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pour voir leur père et le leur montrer. Néanmoins toutes deux furent condamnées et les épouses d'Hébert et de Camille périrent comme coupables d'une même conjuration. L'infortunée Desmoulins mourut avec un courage digne de son mari et de sa vertu. Depuis Charlotte Cordai et Me Roland, aucune victime n'avait inspiré un intérêt plus tendre et des regrets plus douloureux.

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LE gouvernement venait d'immoler deux partis à la fois le premier, celui des ultrarévolutionnaires, était véritablement redoutable, ou pouvait le devenir; le second, celui des nouveaux modérés, ne l'était pas ; sa destruction n'était donc pas nécessaire, mais pouvait être utile, afin d'écarter du gouvernement les apparences de la modération. Le comité le frappa sans conviction, par hypocrisie et par envie. Ce dernier coup était difficile à porter; on vit tout le comité hésiter, et Robespierre rentrer dans sa demeure comme au jour des dangers. Mais Saint-Just, soutenu

par son courage, et sa haine jalouse, resta ferme au poste, ranima Hermann et Fouquier, effraya la Convention, lui arracha le décret de mort, et fit consommer le sacrifice. Le dernier effort que doit faire une autorité pour devenir absolue, est toujours le plus difficile ; il lui faut toute sa force pour vaincre la dernière résistance, mais cette dernière résistance vaincue, tout cède, tout se prosterne; elle n'a plus qu'à régner sans obstacle. C'est alors qu'elle se déploie, qu'elle déborde, et se perd tandis que toutes les bouches sont fermées, que la soumission est sur tous les visages, la haine se renferme dans les cœurs, et l'acte d'accusation des vainqueurs se prépare au milieu de leur triomphe.

Le comité de salut public, après avoir heureusement immolé les deux espèces d'hommes si différentes, qui avaient voulu contrarier, ou seulement critiquer son pouvoir, était devenu irrésistible. L'hiver était achevé. La campagne de 1794 (germinal an 2) allait s'ouvrir avec le printemps; des armées formidables devaient se déployer sur toutes les frontières, et faire sentir au-dehors la terrible puissance si cruellement sentie au-dedans. Quiconque avait paru résister, ou porter quelque intérêt à

ceux qui venaient de mourir, devait se hâter de faire sa soumission. Legendre, qui avait fait un effort le jour où Danton, Lacroix et Camille Desmoulins furent arrêtés, et qui avait tâché de remuer la Convention en leur faveur, Legendre crut devoir se hâter de réparer son imprudence, et de se laver de son amitié pour les dernières victimes. On lui avait écrit plusieurs lettres anonymes dans lesquelles on l'engageait à frapper les tyrans qui, disait-on, venaient de lever le masque. Legendre se rendit aux Jacobins le 21 germinal (10 avril), dénonça les lettres anonymes qu'il recevait, et se plaignit d'être pris pour un Séïde qu'on pouvait armer du poignard : « Eh bien, dit-il, puisqu'on m'y force, je le déclare au peuple,

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qui m'a toujours entendu parler avec bonne » foi; je regarde maintenant comme démon» tré que la conspiration, dont les chefs ont » cessé d'être, existait réellement, et que j'étais » le jouet des traîtres. J'en ai trouvé la preuve » dans différentes pièces déposées au comité » de salut public, surtout dans la conduite >> criminelle des accusés devant la justice natio» nale, et dans les machinations de leurs com»plices qui veulent armer un homme probe >> du poignard homicide. J'étais, avant la dé

couverte du complot, l'intime ami de Danton; j'aurais répondu de ses principes et de sa conduite sur ma tête; mais aujourd'hui je suis convaincu de son crime; je suis persuadé qu'il voulait plonger le peuple dans une erreur profonde : peut-être y serais-je tombé moi-même, si je n'avais été éclairé à temps. Je déclare aux écrivailleurs anonymes qui voudraient me porter à poignarder Robespierre, et me rendre l'instrument de leurs machinations, que je suis né dans le sein du peuple, que je me fais une gloire d'y rester, et que je mourrai plutôt que d'abandonner ses droits. Ils ne m'écriront pas une lettre que je ne la porte au comité de salut public.

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La soumission de Legendre devint bientôt générale. De toutes les parties de la France, arrivèrent une foule d'adresses où l'on félicitait la Convention et le comité de salut public de leur énergie. Le nombre de ces adresses est incalculable; dans tous les styles, avec les formes les plus burlesques, chacun s'empressait d'adhérer aux actes du gouvernement, et d'en reconnaître la justice. Rhodez envoya l'adresse suivante: Dignes représen» tans d'un peuple libre, c'est donc en vain

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