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8 septembre. La manière la plus sûre d'opérer contre les Français eût été d'occuper la ligne du Var, qui séparait Nice de leur territoire. On aurait ainsi fait tomber toutes les positions qu'ils avaient prises au-delà du Var, on les aurait obligés à évacuer le comté de Nice, et peut-être même à mettre bas les armes. On préféra d'attaquer immédiatement leur camp; cette attaque, exécutée avec des corps détachés, en opérant par diverses valléesà la fois, ne réussit pas; et le roi de Sardaigne, peu satisfait, se retira aussitôt dans ses états. A peu près à la même époque, le général autrichien Dewins songea enfin à opérer sur le Var; mais il n'exé cuta son mouvement qu'avec trois ou quatre mille hommes, ne s'avança que jusqu'à Isola, et, arrêté tout à coup par un léger échec il remonta sur les Hautes-Alpes, sans avoi donné suite à cette tentative. Telles avaien été les opérations insignifiantes de l'armé d'Italie.

Un intérêt plus grave appelait toute l'atten tion sur Toulon. Cette place, occupée par le Anglais et les Espagnols, leur assurait un pie à terre dans le Midi, et une base pour ten ter une invasion. Il importait donc à la Franc dè la recouvrer au plus tôt. Le comité ava

donné à cet égard les ordres les plus pressans, mais les moyens de siége manquaient entièrement. Carteaux, après avoir soumis Marseille, avait débouché avec sept ou huit mille hommes par les gorges d'Ollioules, s'en était emparé après un léger combat, et s'était établi au débouché même de ces gorges, en présence de Toulon. Le général Lapoype, détaché de l'armée d'Italie avec quatre mille hommes à peu près, s'était rangé sur le côté opposé à celui où était Carteaux, vers Solliès et Lavalette. Les deux corps français ainsi placés l'un au couchant, l'autre au levant, étaient si éloignés qu'ils s'apercevaient à peine, et ne pouvaient se prêter aucun secours. Les assiégés, avec un peu plus d'activité, auraient pu les attaquer isolément, et les accabler l'un après l'autre. Heureusement ils ne songèrent qu'à fortifier place, et à la garnir de troupes. Ils firent débarquer huit mille Espagnols, Napolitains et Piémontais, deux régimens anglais venus de Gibraltar, et portèrent la garnison à quaterze ou quinze mille hommes. Ils perfectionnèrent toutes les défenses, armèrent tous: es forts, surtout ceux de la côte, qui protégeaient la rade où leurs escadres étaient au

mouillage. Ils s'attachèrent particulièrement à rendre inaccessible le fort de l'Éguillette, placé à l'extrémité du promontoire qui ferme la rade intérieure, ou petite rade. Ils en rendirent l'abord tellement difficile qu'on l'appelait dans l'armée, le petit Gibraltar. Les Marseillais et tous les Provençaux qui s'étaient réfugiés dans Toulon, s'employèrent euxmêmes aux ouvrages, et montrèrent le plus grand zèle. Cependant l'union ne pouvait durer dans l'intérieur de la place, car la réaction contre la montagne y avait fait renaître toutes les factions: on y était républicain ou royaliste à tous les degrés. Les coalisés euxmêmes n'étaient pas d'accord; les Espagnols étaient offensés de la supériorité qu'affectaient les Anglais, et se défiaient de leurs intentions. L'amiral Hood, profitant de cette désunion, di que, puisqu'on ne pouvait s'entendre, il fallai pour le moment ne proclamer aucune autorité Il empêcha même le départ d'une députation les Toulonais voulaient envoyer auprès d que comte de Provence, pour engager ce prince à s rendre dans leurs murs en qualité de régent. De cet instant on pouvait entrevoir la conduite d Anglais, et sentir combien avaient été aveugl

et coupables ceux qui avaient livré Toulon aux plus cruels ennemis de la marine française.

Les républicains ne pouvaient pas espérer avec leurs moyens actuels, de reprendre Toulon. Les représentans conseillaient même de replier l'armée au-delà de la Durance, et d'attendre la saison suivante. Cependant la prise de Lyon ayant permis de disposer de nouvelles forces, on achemina vers Toulon des troupes et du matériel. Le général Doppet, auquel on attribuait la prise de Lyon, fut chargé de remplacer Carteaux. Bientôt Doppet lui-même fut remplacé par Dugommier, qui était fort brave et beaucoup plus expérimenté que Doppet. Vingt-huit ou trente mille hommes furent réunis, et l'ordre fut donné d'achever le siége avant la fin de la campagne.

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On commença par serrer la place de près, et par établir des batteries contre les forts. Le général Lapoype, détaché de l'armée d'Italie, était toujours au levant, et le général en chef Dugommier au couchant, en avant d'Ollioules. Ce dernier était chargé de la principale attaque. Le comité de salut public avait fait rédiger par le comité des fortifications un plan de siége régulier. Le général assembla un conseil de guerre pour discuter le plan envoyé de

Paris. Ce plan était fort bien conçu, mais il y en avait un plus convenable aux circonstances, et qui devait avoir des résultats plus prompts.

Dans le conseil de guerre se trouvait un jeune officier, qui commandait l'artillerie en l'absence du chef de cette arme. Il se nommait Bonaparte, et était originaire de Corse. Fidèle à la France, au sein de laquelle il avait été élevé, il s'était battu en Corse pour la cause de la Convention contre Paoli et les Anglais; il s'était rendu ensuite à l'armée d'Italie, et servait devant Toulon. Il montrait une grande intelligence, une extrême activité, et couchait souvent su les affûts de ses canons. Ce jeune officier, l'aspect de la place, fut frappé d'une idée, et la proposa au conseil de guerre. Le fort l'Éguillette surnommé le petit Gibraltar, fermait la rade o mouillaient les escadres coalisées. Ce fort oc cupé, les escadres ne pouvaient plus mouille dans la rade, sans s'exposerà y être brûlées; elle ne pouvaient pas l'évacuer en y laissant un garnison de quinze mille hommes, sans com munications, sans secours, et tôt ou tard ex posée à mettre bas les armes. Il était don infiniment présumable que le fort l'Éguillett étant une fois en la possession des républi cains, les escadres et la garnison évacueraier

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