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ces deux chefs. A Ronsin, Vincent, Hébert, i disait: « Vous êtes des furieux et des athées ; à Camille et Danton: Vous êtes des républi cains faibles et corrompus; il disait à tous . L'étranger est votre bien commun et votre instigateur.

«

Pour ne pas dévier de sa ligne, le comité présenta deux décrets à la suite des rapports de Robespierre et de Saint-Just, tendant, disait-il, à rendre le peuple heureux aux dépens de ses ennemis. Parces décrets, le comité de sûreté générale était seul investi de la faculté d'examiner les réclamations des détenus, et de les élargir s'ils étaient reconnus patriotes. Tous ceux au contraire qui seraient reconnus ennemis de la révolution, resteraient enfermés jusqu'à la paix et bannis ensuite à perpétuité. Leurs biens, provisoirement séquestrés, devaient être partagés aux patriotes indigens, dont la liste serait dressée par les communes (1). C'était, comme on le voit, la loi agraire appliquée aux suspects au profit des patriotes. Ces décrets, de l'imagination de Saint-Just, étaient destinés à répondre aux ultra-révolutionnaires, et à conserver au comité sa réputation d'énergie.

(1) Décrets des 8 et 13 ventose.

Pendant ce temps les conjurés s'agitaient avec plus de violence que jamais. Rien ne prouve que leurs projets fussent bien arrêtés, ni qu'ils eussent mis Pache et la commune dans leur complot. Mais ils s'y prenaient comme avant le 31 mai, en soulevant les sociétés populaires, les cordeliers, les sections, en repandant des bruits menaçans, et en profitant des troubles qu'excitait la disette, chaque jour plus grande et plus sentie.

Tout à coup on vit paraître dans les halles et les marchés des affiches, des pamphlets, annonçant que la Convention était la cause de tous les maux du peuple, et disant qu'il fallait en arracher la faction dangereuse, qui voulait renouveler les brissotins et leurs funestes systèmes. Quelques-uns même de ces écrits portaient que la Convention tout entière devait être renouvelée, qu'on devait choisir un chef, et organiser la pouvoir exécutif, etc.... Toutes les idées en un mot qu'avaient roulées dans leur tête, Vincent, Ronsin, Hébert, remplissaient ces écrits, et semblaient trahir leur origine. En même temps on vit les épauletiers, plus turbulens et plus fiers, menacer hautement d'aller égorger dans les prisons, les ennemis que la Convention corrompue s'ob

stinait à épargner. Ils disaient que beaucoup de patriotes se trouvaient injustement confondus dans les prisons avec les aristocrates, mais qu'on allait faire le triage de ces patriotes, et qu'on leur donnerait à la fois la liberté et des armes. Ronsin, en grand costume de général de l'armée révolutionnaire, avec une écharpe tricolore, une houpe rouge, et entouré de quelques-uns de ses officiers, parcourait les prisons, se faisait montrer les écrous, et formait des listes.

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On était au 15 ventose. La section de Marat, présidée par Momoro, s'assemble, et, indignée, dit-elle, des machinations des ennemis du peuple, elle déclare en masse qu'elle est debout, qu'elle va voiler le tableau de la déclaration des droits, et qu'elle restera dans cet état jusqu'à ce que les subsistances et la liberté soient assurées au peuple, et que ses ennemis soient punis. Dans la même soirée, les cordeliers s'assemblent en tumulte; on fait chez eux le tableau des soufrances publiques, on rapporte les persécutions qu'ont récemment essuyées les deux grands patriotes, Vincent et Ronsin, lesquels, dit-on, étaient malades au Luxembourg, sans pouvoir obtenir un médecin qui les saignât;

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en conséquence on déclare la patrie en danger, et on voile la déclaration des droits de l'homme. C'est ainsi que toutes les insurrections avaient commencé, en déclarant que les lois étaient suspendues, et que le peuple était rentré dans l'exercice de sa souveraineté.

Le lendemain 16, la section de Marat et les cordeliers se présentent à la commune pour lui signifier leurs arrêtés, et pour l'entraîner en quelque sorte dans les mêmes démarches. Pache avait eu sein de ne pas s'y rendre. Le nommé Lubin présidait le conseil général. Il répond à la députation avec un embarras visible; il dit que dans le moment où la Convention prend des mesures si énergiques contre les ennemis de la révolution, et pour secourir les patriotes indigens, il est étonnant qu'on donne un signal de détresse, et qu'on voile la déclaration des droits. Feignant ensuite de justifier le conseil général, comme s'il était accusé, Lubin ajoute que le conseil a fait tous ses efforts pour assurer les subsistances et en régler la distribution. Chaumette tient des discours tout aussi vagues. Il recommande la paix, requiert le rapport sur la culture des jardins de luxe, et sur l'approvisionnement de la capitale, qui, d'après les décrets, de

vait être approvisionnée comme une place de guerre.

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Ainsi les chefs de la commune hésitaient; et le mouvement, quoique tumultueux, n'était pas assez fort pour les entraîner, et leur inspirer le courage de trahir le comité et la Convention. Le désordre néanmoins était grand. L'insurrection commençait comme toutes celles qui avaient jadis réussi, et ne devait pas inspirer de moindres craintes. Par une rencontre fatale, le comité de salut public était privé dans le moment, de ses membres les plus influens. Billaud - Varennes Jean-Bon-Saint-André étaient absens pour affaires d'administration; Couthon et Robespierre étaient malades, et celui-ci ne pouvait pas venir gouverner ses fidèles jacobins. Il ne restait que Saint-Just et Collot-d'Herbois pour déjouer cette tentative. Ils se rendent tous les deux à la Convention, où l'on s'assemblait en tumulte, et où l'on tremblait d'effroi. Sur leur proposition, on mande aussitôt FouquierTinville, on le charge de rechercher sur-lechamp les distributeurs des écrits incendiaires répandus dans les marchés, les agitateurs qui troublent les sociétés populaires, tous les conspirateurs enfin qui menacent la

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