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Elsnitz avait le projet de tenir cette ligne, de la Turbia à Rauss, jusqu'au moment où il trouverait l'occasion d'attaquer Suchet avec avantage (1); et il ne pouvait pas néanmoins choisir de position plus dangereuse, car la gauche, qui en était le point délicat, formait un grand saillant le long de la mer, et le moindre mouvement contre la droite rendait la perte de tout le reste inévitable. Son adversaire ne lui laissa pas le temps d'achever cette faute.

la campagne de 1794. (V. chap. XVII et XXXIII.) Quels que fussent d'ailleurs les avantages de cette position de Saorgio, dont nous avons si souvent parlé, elle avait perdu beaucoup de son importance depuis que le fort était détruit; toutefois, les difficultés du terrain faisaient encore de ce point, comme du camp de Millefourches, du mont Lauthion et du col de Rauss, des postes formidables s'ils eussent été suffisamment gardés ; mais le morcellement des forces autrichiennes ne pouvait manquer d'être fatal, devant un ennemi entreprenant.

Suchet ébranla toutes ses colonnes dans la nuit du 1 juin. Le général Garnier, à l'extrême gauche, dut partit de Roccabiglière, et se diriger par le col de Rauss, droit sur Tende. Ménard parti de Luceram, à la tête de la division Mengaud et de la cavalerie de Quesnel, avait la tâche de longer les hauteurs de Pietra-Cava, pour s'emparer du camp de Millefourches et de Saorgio. Rochambeau, tou

Suchet saisit avec sagacité le rôle qui lui était désormais dévolu, dans la grande scène qui allait décider du sort de l'Italie. Il sentit qu'en manoeu vrant par sa gauche, et gagnant l'importante com. munication du col de Tende, il atteindrait plusieurs buts également essentiels, savoir de se lier plus sûrement avec Bonaparte si son armée débouchait en Piémont; de menacer la retraite d'Elsnitz; de forcer celui-ci à évacuer la rivière de Gênes, et de dégager ainsi Masséna. Instruit par le télégraphe des préparatifs de re-jours renforcé de la brigade Brunet, dut se présentraite de l'ennemi, il se mit donc vivement à ses trousses. Les divisions de la gauche furent dirigées sur Duranus et Luceram. Celle de Rochambeau, renforcée de la brigade Brunet sur Sos-d'Elsnitz. Clausel, avec le mince détachement déjà pello; Clausel conduisit la faible brigade Séras sur Monaco et la route marine, soutenue à une demi-marche par la réserve de Beaumont.

ter de front devant le col de Broïs, et le faire assaillir en même temps sur les deux flancs par Baulet et la Penna, pour isoler le centre et la droite

indiqué, longerait le rivage pour inquiéter la gauche des Impériaux.

Ces attaques qui, au premier abord, semblent un peu morcelées, étaient nécessitées par la nature du pays, et plus encore par la situation rela

A peine les trois brigades autrichiennes du centre étaient-elles arrivées au col de Broïs, que Suchet fit attaquer, le 31 mai, le comte de Belle-tive des deux partis: elles étaient d'ailleurs comgarde, resté en position à Braus devant Sospello (2). Rochambeau le chassa de ce poste, et le ramena jusqu'à Broïs, où il fut recueilli par les troupes du général Ulm. Elsnitz marcha avec les deux autres brigades derrière la Roya, et plaça son quartier général à Breglio; Lattermann eut l'ordre de s'établir à Vintimiglie; Gorrupp, dont on n'avait pas de nouvelles directes, s'était porté au mont Lauthion; et, malgré la faiblesse de son détachement depuis la dispersion des Piémontais,il avait pris sur lui de l'étendre jusqu'au célèbre camp de Millefourches, dont on se hâtait de relever les retranchements détruits par les républicains après

(1) Ceci est formellement contraire aux projets que lui prête le général Mathieu Dumas ; mais nous adoptons de préférence la version de l'état-major autrichien.

binées sur le principe très-juste d'un effort par la gauche, où l'on s'emparait en même temps des sommités des Alpes, de la principale route et de la ligne de retraite de l'ennemi. Aussi eurent-elles un plein succès, particulièrement celle de Ménard : la brigade Lesuire enleva la position de Millefourches avec une grande valeur, sans y éprouver néanmoins la résistance à laquelle on s'attendait; il est vrai que l'attaque fut favorisée par la brigade Delaunay, qui, se dirigeant plus à gauche vers Rauss, descendit sur Fontan, et menaça la retraite des Autrichiens. Les troupes de Gorrupp, disséminées et délabrées, défendirent faiblement des retran

(2) On rappelle qu'il y a un col de Braus ou Braous, devant Sospello, un autre de Broïs derrière cette ville, et un troisième de Rauss au mont Lauthion, près de Saorgio,

chements informes, et prirent la faite, partie vers Tende, partie du côté de Fontan, en laissant près de 1,000 prisonniers. Ménard descendit sur Saorgio, en les poussant au col de Tende, où Gorrupp rallia à peine 1,500 hommes, avec lesquels il se jeta dans Coni, pour en former la garnison. A peine était-il parti, que Lesuire se présenta au col de Tende, où il ne trouva que les éclaireurs de son arrière garde: sa retraite eût été entièrement coupée, si la division Garnier avait pu achever le mouvement prescrit; mais ce général, retenu à Roccabiglière par le mauvais temps, la fatigue et le dénûment de ses troupes, ne se porta que plus tard sur le col, où Lesuire était déjà établi.

tre se dirigèrent sur Ponte-di-Nave; lui-même marcha avec les grenadiers par Pieve sur Ormea.

Suchet, arrivé à Fontan, jugea bien que son adversaire n'était point en situation de tenter un retour offensif, et se hâta de poursuivre ses succès autant pour gêner et suspendre la marche des Impériaux, que pour rendre leur défaite plus sanglante. Instruit du mouvement d'Elsnitz sur DolceAqua, il résolut de se diriger sur le même point avec la division Rochambeau et la brigade Brunet, afin de soutenir Clausel; laissant à Ménard le soin de poursuivre l'ennemi sur Ormea.

Cette marche excentrique offre quelque prise à la critique on a pensé que Suchet devait conduire ces forces avec Ménard sur Pieve, moyen le plus certain d'achever la défaite d'Elsnitz, soit qu'il eût pris cette route, soit qu'il se fût rabattu vers le rivage avec la moitié de son corps déjà démoralisé : la difficulté de faire vivre les troupes dans les rochers de Tanardo, et le désir bien naturel de couvrir la route de Nice, a pu déterminer ce détachement, que nous ne saurions approuver.

Quoiqu'il en soit, Suchet, voyant ses soldats pleins d'ardeur et d'émulation, ne tarda pas à leur tracer le chemin de la victoire. Sa gauche n'eût

Elsnitz, qui s'était rendu au camp de Broïs à l'approche de la division Rochambeau, retournait à Breglio, lorsqu'il apprit en route le désastre de sa droite, et l'occupation décisive de Saorgio par l'ennemi. Au lieu de réunir toutes ses forces, et de se jeter sur Ménard, pour rouvrir la route, il se contenta de rappeler derrière la Roya les deux brigades qui gardaient le camp de Broïs, et partit lui-même avec celle de Weidenfeld pour DolceAqua. Ce mouvement excentrique, motivé sans doute sur les premiers ordres de Mélas, qui étaient de couvrir la route de Gênes, eut de fâcheux ré-pas plus tôt pris quelques instants de repos, qu'elle sultats. Ulm et Bellegarde, serrés de près par Ro- fondit, le 4, dans la vallée du Tanaro; le général chambeau et Brunet, furent entamés vers Breglio; Ménard marcha avec la brigade Lesuire, soutenue apprenant ici la chute de Saorgio, il ne leur resta de la cavalerie de Quesnel, par Mendatica et Forqu'à se jeter dans les montagnes de Pigna ou Ta-naccio sur Pieve; plus loin, à gauche, la brigade nardo, après avoir détruit les 12 pièces légères que l'armée traînait; ils firent occuper les hauteurs du Baracon de Forcoin, montagne qui forme un appendice du mont Jove, et sur laquelle on avait commencé à tracer quelques retranchements.

Suchet ne les y laissa pas longtemps tranquilles: Rochambeau et Brunet emportèrent, le 3 juin, ces hauteurs de Forcoin; le dernier poussa même jusqu'à Pigna. Cet événement était de nature à empirer encore la position d'Elsnitz, en rompant de plus en plus sa ligne. Le courrier de Mélas, qui lui apportait l'ordre de marcher sur Alexandrie, arrivé à Tende durant la déroute de Gorrupp, ne put passer outre, et ne parvint au quartier général qu'en faisant un long détour. Elsnitz s'était déjà mis en marche pour se tirer du mauvais pas où il se trouvait sur la Roya; les trois brigades du cen

Calvin devait gagner par Cessio les flancs du mont Ariol, près de Ponte-di-Nave, tandis qu'à droite le général Delaunay se porterait de Mezzaluna et Rezzo sur Vesalico.

Au moment où cette attaque se préparait, Elsnitz s'était mis en marche, le 3, de Dolce-Aqua pour San-Remo, avec les brigades de grenadiers de Lattermann et Weidenfeld. Peu inquiété par Clausel et par la petite réserve de Beaumont, qui longeaient toujours avec circonspection le rivage, il continua son mouvement, le 4, par Oneille sur le bourg de Pieve. Les troupes impériales, harassées par cette longue marche, abandonnèrent une quantité de trainards. Quoiqu'il fût inquiet sur le sort de ses trois brigrdes venant de Breglio à travers les Alpes, Elsnitz ne crut pas devoir s'arrêter à Pieve, et continua de filer sur Ponte-di-Nave; ses grena

diers gagnèrent, le 5, à minuit, le mont Nave ou ses versants sur le Tanaro; ils furent engagés dans toute cette route avec les tirailleurs de Calvin et de Lesuire.

lieutenant de Masséna, d'autre tâche que celle de se réunir avec la division Gazan, qui arrivait à Voltri, tandis que le général en chef faisait voile pour Antibes. La jonction s'opéra, le 6 juin, entre Finale et Savone; et les Français portèrent sans délai leurs avant-postes sur Montenotte.

On juge bien que ces événements ne faisaient qu'accroître les anxiétés de Mélas à Turin. Le retard apporté au mouvement de Ott eût été un mal réparable, si les troupes de Masséna avaient été

forces disponibles, tandis que Ott, au contraire, se voyait obligé de laisser une division entière dans la place, il ne résultait pas de sa reddition le surcroît de chances favorables qu'on en eût obtenu quelques jours plus tôt.

Le général autrichien ne tarda pas à en acquérir la funeste certitude, quoique Ott n'eût pas perdu une minute pour satisfaire au second ordre de son chef. Dès le 5 juin, au moment où les Français sortaient de Gènes, il avait dirigé l'infanterie de Gottesheim par Bobbio et la vallée de Trebbia sur Plaisance; ce dernier général lui

Dans cet intervalle, les brigades autrichiennes de la droite avaient franchi avec des peines inouïes les hautes montagnes qui dominent Triola. SaintJulien, qui marchait en tête, avait gagné à temps la Pieve. Mais Ulm et Bellegarde, embarrassés par leur convoi, descendaient à peine vers ce village, quand ils donnèrent sur les colonnes de Mé-prisonnières ; mais la chute de Gènes rendant ces nard, déjà maîtresses du poste et des hauteurs qui l'entourent au nord, jusqu'au mont Ariol. La retraite précipitée d'Elsnitz les livrait ainsi à la merci des Français, et l'on ignore si cette faute du général autrichien doit être imputée à la crainte de se voir prévenu à Ormea par la brigade Calvin, ou à l'envie d'accélérer sa marche vers la Bormida. Quoi qu'il en soit, Ulm et Bellegarde, menacés par Lesuire, voyant la colonne de Delaunay gagner leur ligne de retraite, ne purent contenir leurs troupes saisies d'une terreur panique chacun chercha en vain une issue pour se soustraire à la mort ou à la captivité. Les uns se rendirent à De-même avait préféré prendre avec sa cavalerie le launay, d'autres furent pris par Lesuire; un bon nombre se rejeta vers la rivière de Gênes, et fut ramassé par Rochambeau; les deux généraux autrichiens atteignirent avec 300 hommes seulement, le camp de Lattermann, par le mont Ariol, et se retirèrent avec lui sur Ponte-di-Nove, encore harcelés dans cette marche par les troupes de Calvin. Le 7, Elsnitz arriva à Céva, avec 8,000 hommes, après en avoir perdu près de 10,000 dans cette horrible retraite des bataillons entiers, errants dans les montagnes, se rendirent prisonniers; quelques pelotons rejoignirent plus tard, toutefois le nombre n'en fut pas considérable (1).

chemin de la Bochetta: la division Vogelsang se mit en marche le même jour pour Tortone, et Ott la suivit le lendemain, à la tête de la division. Schellenberg. Hohenzollern demeura à la garde de la Ligurie avec 22 bataillons, dont 6 à Savone et le reste à Gênes, ou au blocus de Gavi.

On a blámé Mélas d'avoir fait un détachement aussi fort, dans les circonstances impérieuses où il se trouvait; mais il faut considérer toutefois que la garnison de Gènes, allant rejoindre Suchet, pouvait tenir la campagne avec lui, et se représenter sous vingt-quatre heures devant la place. Outre cela, il ne faut pas oublier que Miollis y Certain désormais qu'aucun obstacle ne lui fer- était resté avec 5,000 convalescents, qui auraient, mait le chemin de Gènes, Suchet, qui s'était avancé pu s'en ressaisir la convention portait qu'ils seentre Albenga et Garessio, marcha aussitôt au montraient évacués par mer; mais, faute d'embarcaSaint-Giacomo; mais la fortune avait décidé tions prêtes à mettre à la voile, il fallait différer cette capitale succomberait à l'instant même où sa leur départ ou les faire sortir par terre, ce que délivrance allait s'effectuer. Alors il ne resta au

que

(1) Les Français, loin d'exagérer les pertes d'Elsnitz, ne les ont jamais estimées aussi fortes que le rapport autrichien que nous avons sous les yeux.

TOME IV.

Miollis refusait obstinément. Le bruit de l'entrée
de Bonaparte à Milan circulant déjà dans la ville,
y excitait à la révolte les troupes françaises, aussi
bien
que les habitants; et la chose parut assez
alarmante pour que Hohenzollern se vit réduit
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à consigner les Français dans un quartier, et à | dre d'y voler avec quelques escadrons de hussards, faire braquer de l'artillerie sur toutes les issues. qui seraient suivis par plusieurs détachements de On se rappelle qu'au premier avis de la marche toutes armes; savoir : le régiment d'infanterie de de Moncey par le Saint-Gothard, et de celle de Reisky, détaché de la brigade Skal, qui observait Bonaparte sur le Tésin, Mélas avait eu l'intention | le Pô vers Valence; 6 escadrons de Lobkowitz ende diriger, dès le 2 juin, Kaim et Haddick sur voyés de Turin; 1 bataillon de Croates venant de Alexandrie, où il voulait réunir le gros de ses Casal; 1 régiment d'infanterie détaché de la Tosforces; cependant, comme il jugea indispensable cane par Firenzuola; enfin, l'infanterie de Gottesde couvrir la route d'Alba, sur laquelle Elsnitzheim, partie comme on le sait de Gênes par Bobbio; devait diriger sa retraite, il se détermina à faire séjourner ces deux corps sous Turin jusqu'au 8 ou 9 juin.

Mais en apprenant coup sur coup l'embarras de Wukassowich, sa retraite précipitée sur Crémone et Mantoue, la jonction de Bonaparte et de Monrey, le délabrement du corps d'Elsnitz à son arrivée à Céva, enfin la réunion de Suchet avec Gazan, près de Finale, Mélas sentit l'urgence de des mesures parer à ces nouveaux dangers par moins partielles que celles prises jusqu'à ce jour, et arrêta les dispositions suivantes :

1o Cédant aux remontrances de Zach, pour rassembler le plus de forces possibles, il ordonna à Hohenzollern de faire sortir Miollis de Gènes, de quelque manière que ce fût; de remettre la défense de cette ville à 3,000 prisonniers autrichiens qu'on y avait délivrés, et qui, exténués par la famine, n'étaient propres à aucun autre service; puis de se diriger sans délai avec le reste de ses troupes sur Plaisance. Le blocus de Gavi serait confié aux insurgés du général Assareto, et les troupes autrichiennes qui entouraient ce fort, prendraient la même direction;

2o Afin de remplacer Hohenzollern à Gênes, Mélas expédia un de ses officiers à l'amiral Keith, pour l'engager à faire venir en toute hâte, une partie du cors de 12,000 Anglais qui restait dans une funeste inaction à Minorque (1);

8° Comme il était manifeste que Plaisance allait devenir le point de mire des deux partis, et que le salut de l'armée impériale dépendrait peut-être de la conservation de la tête de pont et du château de cette ville, le général Oreilly reçut l'or

(1) Le ministre Dundas dit au parlement que l'aide de camp de Mélas arriva le 22 juin, jour même où Abercrombie venait d'Angleterre prendre le commandement de

4o Le général Ott, dont les colonnes devaient arriver le 7 et le 8 à Tortone, reçut l'invitation de se diriger également à marches forcées sur Plaisance, où le prince de Hohenzollern le suivrait à deux ou trois jours de distance. La division Vogelsang, marchant en tête, et devant arriver la première, il fut prescrit au général Ott de tout faire pour atteindre cette ville avec elle, et d'en défendre le pont jusqu'à la dernière extrémité;

5o Le général Elsnitz, arrivé dans la nuit du 6 au 7 à Céva, continuerait sa route par Cherasco, Alba et Asti, où il serait rendu le 10; le général Knesewich, le renforçant de 10 escadrons de hussards, était destiné à former son arrière-garde et à couvrir sa marche vers Alexandrie;

6o Le général Gorrupp fut laissé dans Coni avec 4,500 hommes. La brigade Auersperg, un peu moins forte, garda la citadelle de Turin ;

7° Les divisions de Kaim et de Haddick, réduites à 5 bataillons et à une vingtaine d'escadrons chacune, durent partir, le 8, au soir, de leur camp sous Turin, se réunir à Villa-Nova, et arriver, le 11 au soir, à Alexandrie.

Le général Nimpsch, avec 6 bataillons et 11 escadrons, formant leur arrière-garde, les suivrait à un jour de distance;

8° Enfin, Sommariva, commandant en Toscane, dut évacuer ce pays, et se retirer sur Mantoue; mais cet ordre, que la promptitude du dénoûment de la campagne ne lui permit pas d'exécuter, fut ensuite révoqué.

Toutes ces mesures, quoique sages, arrivaient encore trop tard; car, en admettant que rien ne s'opposât à la concentration projetée pour le 11

ce corps; nous verrons plus loin que c'était un second officier.

ou le 12 juin, cela ne pouvait plus sauver les com- | forces de la tête de pont. (Voyez planche XXX). munications de l'armée impériale, ni le poste essentiel de Plaisance, sur lequel Bonaparte portait ses efforts dans l'instant même où Mélas expédiait ces différents ordres. En effet, tandis que Masséna faisait voile vers Antibes, et que Suchet se rapprochait, au contraire, de Savone, le premier consul ayant passé à Milan la revue des colonnes de Moncey, était parti, le 7, pour Pavie, à dessein d'agir au delà du Pô.

Lannes, après avoir réuni toutes les barques disponibles, venait de passer ce fleuve, le 6, en face de Belgiojoso. Le général Watrin débarqué le premier avec quelques bataillons, les plaça habilement derrière les digues et les fossés, près de Saint-Cipriano, pour protéger le trajet d'un second transport. Ces précautions ne furent point superflues; car ces barques étaient à peine retournées à la rive gauche, que le détachement autrichien, arrivant de Turin et de Casale, sous les ordres du général Molitor et du prince de Taxis, se jeta sur les bataillons de Watrin. Ceux-ci, ne consultant que leur courage, trouvèrent dans leur position hasardée un motif de plus pour combattre à outrance, et donnèrent, par leur vigoureuse résistance, le temps à la brigade Gency de traverser le fleuve à Albaredo. Alors l'ennemi, assailli à son tour, fut bientôt culbuté: Watrin, non moins prudent qu'intrépide, ne crut pas devoir le poursuivre, avant que le passage ne fût achevé. Le 7, Lannes porta cette division jusqu'à Broni au delà de Stradella, et Bonaparte lui-même, impatient de recevoir des nouvelles de l'ennemi, se rendit sur les lieux.

D'un autre côté, Murat quittant Lodi, s'était rabattu vers Plaisance, avec sa cavalerie et la division Boudet. Les Autrichiens n'étaient guère en mesure de s'opposer à ses entreprises, car le détachement envoyé par Skal, déjà engagé pour disputer à Lannes le passage vers Cipriano, ne pouvait secourir Plaisance; et les autres corps en marche de Gènes et de la Toscane n'étaient point arrivés. Il ne s'y trouvait donc que le général Mosel avec les chancelleries, les caisses et les gros bagages de l'armée, sous la faible escorte de 400 hommes; et son embarras ne fut pas mince, lorsqu'il fut instruit que les républicains s'approchaient en

Cet ouvrage, un peu négligé par les Autrichiens, parce qu'il était tourné en sens inverse de leur front d'opérations, avait été réparé du 3 au 5 avec toute la célérité possible; mais il n'était armé que de six pièces, et le général Mosel n'avait pu y placer que 200 hommes. Toutefois, pour en rendre l'approche plus difficile, il avait mis en batterie 15 à 16 pièces de canon, sur la rive droite du Pò. Les troupes de Boudet, encouragées par le silence de l'ennemi, s'étaient élancées jusqu'au pied des retranchement, lorsque le feu combiné des deux rives les força à se retirer. Murat fit renouveler deux fois leur tentative sans en obtenir plus de succès.

L'extrême fatigue du piquet qui s'était si bien défendu, la perte qu'il essuya, et l'impossibilité de lui envoyer du renfort, déterminèrent Mosel à évacuer l'ouvrage à l'entrée de la nuit, après en avoir retiré l'artillerie. La perte du quart de son détachement met cet officier à l'abri du reproche d'avoir agi avec trop de précipitation. Cependant Oreilly étant arrivé avant le jour avec quelques escadrons, Mosel lui remit le commandement, et partit aussitôt pour Parme avec tout le parc des équipages.

Les chances les plus malheureuses s'accumulaient sur la tête d'Oreilly: à peine fut-il installé, qu'il apprit que les troupes attendues d'Alexandrie, se trouvant engagées contre Lannes, il ne fallait pas compter sur elles. Son embarras fut augmenté par la nouvelle du passage effectué par les républicains à Nocetto, et l'arrivée d'un grand pare d'artillerie que Mélas renvoyait d'Alexandrie; incident funeste qui allait gêner ses mouvements, et augmenter encore la chance d'une défaite.

Les Français s'apprêtaient, en effet, à profiter de leur supériorité, Boudet, jaloux de réparer l'affront de la veille, faisait ses préparatifs pour attaquer la tête de pont, le 7, au point du jour, lorsqu'on vint lui annoncer que l'ennemi avait disparu et coupé le pont. Murat fit alors rassembler des barques à Nocetto, au-dessous de Plaisance, et jeta, dans la journée du 7, la brigade du général Munier sur la rive droite, vers Speravera, autant pour chercher à enlever la ville, qu'à se lier aux

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