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bord que les premiers nous ont paru céder en général plus vite par l'iodure de calcium que par la liqueur de Van Swieten.

La moyenne de leur cicatrisation a été de vingt-cinq jours. Il est vrai que conformément aux idées de M. Percire, je faisais panser les ulcérations avec le soluté lui-même au lieu de vin aromatique. Les 120 chancres indurés ont mis plus de temps à se fermer; plusieurs même ont persisté jusqu'à l'éclosion de la roséole et du ganglion mastoidien, lueurs souvent précoces de l'incendie constitutionnel de la vérole. Dans ces cas, j'ai cru, la période secondaire se dessinant franche et vigoureuse, devoir allier le proto-iodure de mercure au remède nouveau, et j'ai eu lieu de m'en féliciter.

Voilà pour les chaneres qui, du reste, ont tous à leur invasion ou du moins à leur entrée à l'hospice, été soumis aux attouchements préalables de l'azotate d'argent. Dans les tubercules plats, dont le caustique de Filhos nous donne si facilement raison, nous avons remplacé bien des fois à l'intérieur la liqueur vermeille par celle d'iodure de calcium. Un calcul sérieux et différentiel ne peut guère être établi dans ces cas dont, encore un coup, le traitement local semble triompher presque exclusivement.

Notons deux faits remarquables d'adénopathies de l'aine, suppurées, fistuleuses, depuis longtemps rebelles à tous nos moyens, et qui se sont rapidement modifiées par les lotions d'iodure de calcium, coïneidant avec une dose progressivement croissante du soluté aqueux à l'intérieur. - En ce moment, vous avez sous les yeux deux malades (service des femmes, salle 3, no 6 et 9) dont l'identité du symptôme et l'afférence générale du cas, nous a permis l'application différentielle la plus complète. Toutes deux sont atteintes de chancre à la fourchette, avec retentissement phlegmasique dans la chaîne ganglionnaire profonde de l'aine gauche. Ces deux observations, notées par nous avec le plus grand soin, tant à cause de leur similitude que pour" leur égalité d'évolution symptomatique, ont, sous l'influence d'un traitement différent, pris une marche curative presque

égale. Le n° 6, soumis à l'iodure de calcium, semble même affecter une allure plus décidée vers la résolution; le no 9 est aussi dans d'excellentes conditions, traité par la liqueur Van Swieten; mais y a-t-il dans le pansement fait avec le soluté aqueux d'iodure de calcium, un modificateur local qui imprime à la première ulcération cette sorte de bénéfice de priorité curative qui manque à la seconde. Pour que l'identité soit complète entre les deux, et pour avoir le mot topique de l'énigme. nous allons, dès aujourd'hui, assimiler les deux pansements, c'est-à-dire substitucr à l'onguent napolitain opiacé du no 9, la solution d'iodure de calcium.

Nos tentatives dans les diverses accidents secondaires ont été variées et toujours dirigées dans cette voie, qui seule permit d'analyser et de juger. Ainsi dans les syphilides d'espèces et de variétés approximativement pareilles, vous nous avez vu expérimenter l'iodure de calcium de pair avec le proto-iodure de mercure, et dans cette nouvelle série de recherches, trouver moins de certitude curative que dans les précédentes observations. Néanmoins, il doit vous souvenir de ces deux psoriasis, traités alternativement par les deux agents, qui, tour à tour, essayés chez les deux malades, et assistés par le puissant auxiliaire des bains sulfureux et des onctions d'huile de cade, ont, à peu près dans le même temps, amené une guérison complète.

Disons-le cependant la marche, ordinairement ambiguë et lente des accidents secondaires, met trop souvent obstacle aux appréciations thérapeutiques dont on les rend l'objet. Il faut longtemps répéter les mêmes expériences avant de se prononcer en fin de cause dans un travail comparatif de ce genre; car la syphilis, devenue constitutionnelle échappe parfois aux moyens curateurs, et si ces derniers parviennent à en effacer les stigmates, c'est presque tou jours momentanément, et pour en éloigner la nouvelle éclosion sous des formes et dans une topographie anatomique différente. Nous vous l'avons dit souvent: même avec le mercure, il faut savoir s'armer de résignation et prolonger le traitement des accidents secondaires bien au delà de leur disparition. Au prix de cette ennuyeuse persistance, on peut espérer, sans en avoir la conviction, la satisfaction d'une cure proprement dite, et le non-retour d'une poussée souvent lointaine et inattendue.

(Journ, des connaissances médicales, No 31.)

Chimie médicale et pharmac.

EXAMEN CHIMIQUE DU LAIT D'UNE FEMME ATTEINTE DE GALACTORRHÉE, par M. P. VIGIER, interne en pharmacie à l'hôpital de la Charité, etc. (Suite et fin. Voir notre cahier de novembre, p. 457.)

MM. Becquerel et Vernois, dans leur premier mémoire sur le lait, ont bien essayé de démontrer la supériorité de leur albuminimètre sur le saccharimètre en ce sens que cet instrument permettrait l'examen des liquides colorés; mais leurs analyses ont été contestées par MM. Filhol et Joly et par M. Réveil, auquel ils viennent de répondre dans un nouveau mémoire sur le lait de vache. Leur réplique m'a paru peu concluante et donne plutôt à espérer pour leurs futures recherches qu'elle n'implique l'exactitude des précédentes.

Ils s'appuyaient alors sur l'impossibilité dans laquelle on était de rendre les urines diabétiques et le sérum du lait absolument incolores sans modifier leur pouvoir rotatoire. C'était bien restreindre l'emploi du saccharimètre; mais heureusement il n'en est pas ainsi, et grâce à l'acétate de plomb, on rend facilement ces liquides propres à l'observation polarimétrique.

Une fois le poids de la lactine obtenu, je voulus essayer son dosage par le réactif cupro-potassique tant vanté par plusieurs chimistes. Je dirai immédiatement que j'ai été satisfait de son usage, et que le chiffre 66gr.,66 de sucre de lait qu'il m'a donné après trois essais, a été une excellente contre-épreuve de celui du saccharimètre 66,62; mais il faut l'avouer, il est assez difficile de bien définir le moment où la précipitation du sous-oxyde de cuivre est complète. Si j'eusse pu me servir de la petite burette de M. Réveil et de la liqueur de Felhing titrée, mon expérience eût été très-simplifiée; mais cette burette ayant été faite pour le titrage des laits de vache qui ne contiennent jamais plus de 60 grammes de sucre de lait par litre, ne me fut d'aucune utilité.

J'eus recours à la liqueur de Felhing ordinaire, et au lieu d'en titrer à 08,134 de lactine et à 0,96 de glycose, opération ennuyeuse exigeant des tâtonnements interminables, je fis dissoudre 1 gramme de lactine sèche et pure dans 100cc d'eau distillée et je remplis une burette Gay-Lussac de cette solution. J'ai mesuré d'autre part dans un petit ballon 20ce de liqueur de Felhing à laquelle j'ai ajouté un fragment de potasse et 20ce d'eau distillée pour bien

examiner la séparation du précipité; j'ai porté ce liquide à l'ébullition et j'ai laissé tomber goutte à goutte la solution de laetine. Après deux épreuves, le ménisque concave annonçait dans la burette 0,16°c de solution employée; comme chaque centimètre cube de la burette représente 0.01 de lactine, il en résulte qu'il en a fallu 0,16 pour précipiter 20cc de liqueur de Felhing. Pour m'assurer de l'exactitude de mon titrage, je rendis la solution de sucre de lait plus sensible en l'étendant de son volume d'eau distillée, et je vis qu'il fallait en verser 32cc pour séparer franchement le précipité rouge brique de la liqueur jaunâtre qui surnage.

Alors je préparai du sérum avec du lait à 50° et quelques gouttes d'une solution d'acide tartrique, ce qui se fit avec facilité. Plusieurs expérimentateurs ont prétendu qu'il est difficile de coaguler le lait de femme; pour moi je n'ai jamais éprouvé de difficulté, soit avec le lait dont je parle, soit avec d'autres laits normaux. En effet, après l'addition de l'acide on ne voit point de caséine précipitée, elle est trop peu abondante, mais le microscope et le filtre en donnent des preuves irrévocables. J'ai souvent remarqué cependant que la filtration était très-lente; au lieu d'être un inconvénient elle est au contraire une garantie de la pureté du sérum. J'opérai ensuite avec ce sérum comme avec la solution de lactine, et après quelques essais, je constatai que l'affleurement du liquide dans la burette était à 24mme; le sérum étendu de son volume d'eau distillée me donna bien 48mme. Ainsi 24mmc de sérum contenaient donc 0gr. 160 de sucre de lait; le rapport au litre était facile à établir.

Puisque dans 24mme de sérum il y a Ogr.160 de lactine, dans 1000 il y en

aura x

24: 16:1000: x = 66,66.

Ce procédé est évidemment moins parfait que le saccharimètre de Soleil, puisqu'il est exposé à plus de chances d'erreur; mais comme il est à la portée de tout le monde et assez approximatif, il doit être rangé à côté des meilleurs procédés proposés pour l'analyse rapide du lait.

Pendant que je faisais ces expériences à l'hôpital de la Charité j'avais mis 100 grammes de lait à évaporer au bain-marie dans le laboratoire de M. V. Regnault à l'école polytechnique. Je me proposais de faire l'analyse complète par le procédé de M. Péligot, dont la simplicité m'avait séduit.

Il fallut quatorze heures d'évaporation

pour arriver au moment où la capsule de porcelaine ne perd plus de poids. J'essayai alors avec une spatule de détacher cet extrait; la difficulté que j'eus à faire cette opération m'expliqua l'avantage que M. Boussingault a tiré de l'emploi de légères capsules d'étain qui, découpées par morceaux, sont traitées avec la matière sèche par l'éther. Je parvins enfin à porter ce résidu intact sur la balance; son poids fut de 12,25, il y avait donc 87gr.75 d'eau dans ce lait. Je réduisis en poudre et soumis pendant deux jours à l'action dissolvante de l'éther alcoolisé ces 12gr.25 d'extrait sec; je filtrai et lavai avec du nouvel éther jusqu'à ce qu'il ne passât plus chargé de matière grasse; la partie non dissoute desséchée pesa 8gr.77; l'éther avait donc enlevé 3gr,48 de beurre. Et en effet je retrouvai sensiblement le même poids après l'évaporation de ce véhicule. Les 8gr,77 traités par l'eau distillée froide devaient me donner d'un côté le sucre de lait et les sels solubles, de l'autre la caséine et les sels insolubles; mais la pratique fut ici en contradiction avec la théorie, et mon analyse devint inexacte.

Le filtre sépara encore ces deux parties: la solution aqueuse évaporée, et le résidu traité par l'alcool absolu me donna 7,485 de sucre de lait et 0,065 de sels solubles après l'évaporation de l'alcool. La matière insoluble dans l'eau desséchée pesa 1,220 et après calcination dans une capsule de platine 0,112; j'avais donc 1,108 pour la caséine et 0,112 pour les sels insolubles. Je ne fis pas le dosage des sels, je constatai seulement par l'analyse qualitative la présence du chlorure de sodium dans le résidu laissé par l'alcool et celle des phosphates de chaux et de fer dans le produit de l'incinération.

En jetant les yeux sur le poids du sucre donné par le polarimètre, je m'aperçus bientôt de l'inexactitude de tous les procédés dans lesquels on se sert de la chaleur pour faire évaporer le lait, car par ce moyen la caséine subit une altération notable, et d'après M. Lecanu, devient en partie soluble dans l'eau. Je soutiens done qu'il est impossible d'analyser un lait par la méthode de M. Péligot, telle qu'elle est décrite dans les ouvrages; l'évaporation dans le vide, comme l'a conseillé M. Dumas, rendrait probablement ce procédé prati cable, mais c'est une opération très-longue et à la portée d'un petit nombre de per

sonnes.

Dans les 7gr,485 de prétendue lactine, il y avait la partie de la caséine dissoute et les matières extractives dont on ne tient pas compte ordinairement en suivant ce

procédé ; pour arriver à un bon résultat, je n'avais donc qu'à doser ces éléments à part d'après le procédé de MM. Filhol et Joly.

Je fis un mélange de 10 de lait avec 60cc d'alcool à 85; je le détachai du filtre avant qu'il fut complétement.sec pour le traiter par l'éther qui l'épuise plus facilement en cet état, sans en enlever aucune trace, et je fis dessécher la caséine à une température de 100 à 140 degrés.

Son poids fut de 1gr.571 au lieu de 1gr.408 trouvés précédemment ; Ogr.465 de caséine avaient donc été dissous par l'eau.

En évaporant à siccité le sérum des 10 de lait, pesant le résidu et retranchant les poids connus de sels et de lactine, j'obtins un poids très-approximatif de Ogr.360 que le calcul donne pour les matières extrac tives. En effet, en ajoutant 0gr.463 de caséine dissoute à 6gr.662 du poids faux, 7gr.485, on a Ogr.560 de matières extractives qui ont été peu étudiées et sur la nature desquelles on ne sait encore rien.

Pour rechercher l'albumine dans ce lait, j'ai porté à l'ébullition les sérum que j'avais préparés à une basse température et je n'ai pu observer le plus léger trouble; je me suis encore assuré de sa non-existence par un procédé nouveau donné par MM. Filhol et Joly, fondé sur l'insolubilité de l'albumine dans une solution alcoolique de sel marin et sur la solubilité de la caséine dans cette même solution.

Si l'on prend le sérum préparé au moyen de la présure, disent ces chimistes, et qu'après l'avoir saturé de sel marin on le mêle avec cinq à six fois son volume d'alcool, il ne s'y produit aucun précipité; une solution albumineuse produirait en pareil cas des flocons très-abondants. »

Pour cette expérience, le lait avait été coagulé par la présure, parce que, comme on le sait depuis longtemps, elle ne détermine pas la séparation complète de la caséine. »

En résumé mes recherches sur le lait de cette malade m'ont donné les résultats suivants :

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Je savais que mon expérience ne devait jeter aucun jour dans cette question encore si obscure; cependant je désirais savoir si la substance réductrice n'existait pas dans cette urine. Je fis des essais pendant plusieurs jours et je n'obtins jamais de précipité.

Je purifiai l'urine par l'acétate de plomb, je précipitai le plomb par le sulfate de de soude, il n'y en eut pas davantage.

J'ai mis en regard de mon analyse la moyenne de plusieurs analyses de lait normal de femme faites par MM. Filhol et Joly pour qu'on puisse établir une comparaison et arriver par là à conclure que le lait quoique provenant d'une galactorrhée très-abondante, était de bonne qualité.

On comprend facilement dans quel état d'épuisement cette sécrétion continuelle jetait cette femme et combien elle désirait en voir tarir la source; aussi M. Manee la soumit-il consécutivement à plusieurs modes de traitement, entre autres aux cataplasmes émollients et aux purgatifs; mais la quantité de lait était toujours constante. Il ordonna en dernier lieu l'application de cataplasmes de farine de lin, arrosés d'huile de chénevis ; la diminution de lait fut évidente le lendemain et devint de jour en jour plus appréciable. L'usage de l'huile de chénevis fut suspendu pendant quelque temps et la sécrétion augmenta rapidement; il fut repris, elle diminua, et si bien qu'aujourd'hui elle a disparu à la grande joie de cette femme qui va retourner dans sa famille sous peu de jours.

Je terminerai cette note par une obser

vation qui a beaucoup plus d'actualité que d'importance.

Dans une des séances de la Société d'émulation, M. Leconte attaqua les opinions de MM. Réveil et Blaud sur les urines des femmes en gestation et en lactation, et soutint que la plupart de ces urines ne réduisaient pas la liqueur de Felbing que si, par hasard, cela avait lieu, il était impossible de démontrer que la substance réductrice fut du glycose.

La discussion qui s'engagea entre ces chimistes me suggéra l'idée d'examiner l'urine de cette femme qui était en pleine

lactation.

J'examinai cette urine au polarimètre et le plan de polarisation ne fut pas dévié. Je fis plusieurs essais avec quatre fois plus de liqueur de Felhing que d'urine, j'obtins chaque fois le précipité rouge brique du sous-oxyde de cuivre; mais d'après M. Leconte, et comme je m'en suis aperçu moi-même, une urine quelconque se comporte de la même manière.

J'eus donc la certitude que l'urine de cette malade ne présentait pas de trace de glycose ou de la substance réductrice dont M. Réveil a constaté la présence dans les urines des femmes en couches.

(Journal de pharmacie et de chimie, Sept.)

SUR LES 1ODUres de chlorRURE MERCUREUX,

par M. BOUTIGNY. Dans une lettre adressée au rédacteur du Journal de chimie médicale (cahier de novembre), l'auteur rappelle qu'il a publié dès 1847 un premier mémoire sur l'iodure de chlorure mercureux et il ajoute ensuite ces observations: «Dans le dernier mémoire qui a été publié sur ce sel, M. Rabot cherche, comme je l'ai fait moi-même, de quelle manière les éléments de ce sel peuvent être groupés. Je pense qu'on pourrait ajouter à ce que nous avons dit l'un et l'autre, sur ce point, qu'il pourrait y avoir formation d'un chloro-iodure de mercure, comme on le voit dans les formules que voici :

=

2 Hg,ICI +2 IIgCI. (1) + 4 HgCI (2.) 12 + 2 HgCl = 2 Hg,ICI.

Mais qu'il en soit ainsi ou autrement, cela importe peu et même pas du tout; ce qui importe, c'est que le médicament soit toujours identique, c'est qu'il guérisse les affections contre lesquelles il est employé, et beaucoup de médecins sont d'avis qu'il guérit. Mais je regarde comme un devoir de leur laisser le plaisir de publier euxmêmes le résultat de leurs observations.

Parmi les procédés qui ont été recommandés pour obtenir ce sel, il en est un que je dois signaler et que je considère comme étant radicalement mauvais c'est

celui qui consiste à suspendre des cristaux de calomel dans un bocal au fond duquel on aurait mis préalablement de l'iode. On comprend facilement, sans qu'il soit nécessaire d'insister, que ce produit varie de jour en jour dans sa composition, en raison du temps écoulé, de la température et de l'intensité de la lumière. Je le répète, ce procédé est absolument mauvais en tant qu'il est employé pour obtenir le médicament dont il s'agit.

Falsifications, etc.

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REMARQUE CURIEUSE, AU POINT DE VUE de l'étude sur LES FALSIFICATIONS (Os siliceux); par M. MORIDE. Persuadé qu'il est aussi important pour l'expert chimiste de connaitre les cas exceptionnels, où l'impureté des matières industrielles n'est pas le fait du commerçant, que de posséder les moyens de constater la falsification intentionnée, je viens publier aujourd'hui une observation trèsintéressante que j'ai eu l'occasion de faire cette année sur les os venant de la Plata. Le noir animal destiné à la clarification des sucres, qu'on fabrique avec des os de cuisine ordinaires, ne contient jamais plus de 0,50 à 1,50 p. c. de silice et de sable. Les os qui proviennent des équarrissages souvent en contiennent davantage, ayant presque toujours été retirés de la terre, ou de mélanges calcaires où on les place avec intention afin de les débarrasser de la chair musculaire qui les recouvre. Mais les os de Buenos-Ayres, de Monte-Video, du Brésil, etc., qui arrivent abondamment en Angleterre, et même aujourd'hui en France, sont d'une propreté et d'une netteté qui ne pourraient faire soupçonner à personne qu'ils contiennent du sable. Dans les os provenant des anciennes saladeros de l'intérieur, on ne trouve aucune trace de gélatine, la fermentation à l'air sous une température élevée l'a détruite, et les pluies torrentielles et continues ont tellement lavé ces os, que la matière minérale qui en constitue la charpente est restée pour ainsi dire isolée et pure. Aussi sontils nets, très-blancs et d'une densité considérable; leur carbonisation, est difficile, mais le noir qui en provient est excellent; il ne rougit jamais les claires, ainsi qu'il arrive aux noirs neufs de le faire lorsqu'ils contiennent, comme j'ai pu le constater maintes et maintes fois, des cyanures, et des sulfures alcalins ou ferrugineux. Seu

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lement on trouve dans le noir fin qui provient de la pulvérisation du charbon, un sable très-menu, d'une couleur légèrement bleuâtre, ressemblant à du granit réduit à l'état de division extrême. Le fabricant l'ajoute-t-il pendant son travail? Telle était la pensée d'un raffineur que le résultat de mes analyses préoccupait. Je me rendis alors chez l'industriel en suspicion, j'examinai les os qu'il employait, je visitai ses fours à carbonisation, ses meules, ses bluttoirs, je brisai des os carbonisés, et ma surprise fut grande en rencontrant dans presque tous les petits os de bœuf, correspondant à nos phalanges, un sable fin qui en remplissait les cavités médullaires, sans qu'aucune fissure accidentelle extérieure pût en justifier l'introduction. La quantité de sable dans les os non carbonisés variait entre 10 et 15 p. c. Les gros os plats ou ronds, tendres et poreux, brisés et non brisés n'en contenaient pas. Comment s'en trouvait-il donc dans les petits os en question? On ne peut r raisonnablement admettre, vu l'état intact des os blancs, et en considérant le prix élevé de la main-d'œuvre sur les lieux de produc tiou, que des trous aient été pratiqués dans les os, puis ensuite, mastiqués. Si on tourne l'os en plusieurs sens, on parvient bientôt cependant à découvrir de petits conduits d'un diamètre égal aux trous que produirait la pointe d'une épingle et qui doivent nous donner le mot de l'énigme. Il paraît que ces os déposés sur le bord des fleuves sont sans cesse baignés par une cau agitée dont les vagues tiennent en suspension un sable extrêmement divisé; l'eau pénètre par les trous nourriciers et dépose son sable au milieu des cellules que remplissait autrefois la moelle. Le soleil vient, l'eau s'évapore, d'autres vagues agissent encore de même et successivement jusqu'à ce que les grandes cavités soient remplies. Lorsque l'heure de l'expédition est arrivée, on sèche les os et on les embarque. Nul ne peut croire alors qu'ils recèlent du sable. Les brûleries les reçoivent, la livraison est faite loyalement au raffineur. Mais il se plaint, des soupçons sont produits et souvent à faux, ainsi que nous l'a démontré l'expérience.

Puissions-nous, par cette note, être utile aux raffineurs, aux brûleurs d'os dont les rapports pourraient être compromis par suite d'un fait identique à celui que nous publions, et enfin éclairer les experts, qui auraient à les juger; c'est notre espoir.

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P. S. Je joins à cette petite note quelques échantillons d'os verts et d'os brules,

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