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l'amylène, et elles m'ont paru exactes. J'en ai institué d'autres sur des chiens, mais en plaçant ces animaux dans les conditions où se trouvent les malades que nous soumettons aux inhalations. Pour cela j'ai employé d'abord l'appareil de M. Charrière, en remplaçant l'embouchure par une vessie dans laquelle je fixais la tête de l'animal. Avec le chloroforme j'ai vu se dérouler la série des phénomènes connus, depuis la simple insensibilité jusqu'à la résolution musculaire complète; et, en continuant l'inhalation, les animaux ont toujours succombé en trente ou quarante minutes, par le ralentissement progressif et la cessation des mouvements respiratoires. Avec l'amylène, j'ai obtenu l'anesthésie accompagnée des symptômes observés chez l'homme, à savoir le renversement de la tête en arrière, la fixité du regard, la déviation des yeux, l'injection des conjonctives, la raideur des membres, etc.; mais jamais je n'ai obtenu le relâchement des muscles. Il y a plus : en continuant l'expérience, dans le but de faire périr les animaux, j'ai vu avec étonnement qu'ils s'habituaient en quelque sorte à l'action de l'amylène et recouvraient même une partie de la sensibilité. Au bout de plus d'une heure, j'ai cru devoir cesser l'inhalation. Les animaux se sont trouvés, pendant quelques instants, comme dans un état d'ivressc, puis ils n'ont pas tardé à marcher, et se sont promptement rétablis.

Voyant que l'appareil de M. Charrière était insuffisant pour faire périr ces animaux, j'ai eu recours à un autre procédé capable de donner plus de concentration aux vapeurs anesthésiques. Une grande vessie de porc ayant été largement ouverte à une de ses extrémités pour recevoir la tête de l'animal, j'ai pratiqué, à l'extrémité opposée, une ouverture assez large pour laisser passer l'air, et j'ai placé dans la vessie une éponge imbibée de 25 à 30 grammes d'amylène. L'animal s'est agité d'abord et a poussé des cris; puis il est devenu presque immédiatement insensible. Le tronc s'est courbé en opisthotonos; il y a eu tremblement de la tête, contraction des membres, mouvement de la langue pour lapper, mouvement de déglutition; au bout d'un quart d'heure, ronflement; puis résolution complète des membres, diminution progressive des mouvements respiratoires, et mort au bout de vingt minutes.

Ces expériences confirment celles de M. Debout, en ce qu'elles prouvent que l'amylène est toxique, mais qu'il a beau

coup moins d'activité que le chloroforme. Faut-il en conclure que, dans la pratique, il soit moins dangereux que ce dernier? Ici je me sépare entièrement de M. Debout et de ceux qui l'ont précédé dans l'étude de la question. En effet, un point capital, dans l'histoire des anesthésiques, c'est que ce n'est pas par le fait de l'évolution successive et progressive des phénomènes d'intoxication que, la mort est survenue chez l'homme, mais bien d'une manière brusque, inattendue, et comme par suite d'une prédisposition de l'organisme inconnue dans sa nature. Dans un travail que j'ai publié il y a quelques années, j'ai déjà signalé cette circonstance pour l'éther et le chloroforme. Le malheur récemment arrivé à M. Snow prouve qu'il en est de même pour l'amylène. Ainsi, c'est dans l'anesthésie même que gît le danger, dans l'anesthésie, qui, suivant une expression heureuse de M. Tourdes, est une diminution de la vie, et un pas fait vers la mort.

Ainsi dépouillé de la prérogative d'innocuité dont on avait espéré d'abord de le voir en possession, l'amylène n'est plus. qu'un simple agent anesthésique qu'on peut placer à côté de l'éther et du chloroforme.

De sorte qu'en terminant ce travail il ne nous reste plus qu'à nous demander s'il doit être conservé dans la pratique, et, en cas d'affirmation, quelles sont les indications et les contre-indications de son emploi. Oui, nous croyons qu'il doit être conservé, parce que son action est prompte, de très-courte durée, et que ses effets se dissipent rapidement, sans donner lieu à ce malaise général qui persiste parfois assez longtemps après l'usage du chloroforme. Ces motifs le rendent préférable pour des opérations très-courtes, lorsqu'on se propose seulement d'annihiler la douleur ou simplement de l'émousser. De plus, il n'exerce pas sur les voies aériennes d'action irritante, ce qui le rend précieux lorsqu'il existe du côté des poumons quelque lésion qui ne paraîtrait pas assez grave pour faire rejeter complétement l'emploi des anesthésiques. En outre, il ne provoque pas des vomissements ou des nausées, soit au début, soit lorsque la sensibilité commence à se rétablir, phénomènes fréquemment observés par le chloroforme. Cette particularité, notée principalement par MM. Tourdes et Giraldès, est importante dans la chirurgie des enfants, qu'il est souvent fâcheux de laisser trop longtemps sans aliments, et qu'on peut soumettre à l'action de l'amylène à une époque plus rapprochée du repas que

lorsqu'on emploie le chloroforme. Néanmoins l'absence du vomissement n'est pas absolue: MM. Rigaud, Schutzenberger et Debout en ont observé des exemples.

Nous venons de signaler les cas principaux qui nous paraissent motiver l'emploi de l'amylène. Voyons maintenant quels sont ceux où il est formellement contreindiqué.

Nous rappellerons que l'insensibilité qu'il produit dure très-peu de temps, et qu'il n'atteint que par exception la contractilité musculaire. Partant de ces faits, nous proposerons de l'exclure de la pratique des opérations longues et pénibles, surtout de celles pour lesquelles il est nécessaire d'anéantir la contraction des muscles, telles que la réduction des luxations et des hernies, certains diagnostics dans lesquels la tension des muscles constitue un empêchement grave, comme on le voit pour plusieurs tumeurs de la cavité abdoninale. Que si on nous objecte qu'on peut prolonger presque indéfiniment l'anesthésie en continuant l'inhalation, qu'on peut obtenir aussi la résolution des muscles par ce même moyen, ainsi que M. Tourdes l'a avancé, nous répondrons que, outre l'inconvénient de faire absorber des quantités considérables d'amylène, et la préoccupa tion gênante qui résulte pour le chirurgien de l'imminence du réveil de son malade, il ne nous est pas démontré que l'on puisse sûrement produire la résolution complète par la multiplication des doses. Il y a plus : si nous nous en rapportions à nos expériences, nous dirions que l'action de l'amylène finit par s'émousser lorsqu'on la prolonge outre mesure, à moins que les doses n'en soient élevées à un degré excessif, et dans ce cas, si l'on parvient à obtenir la résolution des muscles, c'est peu d'instants avant que les animaux ne succombent.

Mais bâtons-nous de terminer ce rapport, déjà trop long peut-être. Messieurs, quelques savants ont conçu l'espoir de trouver un agent qui, tout en empêchant la douleur pendant les opérations, ne porte aucune atteinte à l'organisme. Laissonsleur cette pensée consolante, associonsnous même, s'il le faut, à leurs généreux efforts; mais constatons qu'aujourd'hui le problème n'a point encore été résolu. N'oublions pas surtout que la sensibilité est dévolue à tous les êtres vivants pour qu'ils puissent veiller à leur conservation, qu'on ne saurait les en priver sans de plus ou moins graves inconvénients, et qu'ainsi on ne doit recourir aux anesthésiques qu'avec crainte et réserve.

M. VELPEAU. Bien que je sois membre de la commission qui avait à prononcer sur le travail de M. Debout et que j'aie signé le rapport qui vient de vous être lu, je déclare que je ne suis pas grand partisan de l'amylène. Je l'ai quelquefois essayé dans mon service à la Charité, et franchement je ne crois pas qu'on ait encore trouvé le successeur du chloroforme, qui, jusqu'à nouvel ordre, est, à mon avis, le meilleur des anesthésiques. Je reproche à l'amylène son odeur détestable, aussi incommode pour les assistants que pour l'opéré, le peu de certitude et de constance de son action, la trop courte durée de ses effets, et la nécessité où l'on est, en l'employant, de faire usage d'un appareil spécial d'inhalation. Enfin, l'accident arrivé à M. Snow, et rappelé par M. Robert, détruit les espérances qu'on avait fondées sur son innocuité.

Quant au chloroforme, je ne le dis pas entièrement inoffensif, mais je crois qu'on a singulièrement grossi les dangers de son emploi; je dirai même assez volontiers qu'on l'a calomnié. Depuis une dizaine d'années, j'ai bien employé le chloroforme cinq ou six mille fois pour des opérations diverses et des malades d'âge et de sexe différents; jamais je n'ai eu à déplorer aucun accident. Et je ne suis pas le seul dans ce cas parmi les chirurgiens de Paris. Je ne sache pas qu'il y ait jamais eu beaucoup de malheurs par le chloroforme dans tous nos grands hôpitaux. D'ailleurs, quand la mort survient pendant ou après une opération chirurgicale, est-il juste, dans tous les cas, d'en accuser l'agent anesthésique? M. Robert a perdu, je crois, un amputé de la cuisse auquel on avait fait inhaler le chloroforme; on s'en est pris au chloroforme; je ne suis pas sûr qu'on ait eu raison. Je pense que cet anesthésique n'est pas plus dangereux que l'amylène, si on l'emploie avec toutes les précautions convenables. Il a sur son rival l'avantage de ne pas répandre une odeur infecte, de pouvoir se manier facilement et sans le secours d'un appareil spécial. Il s'agit d'en répandre quelques grammes sur une éponge, un simple mouchoir, un tampon de charpie placé au fond d'une compresse roulée en cône, et l'opération réussit parfaitement bien. J'ai mis depuis longtemps de côté les appareils plus ou moins compliqués de Charrière et autres. S'il s'agit de petites opérations, je ne pousse pas l'anesthésie bien loin; je n'y ai recours que pour ce qui doit être douloureux.

J'opère dès que le malade est à peu près

insensible, et je le laisse se réveiller pendant que je fais le pansement. Pour une grande opération, l'anesthésie a besoin d'être poussée un peu plus loin, sans être prolongée bien longtemps. Une amputation, par exemple, n'exige que quelques minutes d'insensibilité. La dissection d'une tumeur demande plus de temps, cinq ou dix minutes; un quart d'heure, c'est bien long. En prenant les précautions que j'ai indiquées, les opérés ont tout le bénéfice de l'anesthésie sans qu'il en résulte aucun danger pour eux. Je le répète, un agent si facile à manier, qui endort si constamment et d'une manière si rapide, est difficile à remplacer. Je n'ai pas encore trouvé de malades réfractaires à l'action du chloroforme; il y en a qui ne veulent pas respirer, mais en temporisant on en vient par faitement à bout. Il suffit d'éloigner et de rapprocher successivement la compresse imbibée de chloroforme jusqu'à ce que le malade commence à en subir l'influence et à le respirer librement.

Le chloroforme ne pourrait être remplacé que par un agent qui produisit les memes effets, dans les mêmes conditions, sans occasionner la mort. On fait ce qu'on veut du chloroforme. Je l'ai appliqué à toutes les espèces de personnes, même à des malades atteints d'affections du cœur ou des voies respiratoires. On a beaucoup parlé des quantités de chloroforme qu'il convient d'employer; on en juge par l'effet produit; c'est le degré d'anesthésie qui donne la mesure de la dose. Quand l'anesthésie n'est pas poussée trop loin, les malades se réveillent très-vite. Je crains qu'il n'y ait pas dans l'amylène quelque chose qui vaille mieux, surtout quand il s'agit d'obtenir la résolution des muscles.

Je me résume en disant qu'il faut accepter le nouvel agent qu'on nous propose, mais ne pas se faire d'illusions; c'est encore le chloroforme qui demeure le plus puissant et le plus sûr des anesthésiques.

M. ROBERT. Les avantages de l'amylène consistent dans la rapidité et le peu de durée de son action; il convient à ce titre pour les petites opérations qui sont trèsdouloureuses. J'en appelle à M. Velpeau lui-même. Nous n'employons aujourd'hui le chloroforme que dans des cas sérieux, quand il faut obtenir une insensibilité assez prolongée. Il arrive avec le chloroforme que l'insensibilité est précédée d'une certaine agitation, qu'il se manifeste de la toux, des envies de vomir; le lendemain, il y a souvent de l'embarras gastrique; de plus, l'insensibilité produite est d'une longue durée. Le chloroforme est indis

pensable quand il s'agit d'obtenir la résolution musculaire; mais, malgré son odeur désagréable, à laquelle on s'habitue assez aisément, j'en parle par expérience, l'amylène a ses avantages. Son plus grand inconvénient est d'exiger un appareil spécial. L'amylène endort en un instant. Ainsi, ce matin, un homme s'est présenté à la consultation avec une ouverture préputiale trop étroite; je l'ai opéré, après l'avoir soumis à l'inhalation de l'amylène ; en moins d'une minute il était endormi, et, l'opération à peine terminée, il a pris son chapeau et s'en est allé. Je ne crois pas que l'amylène ait des prérogatives spéciales d'innocuité; mais il est vraiment des cas où cet agent devra être préféré au chloroforme pour les opérations de courte durée, par exemple, les incisions, les ouvertures d'abcès, etc. Sans vouloir déprécier le chloroforme, je pense qu'il est utile de laisser à côté de lui une petite place à l'amylène.

M. VELPEAU. Sans accorder cette place à l'amylène, je voudrais qu'on lui retirât son odeur, à laquelle je ne puis me faire, comme M. Robert. Quant à l'emploi de l'anesthésie, je me laisse guider autant par la gravité de l'opération que par la crainte que les malades ont de la douleur. J'ai vu un malade chez lequel il n'y avait pas moyen de passer un stylet sans déterminer un état nerveux qui approchait de la convulsion. Il est évident que, quand j'éthérise, ce n'est pas pour moi, mais pour le malade; aussi ai-je soin de le consulter. En général, je n'éthérise pas pour les petites opérations; mais, quand il m'est arrivé de le faire, j'ai vu souvent les malades endormis en une minute, une demiminute même, et chez ces malades il n'y avait ni vomissements au moment même, ni embarras gastrique le lendemain. Je ne rejette pas absolument l'amylène, mais ce que l'amylène peut faire, je dis que le chloroforme peut le faire aussi.

Séance du 19 mai.

M. le ministre transmet l'ampliation d'un arrêté, en date du 50 avril 1857, portant approbation de la formule présentée par MM. Laboureur et Fontaine pour la préparation du valérianate d'ammoniaque.

M. LE PRÉSIDENT annonce à l'Académie que M. le docteur Négrier, directeur de l'École de médecine d'Angers, et M. Hubert, membre correspondant à Laval, assistent à la séance.

GLYCOGÉNIE. M. BERARD lit un travail

qui lui est propre, relativement au siége de la production de la glycose dans l'organisme.

Dans une thèse soutenue le 17 mars 1853 devant la Faculté des Sciences, M. C. Bernard a écrit, page 34, en lettres italiques : « Le foie de l'homme, à l'exception de tous les autres tissus du corps, renferme de la matière sucrée. »

Après avoir rappelé les discussions soulevées par cette affirmation et les explications nouvelles qui en résultèrent; après avoir montré que c'était sur un parallèle entre le sang qui arrive au foie et celui qui en sort, et sur la comparaison de celuici au sang de la circulation, que tournait la discussion, M. Bérard ajoute :

M. Collin imagina de rechercher si, par hasard, le chyle n'introduisait pas de sucre dans le système circulatoire, et, le 1er avril 1856, dix mois après avoir fait une lecture sur ce sujet à l'Académie des sciences, il rendait compte à l'Académie de médecine d'expériences dans lesquelles il avait constaté la présence de la glycose dans le canal thoracique d'animaux mis au régime exclusif de la viande. M. Chauveau, de l'École vétérinaire de Lyon, a fait depuis, à cette tribune, le récit d'expériences qui confirment celles de M. Collin, mais dont il a tiré des conclusions différentes.

Voici quelle expérience a été instituée à Alfort par M. Bérard avec M. Collin.

L'examen du liquide extrait du canal thoracique d'un taureau ou d'un bœuf tenu à son régime ordinaire n'eût rien prouvé, puisque certaines substances végétales apportent du sucre avec elles et que d'autres (les féculentes) se convertissent en glucose dans le tube digestif. Il fallait transformer un ruminant en carnivore; on fit à la partie supérieure de la région lombaire gauche d'un jeune taureau une incision qui pénétra dans la panse ou premier estomac; on détermina l'adhérence des bords de cette incision avec les parois abdominales, et on introduisit par cette ouverture environ 12 kilogr. par jour de bonne viande de cheval. coupée en menus morceaux et arrosée de bon bouillon. Une muselière solide empêchait l'animal de prendre aucune autre nourriture, et on lui permettait seulement de boire quelques seaux d'eau dans l'intervalle des repas. On remarqua qu'il ne rumina pas une seule fois pendant tout le temps qu'il fut soumis à cette alimentation (trois semaines).

Au bout de ce temps, on mit à découvert la terminaison du canal thoracique, sui

vant le procédé ordinaire. Ce canal se divisant en trois branches, un tube d'argent fut placé dans la plus grosse et reçut du chyle pendant toute la journée et une partie de la nuit.

Du liquide recueilli on fit deux parts, l'une destinée aux recherches sur la glycogénic, l'autre réservée à M. Wurtz, qui devait y faire une découverte dont il sera question plus tard.

Le chyle ainsi obtenu a réduit l'oxyde de cuivre dans la liqueur cupro-potassique, et, mis en contact avec la levûre de bière, il a fermenté. Une éprouvette pleine de sérum de chyle, auquel on avait ajouté du ferment, fut renversée sur le mercure. L'appareil ne contenait pas même une bulle d'air. A côté de cette éprouvette, on en disposa une autre contenant simplement de l'eau et du ferment. On les maintint à une température très-douce.

Au bout de vingt-cinq minutes, celle qui contenait du chyle commença à laisser voir de fines bulles de gaz se dégager, et le gaz acide carbonique, de moment en moment plus abondant, fit bientôt baisser tout le liquide et remplit à lui seul l'éprou

vette.

Donc le chyle contient du sucre.

Maintenant, si le savant professeur au Collège de France n'en a pas trouvé, c'est qu'il a opéré sur le chien, et non sur un grand ruminant.

M. Bernard a dit que le sucre rencontré dans le liquide du canal thoracique avait été versé dans ce canal par les lymphatiques du foie, et qu'en définitive c'était du foie qu'il provenait.

M. Bérard réfute cette opinion en faisant voir, sur une pièce anatomique préparée par M. Collin, que, chez les ruminants, les chylifères se réunissent en un gros tronc couché sur l'artère mésentérique et qui aboutit au canal thoracique beaucoup plus bas, c'est-à-dire plus en arrière que les lymphatiques du foie. Cette branche est aussi volumineuse que le canal thoracique de l'homme. On peut recueillir à part le liquide de ce gros chylifère et s'assurer qu'il contient du sucre, bien qu'il ne reçoive pas le plus petit rameau des lymphatiques du foie.

On pourrait enfin dire encore que le sucre trouvé dans les chylifères dérive du foie, sa seule source, et qu'il a été apporté dans les chylifères par la circulation générale, en transsudant à travers les parois des artérioles capillaires (il n'y a pas d'anastomoses entre elles et les lymphatiques). M. Bérard combat cette objection en disant que, si les choses se passaient ainsi,

on ne pourrait trouver que des traces imperceptibles de sucre dans le chyle, tandis que les réactifs en ont montré, au contraire, d'énormes quantités.

M. Bérard résume ainsi sa communication :

Il s'agit, selon lui, d'examiner si, ‹ indépendamment de la glycogénie hépatique, il ne serait pas rationnel d'admettre que, dans toutes les parties du corps, il y

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a incessamment production de glycose, qui retourne, par le système lymphatique, au centre circulatoire, et si, à cette glycogénie permanente, la digestion n'en ajoute pas une autre intermittente, mais beaucoup plus active. »

c'est d'urée qu'il s'agit; mais M. Bérard Quant à la découverte de M. Wurtz, veut lui laisser le plaisir d'en venir luimême entretenir l'Académie.

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IV. VARIÉTÉS.

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UN CÉLÈBRE HOMoeopathe De PLUS A PARIS. On écrit de Groningue (Hollande): Les journaux ont annoncé dans ces derniers temps que l'Empereur des Français avait autorisé le docteur Carl Von Bönninghausen, fils du célèbre (!) docteur homœopathe baron C. Von Bönninghausen, de Munster, à exercer la médecine homoeopathique dans tout l'Empire; que ledit docteur s'établirait à Paris, qu'il y contracterait mariage avec la fille adoptive de feu Hahnemann, l'inventeur de l'homœopathie, dont les intéressants travaux litté raires posthumes tomberaient ainsi en sa possession. Si cette annonce est véridique, comme tout porte à le croire, il est à espérer, dans l'intérêt des futurs clients du jeune M. Von Bönninghausen, que celui-ci aura fait, durant les dix derniers mois, quelques légers progrès dans la science dont il va faire l'application à sa façon. Il y a, en effet, dix mois que ce Monsieur, qui avait étudié quelque part en Allemagne, s'est hasardé dans une conférence scientifique (colloquium doctum) devant notre Université, qui le renvoya de la manière la plus brillante, et vraiment pas sans raison! car les preuves de son ignorance des premiers principes de la science médicale paraissent avoir été tout à fait extraordinaires et presque incroyables! Il est donc heureux pour la France que la Faculté de Groningue ait pesé avant tout les exigences de la science et qu'elle ait sacrifié à celles-ci le privilége pour notre pays de posséder dans son sein un si célèbre fils d'un si célèbre père ! Dr D.... (Nederlandsch Tydschrift voor Geneeskunde, p. 356.)

VIENNE MÉDICAL.

LETTRE DU D' F. DE PURY, DE NEUCHATEL,
AU D CORNAZ.

Vienne, le 27 décembre 1836. En te parlant aujourd'hui de Vienne médical, au milieu duquel j'ai vécu quelques mois, je crois, mon cher ami, répondre au désir que tu m'en as exprimé plus d'une fois. Mais si dans le cours de mon récit tu trouves de bien grandes lacunes, tu me les pardonneras sans doute, car mon but est de ne faire qu'une esquisse fidèle de ce que j'ai été à même de voir ou d'entendre.

Vienne compte un assez grand nombre d'établissements de bienfaisance, les principaux sont l'hôpital général, l'hôpital militaire, la maison des aliénés, l'hôpital des enfants ou de Sainte-Anne, la maison des enfants trouvés, le Wiedenspital, l'hôpital des Frères de la Miséricorde et l'hôpital de Gumpendorf ou des Sœurs de la Miséricorde, dont les deux derniers sont dirigés par des médecins homœopathes.

Le plus considérable et le plns important de ces établissements est, à coup sûr, l'hôpital général (Allgemeines Krankenhaus), exclusivement destiné à l'instruction clinique. Ce vaste et grandiose bâtiment, fondé par Joseph II, en 1784, et agrandi, en 1834, par François I, peut contenir jusqu'à trois mille malades. Sans entrer sur l'organisation de cet hôpital dans des détails, qui t'intéresseraient peutêtre fort peu, je me contenterai de te dire que les salles de ce bâtiment sont grandes, spacieuses, bien aérées, chauffées l'hiver par l'air chaud; elles contiennent chacune de 28 à 36 lits, et ne se distinguent pas par cette propreté surprenante, que j'avais

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