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m'ont visité à Manicamp, et qui toutes témoigneront de ma rare habileté dans les matières de cette nature. Grooms, jockeys, chevaux, enfin tout ce qui était en ma possession, venait d'Angleterre, et mon ami Dorset n'eut jamais de chevaux plus beaux que les miens. Le dernier cheval dont je fis emplette me coûta mille guinées, et jamais cheval de race ne se vendit plus cher; mais j'eus la fantaisie de faire porter sur le reçu neuf cent quatre-vingt-dix-neuf guinées et vingt schellings, déterminé que j'étais à éviter le nombre rond de 1,000.

<< Maintenant le seul trésor qui me reste est ceci ( et il montrait une bague qu'il portait au doigt); c'est un trésor dont aucune puissance terrestre ne pourrait venir à bout de me séparer; c'est lui qui me donne la force de surmonter mes malheurs ; c'est ma seule consolation Ce trésor, monsieur, c'est ma femme, ma femme adorée. » Je crus qu'il devenait fou, et mon visage exprima sans doute l'émotion que j'éprouvais. » Non, monsieur, reprit-il, je n'ai point perdu ma raison, cette bague, ou plutôt une partie de cette bague, fut une jolie et aimable femme; elle me rendit, pendant qu'elle vécut, le plus heureux des hommes, et quand son âme s'envola dans les régions du ciel, je ne voulus pas que tant de grâces et de beauté devint la proie des vers. J'eus recours à Vanderberg, le chimiste, qui ayant placé le corps de ma femme dans une feuille d'asbeste, le livra aux flammes, et à l'aide d'une

chaleur extraordinaire le réduisit à une petite quantité de poudre, qui ensuite, au moyen d'une certaine composition chimique, fut changée en une substance bleue vitrifiée. La voilà, monsieur, montée dans un anneau d'or; c'est la plus fine essence de mon adorable femme. » En ce moment, le domestique annonça quelqu'un. Je pris mon chapeau, et souhaitai le bonjour à Lauraguais. >>

BEAUMARCHAIS.

LOIS MARITIMES DE DAMME. M. Warnkanig, professeur en droit à l'université de Gand occupé depuis deux ans de recherches sur la Flandre et ses lois au moyen âge, vient de faire une découverte assez intéressante pour les savans qui s'occupent de l'ancien droit maritime. On lui a communiqué, de la bibliothèque de la ville de Bruges, un manuscrit du quatorzième siècle, qui contient sur les trois premiers feuillets les anciennes lois maritimes de Damme. On sait que ces lois sont la source du droit maritime de toute la Hollande, du nord de l'Allemagne, de la Suède, du Danemarck et d'autres pays septentrionaux.

Une autre rédaction flamande du quinzième ou seizième siècle avait été plusieurs fois publiée en Hollande, entre autres par Verwer, et dernièrement [1829] par M. Pardessus, dans son premier recueil des Lois maritimes antérieures au dix-huitième siècle, tome I'.

Les auteurs hollandais ont longtemps soutenu que Damme était la

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SIÉGE DE MONS DE 1691. Origine des fourches-à-croc, arme que portaient, au lieu de fusils, les sous-officiers du 102 régimeni. Le 1er avril 1691, au siége de Mons commandé par le maréchal de Vauban, les grenadiers du régiment Dauphin (infanterie ) emportèrent d'assaut un ouvrage cornes, saisirent les fourches des Autrichiens, dont ils tuèrent un grand nombre et firent le reste prisonniers de guerre. Louis XIV, voulant perpétuer le souvenir d'une action aussi honorable, permit aux sergens de grenadiers seulement de porter ces fourches au lieu de mousquets.

Le régiment de Perche, une des souches de l'ancien 102, ayant dédoublé avec le régiment Dauphin, les sous-officiers ont gardé l'usage de cette arme, qui a été ensuite conservée dans le 102 jusqu'à son licenciement. (Extrait des registres matricules du 102° rẻgiment.)

R. C.

SPINOLA ET MAURICE DE NASSAU. L'historien Grotius donne sur la première entrevue du

fameux marquis Ambroise de Spinola, généralissime des forces Espagnoles dans les Pays-Bas et le prince Maurice de Nassau, commandant des troupes des Provinces-unies, les détails les plus curieux. Ces deux illustres chefs, qui se combattaient loyalement tout en rendant justice à leur mérite respectif, étaient surnommés l'Annibal et le Scipion du XVIe siècle. La comparaison entre Spinola et Annibal était d'autant plus juste qu'ainsi que le général carthaginois, Spinola soutint longtems la guerre à ses frais et parvint, en payant les troupes au prix de sa propre fortune, à maintenir parmi elles l'ordre et la discipline, ce qui avant lui était inconnu dans les armées espagnoles qui ravageaient plutôt qu'elles ne défendaient la Belgique.

Spinola et Maurice de Nassau eurent donc une entrevue pour arriver à conclure une trêve entre l'Espagne et la république naissante. Cette trêve, qui consacra la reconnaissance de la république, fut signée le 9 avril 1609. Dans un repas qui accompagna et scella, pour ainsi dire ce traité, Maurice se trouvant au dessert vis-à-vis une pyramide d'oranges, en détacha une, et la regardant con amore s'écria : « L'heureux pays qui produit deux fois chaque année un fruit aussi délicieux! » Pour répondre à ce gracieux compliment, Spinola saisit devant lui un fromage de Hollande qui fesait aussi partie du dessert, et dit : « Plus heureux le climat sous lequel on cueille deux fois par jour de pa¬ reilles fleurs ! »

A. D.

XV.

LES HOMMES ET LES CROSES.

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HONDSCHOOTE.-Cette place ouverte était autrefois très-célèbre par ses manufactures de serges et de toiles qui passaient jusqu'en Turquie. C'était une des villes de Flandre << où les draperies avaient grande réputation. » (1). « La ville d'Hondschoote est bonne et gentille, et l'on y fait telle quantité de serges qu'ordinairement on vient en faire tous les ans jusques à cent mille pièces...» (2). Voilà comme le tems qui fait disparaître les trônes, les dynasties, les institutions et les monumens, observe Crapelet, protége, fortifie, étend et accroît l'industrie des peuples.

Hondschoote a été construit près du canal de Bergues à Furnes, probablement dans le dixième siècle, lors de la formation de la plupart des cités de cette contrée. Son nom est souvent mentionné, à cause de ses édifices religieux, dans les annales ecclésiastiques de la Morinie. Son étymologie semble être dérivée de quelque terme familier aux chas

seurs.

Hondschoote, dans les guerres du moyen-âge, éprouva à peu près la même fortune que les villes cir

convoisines.

Les bourgeois, zélés catholiques, y jouissaient également de plusieurs franchises favorables; le comte Louis de Créci, pour protéger et honorer leur industrie, leur avait accordé le droit de plomber et de

(1) Lepelit. (2) Guicciardin.

marquer toutes les étoffes fabriquées dans leurs ateliers, d'une empreinte portant d'un côté les armes du prince, et de l'autre celles de la cité. « On voit encore dans les archives d'Hondschoote, des registres très-volumineux qui renferment les noms des fabricans et à côté de chaque nom la marque particulière que chacun adoptait. >> La cour de justiced'Hondschoote d'une structure élégante, avait aussi un renom respectable et possédait diverses immunités. Philippe-leBon avait accordé, en 1430, au seigneur du lieu, quelques concessions pour une somme de 4000 florins.

sa

Hondschoote fut incendié en 1383, lorsque Charles VI chassa les anglais de cette contrée. Les français le dévastèrent en 1558, comme Dunkerque et Bergues. Deux nouveaux incendies détruisirent prospérité; l'un, en 1576, consuma 600 ateliers dans la partie occidentale de la ville; l'autre, en 1582, encore plus terrible, commis par les Français à l'instigation jalouse des Huguenots, anéantit 17 rues et plus de 900 fabriques.

En 1658, plusieurs détachemens d'infanterie sous les ordres du duc d'Yorck (depuis Jacques II), y furent mis en quartiers; la paix d'Aix-la-Chapelle, laissa cette ville à la France; les Hollandais la brûlèrent presqu'entièrement en 1708 (1).

(1) Délices des Pays-Bas.

Hondschoote restera fameux dans notre histoire par la journée du 8 septembre 1793.

« C'est par un beau jour d'automne que se donna la bataille d'Hondschoote dont les suites pouvaient être si avantageuses à la France. En effet, si Houchard, plus habile, mais non plus fidèle, eût marché rapidement après la bataille, nous fermions toute retraite à l'ennemi, nous nous emparions du duc d'Yorck, et nous tenions l'armée qui assiégeait Furnes... A compter de la journée d'Hondschoote, la terreur dont nous avions été frappés passa sous les drapeaux ennemis. » (1). Jourdan, Leclercq, Vandamme, Collaud, Hédouville, Gobrecht, assistèrent à ce combat, qui avait pour la France l'importance de ceux de Marathon et de Platée. Hoche y obtint le grade de général de brigade. Presque toute la 32e division de gendarmes à pied demeura parmi les morts; une grande partie de blessés fut transportée à St.-Omer, dans les églises de St-Bertin et de St-Denis, et au collége anglais.

Il y avait, en 1764, 539 feux à Hondschoote; sa population est maintenant de 3882 habitans. On prétend qu'elle était très-élevée, il y a quelques siècles. Les pestes de 1545 et 1578 la décimèrent d'une cruelle manière. Jean Strabant, vingt-deuxième curé de St.-Vaast, comptait dans sa paroisse, en 1568, 18,000 communians, et cependant Hondschoote n'était pas encore par

(1) De Jouy.

venu à l'apogée de sa splendeur, puisque d'autres édifices l'embellirent encore les années suivantes.

Les coûtumes particulières de la ville d'Hondschoote dont l'échevi– nage relevait du présidial de Bailleul, se trouvent dans le recueil des coûtumes de Flandre. Sa kermesse est fixée au deuxième dimanche de juillet. Il s'y tient deux foires; l'une d'un jour, le vendredi après la pentecôte; l'autre qui s'ouvre le deuxième dimanche de juillet, dure cinq jours. Les foires d'Hondschoote étaient jadis magnifiques; maisil ne reste plus que le souvenir de cette situation florissante.

Le conseil d'arrondissement a récemment renouvelé son vote pour l'achèvement de la route d'Hondschoote à Wormoudt.

L'église paroissiale de St.-Vaast, à Hondschoote, déjà signalée au commencement du treizième siècle, rebâtie en 1586, décorée alors d'un carillon très-harmonieux, est surmontée d'une tour d'un aspect gi¬ gantesque.

On voyait, dans cette ville, avant la révolution, un couvent de Trinitaires, un de Récollets, un de Sœurs grises, et un de religieuses Récollectines. Elle possédait en outre un hôpital qui contenait trente lits pour les malades indigens, et un collège où l'on enseignait les humanités, dirigé par les. Récollets. Il y avait aussi un pensionnat dans lequel on apprenait la musique vocale et instrumentale.

La musique d'Hondschoote offre

un prix de 600 fr. au concours du 4 d'Erasme, a laissé quelques épîtres latines, écrites avec élégance.

août 1835.

Sander us a conservé un joli plan d'Hondschoote; les destinées de cette ville ont eu assez de ressemblance avec celles de Popering ue (1).

La seigneurie d'Hondschoot e est aussi une ancienne bannière de Flandre, possédée pendant plusieurs siècles par les chevaliers de cette noble maison. Guillaume Morau d'Hondschoote,et Raoul de Lederzeelle, étaient rangés sous l'étendard de Godefroi de Bouillon. Cette seigneurie appartint ensuite au prince de Hornes.

Jacques Navarchus, né à Hondschoote, jésuite, publia un traité sur les diverses sectes de l'Orient.

Jean Nevius, né à Hondschoote, précepteur de Despautère, ami

POPERINGUE.

[1] L'abbé de St.-Bertin se glorifjait, dans le septième siècle, de porter le titre de seigneur de cette petite ville entre Cassel et Bergues, en vertu de la donation de Walbert, comte d'Arques, confirmée par les comtes de Flandre. La principale paroisse de Poperingue avait été dédiée à Saint-Bertin; les églises de Notre-Dame et de St.-Jean ne furent érigées qu'en 1290. C'était réellement jadis une des plus riches dépendances du monastère de Sithieu, Aprés la paix d'Utrecht, elle n'appartint plus à la France; mais la seigneurie continua à être placée sous le patronage de l'abbaye de St-Bertin qui y tenait une cour féodale. Cette ville, déjà incendiée par les français en 1382, par les anglais en 1436, fut presque toute consumée en 1563; elle avait déjà souffert

et

considérablement d'un autre incendie, cinquante ans auparavant.

Poperingue est renommé par ses belles manufactures de draps et de serges qui n'excitêrent que trop souvent l'envie des artisans d'Ypres. C'est la patrie de l'historien Oudegherst.

Pascal Zouterus, né à Hondschoote, instituteur à Ypres, fit paraître à Anvers, en 1524, des mélanges de grammaire.

2

Le comte Pierre-Antoine Herwyn de Nevele, né à Hondschoote, le 18 septembre 1753, était conseiller pensionnaire dans cette ville, et avocat au parlement de Flandre. Lors de la convocation des EtatsGénéraux, en 1789, il fut élu membre de l'assemblée constituante par le bailliage de Bailleul, et adopta avec modération les nouveaux principes. Adversaire prononcé des terroristes, la chûtede Robespierre épargna sa tête. Sous le directoire, il fut nommé commissaire près l'administration de la Lys; ce département l'envoya au Conseil des Anciens en mars 1799, et il y remplit les fonctions de secrétaire. A l'époque du consulat, le 25 décembre suivant, il devint l'un des premiers membres du sénat-conservateur, où il se montra, dit-on, presque toujours opposé aux vues de Napoléon, faisant toujours partie de la petite minorité de ce corps. En 1814, il adhéra avec empressement à la chûte du conquérant. Louis XVIII le créa pair, le 4 juin suivant, et lui conféra, le 24 avril 1817, la grande croix de la légion d'honneur. Il s'était surtout rendu digne de cette noble distinction, par la prestation de son serment de comte pardevant la cour royale de Paris, le 20 mars 1815, à midi; fidélité certainement comparable à celle des tems antiques.Cet homme

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