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clamation de Clotaire, le lui envoya. Mais celui-ci lui fit couper sa longue chevelure et le chassa de France. Après la mort de Clotaire, Charibert le reçut; mais Sigebert l'ayant fait venir, lui coupa de nouveau sa chevelure et le relégua à Cologne. Ayant échappé à ses gardiens, il se réfugia en Italie près de Narsès, et de là à Constantinople, où il vécut quinze années honoré et paisible. Vers 580, les grands de la France méridionale et de l'Austrasie, s'alarmant de la puissance de Gontran, voulurent se faire un roi qui dépendrait d'eux. Le duc Gontran - Boson (voy. ce mot), envoyé par eux, vient alors chercher Gondovald à Constantinople, et décide le malheureux prince à rentrer en France, avec des trésors immenses qu'il doit à la générosité de l'empereur d'Orient. Le duc Mummol lui ouvre les portes d'Avignon; mais Boson le trahit, lui enlève ses trésors, et le réduit à se cacher dans une île de la Mediterranée. Sur ces entrefaites, Chilpéric meurt; le parti du prétendant se ranime, se grossit; appuyé par les grands du Midi, il est élevé sur le pavois à Brives-la-Gaillarde, et proclamé roi. d'Aquitaine.

Toulouse, Bordeaux, Angoulême, et plusieurs autres villes, lui prêtent serment d'obéissance. Alors ses rapides conquêtes effrayent Gontran, qui s'empresse de se réconcilier avec Childebert, roi d'Austrasie. La prise de Poitiers, par l'armée bourguignonne, avait déjà porté un coup fatal aux partisans de Gondovald; la nouvelle de cette alliance inattendue achève de les décourager; les Aquitains l'abandonnent, et il se voit obligé de se renfermer dans la ville de Comminges avec les grands qui s'étaient le plus compromis. La place était très-forte et résistait depuis quinze jours à toutes les attaques, quand un emissaire bourguignon parvint à s'y introduire. Mummol et les autres chefs fu

rent faciles à gagner. «< Écoute un con<< seil salutaire, dirent-ils à Gondovald; sors de cette ville et présente-toi à ton « frère; ses officiers nous ont dit qu'il << n'avait aucune envie de te perdre.» Le malheureux comprit leur artifice, et, baigné de larmes, il se laissa conduire à l'une des portes de la ville que Mum

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mol referma derrière lui. Ollon, comte de Bourges, et Gontran - Boson l'y attendaient. On prit le chemin du camp. A quelque distance de la porte, dans un sentier difficile, Ollon l'ayant poussé le fit tomber en s'écriant : « Voilà votre « Ballomer, qui se dit frère et fils de roi; » en même temps il chercha à le percer de sa lance; la cuirasse de Gondebaud le garantit du coup, et déjà il s'était relevé et cherchait à fuir vers la ville, quand Boson lui brisa la tête d'une pierre ; il tomba aussitôt et mourut. Les soldats accoururent, et l'avant percé de leurs lances, ils le traînèrent autour du camp, lié par les pieds avec une longue corde; enfin, lui ayant arraché les cheveux et la barbe, ils le laissèrent sans sépulture (585). Le lendemain les soldats entrèrent dans la ville, qui fut incendiée et rasée jusqu'au sol; tous les habitants furent massacrés, et Gontran ordonna de tuer Mummol et tous les chefs qui avaient trahi Gondovald.

GONDEGISILE. Voy. GODEGISILE.

GONDEMAR Ier, un des fils de Gondicaire, roi des Bourguignons, s'établit à Vienne en Dauphiné après la mort de son père. A peine le partage des provinces entre ses freres eut-il été achevé, que l'ambition les arma les uns contre les autres. Gondebaud et Godegisile se liguèrent contre Chilpéric, qui périt assassiné par Gondebaud. Quant à Gondemar, comme il n'avait point pris part à ces sanglantes querelles, ses deux frères le laissèrent, pendant quelques années, régner paisiblement à Vienne. Enfin Gondebaud, qui ne reculait devant aucun crime pour étendre son pouvoir, lui déclara la guerre et le réduisit à s'enfermer dans sa capitale. Elle fut prise d'assaut, et Gondemar périt dans une tour de son palais, où il s'était réfugié, et à laquelle il fit mettre le feu.

GONDEMAR II, roi de Bourgogne, second fils de Gondebaud, succéda, en 523, à son frère Sigismond, que Clodomir, roi d'Orléans, avait emmené prisonnier, et qu'ensuite il avait fait jeter dans un puits avec sa femme et ses enfants. Gondemar se prépara à repousser une seconde agression. En effet, Clodomir ne tarda pas à rentrer en Bourgogne, mais ce fut pour y trou

ver la peine due à ses cruautés. Les deux armées se rencontrèrent à Véséronce (Voiron) en Dauphiné. D'abord la fortune fut contraire aux Bourguignons; mais le prince franc s'étant laissé emporter à leur poursuite, se trouva bientôt enveloppé par les ennemis qui le percerent de traits, puis ils promenèrent sa tête au bout d'une pique, parmi les premiers rangs, pensant que cette vue decouragerait les Francs. Selon quelques historiens, elle ne fit qu'accroître leur fureur et leur assura la victoire; mais selon d'autres, dont le témoignage paraît plus croyable, elle abattit réellement leur courage et les détermina à évacuer le pays, qui devait rester encore à Gondemar pendant dix ans (524). Il régna paisiblement jusqu'à ce que les fils de Clovis eurent de nouveau songé à poursuivre, contre son royaume, ces tentatives héréditaires d'envahissement et de conquête. Childebert et Clotaire réunirent leurs armes contre le roi de Bourgogne, le battirent, s'emparèrent d'Autun et de Vienne, puis se retirèrent. En 534, quand ils se furent débarrassés de leurs neveux, ils reparurent accompagnés de Théodebert. Gondemar tomba en leur pouvoir et fut enfermé dans une tour où il périt, on ne sait de quelle mort. Du reste, les historiens nous donnent fort peu de détails sur les événements de cette guerre, se contentent de dire que, dans l'espace de deux ans, la Bourgogne entière fut soumise. Cette conquête qui, après une si longue résistance, assujettit aux Francs une contrée vaste, fertile et populeuse, eut d'immenses résultats pour leur puissance et leur civilisation. Le premier royaume de Bourgogne avait duré environ 120 ans.

et

GONDI (famille de). Cette maison est originaire de Florence; le premier de ses membres, qui se fit naturaliser Français, passa dans le royaume avec Catherine de Médicis, y acquit la terre du Perron, et fut maitre d'hôtel de Henri II. Son fils aîné fut cet Albert DE GONDI, duc de Retz, marquis de Belle-Ile, pair et maréchal de France, général des galères de 1579 à 1598, né à Florence en 1522, que nous avons cité comme un des plus vicieux favoris de Charles IX (voyez FAVORIS, t. VIII,

p. 709), et qui mourut en 1602, chargé d'ans et de biens, dit l'Estoile, mais laissant une réputation fort équivoque. Le maréchal de Retz passe, avec Tavannes, pour avoir conseillé la Saint-Barthélemy; et on l'accuse encore, entre autres crimes, d'avoir fait périr Loménie dans sa prison, pour s'emparer de ses dépouilles. Le jugement que porte sur lui Henri Estienne, dans son Discours merveilleux de la vie de Catherine de Médicis, mérite d'être rapporté: « Brunehaut, dit-il, aimoit pour ses plus privés services un proclaide romain ou lombard, homme de basse condition... Catherine aime pour mêmes causes un Gondi, Florentin, fils d'un banquier qui, par deux fois, fit banqueroute à Lyon, et d'une premièrement courtisane, puis m... en la même ville (*). Il devint clerc d'un commissaire des vivres au camp d'Amiens, peu après mignon de la reyne, maistre de la garde-robbe du roy, et ores le voit-on, sans avoir fait aucun bon service au service, comte de Retz, et presque seul maréchal de France... Elle nous gouverne par le conseil de son Gondi, ainsi qu'il lui plaît. Gondi introduit tous les jours mille inventions de fouler le peuple, met tous les aides de France entre les mains des péagers et gabeliers d'Italie, partit ce royaume entre ses semblables, finalement est si présomptueux, qu'il hait à mort les princes du sang, et en veut faire ses valets, etc., etc. »>

Le maréchal avait épousé la veuve d'un baron de Retz, Catherine de Clermont-Tonnerre, dame de Dampierre, célèbre par son esprit et sa beauté. Ce fut elle qui répondit en latin aux ambassadeurs de Pologne qui apportèrent au duc d'Anjou la nouvelle de son élection.

Charles DE GONDI, frère puîné du précédent, général des galères et maître de la garde-robe, mourut en 1574.

Pierre, cardinal de Retz, autre frère d'Albert, né à Lyon en 1533, ayant embrassé l'état ecclésiastique, fut également protégé par Catherine de Médi

(*) Suivant Tallemant des Réaux, cette femme trouva moyen d'entrer au service de la reine, lui indiqua une recette pour avoir des enfants, et fit ainsi sa fortune et celle de sa famille.

cis. Nommé évêque de Langres en 1565, et transféré sur le siége de Paris en 1570, il fut nommé successivement chancelier et grand aumônier de la reine Elisabeth d'Autriche, chef du conseil de Charles IX, et, après la mort de ce prince, administrateur des domaines d'Élisabeth, emploi dont il s'acquitta avec probité. La faveur dont il jouissait n'ayant pas diminué sous Henri III et sous Henri IV, Gondi fut chargé, sous ces deux princes, de plusieurs missions importantes auprès du saint-siége. Il eut pour coadjuteur, puis pour successeur, son neveu. Pierre de Gondi mourut en 1616, laissant des richesses considérables.

Charles DE GONDI, marquis de BelleIle, fils aîné d'Albert, né en 1569, eut en 1579 la charge de général des galères sous la surintendance de son père, passa, suivant son intérêt, aux divers partis qui agitèrent la France, fut tué en 1596 dans sa tentative contre le mont SaintMichel.

Philippe - Emmanuel DE GONDI, comte de Joigny, marquis de Belle-Ile, baron de Montmirail, né en 1581, succéda à son père, en la charge de général des galères (1598). Il mourut en 1662, après être entré, dans ses dernières années, dans la congrégation de l'Oratoire. Il eut pour fils Pierre DE GONDI, duc de Retz, comte de Joigny, pair de France, né en 1602, pourvu de la charge de général des galères après son père, et forcé de s'en démettre, en 1635, en faveur du marquis de Pontcourlai, neveu de Richelieu. C'est de Pierre de Gondi, mort en 1676, que naquit, en 1613, le fameux cardinal de Retz (*), si généralement connu sous ce nom, que nous renvoyons au mot RETZ pour sa biographie.

La maison de Gondi s'éteignit avec Pierre de Gondi en 1676.

GONDICAIRE, appelé aussi Gonthiaire ou Gondahaire, ou Gondioc, fut le chef burgonde qui établit ses compagnons en Gaule. Il passa le Rhin,

(*) « La violence que le cardinal de Richelieu fit au père de Gondi pour la charge des galères, avoit outré l'abbé.» (Tallemant des Réaux.) Cette circonstance a pu contribuer à lui faire faire contre le pouvoir une si vive opposition.

vers 407, avec les autres tribus germaniques qui commencèrent le démembrement de l'empire d'Occident. Gondahaire accepta avec empressement les offres que lui fit Jovin, un des usurpateurs qui disputaient la Gaule à Honorius; il l'aida à prendre la pourpre, et il en reçut des concessions de territoire. Mais, quand il eut obtenu la Germanie supérieure ou Alsace, Gondahaire abandonna son allié, et se réconcilia avec Honorius, qui reçut les Burgondes parmi les alliés de l'empire, et leur permit d'étendre leurs quartiers de la Moselle au Rhin (411). En 435, Gondahaire rompit avec les Romains, envahit la Gaule-Belgique, et s'en rendit maître. Aétius, qui administrait alors les Gaules, le défit en bataille rangée, et le força à demander la paix. En 436, Gonthiaire vint à la rencontre des hordes d'Attila, et fut écrasé par elles. La bataille s'était livrée non loin du Rhin; le roi des Burgondes et vingt mille des siens restèrent sur le champ de bataille. Gondicaire laissa quatre fils. (Voyez GODEGISILE, GONDEBAUD GONDEMAR Ier.)

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ver ce mot de gunna, qui, dans les vieilles langues du Nord, signifiait combat, et de fahna, fahne, qui s'est conservé dans l'allemand avec le sens d'étendard.

GONFALONIER. Ce titre d'honneur appartenait, en France, aux comtes de Vexin, qui portaient l'oriflamme, et S'intitulaient gonfaloniers de l'église de Saint-Denis; aux comtes d'Anjou, qui étaient gonfaloniers de SaintMartin de Tours, etc.

GONNEVILLE (N. Binot Paulmier de), navigateur, né à Honfleur vers le mihieu du quinzième siècle, fut chargé, en 1503, par des commerçants ses compatriotes, de conduire une expédition dans les Indes orientales. Rentré en France, il prétendit avoir découvert par delà le cap de Bonne-Espérance une terre, longtemps désignée sous son Dom sur les cartes, et que l'on croit être réellement la Nouvelle-Hollande (*). Il avait amené avec lui le fils d'un chef de cette terre australe, et l'institua son héritier universel. L'abbé Paulmier de Gonneville, chanoine de Lisieux, mort vers 1669, était petit-fils de cet Indien. Il a publié : Mémoire touchant Tétablissement d'une mission chrétienne dans la terre australe méridionale, etc., par un ecclésiastique originaire de cette même terre australe, Paris, 1663, in-8°, avec une carte. Le pieux abbé demandait à précher la foi dans ces contrées découvertes par son aïeul.

GONTAUT ou Gontault. On fait remonter l'origine de cette maison, une des plus anciennes de la Guienne, à la ville et à la baronnie de Gontaut, situee dans l'ancienne sénéchaussée d'Agenois, aujourd'hui département du Lot. A l'article BIRON, nous avons fait connaître ceux de ses membres qui ont acquis une place distinguée dans T'histoire.

GONTHIER (Françoise Carpentier, enve), célebre actrice de la ComédieItalienne et de l'Opéra-Comique, naquit à Metz le 4 mars 1747. Elle avait acquis déjà quelque réputation en proVince, lorsqu'elle vint débuter en 1778 a la Comédie-Italienne. Jeune encore, Voyez Vitet, Histoire de Dieppe, t. II, p. 130 et suiv.

madame Gonthier s'était consacrée à l'emploi des duègnes. Le succès qu'elle obtint à ses débuts fut tel, que, reçue aussitôt par anticipation, elle fut admise en 1779 au nombre des sociétaires. Madame Gonthier réussit à la fois dans la comédie et dans l'opéra comique. En 1801, elle fut comprise dans la nouvelle société dramatique de l'OpéraComique, formée par la réunion des meilleurs acteurs des salles Favart et Feydeau; elle y continua d'être applaudie jusqu'au jour où elle y fit ses adieux au public, en 1812. Parmi le grand nombre de rôles qu'elle a joués ou créés, on cite surtout la mère Bobi, dans Rose et Colas; Alix, dans les Trois fermiers et dans Blaise et Babet; la vieille paysanne, dans Adèle et Dorsan, et surtout Babet, dans Philippe et Georgette, etc.

GONTRAN, second fils de Clotaire Ier, obtint en partage le royaume d'Orléans et la Bourgogne, depuis la Saône et les Vosges jusqu'aux Alpes et à la mer de Provence, et fixa sa résidence tantôt à Châlon-sur-Saône, tantôt à Orléans. Bientôt ses États s'augmentèrent encore d'une part dans l'héritage de Caribert, dont le royaume fut réparti entre les trois frères, à l'exception de Paris, qui resta indivis. Tandis que Sigebert et Chilpéric se livraient à des hostilités sans cesse renaissantes, Gontran, qui était le meilleur de ces Mérovingiens, régnait assez paisiblement. Mais en 570, les Lombards, après avoir pillé l'Italie, passent les Alpes, taillent en pièces les troupes que Gontran leur oppose, et se retirent chargés de butin. Ils reviennent bientôt dans les Gaules; mais le Romain Mummol, nouvellement élu général par Gontran, marche contre eux à la tête des Bourguignons, les surprend près d'Embrun, et leur fait essuyer une éclatante défaite (572). Il repousse avec le même succès les envahissements des

Saxons, et défait une deuxième fois les Lombards, qui s'étaient de nouveau répandus dans la Bourgogne (576). Cependant les dissensions entre les trois frères étaient arrivées à leur comble, animées encore par les fureurs et les vengeances des deux femmes dont le nom domine l'histoire de cette époque. Enfin Sigebert et Gontran firent la

paix en se rendant mutuellement leurs conquêtes, ce qui n'empêcha pas l'irrésolu Gontran d'embrasser et de quitter successivement le parti de l'un et de l'autre de ses frères, suivant ses craintes ou ses intérêts. Chilpéric ne put résister aux hordes germaines que Sigebert avait appelées à lui, et s'enfuit à Tournay. Sigebert se croyait déjà roi de Neustrie, quand il fut assassiné par deux émissaires de Frédégonde. Gontran prit alors le parti du jeune Childebert, fils de Sigebert, et l'adopta comme son fils. Après une guerre où les succès furent balancés, Gontran et Chilpéric conclurent une trêve. Le roi de Neustrie ayant péri, en 584, sous les coups d'un assassin, sa veuve Frédégonde vint mettre sous la protection du roi de Bourgogne, ses États en proie à l'anarchie et son fils Clotaire II, âgé de quatre ans. Gontran se déclara en effet son défenseur, et convoqua à Paris une assemblée des grands, dans laquelle il s'occupa de diverses réformes utiles.

La rusée reine de Neustrie prenait peu de peine pour se jouer de sa simplicité. Gontran « l'invitait souvent à des repas, lui promettant qu'il serait pour elle un solide appui. Un certain jour qu'ils étaient ensemble, la reine se leva, et dit adieu au roi, qui la retint, en lui disant : « Prenez encore << quelque chose. » Elle lui dit : « Per<< mettez-moi, je vous en prie, sei<«< gneur, car il m'arrive, selon la cou<«<tume des femmes, qu'il faut que je « me lève pour enfanter. » Ces paroles le rendirent stupéfait, car il savait qu'il n'y avait que quatre mois qu'elle avait mis un fils au monde : il lui permit cependant de se retirer (*) »

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Tous les meurtres dont Gontran avait été témoin l'avaient fort effrayé. Pour faire cesser « cette mauvaise coutume de tuer les rois, il chercha à apitoyer le peuple sur son sort, et fit avec les meurtriers une sorte de compromis. « Il arriva qu'un certain dimanche, après que le diacre eut << fait faire silence au peuple, pour « qu'on entendit la messe, le roi s'é«tant tourné vers le peuple, dit: Je « vous conjure, hommes et femmes

(*) Grégoire de Tours.

qui êtes ici présents, gardez moi « une fidélité inviolable, et ne me << tuez pas comme vous avez tué der«nièrement mes frères; que je puisse « au moins pendant trois ans élever « mes neveux, que j'ai faits mes fils « adoptifs, de peur qu'il n'arrive, ce « que veuille détourner le Dieu éter<< nel! qu'après ma mort vous ne pé<< rissiez avec ces petits enfants, puisqu'il ne resterait de notre famille << aucun homme fort pour vous dé«fendre.» A ces mots tout le peuple adressa pour le roi des prières au Seigneur (*).

«

Quand il fut délivré des embarras que lui avaient suscités les tentatives de l'aristocratie et de Gondovald (voyez GONDEBAUD OU GONDOVALD), il envahit la Septimanie; mais il n'essuya que des revers. Les Bretons, qu'il attaqua ensuite, ne se défendirent pas moins bien que les Wisigoths.

Au milieu de ces guerres malheureuses, Gontran et Childebert se rapprochèrent plus étroitement, et, par le fameux traité d'Andelot, ils conclurent une alliance offensive et défensive, afin d'assurer la pacification des Gaules et de protéger leur pouvoir menacé par des révoltes incessantes; car ce fut alors que les grands s'essayèrent pour la première fois à conquérir cette indépen dance qui plus tard aboutit à la féodalité.

Gontran mourut en 593 à Châlon, sa capitale, et Childebert II prit possession de la Bourgogne. Le clergé de son royaume l'a mis au nombre des saints, et Grégoire de Tours lui a attribué des miracles qu'il aurait opérés même de son vivant. On ne s'en étonnera pas, en apprenant qu'il dota toujours richement les églises, fonda plusieurs monastères, et qu'il était, selon l'expression de Frédegaire, comme un prêtre entre les prêtres. Du reste, sa devotion ne tempérait pas son naturel barbare, et il ne répugna pas à ordonner des tortures, des meurtres, ni à répudier trois femmes pour vivre avec des concubines. Seulement, reconnaissons que son caractère, singulièrement débonnaire, doit nous le faire distinguer au milieu de tous ces

(*) Grégoire de Tours.

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