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Cette opération n'avait jamais été pratiquée en Belgique. M. Amussat l'avait pratiquée onze fois, M. Baudelocque une fois, et moi j'ai pratiqué la treizième. On a parlé d'autres opérations; mais ce sont des faits postérieurs. Le droit de priorité en Belgique, s'il y a quelque mérite en cela, m'appartient donc en propre. Je fais cette observation parce que plusieurs journaux politiques ont publié un procès-verbal de la séance, où il est dit que M. Burggraeve a pratiqué le premier cette opération dans notre pays, et où l'on ne fait aucune réclamation en ma faveur : Cuique suum.

L'honorable M. Burggraeve a encore commis d'autres erreurs. Car dans un livre qu'il a publié, il énonce un fait qui me prouve encore qu'il ne lit pas notre Bulletin. C'est à propos de la bouConnière...

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M. LE PRÉSIDENT: Ceci est étranger à ce qui s'est passé dans la dernière séance.

Quant à ce qui s'écrit dans les journaux, autres que le Moniteur, le Bureau y est complétement étranger. Le Moniteur se borne à reproduire le procès-verbal de nos séances et voici simplement ce que j'y lis

<< M. Burggraeve communique un cas d'opération d'anus artificiel, et présente à ce sujet quelques considérations pratiques. >> Or, ce fait est vrai; la question de priorité n'est pas même mentionnée dans le Moniteur, et elle se trouvera parfaitement éclairée dans le Bulletin de la séance.

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-M. MARINUS Je ferai remarquer que M. Lebeau a fait, immédiatement après la communication de M. Burggraeve, une réclamation en faveur de M. Didot.

-M. SEUTIN: L'honorable M. Burggraeve a d'ailleurs luimême déclaré qu'il ne prétendait plus à la priorité. Je lui ai demandé s'il persistait à dire qu'il avait le premier pratiqué l'opération de l'anus artificiel, et il a répondu que non.

L'honorable M. Lebeau a plaidé la cause de M. Didot. Je n'ai pas plaidé la mienne; mais j'ai dû dire que j'avais moimême pratiqué plusieurs fois l'opération de l'anus artificiel.

-M. LE PRÉSIDENT: Les paroles prononcées dans la dernière séance trouveront leur place dans le Bulletin ; par conséquent aucune rectification n'est nécessaire.

Le procès-verbal est approuvé.

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MM. les pharmaciens de Bruges transmettent à l'Académie une requête de leurs collègues des villes d'Ypres et de Poperinghe, relative à une des dispositions de l'avant-projet de loi sur l'art de guérir.

M. le docteur Van Berchem adresse des exemplaires d'une brochure ayant pour but d'appuyer la requête des médecins de campagne réunis à Gand, pour l'examen des questions que soulève la révision de la législation sur l'exercice de l'art de guérir.

Ces deux pièces ont été envoyées à l'examen de la Commission de législation médicale.

M. le docteur Hannon exprime le désir d'obtenir le titre de membre correspondant, et joint à l'appui de sa demande un exemplaire de ses écrits dont les titres seront mentionnés au bulletin de la séance.

M. le docteur Willems, de Hasselt, transmet des exemplaires de la nouvelle brochure qu'il vient de publier sur l'inoculation de la pleuropneumonie bovine.

La Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles envoie un exemplaire du Mémoire de M. le docteur Bernard sur le forceps assemblé.

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1. Rapport sur un Mémoire intitulé: Essai de médecine étiologique, aphorismes; par le docteur JOSEPH FINESCHI, de Sienne. M. FALLOT, rapporteur.

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«< En résumant dans leurs généralités les plus élevées les théories conçues dans le cours des siècles pour expliquer les phénomènes de la vie, on peut les ramener toutes à deux classes, que j'appelle celle du comment et celle du pourquoi. Sous la première viennent se ranger toutes les théories qui, partant de l'observation des faits particuliers, s'attachent à saisir et à établir les rapports de similitude, les liens de subordination (il vaudrait mieux peut-être de succession constante) qui les rapprochent et les rattachent à des faits plus généraux, et à déterminer les condi

tions au milieu desquelles ces faits se produisent et s'accomplissent invariablement, en considérant provisoirement, et jusqu'à plus ample informé, les faits généraux auxquels les faits particuliers ressortissent comme causes de ceux-ci, et les conditions, dans l'absence desquelles on ne les voit pas se manifester, tandis que leur présence suffit pour les faire naître, comme les lois de leur existence. Les théories du pourquoi procèdent autrement : elles cherchent en dehors de l'observation et de l'expérience l'explication des phénomènes qu'elles étudient: ne rencontrant pas dans le concret qu'elles ont sous les yeux une satisfaction suffisante à leurs exigences, elles s'élancent dans les abstractions, imaginent un ou plusieurs agents inaccessibles aux sens, auxquels elles accordent un rôle plus ou moins étendu, dont elles multiplient le nombre à l'infini, et mettant ces conceptions fantastiques à la place de la réalité, elles se vantent d'avoir pénétré la nature intime de la vie, d'en connaître la cause première ou finale, et regardent en pitié toutes celles qui ne se mettent pas tout d'abord à la même hauteur. >>

Ces lignes, Messieurs, que j'écrivais il y a vingt-cinq ans, sont encore aussi vraies qu'elles l'étaient alors. A l'encontre des tendances actuelles de la médecine vers le positivisme, surgissent encore autour de nous des théories absolues, conceptions plus ou moins ingénieuses, basées sur l'admission d'une entité, invisible, impondérable, intangible, inaccessible par conséquent à l'observation et à l'expérimentation, et qu'on représente cependant comme inséparables des substances qu'elles animent, hypothèse évidemment gratuite, ne trouvant d'appui ni dans l'analyse des faits auxquels on l'applique, ni dans l'étude de ceux dont on la déduit. Qu'on appelle cette prétendue entité áme, archée, principe vital, force vitale, ou qu'on la qualifie d'éther, de fluide éthéré, magnétique, électrique, électro-biotique, etc., qu'on confie la direction ou l'action principale de l'organisme à une force spirituelle ou à un agent matériel, etc., cela ne change pas la nature de la doctrine. Elle repose toujours nécessairement et fondamentalement sur l'intervention d'un être occulte, dont l'existence n'est pas plus susceptible d'être démontrée que renversée et sur lequel on peut discuter indéfiniment sans faire avancer la question d'un pas.

Le travail de M. le docteur Joseph Fineschi, de Sienne, intitulé Essai de médecine étiologique, dont vous m'avez chargé de vous rendre compte, appartient à cette école. Trompé par

le titre, je croyais avoir affaire à une étude des maladies dans leurs rapports avec leurs causes, seule voie, à mon avis, de parvenir à une pathogénie rationnelle et fructueuse, mais mon erreur ne fut pas longue. Dès la lecture de la première proposition du travail qui en comprend quarante, dont quatorze appartiennent à la physiologie, quatorze à la pathologie et le reste à la thérapeutique, je fus complétement désabusé. L'auteur se place tout d'abord carrément au milieu de son terrain, et déclare catégoriquement qu'il y a dans le corps animal vivant un fluide subtil, qu'on nomme fluide vital, fluide nerveux, éther ou fluide électrique naturel; et qu'il est le centre des rapports extérieurs et intérieurs dudit corps animal (§ 1). Il fixe ensuite le siége de ce fluide et en détermine sommairement et généralement les fonctions. Aussi longtemps que ce fluide se trouve dans un juste équilibre, l'harmonie des actes de la vie, ce qu'on appelle l'état naturel ou l'état de santé du corps est maintenu (§ 7). Par la seule rupture de son équilibre sous l'action des causes morbifiques, le corps sain tombe dans l'état de maladie. L'hygiène a pour but le maintien de cet équilibre, la thérapeutique son rétablissement.

des

Voilà réduit à ses termes les plus simples, résumé dans ses points fondamentaux et essentiels le travail de notre honorable confrère de la péninsule. Rédigé sous forme aphoristique il se prète mal, vous le comprenez, à l'analyse. L'auteur affirme que le fluide vital a son siége primitif dans les ganglions du système nerveux de la vie organique (§ 2), d'où il préside à la nutrition organes (3); il affirme qu'en diminuant de densité, il se dépure et pénètre dans une matière plus complexe pour exécuter les fonctions du mouvement et du sentiment 4), qu'il sert d'intermédiaire entre le monde matériel et l'âme ($5); il avance beaucoup d'autres propositions aussi hasardées, mais il n'administre à leur appui aucune preuve, ni inductive ni déductive. Tout se réduit jusque-là à des allégations, qui, par leur nature, ne sont susceptibles d'aucune vérification positive, ni, par là même, d'aucune application pratique. Avant d'assigner un siége à son fluide nerveux, d'y attribuer un rôle dans l'économie, l'auteur aurait dù, à mon sens, s'attacher à en prouver l'existence, l'isoler de tout ce qui pouvait être confondu avec lui et constater ainsi son individualité. Il est possible qu'il y ait un fluide pareil, doué des attributs que l'auteur y assigne; il est possible qu'il se comporte, comme il le dit, tant dans l'état de

santé que dans celui de maladie, mais pour le faire accepter par des hommes qui dans l'étude de la vie, comme dans celle des autres sciences appliquées, veulent du positif, il faut autre chose que des affirmations, quelque absolues et catégoriques qu'elles soient.

J'ignore si jamais on parviendra à pénétrer l'essence de la vie je remarque seulement que jusqu'ici on ne connaît celle de quoi que ce soit ; mais ce qui m'est démontré, c'est que ce n'est pas en partant de notions abstraites, conçues à priori, et ne pouvant, comme je pense l'avoir déjà dit plus haut, être ni prouvées ni renversées, qu'on fera faire des progrès à la biologie. La seule voie qui y conduit à des découvertes utiles c'est celle qui nous est tracée par les physiciens et les chimistes. Sans se perdre en vaines spéculations sur la cause intime de l'attraction et de l'affinité, ils se préoccupent sérieusement des conditions au milieu desquelles ces propriétés des corps entrent en jeu, de celles qui en favorisent, en troublent ou en anéantissent l'action, et des moyens de les faire naître. Faisons comme eux. Laissons là la recherche de la cause des phénomènes vitaux et surtout n'en supposons pas arbitrairement. Rappelons-nous que la création de cette innombrable quantite d'agents occultes, imaginés et prônés comme tels, n'a pas fait faire un pas à la science, que loin d'en simplifier l'étude elle n'a fait que la compliquer en ajoutant au problème un terme inconnu de plus. Abandonnons franchement le terrain des spéculations pour nous établir sur celui des faits, et dans l'étude de ceux-ci, tâchons de saisir leur liaison avec les conditions de leur établissement, conditions dont la complexité sera toujours une source intarissable de variations en nombre illimité, mais se simplifiera cependant à mesure que, par une analyse exacte, on parviendra à les reconnaître. dans leurs détails les plus irréductibles en d'autres conditions. Il me serait facile de fournir des exemples des avantages que la chimie organique, si étroitement liée à la biologie, recueille chaque jour de cette manière de procéder.

En présentant ces considérations critiques sur l'esprit dans lequel le travail que j'examine est connu, j'obéis à mes convictions, sans avoir, bien entendu, la folle prétention de vouloir les imposer à personne. Si je me suis contenté de l'apprécier dans son ensemble et sous le point de vue seulement de sa tendance, c'est que, malgré tout ce que j'ai mis d'attention dans sa lecture, malgré tout ce que j'ai fait d'efforts de pénétration pour saisir

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