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DE BLOIS, ( FERDINAND-VICTOR-ALEXIS) Docteur en médecine et en chirurgie à Tournay, professeur à l'école de chirurgie et d'accouchement de l'hôpital civil et officier de santé de la garde communale, est mort dans cette ville, après quelques jours d'une douloureuse maladie, le 23 janvier 1830. Il était né à Pommerauil (province de Hainaut) le 9 janvier 1799.

Au sortir du collège de Mons où il avait fait ses humanités, il alla suivre les cours de l'Université de Louvain qu'il n'abandonna qu'après avoir acquis ses grades de la manière la plus honorable. Il vou¬ lut alors se perfectionner à l'école des grands maîtres et ce fut après avoir pratiqué la médecine opératoire à Paris, sous les yeux du cé– lèbre Dupuytren, qu'il vint se fixer à Tournay en 1820.

Peu d'hommes ont mieux rempli une aussi courte carrière et le deuil de toute une population dit assez quel vide laisse dans son sein la mort soudaine de ce citoyen recommandable. De Blois était un de ces êtres rares en qui domine le besoin

d'être utile à ses semblables ; sa philantropie imprimant une activité toujours renaissante à l'amour qu'il portait à la science, il était, à 31 ans, déjà vieux de talent et d'expérience. Les bornes de cette notice ne comportent pas l'énumération de ses nombreuses cures chirurgicales, de ses tentatives hardies dont le succés honora si souvent son savoir et l'habileté de sa main. Il faut aussi passer sous silence les bienfaits dont il accompagna mainte fois le don de la vie aux malheureux qu'il venait d'opérer. Le spectacle habituel des infirmités humaines qui a pour effet ordinaire d'endurcir le cœur, n'avait rien ôté au sien de sa sensibilité native. On le vit, les traits altérés par la fièvre qui commençait à le consumer, se faire transporter chez ses malades et ne songer à lui-même que lorsque la force lui manqua pour s'occuper des autres. Il a sacrifié son repos, sa santé aux pénibles devoirs de sa profession;

il est mort victime de son noble dévouement à l'humanité souffrante,

pleuré de ses malheureux amis et regretté de tous ses concitoyens.

FRÉD. H.

LES MESQUÈNES POUR LA DERNIÈRE FOIS. MM. A. Leroy et A. Le Glay ne sont pas les seuls dont l'étymologie de Méquaine (1) ait excité l'attention; elle avait été aussi l'objet des investigations du

(1) C'est ainsi que ce mot est écrit dans le Glossaire Français de D, P. Carpentier,

P. Lambiez qui, sans avoir ni les graces enjouées du premier, ni le savoir profond et solide du second n'en avait pas moins une haute idée de sa capacité, et se glorifiait sans doute intérieurement d'avoir découvert l'origine d'un mot achevant de tomber en désuétude, même dans nos campagnes, où déjà l'usage en avait été fort restreint.

Au lieu de faire dériver, comme M. A. Leroy, Méquaine de Mecquignies, le P. Lambiez fait au contraire de Mecquignies un dérivé de Méquaine, et si, comme M. A. Le Glay, il juge que ce dernier mot est emprunté d'une langue ancienne, c'est suivant lui non à l'hébreu, mais au latin que notre idiome en est redevable. Le passage dans lequel le P. Lambiez déclare son sentiment est assez curieux pour mé riter d'être transcrit. En voici une copie exacte ; « Dans la persuasion les coups, donnés parmi les << jeux des lupercales, avaient la << vertu de rendre les femmes fécon« des, on ne cessait de les assaillir. · Celles qui étaient stériles et « qu'on voulait disposer au fruit « de l'hymen, étaient envoyées sous « le chêne, d'où on les appellait « mesquênes missa sub quercu, et « ce nom de Mesquênes, conservé « au local de Mesquenie, près la « la forêt passa jusqu'à nous pour désigner une fille officielle (2). » Le P. Lambiez savait que le welche ou le wallon est un amalgame de

« que

-))

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(2) Histoire Monumentale du Nord des Gaules, P 177.

latin et de tudesque, mais il n'avait pas remarqué qu'un mot aussi éminemment barbare que Méquaine ne pouvait appartenir à la langue des Cicéron et des Virgile.

Au nombre des diminutifs du

Néerlandais, meid, fille, servante, il en est un dont Méquaine diffère peu, du moins à la prononciation, c'est Meysken, fillette, petite fille, petite servante, et par extension, simplement servante. En ajoutant à ce mot, suivant l'usage du tems, une terminaison latine, on le rendit commun aux deux sexes. Il ne

fut ensuite besoin pour le traduire en français du moyen âge, que d'un changement de désinence. Quelques citations suffiraient pour appuyer, comme pièces justificatives cette généalogie du mot Méquaine; mais qui pourrait se résoudre à citer des phrases néerlandaises, ou mê→ me des phrases latines telles que celle-ci : Dicentes quòd habebant de illos grande damnum et malefacturia in Ecclesias et Meskinos? Qu'on veuille donc se contenter de quelques uns des vers que Du Cango, en les extrayant des fabliaux, a rassemblés dans son glossaire sous le mot Mischinus, et où ce mot, devenu français, est employé dans les différentes acceptions du néerlandais Meysken, étendues aux

deux sexes:

Très bien le lièvent et vieillart et Meschin.
Li Loberans fu à l'eschole mis,
Tant comme il fu jovenciax et Meschins.
Alés en fuerre, s'il vous plait, le matin,
Si vous sivront et donzel et Meschin.

Envoyez-le l'Emperere Pepin,

Si fera bien chevalier le Meschin,

Nous sommes quinze mille Meschins et ba[cheler,

Qui devons nostre pris et nos los acheter.
A Lille vint à la Meschine
Qui mult estoit vaillans et fine.

Une Meschine i ont amée,
Arred cnt nom, de borjois née.
Meschine iert encore et pucelle

Avenant li sembla et belle.
Au matin liévent Meschines et pucelles.

Dans ces vers, Meschin et Meschine désignent de jeunes garçons et de jeunes filles. Dans les vers suivans, Meschine ne signifie plus

que servante:

Des sains corporans des yglises Faisaient volez et chemiser Communement à leurs Meschines, En despit des oeuvres divines. Quant riens ne sai de son couine, Se el est dame ne Meschine.

Peut-être n'est-il pas hors de propos d'ajouter, que les offices de la domesticité n'étant pas chez nos ayeux confiés à des esclaves, étaient remplis par les filles de la maison, qui, chargées sous la direction de leur mère, de toutes les parties du ménage, en faisaient le service, et qu'il n'est conséquemment pas étrange qu'un même mot exprimât les divers rapports sous lesquels une jeune personne pouvait être considérée dans la famille; que les peuples subjugués par les Romains étant contraints, sous des peines sévères, de parler la langue de ces despotes, et ne pouvant se passer du secours de la leur, avaient contracté l'habitude d'en latiniser les mots; que le néerlandais, qui passe pour le plus ancien des dialectes germaniques, était la langue commune des nations répandues entre le Rhin et la Seine; qu'il n'est

nullement probable que nos pères aient emprunté de peuples avec lesquels ils n'entretenaient guère de relation, tels que ceux de l'Arabie, de la Syrie, de la Chaldée, de la Palestine, ou de l'Italie moderne (1), un mot d'un usage habituel, presque aussi nécessaire et peut-être aussi ancien que les rapports qu'il exprime; qu'une apparente conformité d'orthographe ou de consonnance, avec une dissemblance de sens très-marquée, n'autorise pas une semblable supposition, et que les objections qui la repoussent se présentent en foule. Mais il faut un terme à tout, et toujours on est pressé d'arriver à celui d'une dissertation.

I. LEBEAU.

Hazebrouck, 10 mars 1830. Que Mesquenne signifie servante, mologie le nom de Mecquignies, soit, mais que ce mot ait pour étyvillage piès Bavai, c'est ce que malgré le conte très-ingénieux que j'ai lu dans le 2o cahier des Archives,

je ne puis aussi facilement accorder. L'opinion insérée dans le troisième cahier, sur ce point, très érudite sans doute, ne me semble

(1) Ménage, à qui ses nombreuses méprises ont acquis autant de célébrité que ses savantes recherches, fait dériver le vieux mot français Meschin de l'italien Meschino, panvre, misérable, et l'Italien de l'Arabe, du Syriaque ou du Chaldéen Elmeschin, Miskin, Meskino, Misken, qui tous ont la même signification; d'autres le font dériver de l'Hébreu Mechinah. Duchat, qui le dérive de l'Allemand et d'un diminutif de Magd. approche apparemment beaucoup plus de la vérité; car Magd, fille, servante, Medchen

Magdicin, petite fille, petite servante, Meid, Meysken ont une origine commune.

pas

pas plus fondée. Meschino en italien, n'a jamais signifié pauvre, malheureux, sa véritable signification est chétif, mesquin : je ne vois d'ailleurs comment de pauvre ou malheureux on peut arriver à mesquenne, servante. Je pense qu'il faut chercher l'étymologie de mesquenne, non dans l'Italien, mais bien dans le Flamand langue dérivée de l'Allemand.

En Allemand magd signifie servante; or l'Allemand, comme l'Italien, a ses diminutifs, celui de magd est maedchen, petite servante ou jeune fille. Le mot magd allemand se dit en Flamand maegd, dont le diminutif est maegdeen, qualification qui s'applique à toutes les filles de service dans ce pays, et qui chez nos voisins les Artésiens, est exclusivement appropriée aux servantes des curés.

Comme les servantes Flamandes ont de tous tems été recherchées pour leur extrême propreté et leur fidélité, tout porte à penser qu'elles ont été distinguées par le mot flamand de Maegdeen, petite servante, dont par corruption on a fait Mesquenne.

Je pense que cette opinion bien moins scientifique que les deux premières, est cependant la plus probable. Si vous partagez cette idée, vous pourrez la rendre publique, pour ne pas laisser dans l'erreur les lecteurs des intéressantes Archives sur un point qui n'est pas

sans intérêt.

D. L. F.

MORT DE FEUTRY. Dans la biographie de Feutry, inséré dans le premier cabier des Archives, nous avons dit que la mort de ce poéte eut lieu le 27 mars 1789, jour où son corps fut relevé par les soins du magistrat, mais il parait que le suicide de cet écrivain avait eu lieu la veille, comme le prouve la lettre autographesuivante qu'il écrivit avant de se donner la mort et qui nous a été communiquée par M. Leleux, homme de lettres de Lille.

Ce 26 mars 1789.

» Je demande très humblement pardon à M". Lapré, mon hôtesse, d'avoir eu la faiblesse de me détruire chez elle, ce dont je ne dois rendre compte à personne qu'à mon Créateur. Je la supplie, s'il est possible, de s'arranger de façon avec le public de cacher mon genre de mort. Adieu, madame; je vous donne tout ce que j'aidans ma chambre garnie ; pour vous dédommager un peu de tout ce que je vous dois; à vous revoir au Jugement

Dernier. Adieu encore une fois. Je me crois peu coupable. »

FEUTRY.

Feutry avait préparé sa mort avec un stoïcisme et un sang-froid dignes d'un meilleur motif; il emprunta d'un de ses amis (M. Capron) le clou auquel il suspendit la corde fatale qui devait abréger la vie du meilleur poète que nos froides contrées aient produit dans le dernier siècle.,

A. D.

LES HOMMES ÉT LES CHOSES.

un

LE MOULIN DE CRÉCY. Il y a un moulin dans le département du Pas-de-Calais que les Touristes d'Angleterre se font un devoir de visiter. Avec le crayon de son album la jeune Miss écrit son nom sur la muraille circulaire; le simple Gentleman le grave avec un canif de Birmingham, et recueille as vec soin la poudre que l'acier en a détachée. Le Lord n'est satisfait que lorsqu'il en emporte une pierre; et son nom, la date de son pas sage, inscrit dans l'intérieur, á endroit apparent, sur le coffre à farine ou près des lucarnes, attireront désormais l'attention des futurs visiteurs. Quant au meunier, au fait des usages britanniques, il surveille les voyageurs et les accueille selon leur importance; il sait qu'il ne peut espérer plus d'un schelling de la personne modeste qui se borne à déposer sur son mur la trace fugitive du crayon; il attend la couronne de celui qui la creuse pour y laisser une plus durable empreinte; il se hasarde à demander la guinée au noble étranger qui veut orner son cabinet d'un very spectable specimen, et il pous se l'attention jusqu'à tenir toujours, en réserve un moëllon dont il distribue les morceaux aux amateurs de distinction; intéressé, avoue-til, à ses amis, à ce qu'un moulin aussi précieux ne s'écroule pas par les brèches réitérées qu'y font ces assaillans de singulière espèce.

Les inscriptions les plus ancien

nes qu'on ait retrouvées sur ce moulin sont datées du 17° siècle; c'est à peu près l'époque où les habitans d'Albion commencèrent à se livrer plus généralement et avec plus de facilité à leur goût inné pour les voyages; depuis lors, à part les intervalles où la guerre mit un obstacle à leurs excursions, chaque printemps a vu revenir chez nous ces oiseaux de passage aussi régulièrement que les hirondelles. Mais quel intérêt attire ainsi les Anglais vers un moulin? C'est l'orgueil, ou si l'on veut, l'esprit national, orgueil dont ils sont profondément nourris, qui n'oublie rien de ce qui peut le flatter, et ne s'attache pas seulement aux souvenirs contemporains, aux événemens dont un peuple entier est encore tout ému; tandis que chez nous, nation trop légère, souvent de ceux-ci mêmes la mémoire passe et s'éteint avec la génération qu'ils ont eue pour témoin. Combien peu de Français, par exemple, lorsqu'il leur arrive de monter la côte de Valmy, quittent la grande route pour fouler le champ de bataille sur lequel Kellermann a voulu que reposassent ses dépouilles et où la France nouvelle fit le premier essai de la victoire? Et cependant il n'y a pas quarante ans que fut arrêtée-là et mise en fuite une armée ennemie qui pouvait à jamais changer notre destinée et nous ravir tous les biens dont la Charte nous a assuré la jouissance; et cependant c'est pour une aussi belle cause, sur

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