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lenciennes fut délivrée de la peste par un cordon miraculeux dont la vierge entoura ses murs, on promena tous les ans, à l'extérieur de la ville ce précieux ruban dans une riche châsse d'argent couverte de pierreries, en suivant les mêmes sinuosités que forma le saint Cordon lorsqu'il ceignit la cité. Telle fut la mystique origine de la Procession de Valenciennes. Or, il advint qu'en une année de malheur la banlieue de cette ville fut empestée d'une autre manière : c'était le flamand Van Een, brigand déhonté qui saccageait les fermes, violait les filles et dévalisait les marchands: il fut assez abandonné de Dieu pour convoiter NotreDame du Saint-Cordon; il aimait beaucoup les vierges, surtout celles chargées d'or et d'argent: Il guetta donc la nôtre au sortir de la ville, tomba dessus, et l'enleva de vive force au milieu d'un clergé nombreux et de fidèles désarmés qui passèrent de leurs cantiques saints à des imprécations méritées. Les habitans des faubourgs, instruits les premiers de ce vol impie, montèrent à cheval, s'armèrent à la hâte et coururent sus au brigand. Ils eurent le bonheur de l'atteindre et de ramener saine et sauve la fierte du Saint-Cordon, au grand contentement de la population Va

lenciennoise.

De ce jour date la formation d'une compagnie à cheval, dite des Puchots, composée des norretiers, ou habitans des faubourgs; ils eurent le privilége d'escorter tous les ans Notre-Dame du Saint-Cordon

à la procession du 8 septembre, et de battre la campagne autour de la ville pour éviter tout accident semblable à celui de Van Een. On ne s'en tint pas là, le magistrat de Valenciennes, pour reconnaitre le courage des cavaliers du faubourg, institua en leur honneur, une espèce de carrousel, ou de course de bague qui avait lieu tous les ans le 9 septembre. Les Puchots seuls avaient le droit d'y courir en grande tenue; c'est-à-dire en habit écarlate espèce d'uniforme de chevau-légers. Le mannequin qui tenait les bagues fut appellé VanEen, et par corruption Anéen; il était représenté en guerrier colos sal, tournant sur un pivot; sa main droite tenait un écusson d'où sortaient les anneaux, sa main gauche était armée d'un fouet qui frappait vivement le coureur mal-habile dont la lance avait touché

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trop haut et fait pivoter le géant.

nées

par

Ce jeu chevaleresque tirait son origine d'Orient et avait été plusieurs fois imité dans les fêtes donles souverains du moyen âge; François Ier s'en amusa dans ses carrousels et les chroniques du tems nous rappellent qu'en novembre 1601, lebon roi Henri IV célébra la naissance de son fils par un Jeu de l'homme armé, où les joû– teurs combattaient un mannequin, habillé en More et placé sur un pivot, de sorte que les coups portés ailleurs que dans le tronc et au visage, faisaient tourner le négrillon, qui rendait alors aux maladroits de rudes coups de lance ou d'estramacon.

Ces burlesques carrousels se maintinrent longtems à Valenciennes où la constance des habitans changeait peu de chose dans les jeux et les habitudes publics: on les suspendit un moment mais on les renouvela en 1669; un sculpteur assez célèbre dans le pays, Gillis, avait su tiler de son ciseau une statue d'Anéen qui eut quelque réputation comme ouvrage d'art; elle fut malheureusement détruite à la révolution, sous le prétexte que l'effigie du brigand Van Een, avait un caractère de féodalité. et de fait il portait un écusson! ce crime de lèze-égalité le fit condamner à être brulé en compagnie avec une foule de bla

sons, armes, sceaux,

cachets et effigies royales fort scandalisées de se trouver compromises avec un voleur de grand chemin.

Nouveau phénix, Anéen sortit de ses cendres en l'an IX de la république, lorsqu'un nouveau besoin de fêtes et de plaisirs se fit sentir après le triste et ridicule règne du directoire ; sa seconde vie fut courte et aujourd'hui Anéen est détrôné à tout jamais par une froide statue de Minerve qui sert aux courses de bague ordinaires et publiques. Cependant les plus

vieux habitans de Valenciennes ont

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propension qu'avait pour la galanterie la belle Marguerite de Valois, première femme du Roi Henri IV. Quelques historiens ont même été fort généreux dans le nombre des amans qu'ils lui ont donnés : on assure qu'un des premiers en ligne fut le fameux duc de Guise, dit le Balafré, chef de la ligue et rival de Henri IV à plus d'un titre. Il paraît que la haîne de Guise pour les Valois ne s'étendait pas jusqu'aux femmes de cette famille. Si d'une part la cour plus que galante de Catherine de Médicis offrait à ces amans mille moyens de se témoigner leur amour, d'un autre côté, la ligne politique qui les séparait ne leur permettait pas cette douce intimité, objet de tous leurs vœux. Il fallut avoir recours à la ruse voici ce que des traditions et des mémoires secrets nous ont transmis.

Dans l'été de 1577, la reine Marguerite, sous prétexte de guérir un érési pèle au bras, se fit ordonner les eaux de Spa; le véritable motif de son voyage était le désir qu'elle avait de préparer les voies à son frère le duc d'Anjou, pour s'emparer des Pays-Bas dont les peuples se fatiguaient de plus en plus de la domination Espagnole. Marguerite partit de Paris avec un équipage aussi galant que pompeux : elle était accompagnée de la princesse de la Roche-sur-Yon, de mesda-. mes de Tournon, de Muy, la châ– telaine de Millon, de mesdemoiselles d'Atrie, de Tournon et de huit autres. Sa suite en hommes se composait de Philippe de Lenon

court, depuis cardinal, qu'on n'appelait à Rome que le beau chevalier françois, de Charles d'Escars, évêque de Langres, de M. de Mouy, et d'une foule d'écuyers jeu nes et fringans. « Cette compagnie >> pleut tant aux estrangers qui la >> veirent, dit Marguerite elle-mê» me dans ses Mémoires, et la trou» vèrent si leste, qu'ils en eurent >> la France en beaucoup plus d'ad>> miration. » — « J'allois, dit-elle » en une littière faite à piliers dou» blée de velours incarnadin d'Es >>pagne en broderie d'or et de soye »> nuée à devise. Cette littière es» toit toute vitrée, et les vitres >> toutes faites à devise; y ayant à » la doubleure, ou aux vitres, » quarante devises toutes différen>> tes, avec les mots en espagnol et >> Italien sur le soleil et ses effects; >> laquelle estoit suivie de la littiè» re de madame de la Roche-sur

» Yon, et de celle de madame de >> Tournon, et de dix filles à che>> val avec leurs gouvernantes, et » de six carrosses ou charriots, ой >> alloit le reste des dames et fem>>mes d'elle et de moy.»

La reine de Navarre traversa la Picardie dans ce brillant équipage et y reçut les plus grands honneurs suivant l'ordre donné par le Roi son frère. Arrivée au milieu du jour au Câtelet, petite ville située à la frontière de France et du Cambrésis, Marguerite s'arrêta pour diner et recevoir les députés du grave archevêque de Cambrai, Louis de Berlaymont, qui l'envoyait complimenter et lui demander l'heure de son arrivée dans sa ville

afin qu'il put se porter à sa rencontre tout était d'ailleurs disposé pour une réception solennelle par le baron d'Inchy, gouverneur de Cambrai. Mais il était écrit que les Cambrésiens devaient ce jour là se morfondre à attendre vainement la jeune reine : l'amour, qui méprise les plaisirs où il n'a point de part, en avait disposé autrement.

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coucher à Cambrai, il survint tant Quand il fallut partir pour aller d'accidens aux équipages que la nuit vint avant qu'on les put rétablir on voit que la belle Marguerite avait des écuyers adroits et qui comprenaient à demi-mot. Sous prétexte des fatigues du voyage elle annonça la résolution de coucher où elle se trouvait et fit partir un de ses officiers pour l'excuser auprès de l'archevêque et du goudaient toujours. Mlle. de Thoriverueur de Cambrai qui attengny, confidente de la reine, porta l'ordre au maître d'hôtel de faire de bonne heure les souper personnes de la suite, puis Marguerite se retira avec elle dans le modeste appartement qui lui avait été préparé.

Il faut dire ici que deux heures avant l'arrivée de la Reine au Câtelet, on avait vu aborder dans la même hôtellerie où elle s'était arrêtée, une litière, de laquelle était sorti un malade faible et languissant qu'on disait venir des mêmes eaux que Marguerite allait visiter. Ce moribond s'était fait porter dans une chambre retenue à l'avance, et nul n'avait pu voir les

traits de son visage, couvert d'un épais mouchoir, à cause d'un vaste érési pèle qu'il feignait d'y avoir. Cet homme, inanimé et si malade en apparence, était le duc de Guise en pleine santé et brûlant d'amour pour Marguerite. Sa chambre communiquait à celle de la Reine par une porte dont l'écuyer du balafré avait eu soin de faire faire une clé. Nous passons sous silence les détails de l'entrevue qui eut lieu entre le duc et la belle Marguerite de Valois; on pourra les lire dans L'histoire et les amours du duc de Guise, Paris, Ve Mabre Cramoisi, 1694, in-12, page 145 et suivantes; nous nous contenterons de dire que le lendemain, avant le jour, le malade à l'érésypèle partit pour Nancy et que les personnes de l'auberge remarquè rent qu'il était plus dispos et plus leste que la veille. De son côté la Reine, un peu plus tard, prit la

route de Cambrai, où elle retrouva l'inévitable archevêque et sa suite « qui avoit, dit-elle dans ses » Mémoires, les habits et l'appa»›rence de vrais Flamands, com» me ils sont fort grossiers en ce » quartier-là »; phrase qu'on ne doit pas prendre en mauvaise part ajoutent les commentateurs du tems, le mot grossier n'exprimant alois que la hauteur et l'épaisseur du corps.

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province de Lille, Douai et Orchies. Aujourd'hui, qu'on a joint à cette province la Flandre maritime, le Hainaut français et le Cambrésis, pour en faire le département du Nord, on attache beaucoup moins d'importance au cérémonial; et les préfets, les généraux de division, arrivent tout bonnement par la diligence (quand ils n'ont pas de voiture à eux), prennent possession de leur hôtel, où ils reçoivent le lendemain les visites de corps, entendent et répondent des lieux communs administratifs; le tout sert à remplir une demi-colonne du journal officiel, et puis l'on n'y pense plus.

Nos bons

ayeux entendaient autrement les rapports des administrateurs et des administrés. Ils ren

darent plus d'honneurs aux premiers; mais en revanche ils exigeaient d'eux des garanties pour

leurs libertés; car ils étaient chatouilleux sur cet article, nos bourgeois des communes de Flandre, tout ce qui touchait à leurs droits et rien n'égalait leur vigilance pour

ou aux intérêts de la communauté.

Or, le 26 février 1631, on attendait à Lille Messire Alexandre de Bournonville, comte de Hénin, chevalier de la Toison-d'Or, nouvellement nommé par le roi d'Espagne gouverneur de la province de Lille, Douai et Orchies (à cette époque, le gouverneur réunissait en sa personne l'autorité civile et militaire). Huit pièces de canon avaient été placées sur le rempart, aux deux côtés de la porte de la Magdeleine. Une compagnie bour

:

geoise gardait ladite porte, et les quatre compagnies du serment, à savoir les archers, les arbalêtriers, les canonniers et les escrimeurs, étaient allées au devant du seigneur comte, jusqu'à la Croix des Poissonniers, qui formait alors la limite de la banlieue (1).

Vers onze heures, le gouverneur parut avec une suite nombreuse de seigneurs et gentilshommes. Les archers et arbalètriers se mirent aussitôt en mouvement pour le précéder vers la ville, tandis que les compagnies de Ste-Barbe et de St. Michel demeurèrent pour fermer la marche.

Dès que le cortège fut à la porte, l'artillerie et la mousqueterie donnèrent joyeusement; car, ce jour là le magistrat avait délivré de la poudre à la compagnie bourgeoise ainsi qu'aux canonniers.

Arrivé devant la maison échevinale (située sur la petite place à côté des Halles), le seigneur comte mit pied à terre ; dans le même moment, sortaient de ladite maison les députés du magistrat, précédés du hérault revêtu de sa cotte d'armes écarlate, à la belle fleur de lys en argent, devant et derrière.

Ces députés étaient Paul de la Grange, écuyer, seigneur de Nédonchel, Rewart; messire Pierre de Croix, chevalier, seigneur d'Oyembourg, Mayeur; Bauduin du Bois, écuyer, seigneur d'Heri

(1) Cette petite croix de pierre existe encore dans le faubourg de Gand, entre la campagne de M Libert de Beaumont et la maison du maréchal.

gnies, et Jean Dubéron, échevins. Avec eux marchaient Me PiatMouton, premier conseiller pensionnaire chargé de la harangue d'usage, et Allard Cuvillon, écuyer, procureur de la ville.

Après la harangue et le baisement de mains, on fit entrer le seigneur Comte dans la chambre des Etats, où il fut requis par le Reward de produire sa patente

de

trouvée bien en règle, le sieur de gouverneur, laquelle ayant été Nédonchel conduisit le comte dans

la salle du conclave où tout le corps du magistrat était assemblé. Il alla d'abord se reposer, en une chayère enrichie de velours cramoisi qui était au-devant du bureau, et au milieu y avait sur un coussin de velours rouge le missel ouvert. Là, toutes les portes étant ouvertes, All ard Cuvillon donna publiquement lecture de la patente du gouverneur et requit celui-ci de faire serment à la ville, ce qui fut fait en cette façon : Le gouverneur, debout, chef nud, la main sur l'Evangile; les magistrats assis, également découverts. « Vous fian. cez et jurez, dit Allard-Cuvillon, comme gouverneur et bailli souverain de Lille, que par vous ni par autrui, ne irez, ni aller ferez, ne souffrirez à faire aucune chose qui soit contre la loy, les coutumes, libertés et franchises de la ville de Lille, et que icelles tenerez, garderez, tenir et garder ferez loyalement et à la bonne foi sans enfreindre ou venir encontre en aucune ma

nière. » — « Je le jure, répondit le gouverneur ; et aussitôt il alla s'as

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