........

Un an après, les deux acteurs de celte scène se retrouvèrent à Paris dans une prison que M. de B. était appelé à visiter comme officier supérieur de jour; celui-ci se trouvait là avec un grade de plus et servait à l'état-major; l'aide-de-camp subissait une détention pour délit politique: une blessure, reçue à Waterloo, s'était rouverte dans sa prison. Il mourut à quelques mois de là !....

lors, ne seraient pas supportables aujourd'hui dans nos réprésentations les plus profanes. Pour en donner une idée, nous ne citerons qu'un exemple pris parmi les mille et une représentations publiques qui eurent lieu en Flandre pendant Téméraire, duc de Bourgogne, fit le moyen âge. Lorsque Charles-leson entrée à Lille en 1468, il y fut reçu, dit Pontus Heuterus, avec beaucoup de pompe et force mystères. Ce qui parut le flatter davantage, ce fut la représentation d'un de ces mystères, où les bons Flamands prétendirent jouer le Jugement de Pâris. Pour figurer au naturel la contestation de la pomme entre les trois déesses, Junon, Vénus et Minerve, ils avaient cherché avec beaucoup de soins et de dépenses, trois femmes, qui se chargèrent du rôle des déesses et parurent devant le Pâris Lillois dans la simplicité de la nature. Celle qui représentait Vénus était une femme extrèmement grande et encore plus grosse, (1) réunion de circonstances qui lui valurent le rôle principal de la part des commissaires de la fête qui avaient sur la beauté des idées un peu gigantesques. La Junon flamande n'était pas moins grande, mais maigre, sèche et n'ayant que les os collés sur la peau; véritable image de la majesté royale amaigrie par les chagrins domestiques. Pallas, qui se présentait in puris naturalibus, aussi bien que Vénus et Junon, était une pe

LE JUGEMENT DE PARIS.Les Flamands ont toujours aimé les représentations publiques dans lesquelles des passages des histoires sainte et profane se trouvaient entremêlés et figurés par des personnages vivans qui cherchaient à arriver, dans leurs rôles, le plus près possible de la vérité. Dans ce bon tems où le français, dans les mots bravait aussi l'honnêteté, les actions n'étaient pas toujours décentes; nos bons ancêtres sans doute n'y entendaient pas malice, mais il n'en est pas moins vrai que les détails de leurs saints mystères d'a- pinguedine, portentosa crassitudinis, dit

(1) Rara proceritatis, ac, ab immensá

Pontus Heuterus.

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