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plus d'une salle à manger. Dans ce siècle d'or, la maison d'un bourgeois s'agrandissait de toute la partie de la rue qui lui fesait face; c'est là qu'il s'asseyait le soir pour causer avec les voisins, et qu'il tenait salon le dimanche, après vèpres, pour jouer sa partie d'oie ou de da

mes.

Le jardinage était aussi un délassement du bourgeois; il possé dait ou louait sur la digue un coin de terre décoré du titre de jardin; il y entretenait des groseillers et des roses-pompons, rarement il s'élevait jusqu'à la planche de tulipes inodores; mais en revanche, il cultivait avec succès le pied d'alouette et l'œillet à baguette: l'oreille d'ours n'était pas encore trouvée.

C'est dans ce jardin, orné d'ua vide-bouteille modeste, véritable petite maison du Lovelace Valenciennois, que quelquefois le bourgeois émancipé, menait proinener sa voisine, le dimanche, en vrai roué de la Régence, et la régalait d'une succulente tarte au fromage,

arrosée d'une bière mousseuse et pétillante. Ces réunions, qui n'avaient lieu que quand le mois de mai avait vu les haies séparatives des jardins se garnir de feuilles touffues, contribuèrent sans doute

à donner à l'un des sentiers de la digue le beau nom d'Allée des Soupirs.

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naient ajouter à son élégance; les jours ordinaires se passaient quelquefois sans qu'il dépouillât son chef du populaire bonnet de coton, si bien détrôné depuis par le foulard des bords du Gange: Mais si le bourgeois, maître chez lui, gardait sur son chef ce casque mêche avec autant de soin qu'un roi conserve sa couronne, ille feblancheur éblouissante, qui sousait toujours remarquer par une tenait la concurrence avec la poudre dont les aîles de sa chevelure étaient surchargées. Sa femme de son côté, avait une mise soignée les jours de fête,

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elle

et cossue s'habillait assister a aux offices pour et déposait ses atours vers l'heure où l'on fait toilette aujourd'hui : d'autres fois, elle avait une cape de camelot pour ses courses de ménage, et une pelisse noire bordée de dentelles pour les visites d'apparât.

La vie du bourgeois était calme: étranger aux discussions politiques, il s'occupait surtout de son commerce qui se rattachait toujours par quelques fils aux batistes, Hinons, gazes et dentelles, toutes industries citadines; dans ses momens de loisir, il allait voir le prince Lambesc passer la revue du beau régiment de Royal-Allemand; ou bien, il suivait avec attention

les coups plus ou moins heureux

des confrères de St.-Sébastien qui tiraient à l'oiseau : toute son ambitioni, dans ces tems où les listes d'électeurs étaient encore à naître, se bornait à voir son nom, inscrit dans le brillant tableau de l'antique et renommée confrérie des

Royés; quand il avait atteint ce noble but, il fallait l'admirer, suivant la procession du Saint-Cordon, revêtu du large ruban bleu azur, insigne de son rang, et portant bravement le bâton blanc orné de feuilles vertes...., son importance semblait alors s'augmenter de beaucoup dans son quartier, il était qualifié homme de poids et notable, et ses voisins lui ôtàient les premiers leurs chapeaux.

Le bourgeois mourait comme il avait vécu, dans le calme ! de grands honneurs funèbres lui étaient rendus, parce qu'il avait atteint, avant de mourir, le grade honorable de marguillier de paroisse. Ses restes mortels alors entraient dans le chœur et on l'enterrait quelquefois dans l'église mème, sous une épitaphe fastueuse. Nous allons l'y laisser reposer en paix, comme dit l'inscription, jus. qu'à ce qu'il nous plaise de le res susciter pour le montrer habitant de Valenciennes en 1835; on verra combien notre bourgeois a fait de chemin en peu de tems.

(Echo de la Frontière.) A.D.

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Si la ville de Valenciennes a changé, l'habitant est bien loin d'ètre resté le même; son grandpère, s'il revenait sur cette terre, ne reconnaîtrait plus ni son sang, ni sa race : l'ancien bourgeois parlait le rouchi pur, le nouveau s'exprime en français, et se montre quelque fois puriste. Jadis, toute l'harmonie de la maison se résumait dans les sons flûtés d'une humble séri– nette, exactement répétés à des heures fixes et impitoyables; maintenant un riche et résonnant piano d'Erard ou de Pape anime la demeure, et l'oiseau saffrané des îles Canaries a fui devant l'élégante et vive perruche; le logis est gardé par un ou deux beaux chiens de race anglaise; qui remplacent le chétif carlin à grelots et le hargneux épagneul rasé en petit lion; enfin, une belle serre s'est élevée dans le fond du jardin, sur l'emplacement de la planche de tulipes, et le propriétaire attend chaque année avec impatience la venue des fleuristes de Gand, pour renouveller ses blancs camélias et ses éclatans cactus.

Le Valenciennois d'aujourd'hui

est presque fashionable: il a fait au lycée, des études telles quelles, couronnées à Paris par un cours de droit ou de médecine, ou par les leçons d'Andrieux, de Lacretelle et de Villemain; ce qui, joint à nn séjour un peu prolonge dans la capitale, a produit deux bons résultats : l'acquisition d'assez bonnes manières, et la perte de beau'de coup préjugés de petite ville. Rentré chez lui, l'habitant de Valenciennes a continué à se faire habiller à Paris, ou au moins à l'Athénée des Modes; il suit les spectacles, applaudit à propos, saisit les allusions, et fait répéter les couplets qui ont eu les honneurs du bis à Paris. Il lit les feuilletons avec attention; décide entre Balzac et Jauin, apprécie le George Sand féminin et NotreDame de Paris, et tout cela sans faire tort à son goût pour l'histoire de son pays et surtout de sa localité, qu'il estime et chérit par-dessus tout, comme tout bon patriote doit le faire. Aussi a-t-il, de fondation, un abonnement, lui sixième, à l'Echo de la Frontière.

Le Valenciennois a le goût des

guerre, habitué aux manœuvres de l'armée et aux exercices de la garnison, personne ne porte l'habit militaire avec plus d'aisance que le Valenciennois, qui souvent lui-même a servi la patrie. Aussi un garde national de cette ville et un garde-citoyen limousin ou breton sont-ils deux individus sé– parés par un abîme dans la chaîne des êtres. Et cependant, il n'est sorte de ruse ou d'excuse que le bourgeois n'invente pour s'exempter de monter sa garde; il a un dégoût naturel des parades, pour en avoir trop vu: il est vrai de dire qu'en cas de blocus ou de siége, on le voit sur le rempart, au premier appel, fesant son devoir comme un soldat ou un artilleur de la ligue.

L'habitant de Valenciennes est gaîment et grandement logé; son intérieur est plus que propre, il est confortable et élégant sa fagade est peinte à l'huile ; chez lui on voit toujours bon feu, car il faut bien que vous sachiez qu'il possède un sou ou au moins quelques deniers dans une des compagnies houillières qui entourent sa ville, soit en France, soit en Belgique, 'et il se croit obligé en couscience de pousser à la consommation.

arts: il a dessiné la bosse dans sa jeunesse, se dit ami du peintre Pujol et du sculpteur Lemaire; ses Tant que notre concitoyen est enfans suivent les cours de l'aca- célibataire, il possède un cheval à démie de dessin, et leurs essais deux fins et un de ces légers wiskys crayonnés sont richement encadrés laissés en ville en si grand nombre dans la salle à manger; ce qui n'em- après l'occupation anglaise; vientpêche pas qu'on ne trouve au salon il à se marier? il se trouve natude fort bons tableaux de l'école fla- rellement à la tête d'un char-àmande. Inutile de dire que notre bancs sorti des ateliers du pays, et concitoyen souscrit régulièrement devient de suite propriétaire ou loau Magasin pittoresque et au Musée cataire d'une maison de campagne des Familles. à Beuvrages ou à St.-Saulve, l'AuDomicilié dans une ville de teuil et le Passy du pays.

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Le progrès du Valenciennois a été immense depuis quelques années surtout; par comparaison, son père (au dire de gens mal élevés), est une perruque; son grand-père serait une momie ; et si cette ascendance de bien-être, de civilisation et de lumière continue, nous-mêmes, qui venons d'établir, un pen hardiment peut-être, un parallèle eutre nos ancètres d'avant 89 et nos concitoyens de 1835, nous serons, avant quelques années, regardés par la génération qui s'élève, comme de véritables fossiles. (Echo de la Frontière.) A. D.

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demeura neuf ans, sans jamais s'en éloigner de plus de quinze pas; il y mourut accablé de vieillesse et plus encore de douleur...... l'amour qui aurait pu le consoler quelquefois, l'amour

» Des graces, des plaisirs source aimable et féconde, »Principe de la vie, ame et ressort du

monde.

(Si-Lambert.)

s'éteignit dans tous ses sens, du moment qu'il eut perdu son maître... et cet homme était un bourreau... On serait tenté de croire que ce chien aurait entendu dire à son maître en gémissant sur son sort au milieu de la société : Tu es mon seul ami. »

Ce trait qui met à son comble. l'éloge de ce sensible et généreux animal, de ce fidèle compagnon de l'homme qui, suivant l'expression du sublime historien de la nature, l'éloquent Buffon, « sans avoir la lumière de la pensée, a toute la chaleur du sentiment. » est rapporté à l'article chien, t. 2, p. 102, d'un très intéressant ouvrage

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NAPOLÉON B.

LA GOYÈRE. Le mot et la chose ne sont plus guères aujourd'hui connus qu'en Flaudre; jadis cependant, la goyère était festoyée même à Paris, car Villon, poète satyrique parisien, né en 1451,

dit dans sa XIVe ballade:

« Item, Yaletz et chambèrières
»De bons hotelz (rien ne me nuyst)
Faisans taries, flans et goyères.

» Et grant rallias à minuict.

» Riens n'y feront sept pintes. ne huict, >> Tandis que dorment maistre et dame.

rissans dé ses pères, saus dédaigner toutefois les innovations culinaires, est resté fidèle à l'antique goyère et à beaucoup d'autres bonnes choses du même tems.

aussi autrefois gouière, est aujourLe mot goyère, qu'on écrivait d'hui rayé de la langue française, expulsé par l'Académie, et renié par les puristes; on la relégué, avec d'autres contemporains, dans le modeste vocabulaire rouchi production wallonne comme lui: Boiste et Laveaux veulent bien admettre gougère, qui en est comme un dérivé, et qui signifie', di

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sent-ils, un gâteau de mie de pain, d'oeufs et de fromage. Cotgrave orthographie Goyelle et l'explique par talmouse, pâtisserie bien différente de la classique goyère; on due qui s'en rapproche davantage, connait maintenant à Paris la fonmais qui ne la vaut pas. Le Duchat, dans ses commentaires sur Villon, pense que goière semble venir de gogue, sorte de farce asşez compliquée, d'où est venu se

» Puis après, (sans mener grant bruyt), oguer, pour se réjouir, et peutêtre aussi goguettes et goguenard.

>> Je leur ramontoy le jeu d'asne. ››

Il parait que vers le milieu du XVe siècle, quand les valets et les femmes de chambre des bonnes maisons de Paris se mettaient à banqueter lorsque leurs maîtres étaient retirés, la brûlante goyère était au nombre des friandises qu'ils arrosaient de sept ou huit pintes d'une généreuse boisson. La mode et le souvenir s'en sont passés en France; mais le flamand, essentiellement conservateur des coûtumes conviviales et des mets nour

Selon Thomas Corneille, la forme de la Goyère était triangulaire; en Flandre elle a toujours été ronde comme les autres tartes, ordinairement petite de taille, pour servir à un seul convive, excepté toutefois quand il s'agit de goyères de famille qu'on établit toujours sur des dimensions res→ pectables.

La recette de la goyère est une de ces pensées immuables que rien ne peut altérer. Sa composition

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