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aux plus horribles privations. Toutefois Champion- | corps, l'un devant Mondovi et l'autre derrière Coni net, avant de se résoudre à ce parti, voulut encore et dans les vallées des Alpes. Le gros de la divitenter le sort des armes sur la rive droite de la sion Grenier défendait la vallée de la Stura et le Stura. Après avoir ordonné au général Clément de camp de Borgo-San-Dalmazzo. Les pluies contise renfermer dans Coni, et de le défendre jusqu'à nuelles qui tombèrent le 8 et le 9, autant que la la dernière extrémité, il s'établit, en attendant des fatigue excessive de ses soldats, empêchèrent Mélas nouvelles de Saint-Cyr, avec la division Victor sur de rien entreprendre d'important; mais le 10, la le Pesio, en avant de Mondovi, décidé, en cas division Ott, après avoir chassé de Demont l'arqu'il eût obtenu quelque succès, à faire, de con- rière-garde des républicains, rétablit le pont de cert avec lui, un effort par sa droite. Vignolo, et marcha sur Borgo-San-Dalmazzo occupé par Richepanse. Aussi habile que brave, ce général n'était pas homme à se laisser abattre par les revers, ni intimider par la supériorité du nombre; sa résistance fut plus grande qu'on ne pouvait l'attendre de troupes abîmées; mais enfin il fallut céder au nombre, et Richepanse, après avoir eu toutes ses pièces démontées et essuyé une grande perte, se retira d'abord à Robillante et bientôt ensuite sur Limone.

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Mais celui-ci, depuis l'arrivée de Kray et des troupes de Haddiek sur la Serivia, n'avait plus la supériorité du nombre, et son adversaire l'aurait attaqué dès le 2 novembre, si une crue subite n'eût détruit les ponts de la Bormida. Pendant qu'on les réparait, une colonne de 4,000 hommes chassa les républicains du poste d'Acqui. Le 4 novembre, gros des Autrichiens passa la rivière, et assaillit les camps de Bosco et de Rivalta, défendus par environ 6,000 hommes. Saint-Cyr, n'ayant point de cavalerie, ne voulut pas s'engager sérieusement en plaine, et se replia sur les hauteurs de Novi. Kray, empressé de lui arracher ce poste important, s'avança le surlendemain à la tête de 12 bataillons formés sur trois colonnes, soutenus par une forte réserve de toutes armes. Les avant-postes français défendirent quelques instants le faubourg de Novi, mais en furent chassés ainsi que de la ville. Enhardi par cet avantage, Kray crut pouvoir enlever aussi facilement les hauteurs en arrière où SaintCyr avait réuni sept bataillons sur le terrain qu'il avait si bien défendu le 15 août. Les plus grands efforts des Autrichiens se portèrent sur le centre : déjà ils gravissaient les premiers ressauts, lorsque attaqués en flanc avec impétuosité, ils furent culbutés de toutes parts, et laissèrent cinq pièces d'artillerie sur un terrain jonché de morts.

Après cet avantage signalé, Saint-Cyr reprit ses positions en avant de Novi, et détacha dans la vallée de la Bormida 4,000 hommes, qui chassèrent de nouveau les Autrichiens d'Acqui. Kray, devenu plus circonspect, replia le gros de ses troupes sur Alexandrie, afin d'être plus à portée de combiner ses opérations avec celles du général en chef.

Nous avons vu qu'en conformité de la dernière résolution de Championnet, les troupes qui avaient combattu à Genola se trouvaient divisées en deux

TOME IV.

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Tranquille de ce côté, Mélas songea alors à expulser les Français de Mondovi. Il n'avait fait observer le mouvement de Victor que par un faible corps; mais, après la prise de San-Dalmazzo, il dirigea sur le Pesio les divisions Lichtenstein et Mitrowsky. A son approche, Championnet retira ses troupes derrière l'Ellero et les établit sur la chaine de hauteurs qui borne de ce côté l'horizon de Mondovi, la droite de Lemoine à Santa-Anna, le centre à Vasco, et la gauche de Victor à Monastero. Les Autrichiens, arrivés le 29 novembre à la Chiusa et Villa-Nova, s'avancèrent le lendemain. sur deux colonnes. Celle de droite, commandée par le prince de Lichtenstein, attaqua Vasco et Monastero, pendant que Mitrowsky, après avoir remonté jusqu'à Breo Lungo, se portait sur SantaAnna. Le combat dura toute la journée; enfin, sur le soir, Mélas ayant envoyé par Frabosa un fort détachement, tourna la gauche de Victor, et vint tomber sur ses derrières. Celui-ci, à qui d'ailleurs il ne restait plus de munitions, abandonna sa position pour se retirer à Vico.

Jusqu'à cet instant, Lemoine avait résisté aux efforts de la colonne Mitrowsky, une charge vigoureuse de deux bataillons de la 34 avait même culbuté l'ennemi au delà de l'Ellero; mais Chainpionnet ne pouvant plus conserver Mondovi, après la perte des positions de sa gauche, en ordonna

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l'évacuation qui eut lieu pendant la nuit. Lemoine opéra sa retraite par la vallée du Tanaro sur Calissano. La division Victor alla camper à Garessio; le quartier général fut de nouveau transporté à Finale.

Les Impériaux devenus maîtres de tous les débouchés des montagnes, rien ne les empêcha de former l'investissement complet de Coni; mais la prise seule de cette place devait assurer leur position en Piémont; car les Français, maîtres de ce point de départ, auraient pu déboucher dès le printemps sur la rive gauche du Pô et prendre à revers toute leur ligne. Cependant Mélas voulut auparavant les refouler jusque sur leurs frontières et les fit attaquer, le 15, à Limone, par le prince d'Auersperg, qui leur enleva ce poste, ainsi que le col de Tende. En même temps d'autres colonnes balayèrent les derniers débris de l'armée d'Italie des vallées des Alpes, et portèrent l'épouvante jusque dans le Dauphiné. Alors le quartier général des Impériaux s'établit à Borgo-San-Dalmazzo. Le corps de bataille prit position à Roccavione; et, le 18 novembre, la division du prince de Lichtenstein compléta l'investissement de Coni.

Cette place, située au confluent de la Stura et da Gesso, est un octogone bastionné avec demilunes, contre-gardes et autres ouvrages extérieurs. Quoique protégée sur deux fronts par la Stura et le Gesso, sur le troisième, par un terrain bas, susceptible d'être inondé à la moindre pluie, et enfin contre-miné sur le front de Nice, qui est le seul attaquable, ce n'est cependant pas une place imprenable, attendu qu'elle est dominée et prise à revers des hauteurs qui bordent la rive gauche de la Stura, qu'elle n'a aucun établissement à l'épreuve de la bombe, et qu'on peut la priver d'eau en détournant, au moyen d'un simple batardeau, celle qui vient par un canal de la Stura. D'ailleurs la plupart des ouvrages sont d'un mauvais tracé: les bastions sont étranglés, les remparts trop étroits, et de la campagne on découvre la maçonnerie de toutes les escarpes. A ces considérations, il faut ajouter que toutes les fortifications étaient alors mal entretenues, et que la place n'avait pas la moitié de son approvisionnement; car toutes les ten tatives de Grenier, pour y jeter des vivres depuis l'affaire du 10, avaient été inutiles.

Le général Clément, qui y commandait une gar nison de 3,000 hommes, quoique fort brave de sa personne, n'était pas propre à remplir la tâche qu'on lui avait donnée.

Dès le 18 novembre, le corps de siége, fort d'environ 15,000 hommes, établit des ponts de bateaux sur la Stura et le Gesso, pour la communication de ses quartiers, et coupa le 21, le canal de la Stura, qui fournissait l'eau aux moulins de la ville.

Les jours suivants se passèrent en escarmouches, tant pour reconnaître la place que pour rétablir la coupure du canal de la Stura, que la garnison était parvenue à détruire. Enfin, dans la nuit du 26 au 27 novembre, on ouvrit la tranchée à 150 toises des redoutes avancées du Gesso et de la Stura. Une fausse attaque fut dirigée sur la rive gauche de ce dernier torrent, à Madona-delOlmo.

Clément contraria de son mieux les travaux; mais le manque d'officiers du génie et d'artillerie se fit bientôt apercevoir l'ignorance, la stupeur, régnaient déjà dans la place; les habitants par leurs murmures excitaient la garnison à la révolte, quand, le 2 décembre, l'assiégeant démasqua toutes ses batteries, et réduisit en cendres, en moins de 24 heures, tous les quartiers du front d'attaque. Le gouverneur ne pouvant fermer son cœur à la pitié, ou cédant au découragement de sa garnison. entra en pourparlers avec le prince de Lichtenstein et lui ouvrit les portes de la place le 4 décembre. Sa garnison, forte de 3,000 hommes, non compris 500 malades ou blessés, fut envoyée prisonnière dans les États héréditaires de l'Autriche.

Championnet réunissait des troupes dans la vallée du Tanaro pour secourir Coni, lorsqu'il apprit sa reddition prématurée. La mauvaise saison s'opposant désormais à toute opération dans les montagnes, cet événement termina la campagne du Piémont, et, de part et d'autre, les troupes entrèrent en quartiers d'hiver.

A la droite, les hostilités se prolongèrent quel ques jours de plus. Le 6 décembre, le général Kray enleva aux Français les villes d'Acqui et de Novi, forma le blocns de Gavi, et les rejeta sur leurs anciennes positions de Campo-Freddo et de la Bochetta.

le blocus maritime de cette place un corps de 3 à 4,000 insurgés italiens, commandés par Lahoz et Celini, la resserrait par terre, conjointement avec un détachement de 12 à 1,500 hommes tirés des vaisseaux sous les ordres du colonel russe Woinowitch.

Le siége d'Ancône ne paraissait pas une entreprise facile. Sa garnison illustrée par des opérations que ne comportaient guère sa faiblesse, après avoir tenu deux mois la campagne, avait adopté un système de défense qui consistait moins à profiter des ouvrages de l'enceinte qu'à empêcher l'ennemi d'en former l'investissement complet. La renommée s'était plu à exagérer aux Impériaux les obstacles matériels, la force du personnel et l'étendue des ressources qu'ils auraient à vaincre pour se rendre maîtres de cette place. A la vérité, Monnier avait profité de la circonspection des assiégeants, de la mésintelligence qui régnait entre leurs chefs, pour faire les réparations les plus urgentes à l'enceinte. Le couvent des Capucins qui la masque et la domine au nord-est avait été couvert d'une chemise en terre; le mont Gardetto, qui la commande du côté de la porte Farine, retranché; la citadelle se trouvait déblayée et approvisionnée; on avait élevé des batteries au lazaret, pour battre en mer, et mis le port en état de défense; mais qu'était-ce pour résister avec moins de 3,000 hommes écrasés de fatigue, dans une mauvaise place, contre un corps de 18,000 combattants, abondamment pourvu d'artillerie et de munitions.

Ce succès et le mécontentement qui régnait dans Gènes, où les Autrichiens entretenaient des intelligences, décidèrent Klénau à tenter un coup de main sur cette ville. Après avoir engagé le comte de Hohenzollern, qui commandait à Novi, d'attaquer de son côté le poste de la Bochetta, il s'avança, le 14, par la vallée de Lavagna contre la faible division Miollis, et la déposta sans peine de Torriglia, pendant qu'une autre colonne pénétrait jusqu'à Nervi par la route de la Corniche; mais la grande quantité de neige ayant empêché Hohenzollern de faire la diversion convenue, Saint-Cyr repoussa lui-même, le 16, jusqu'à Sestri, la colonne qui longeait la mer, et fit filer par les montagnes une partie de la division Watrin, pour assaillir les derrières de Klénau. L'issue du combat fut la même que peu de mois auparavant les Autrichiens ne s'ouvrirent un passage qu'avec beaucoup de peine, et laissèrent 12 à 1,500 prisonniers entre les mains des Français. Cet échec les força à l'inaction, et ils furent prendre des quartiers derrière la Magra. Cet événement fut d'autant plus heureux, que les troupes républicaines, désorganisées par une pénurie horrible, commençaient à murmurer hautement et à vouloir prendre le chemin de France. Les Génois, en proie aux vexations qu'amène toujours l'occupation militaire, loin d'aimer les nouvelles institutions, leur attribuaient la ruine du commerce, qui fait la fortune de l'État en même temps que celle des particuliers, et appelaient les alliés de leurs vœux; s'ils ne firent pas essuyer à Saint-Cyr le même traitement qu'au marquis de Botta en 1747, on le dut à la conduite déliée de ce général qui sut opérer une révolution à Gênes sans y prendre une part apparente, écarter du Directoire et des conseils, tous les partisans de l'en-sommation où il faisait connaître au général Monnemi, pour y placer des hommes dévoués à la France, et qui ne pouvaient se sauver qu'en faisant triompher sa cause.

Tandis que ces choses se passaient sur les frontières de Piémont, le général Froelich détaché, comme on l'a vu au chapitre LXXXIX pour nettoyer les derrières des armées alliées, après avoir contribué à presser l'évacuation de Rome par les Français, s'était porté sur Ancône, renforcé de deux régiments d'infanterie venus de Dalmatie. Une escadre turco-russe formait depuis la fin de juillet

Froelich, après avoir rassemblé à loisir tous les attirails de siége à Sinigaglia, crut devoir préluder, le 15 octobre, à cette entreprise, par une

nier qu'il occupait pour la république la dernière place en Italie. Celui-ci, jaloux de lui confirmer l'opinion qu'il témoignait par cela même avoir de sa garnison, après lui avoir répondu avec dignité, exécute une sortie avec 600 hommes divisés en trois colonnes, force la principale redoute des assiégeants au troisième assaut, en enlève deux autres d'emblée, y encloue 9 pièces de canon, prend plusieurs drapeaux, et fait essuyer une perte notable aux Autrichiens et aux insurgés, dont le chef Lahoz fut mortellement blessé.

Ce genre de réponse engagea Froelich à ne rien précipiter. Avant donc de commencer les approches, il résolut de se saisir de tous les mamelons qui entourent Ancône par des redoutes fermées à la gorge et liées ensemble par des caponnières, afin d'opposer plus de résistance aux sorties de sa garnison. Dès le surlendemain, les Autrichiens, les insurgés, les Russes et les Turcs travaillèrent chacun, en ce qui les concernait, à mettre ce plan à exécution.

qu'avec l'artillerie de ses trois forts et du corps de place; mais lorsque Monnier s'aperçut que l'ennemi avait l'intention de se loger sur le mont Gardetto, il ordonna une sortie générale. Les cinq portes d'Ancône s'ouvrent en même temps, et il en sort autant de colonnes, qui se précipitent sur les assiégeants. L'une des plus considérables côtoie les bords de la mer, et tombe sur les Russes et les Turcs, qu'elle met en fuite; une autre suit la grande route de la porte Farine, et se dirige sur le mont Gardetto. Les Impériaux, après une vive résistance, sont obligés de plier : les républicains reprennent San-Stephano et la Maison brûlée. En vain Froelich, pour leur arracher ces postes, fait déboucher par le bas-fond une nouvelle colonne,

Les Autrichiens, ayant consommé presque toutes leurs munitions dans cette attaque infruetueuse, ne recommencèrent le feu que le 10, encore s'éteignit-il au bout de trois heures, faute de munitions. Cependant cet intervalle suffit pour faire écrouler la courtine et y pratiquer deux lar

De son côté, Monnier, voyant qu'il était sérieusement menacé, acheva ses dispositions de défense; il confia aux généraux Lucotte et Pino la garde des Capucins et de Monte-Gardetto, qui allaient devenir les points de mire des assiégeants. Un ordre admirable régnait dans la place. Depuis long-sous la protection d'une artillerie formidable, et temps l'on ne s'y servait plus que de la poudre et menace le camp retranché et la porte de France; des bouches, à feu fabriquées ou fondues dans les Lucotte repousse les assiégeants, et, après un enateliers qu'il avait su se créer. Des moulins àgagement de cinq heures, où ils essuient une perte grain, des fabriques d'eau-de-vie étaient en pleine de 300 hommes, leur général demande un armisactivité pour le service de la garnison; le cuivre tice pour enlever ses morts et ses blessés. des cloches converti en monnaie obsidionale, servait au payement des travaux que ne pouvaient exécuter les troupes; mais il fallait améliorer le service des hôpitaux, régler l'emploi des approvisionnements, les protéger contre l'incendie d'un bombardement imminent, et c'est à ces soins que Monnier consacra la dernière quinzaine d'octobre.ges brèches. Froelich somma alors Monnier pour Cependant, les assiégeants étaient parvenus, le 1er novembre, à armer cinq redoutes de 27 bouches à feu de fort calibre, et à construire une batterie de 7 pièces de canon, dans le vallon qui mène à la porte Farine. Le peu de relief des ouvrages donna à Frolich l'idée d'attaquer de vive force l'ouvrage à corne de la citadelle et le fort du mont Gardetto. En effet, le lendemain à six heures du matin, les batteries commencèrent à jouer, tandis que 6 ou 8 bouches à feu de campagne, qui garnissaient les retranchements en arrière du front d'attaque, entrèrent en action du côté de la mer. Protégées par le feu de cette artillerie, les gardes des tranchées, soutenues par le régiment de Hohenlohe, repoussèrent les avant-postes français d'un côté sur le mont Stephano, à 100 toises de la citadelle, et s'y établirent, et de l'autre à pareille distance de la porte de France où elles plantèrent le drapeau rouge. D'abord la garnison ne répondit

la quatrième fois. Celui-ci convaincu qu'une plus longue résistance compromettait le salut de la garnison, de l'avis d'un conseil de guerre, entama des pourparlers pour sa reddition. La capitulation fut signée le 12 novembre, et la garnison, forte encore de 2,724 hommes, eut la faculté de retourner en France jusqu'à parfait échange.

Les Impériaux trouvèrent dans la place, 585 bouches à feu, 7,000 fusils, 10 bâtiments de guerre, dont 3 vaisseaux de ligne, outre 18 bâtiments particuliers.

Quoique les assiégeants n'eussent encore ouvert que la première parallèle, on ne saurait blâmer Monnier d'avoir capitulé; car toutes les brèches au corps de place étaient praticables, et il n'y avait pas moyen de les réparer : les retranchements des Capucins n'étaient plus à l'abri d'un coup de main, le mont Gardetto et le lazaret pouvaient être séparés d'un moment à l'autre de la ligne de

défense; on ne voyait plus de possibilité de rem- | Ronciglione, Carosio et Cairo. Des patrouilles placer les affûts démontés, et il n'existait plus liaient ce corps à celui du général Miollis, stadans les magasins que 15 millions de poudre et tionné derrière la Lavagna dans la rivière du Lepour dix jours de vivres.

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L'armée républicaine du moins ne murmura point en apprenant ce nouvel échec elle sut d'autant plus de gré à Monnier de ses efforts, qu'ils semblaient incriminer la conduite des gouverneurs de Mantoue et d'Alexandrie, à la prompte reddition desquels elle attribuait tous les revers essuyés depuis la bataille de Novi.

La prise d'Ancône termina cette campagne si désastreuse pour les armes françaises en Italie. Froelich cantonna ses troupes dans la Marche, les Turcs et les Russes se rembarquèrent, et les insurgés se retirèrent dans leurs foyers.

De son côté, le général Mélas alla s'établir à Turin et fit rentrer une partie de son armée dans les plaines du Piémont et de la Lombardie. Le corps de Rohan et partie de celui de Haddick, occupèrent les vallées de Domo-Dossola et d'Aoste. Les troupes du général Kaim et la brigade Sommariva gardaient la tête des hautes vallées des Alpes et bloquaient Fénestrelles, tandis que les avant-postes de Ott, établis à Limone, surveillaient les cols de Tende et de Fenestre. Les généraux Gottesheim et Bellegarde furent chargés de surveiller de leur position centrale en avant de Mondovi, tous les débouchés de la rivière du Ponant. | L'aile gauche, aux ordres de Kray, continua de couvrir les vallées de la Bormida, de l'Erro et de la Scrivia. Des partis répandus dans les vallées de la Trebbia et du Taro,laliaient au faible corps de Klénau, stationné derrière la Magra, et dont les troupes légères occupaient Sestri et Varèse.

Voici quelle était à peu près la position des Français. L'aile gauche, composée des divisions Grenier et Duhesme, gardait le petit Saint-Bernard, le mont Cenis et tous les autres débouchés des vallées qui versent des Alpes en France. Le centre, formé par les troupes des généraux Lemoine et Victor, occupait la rivière de Gènes jusqu'à Savone, tenait les cols de Fénestrelles et de Tende, et défendait en forces toutes les issues de la vallée du Tanaro sur l'État de Gênes. A sa droite, les divisions Laboissière et Watrin couvraient Savone

et Gênes. Leurs avant-postes étaient à Ponzone,

vant.

On comptait à peine sur cette ligne immense 38,000 défenseurs, qui ne tardèrent pas à souffrir toutes les horreurs du besoin; car la coupable insouciance du Directoire n'avait préparé aucun approvisionnement sur les rochers arides de la Ligurie et du comté de Nice. La révolution du 18 brumaire (9 novembre) n'avait pas encore étendu son heureuse influence jusque dans les parties les plus reculées de la république; et le peu de ressources disponibles s'employaient de préférence aux préparatifs de la prochaine campagne. La malheureuse armée d'Italie, sans solde depuis cinq mois, ne trouva à sa rentrée dans la rivière de Gênes, ni argent, ni habits, ni capotes, ni souliers, ni bois même pour entretenir les feux des bivouacs pendant la nuit sur les sommets glacés de l'Apennin. Pour comble de malheur, la famine se fit bientôt sentir. Les routes étaient couvertes de soldats expirant de froid et de faim. L'encombrement des hôpitaux où rien n'existait pour le soulagement des malades et des blessés, y engendra une épidémie effrayante qui les enlevait tous les jours par centaines. Tant de souffrances relâchèrent les liens de la discipline. Les soldats, voyant qu'on abusait de leur patience, abandonnèrent en foule leurs drapeaux pour rentrer dans l'intérieur. Accablée de tant de disgrâces et frappée de l'horrible tableau qui s'offrait à sa vue, l'âme sensible de Championnet en fut brisée. Partageant des misères qu'il ne pouvait même atténuer, visitant les camps et les hôpitaux, et cherchant à ranimer le courage et le patriotisme éteint de ses braves compagnons d'armes, ce général prit le germe de l'épidémie dont il vint mourir à Nice. Il fut sincèrement regretté de toute l'armée, qui, loin de rejeter sur lui une partie de ses malheurs, le regarda comme une victime du machiavélisme du Directoire, qui n'avait brisé ses fers que pour ternir une belle réputation qui lui portait ombrage, en le chargeant d'un comman dement difficile sans lui donner les moyens de triompher.

Sa mort devint comme le signal de la désertion générale. Il ne resta dans beaucoup de corps que

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