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sentait bien, non pas seulement un curé mîtré, mais un prélat, et il portait avec dignité la crosse et l'anneau. A l'époque de l'interruption du culte catholique, il renonça aux fonctions ecclésiastiques, et la plupart des prêtres nombreux qu'il avait ordonnés imitèrent son exemple. Il se fit alors défenseur officieux près les tribunaux, et se maria à utie femme d'un esprit distingué, Mademoiselle Purd'hon, fille d'un officier Irlandais. M. Po

rion avait été, durant son épiscopat, l'un des notables de la municipalité de Saint-Omer, et, postérieurement à son mariage, il fut président de l'administration mu

nicipale de cette ville. Il la quitta

en 1802 et vint demeurer à Paris, où il ne s'occupa plus d'autres soins que de cultiver humblement les lettres. Il sortit de sa plume un grand nombre de vers latins et de vers français, qui le recommandent peu, comme poète, et sa muse, quoique jamais vénale, fut du moins assez complaisante pour chanter, avec le même zèle, les chefs des divers gouvernemens qui se succédèrent en France, comme dans une fantasmagorie, depuis 1790. Il écrivit par fois en prose, composa un commentaire de l'Homond et ne dédaigna point de publier des corrigés de thèmes. Il s'adonna aussi spécialement à l'éducation d'une fille unique qu'il eut de son mariage. M. Porion est mort paisiblement le 20 mars 1830, à Paris, dans la 90° année de son âge.

(G. des Cultes.)

J.-B. ROUSSEAU (SÉPULTURE DE).

..... Plus loin sur les rives de Senne «En vain j'ai cherché le tombeau « Qui du Pindarique Rousseau «Conserve la cendre incertaine : «Mais ne pouvant orner de fleurs «Les lieux où repose ce sage «J'ai du moins mouillé de mes pleurs «La modeste et lugubre page «Qui seule atteste les honneurs «Dont il jouit sur cette plage. » C'est ainsi que s'exprimait l'abbé Dourneau dans son Voyage en Brabant, imprimé dans l'Esprit des journaux, en octobre 1792; puis il ajoute, en note, qu'ayant appris que

J.-B. Rousseau avait été inhumé dans l'église des Petits-Carmes des Sablons, à Bruxelles, il visita ce temple et n'apperçut ni tombe, ni épitaphe en l'honneur du poète exilé. Il demanda alors à voir les registres mortuaires de la maison et y lut ce qui suit : « An. Domini 1741. 21 apr. in nostrá ecclesiá sepultus est dominus J.-B. ROUSSEAU, natione Gallus, et inter scriptores hujus sæculi, in arte poeticá, famosus.

D'après cette indication, il paraissait que J.-B. Rousseau avait été enterré aux Petits-Carmes de Bruxelles le 21 avril 1741 et qu'il était sans doute mort le 19 ou le 20 du même mois; mais comme différens biographes plaçaient cet évè-nement soit au 30 février, soit au 17 mars de cette année, M. Doulcet de Pontécoulant, préfet du département de la Dyle, voulut vérifier ce fait et s'adressa à M. J.-B. Lesbroussart, philologue instruit de Bruxelles, qui fit quelques recherches à cet effet et découvrit que le Pindare français était mort, non

à Bruxelles, comme on l'avait toujours cru, mais à la Genette, hameau situé sur la route de Bruxelles à Mons, près de Braine-le-Comte, et à trois lieues de Waterloo. Voici l'extrait mortuaire tel qu'il a été publié dans le mémoire adressé, en l'an X, par le Préfet de la Dyle au ministre de l'intérieur et dans le t. IV des Archives pour l'histoire civile et littéraire des Pays-Bas, par le baron de Reiffenberg, pièce qui ne diffère essentiellement de celle donnée en 1792 par l'abbé Dourneau, que dans la date: Extractum ex libro mortuario carmelitarum discalceatorum conventus Bruxellis. 18 mensis martii 1741, in caveá juxtà altare sancti Josephi templi nostri, sepultum est cadaver domini Joannis Baptisto Rousseau, natione Galli et in arte poetica inter scriptores hujus sæculi famosissimi.

-« Extrait de l'obituaire du cou<< vent des Carmes Déchaussés de <<< Bruxelles. Le 18 mars 1741, << dans le caveau sous l'autel de St« Joseph de notre église, fut inhu<< mé le corps de M. Jean-Baptiste « Rousseau, français de nation, et <«< l'un des plus fameux poètes de ce

>> siècle. »

Cet extrait est certainement celui qui mérite le plus de foi ; il s'accorde d'ailleurs avec la foule des biographes qui fixent la mort de JB. Rousseau, au dix-sept mars 1741; l'inhumation aura eu naturellement lieu le lendemain. Il ne reste plus qu'à faire disparaître le doute qui s'élève sur l'assertion de M. J.B. Lesbroussart, fortifiée par celle

de l'abbé de Feller (1), qui fait arriver la mort au hameau de la Genette, tandis que l'extrait mortuaire ne parle que du Couvent des carmes déchaussés de Bruxelles; on ne peut expliquer cette espèce de contradiction qu'en inférant de là que J.-B. Rousseau est bien mort à la Genette le 17 mars, mais qu'il a été enterré le lendemain à Bruxelles, où l'on aurait ramené son corps. Il ne faut s'étonner pas que mes aient offert leur église pour lui servir de tombeau, puisque tous les biographes s'accordent à dire que le poète est mort dans de grands sentimens de religion,

les car

Ici devrait naturellement se terminer la tâche des rédacteurs des Archives qui se sont fait une loi de ne pas sortir du domaine que leur titre leur assigne; cependant il n'est pas sans intérêt de faire ici remarquer que les historiens ne sont pas plus d'accord sur l'époque précise de la naissance de J.-B. Rousseau que sur celle de sa mort: La Biographie universelle lui fait voir le jour à Paris, le 6 avril 1670, et bien avant elle, Moreri, Ladvocat, Chaudon et Delandine l'avaient fait naître en 1669; tous se trompaient, puisqu'on lit dans les registres provenant de la paroisse de St.-Etienne-du-Mont: « L'an 1671, le 12 a«vril, fut baptisé Jean-Baptiste, «< fils de Nicolas Rousseau, maître «< cordonnier, et de Géneviève Siac, « sa femme, né lundi dernier (6 a<< vril) à onze heures du soir, tenu

(1) Dans son Dictionnaire, article Rousseau.

« sur les fonds par Me Jean Valen« tin, fils de M. Valentin, secrétaire « du Roi, et par Marguerite Des « hayettes, fille de M. Deshayettes, « procureur au Châtelet de Paris. « (2). »

On voit encore dans la rue des Noyers, à Paris, la maison où naquit Rousseau le lyrique; c'est la troisième après la rue des Anglais. Après avoir été occupée depuis 1669 jusqu'en 1779 par un cordonnier, elle fut reconstruite par les soins des patrons de l'église de St.-Yves et confiée alors à un loueur de chambres garnies quí l'appela Hồtel Rousseau.

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A. D.

GOSSELIN (PASCAL-FRANÇOISJOSEPH), né à Lille le 6 décembre 1751, s'adonna de bonne heure à l'étude des antiquités ; à peine âgé de 20 ans sa vocation parut décidée il voyagea en France, en Italie, en Espagne et dans les Pays-Bas, pendant huit années, qu'il consacra à visïter et à observer les diverses positions indiquées dans les itinéraires romains. Il consacra dès lors ses veilles à la géographie des anciens et en débrouilla le cahos avec succès. Envoyé en 1784, comme député des provinces de Flandre, Hainaut et Cambrésis au conseil royal du commerce et en la même qualité près l'assemblée nationale, il fut bientôt après nommé par Louis XVI, membre de l'admiministration centrale du commerce du royaume. Dès 1789, il avait été admis dans le sein de l'acadé

(2) Année littéraire, 1779, t. 1, p. 351, Rém colte de Hermite, 1813, p. so.

mie des inscriptions et des belleslettres, après y avoir remporté le prix sur cette question : « Compa«rer ensemble Strabon et Ptolémée » et marquer l'état où ils avaient >> trouvé et porté les connaisssances » géographiques. >>

Au milieu des troubles de la Ré

volution, Gosselin, tout entier à

ses études et à ses affections, con

tinua ses recherches et ses observations; en 1794, à une époque où l'on ne croirait guères que les gouvernans s'occupassent d'érudition, Gosselin et ses papiers furent transportés au dépôt de la guerre,

en vertu de l'arrêté suivant : « Le « Comité de Salut Public, sur la « demande du représentant du peu→ << ple Calon, met en réquisition le « citoyen Gosselin, érudiste en géo«graphie, pour les travaux du dé«partement de la guerre. Signés, «

CAMBACÉRÊS, DELMAS, etc. » A la formation de l'Institut National, il fit partie de la classe d'histoire et de littérature ancienne; en 1799, il succéda à l'illustre auteur du Voy age du jeune Anacharsis en Grèce, l'abbé Barthélemi, comme Conservateur des médailles, des antiques et des pierres gravées de la Bibliothèque nationale, et il remplit ces fonctions avec zèle et conscience. Il rendit dans ce poste des services éminens, en 1815, par son patriotisme soutenu de son érudition, qui établirent d'une manière certaine pour la France, la propriété d'une foule d'objets précieux que les Alliés revendiquaient à tort.

Depuis 1790, Gosselin, dont le

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goût pour les médailles s'était accru à mesure qu'il se fortifiait dans la science numismatique, avait commencé à former une suite de médailles romaines en argent la plus complette peut-être après celle du Roi. Il avait de plus rassem blé la première collection que l'on connut de médailles monétaires grecques, depuis les premiers et barbares essais de ces peuples, jusqu'aux plus beaux types frappés à l'époque la plus brillante de l'art chez les grecs.

Gosselin mourut à Paris, le 7 février 1830 à l'âge de 78 ans; la place qu'il remplissait à la Bibliothèque royale est supprimée par une ordonnance du Roi qui confie entièrement à M. Raoul-Rochette, les médailles et les pierres gravées avec le titre de conservateur; le fauteuil que Gosselin occupait à l'académie des Inscriptions et Belles-lettres est dévolu aussi à un enfant de la Flandre, à M. Van-Praët, conservateur de la Bibliothèque Royale, et l'un des premiers bibliographes de l'Europe.

Gosselin a laissé : I. Géographie des Grecs analysée, ou les systèmes d'Eratosthènes, de Strabon et de Ptolémée, comparés entr'eux et avec nos connaissances modernes. Ouvrage couronné par l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Paris, 1790, in-4° avec 10 cartes. II. Recherches sur la Géographie systématique et positive des anciens, pour servir de base à l'histoire de la géographie ancienne. Paris, 1798 et années suivantes, 4 vol. in-4° avec un grand nombre de cartes. Ces cartes et toutes celles

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éparses dans ses autres ouvrages, au nombre de 75, en 47 feuilles, for`ment un Atlas qui présente l'ensemble le plus exact de toutes les côtes décrites ou mesurées par les anciens. III. Géographie de Strabon, traduite du Grec en Français. Paris, de l'imprimerie Impériale et Royale, 1805-19. 5 vol. in-4°. Cet ouvrage publié aux frais du gouvernement a été fait en société par MM. De la Porte, du Theil, Coray, Letronne et Gosselin. Les notes signées G. et l'introduction appartiennent à ce dernier. IV. Section de la Géographie ancienne, dans le rapport de la classe d'histoire de l'institut, sur le concours décennal

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AUDEVAL. Lorsque Bonaparte se fit appeler au consulat à vie, on ouvrit des registres dans toutes les villes de France, pour recevoir les votes d'approbation ou d'improbation; ces derniers furent rares, autant à cause de l'admiration assez générale dont Bonaparte était alors l'objet, que par la crainte que son pouvoir inspirait déjà. Un habitant de Saint-Amand, nommé Audeval, se trouvant alors à Valenciennes, écrivit les mots suivans, qu'il signa, sous la question posée sur l'un des registres ouverts au public: D.Bonaparte sera-t-il Consul à vie? R. Non, vingt-cinq millions de fois non, pourvingt-cinq millions de français qui n'ont pas le courage de le dire! Ce qu'il y a de remarquable, peu

-

de tems après, le sieur Audeval fut promu au grade d'officier dans un régiment corse, par ce même Bonaparte qu'il avait voulurepousser du pouvoir par un vote si énergique. A. D.

LES HOMMES ET LÈS CHOSES.

.

VI.

BEAUDUIN A LA HACHE. (1117). Le comte de Flandre Beauduin, septième du nom, fut surnommé par un chacun en son pays, le comte à la hache.

Car avec le comte Beauduin il ne fallait pas requérir longtems bonne et prompte justice. Elle était faite sur l'heure.

Si chaussait-on éperon d'or de chevalier, si portait-on braguette de vilain, si chaperonnait-on béguin de veuve, justice à chacun était octroyée.

Un jour que le comte à la hache s'en revenait seul à Winendale, il fit rencontre d'une pauvre femme laquelle pleurait assise au revers d'un fossé de route.

Sa cotte était déchiquetée en lambeaux, ses cheveux étaient épars et il y avait près d'elle un cadavre de trépassé, occis par horions d'épée, ainsi qu'il se voyait facilement.

Or le comte à la hache fit arrêter son destrier, lequel chevauchait pour lors au galop, et puis il s'enquit de la femme qui pleurait Pourquoi femme pleurez-vous de la sorte?

:

Ah! dit-elle, onc il ne s'est vue de de Flandre, le par femme pays qui puisse faire des larmes pires que les miennes. Car la prime journée de mes épousailles a été sanglante, et si je n'en perds la raison le souvenir m'en demeurera jusqu'à l'heu re de la mort.

J'ai épousé ce jourd'hui, un mien ami, Pierre Mahormoudt, lequel m'aimait d'amour fidèle, et honnête depuis quatre ans entiers. Je m'en revenais du moustier avec lui, et nous nous étions enfuis du reste de la noce deviser seulets et à pour notre loisir.

Et nous étions là assis sur le revers de ce fossé, quand onze che→ valiers portant des écus aux couleurs du vôtre, s'en vinrent à pas→ ser, et se prirent à dire : Voici gente fillette, il faut qu'elle octroie un baiser à chacun de nous.

Passez votre chemin, Messeigneurs, leur fis-je, et laissez-là une pauvre épousée!, laquelle ne mérite pas, à coup sûr si laide avanie que vous lui faites.

Mais Pierre Mahormoudt ne le prit pas si doucement, et leur dit, mettant sa main à sa dague : Laissez-là mon épousée, ou par Dieu et Notre-Dame, il ne sera pas dit que je vous ai laissé faire insulte à mon épousée.

Les chevaliers rirent de façon insultante et se mirent à frapper de leurs houssines Pierre Mahormoudt si drû et si long-tems que je l'en vis cheoir: Car j'étais plus morte vive et n'ayant pas tant seuleque ment la force de m'enfuir.

Si veux qu'il ait la vie sauvée me dit l'un d'eux, il faut que tu so is mienne. A ces paroles malotrues, Pierre se releva et frappa d'un coup de sa dague le chevalier qui me fe

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