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Au pied, je fais l'ouverture au niveau de l'extrémité inférieure des malléoles, en avant de la poulie articulaire, immédiatement en arrière des ligaments latéraux internes ou externes.

A la hanche, je pénètre au niveau et en avant du grand trochanter. Je coupe en travers le fascia lata, j'atteins la capsule derrière le droit antérieur, et j'ouvre la capsule avec le cautère actuel.

Au coude, incision à la face postérieure ou au côté externe de l'olécrâne. J'ai fait l'ouverture une fois sur le côté externe de l'article, dans sa partie radio-humérale.

A l'épaule, ouverture en haut et en dehors, à 4 centimètres de l'acromion; section transversale du deltoïde.

Quand l'ouverture a été pratiquée avec les précautions indiquées, on comprime doucement l'articulation si la douleur n'est pas trop forte, ou bien on fait exécuter quelques mouvements; on favorise ainsi la sortie du pus. Rarement il est nécessaire de tenir l'ouverture béante, soit à l'aide d'une tente de charpie, soit au moyen même d'une canule.

Ce traitement peut amener l'un des deux résultats suivants :

1° Si l'affection est récente, et que l'ouverture ait promptement été pratiquée, l'article peut recouvrer ses mouvements,

20 Si, au contraire, la tumeur blanche est ancienne, l'ankylose est inévitable, et il faut chercher à la favoriser, car l'articulation est complétement détruite.

malade. Je m'aperçus, peu de temps après, que j'étais tombé dans l'erreur, pour avoir calculé les moyennes d'après un trop petit nombre de cas, et pour avoir fait entrer, dans mon estimation, plusieurs faits qui n'avaient été publiés que comme exemples d'une longue durée de la vie, alors que l'on n'avait pas eu recours à l'opération. Lorsque la leçon fut imprimée, en 1853 (in Lectures on surgical pathology, vol. II, page 344 et suivantes), j'y insérai ce que je croyais être une statistique plus exacte des durées moyennes de la vie dans les deux catégories de cas; mais remarquant que la statistique erronée est beaucoup plus souvent citée que celle qui est plus exacte, et ayant quelque raison de penser que la première est, plus fréquemment que l'autre, prise pour guide dans la pratique, je voudrais procurer à celle que je crois vraie autant de publicité, qu'à mon grand regret j'en ai donné à l'erreur.

159 cas de cancer squirrheux du sein, dont j'ai recueilli moi-même ou rassemblé les observations, et qui ont été suivis jusqu'à leur terminaison ou ont dépassé la durée moyenne, donnent les résultats sui

vants :

Dans 75 cas non opérés, la durée moyenne de la vie, à partir de l'époque où les patientes se sont aperçues pour la première fois de leur maladie, a été de 48 mois. Dans 64, où les malades ont été opérées et ont survécu aux conséquences immédiates de l'opération, la moyenne correspondante a été d'un peu plus de 52 mois. La plus longue durée de la vie, dans la première catégorie, a été de 216 mois, et de 146 dans la seconde; la durée la plus courte a été de 7 mois et 12 dans celle-ci, et de 7 mois seulement dans la première. Le rapport des nombres de morts dans chaque année, à partir du moment où le (Monit. des hôp. et Gazette méd. de Lyon.) mal fut remarqué pour la première fois, peut être représenté par le tableau sui

Il me reste à parler de l'épaississement des tissus péri-articulaires : j'ai l'habitude de pratiquer, pour en venir à bout, des cautérisations avec le fer rouge, mais respectant la peau si elle est saine, je me contente de cautériser le tissu cellulaire sous-cutané. J'ai employé à cet usage de petits cautères pointus, rougis à blanc, dont j'ai retiré les meilleurs effets.

DE LA DURÉE MOYENNE DE LA VIE CHEZ LES MALADES ATTEINTES DE CANCER SQUIR

RHEUX DE LA MAMELLE; par JAMES PAGET, esq., F. R. S., chirurgien à l'hôpital de Saint-Barthélemy. - Le journal The Lancet, dans ses numéros du 22 mai et du 19 juin 1852, renferme une statistique que j'ai exposée dans une leçon au Collège des chirurgiens, et d'après laquelle la durée moyenne du cancer du sein serait de treize mois plus longue dans les cas où la maladie est abandonnée à elle-même, que dans ceux où l'on fait l'ablation de la mamelle

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nombres de cas ne soient, des deux côtés, plus considérables que ceux fournis par mes relevés. Je crois, par conséquent, que les résultats établis ici sont seulement voisins de la vérité, et que l'adjonction d'un plus grand nombre de faits serait susceptible de les altérer jusqu'à un certain point.

Ainsi, il est à peu près certain que les moyennes établies ci-dessus, sont, des deux côtés, plutôt au-dessous de ce qui est réellement; car, vingt des malades (c'est à-dire le septième de la totalité) sont ou étaient encore vivantes après avoir dépassé la durée moyenne de la vie à compter du début de la maladie. De plus, comme les cas où la vie dépasse ainsi la durée moyenne, sont, d'après les plus grandes probabilités, ceux qu'on perd de vue avant que l'observation soit complète, il arrivera généralement qu'une collection des cas renfermera un nombre considérable et disproportionné de ceux dont la durée est courte. Quoi qu'il en soit, en tenant compte de ces causes de réduction dans le calcul des durées moyennes de la vic, il ne paraît pas qu'un nombre donné de cas, complets et réunis sans choix, puisse démontrer une durée moyenne de plus de cinq ans, à dater du jour où la malade a été reconnue pour la première fois.

Si je ne me trompe, la réduction provenant des causes d'erreur dont je viens de parler, porterait spécialement sur la durée moyenne des cas non opérés. Car, à moins qu'on n'apporte dans l'observation des faits l'intention expresse de recueillir tous ceux qui pourront se rencontrer sans aucune espèce de choix, il y aura une tendance à omettre un nombre disproportionné de ceux qui ne sont pas rendus intéressants, soit par des opérations, soit par quelqu'une de ces circonstances remarquables, qui se présentent le plus communément dans les cas aigus. D'où il suit que les recueils d'observations renfermeront généralement un trop petit nombre des cas les plus chroniques où l'opération n'a pas été pratiquée. Je me suis appliqué à écarter cette source d'erreur dans mes propres cahiers de notes, en évilant avec soin toute espèce de choix dans les faits que j'y ai consignés; mais je ne puis être tout à fait sûr que la même règle a été suivie par les observateurs auxquels j'ai emprunté les autres cas que j'ai fait entrer dans mes calculs. Quoi qu'il en soit, je ne crois pas qu'aucun tableau, soigneusement fait et composé d'un nombre de cas suffisant, puisse avoir pour résultat de démontrer que les malades chez lesquelles

le cancer du sein a été abandonné à son cours, vivent plus longtemps, en moyenne, éliminé l'organe affecté. Je suis plutôt que celles chez lesquelles une opération a disposé à penser que, si l'on apporte le soin convenable à distinguer les cas opérables de ceux qui ne le sont pas, on trouvera un qu'il puisse d'ailleurs rester toujours peu avantage graduellement croissant, quoiconsidérable, en faveur des cas dans lesquels on a recours à l'opération. C'est probablement par suite de cette attention, que les cas que j'ai réunis et comparés dans les deux dernières années et demic, rendent la durée moyenne plutôt plus longue dans les cas opérés, plus courte, au contraire, dans ceux qui ne l'ont pas été, qu'elle ne semblait être d'après ma statistique de 1855.

Pour ce qui est des règles à suivre dans le choix des cas qui sont les plus propres à l'opération, je renverrai aux leçons publiées. Mais je désire faire remarquer un fait que démontre le tableau ci-dessus, c'est que la proportion des morts dans les beaucoup moindre dans les cas qui ont été deux premières années de la maladie est opérés, que dans ceux qui ont été abandonnés à eux-mêmes, le rapport étant pour les premiers au-dessous de 11 p. c., et s'élevant au contraire, pour les derniers, à plus de 30 p. c. Un tel résultat, en même temps qu'il justifie l'opération dans les cas de cancers aigus encore sans cachexic manifeste, opposé à la mortalité qui dépend de l'opépeut être avantageusement ration elle-même, mortalité que jusqu'ici je ne crois pas au-dessous de 10 p. c. (Edimburgh med. journ., et Union médicale.)

EN UN OU DEUX JOURS.

BLENNORRHAGIE CHEZ L'HOMME; GUÉRISON facile, d'après M. Paris, de Gray, que Rien n'est plus d'enrayer et de guérir la blennorrhagie, quand on peut obtenir du malade un jour de repos et la rigoureuse observance du traitement suivant qu'il fait connaître dans le Bulletin de thérapeutique (1857, 30 avril). Ce traitement est très-simple et n'a rien de nouveau quant aux médicaments, mais il est remarquable par les résultats promptement heureux que l'auteur prétend en obtenir dans tous les cas.

On fait prendre en une seule dose 20 à 25 grammes de baume de copahu mélangés avec de la gelée de groseille et additionnés d'une goutte d'essence de menthe. Le malade fait ensuite usage de bouillon froid et de limonade gazeuse. En même temps, on

a recours aux bains et aux injections d'eau de mauve et de pavot, et d'huile d'amandes douces, répétées trois ou quatre fois chaque heure. Au bout de quatre à six heures, dès qu'il y a eu cinq ou six selles, l'inflammation et l'écoulement ont diminué des trois quarts. Si la première dose n'a pas eu d'effet laxatif, on en fait prendre, cinq à six heures après, une seconde de 15 à 20 grammes. Et si, cinq à six heures après, l'écoulement et l'inflammation n'ont pas à peu près disparu, on associe le cubèbe. Mais ces cas, assure M. Paris, sont très-rares. Quand l'estomac rejette le médicament inconvénient que prévient souvent l'administration de quelques pastilles de Vichy à la menthe on le prescrit en lavement, à la dose de 50 à 60 grammes.

Contre les érections, on ajoute 5 centigrammes d'extrait de belladone dans chaque injection, et on fait plusieurs applications d'une pommade composée de camphre, 1 gramme, extrait de belladone, 6 grammes. Quand l'inflammation est trèsdouloureuse, on applique huit à dix sangsues le long du canal.

Après huit à douze heures, l'inflammation et l'écoulement ont à peu près disparu. C'est alors le moment d'employer les injections astringentes répétées chaque heure, et continuées, par précaution, lors même que la guérison serait complète, pendant cinq à six jours. Voici les formules de M. Paris: 1° acétate de plomb cristallisé, 2 à 3 décigrammes pour 200 d'eau de roses; souvent l'auteur remplace 1 décigramme d'acétate par un autre de sulfate de zinc; 2o tannin, 2 à 3 décigrammes pour 200 d'eau. Ces injections sont faites alternativement dans les vingt-quatre heures, cinq ou six de chaque. Quoique très-faibles elles réussissent dès le premier jour. Le lendemain, pour fortifier le canal, M. Paris emploie des injections de quinquina et de ratanhia,

Pour guérir la blennorrhagie chronique, M. Paris rappelle d'abord l'état aigu à l'aide d'injections stimulantes, et après un peu d'écoulement il ordonne le traitement précité, lequel, dans ce cas, doit durer quelques jours.

(Ann. med. de la Flandre occident.)

TRAITEMENT des fractureS DE LA RÉGION DORSO-LOMBAIRE DE LA COLONNE VERTEBRALE.

Contrairement à l'opinion générale des auteurs, ces fractures, loin d'être l'effet d'une cause directe, sont habituellement produites par une flexion forcée, soit en

avant soit en arrière. Ce point d'étiologie, parfaitement démontré par M. Bonnet, a conduit le professeur de Lyon à des indications thérapeutiques précises que le docteur Delore vient d'exposer dans le Bulletin général de thérapeutique du 15 mai 1857.— L'écrasement du corps des vertèbres produit par la flexion forcée de la colonne ne détermine qu'un déplacement peu considérable, il n'est donc pas besoin de tractions énergiques pour obtenir la réduction. Le décubitus dorsal sur un plan résistant se moulant exactement sur les formes du sujet, suffit pour opérer le redressement des os qu'il est dangereux de tenter par des manœuvres violentes. Quant aux moyens de maintenir la réduction, aucun appareil n'y parvient plus sûrement qu'une gouttière, modifiée suivant la taille ou la déformation du sujet. Elle doit s'étendre depuis la nuque jusqu'aux creux poplités, enlacer les épaules et offrir des bords élevés qui s'opposent aux inflexions latérales. Un système de mouffles permet de soulever le malade sans imprimer aucun mouvement au point fracturé ; une large échancrure existe au niveau du siége pour les soins indispensables de propreté et pour les pansements souvent nécessaires. Mais ce n'est pas tout que de réduire et de maintenir dans une bonne position, la colonne pourrait encore s'infléchir au bout de deux ou trois mois d'immobilisation; il faut l'en empêcher. C'est pour remplir cette importante indication que M. Bonnet a imaginé un corset-tuteur, d'une construction ingénieuse. Cet appareil se compose essentiellement d'une ceinture solide qui embrasse le bassin au-dessous des épines iliaques antéro-postérieures; deux tiges d'acier, prenant leur point d'appui latéralement sur elles, montent sous les aisselles où elles se terminent en béquilles ; elles sont reliées en arrière par une plaque de cuir qui contribue à assurer l'immobilité de la colonne. Plusieurs observations sont rapportées dans le mémoire que nous analysons; elles concourent toutes à démontrer l'efficacité du traitement si rationnel employé par M. Bonnet. Nous ferons ressortir un point important signalé par l'auteur, c'est que les fractures de la colonne vertébrale passent souvent inaperçues, et que des malades, qui avaient été soumis à des flexions forcées, traités sans succès pour un lombago ou pour une myélite, ont été soulagés et guéris des accidents qu'ils éprouvaient par l'application prolongée du corset-tuleur. (Gazette médicale de Lyon.)

BLENNORRHAGIE DU NEZ. Le Dr Edwards, d'Edimbourg, rapporte l'observation d'une femme âgée de 61 ans. atteinte d'un écoulement purulent aux deux narines et très-abondant. La malade s'était servie pendant peu de jours, pour se moucher, d'un mouchoir de poche que son fils, atteint de blennorrhagie, avait employé en

guise de suspensoir. La cause de cette blennorrhagie resta méconnue pendant six mois, ce qui explique la ténacité de l'affection. Celle-ci fut combattue efficacement par l'auteur, au moyen d'injections d'eau chaude d'abord, puis de myrrhe. A l'intérieur, il prescrivit le citrate de fer et de quinine en pilules. (Ann. mél. de la Fland. occid.)

Chimie médicale et pharmaceutique.

TRANSFORMATION DE LA MANNITE ET DE LA GLYCERINE EN UN SUCRE PROPREMENT DIT; par M. BERTHELOT. → ‹ Les analogies qui existent entre la fermentation alcoolique de la mannite et de la glycérine et la fermentation alcoolique des sucres proprement dits, font naître tout d'abord l'opinion que ces deux fermentations pourraient bien n'être pas réellement distinctes: si la mannite et la glycérine fournis sent de l'alcool, c'est qu'elles ont peut-être passé au préalable par l'état de sucre.

› Pour examiner cette question, j'ai entrepris des expériences très- variées; leurs résultats ont été différents suivant les circonstances. Dans les conditions normales de la fermentation alcoolique de la mannite et de la glycérine, je veux dire sous les influences simultanées du carbonate de chaux et de la caséine, la transformation de la glycérine et de la mannite en alcool, soit à 40 degrés, soit même à 10 degrès, s'opère d'une manière directe, sans qu'à aucun moment de l'expérience on puisse saisir le moindre indice de l'existence temporaire d'un sucre proprement dit. Mais la marche régulière de ces expériences est subordonnée à la présence du carbonate de chaux; s'il est supprimé, tantôt et en général, la fermentation ne se développe pas : la mannite et la glycérine demeurent inaltérées; tantôt, et seulement dans des circonstances particulières, on peut observer la formation d'un sucre proprement dit. Je vais exposer le résumé de ces diverses observations.

⚫ Entre les nombreuses expériences que j'ai faites pour éclairer ce point, je citerai l'une des plus décisives.

Le 18 décembre 1856, on a pesé 2 grammes de testicules frais de coq (représentant à l'état sec 0,280), 5 gram. de mannite et 50 gram. d'eau; on a introduit le tout dans un flacon communiquant avec l'atmosphère à travers un tube rempli

de coton cardé; le flacon a été abondonné dans un laboratoire médiocrement chauffé. Le 12 avril 1857 on a mis fin à l'expérience. La liqueur renfermait Ogr.,250 de sucre proprement dit. Les fragments de testicule avaient conservé leur forme et leur aspect microscopique; un examen très-attentif y fit découvrir quelques traces presque inappréciables de végétaux. Lavés et séchés, la portion insoluble de ces fragments pesait 0gr.,230. Ils avaient donc perdu 0gr.,050. Cette perte est d'ailleurs plus apparente que réelle; car les testicules frais renferment une certaine proportion de substances salines et autres solubles dans l'eau; de plus, une portion du tissu se désagrége et devient également soluble sans se changer en sucre; tous ces produits sont évalués comme perte, bien qu'on les retrouve à l'état soluble et en partie coagulable durant l'évaporation des liqueurs. Si l'on tient compte de ces diverses circonstances et de la proportion du sucre formé dans l'expérience qui precède et dans diverses autres, sans parler des analogies de composition et de constitution qui existent entre les sucres, la mannite et la glycérine, on sera conduit à regarder le sucre produit dans les expériences précédentes comme résultant surtout, ou peut-être même exclusivement, de la transformation de la mannite et de la glycérine. J'ai pu d'ailleurs confirmer cette conclusion par d'autres expériences dans lesquelles le tissu testiculaire a produit, sans diminuer notablement, jusqu'à sept fois consécutives, la transformation de la mannite en sucre.

› Ces phénomènes tendent à assimiler l'influence du tissu testiculaire aux actions de contact proprement dites que l'on a observées en chimie minérale ; cette interprétation est confirmée par la permanence de la structure microscopique du tissu testiculaire dans le cours des expériences.

Mais ce sont là des probabilités plutôt qu'une démonstration. En effet, les tissus animaux ne jouissent pas de cette invariabilité absolue de composition qui caractérise souvent les composés minéraux agissant par contact. En même temps que le tissu agit, il s'altère d'une manière continue; il se décompose sans se putréfier, comme l'attestent les analyses.

› Ainsi, l'on ne peut décider avec toute rigueur si le tissu opère par action de contact en raison de sa structure organique ou de sa constitution chimique, ou bien si le fait même de sa décomposition exerce quelque influence. Enfin, le contact de l'air, sans lequel ces expériences n'ont pu réussir, introduit une complication nouvelle car il permet le développement d'êtres microscopiques animaux et surtout végétaux ; ce développement n'a jamais pu être évité complétement, mais il semble plus nuisible que favorable à la formation du sucre. Dans les expériences les plus heureuses, la formation des êtres organisés était la plus faible possible; ainsi, dans celle dont j'ai cité plus haut les résultats numériques, leur présence ne s'est manifestée que par un examen très-minutieux.

» Ces détails, que j'ai cherché à rendre aussi fidèles que possible, montrent combien sont complexes les phénomènes de fermentation, combien ils renferment d'éléments inconnus ou obscurs; cependant les chimistes peuvent mettre en jeu les forces qui les provoquent, les faire agir sur des corps définis et les diriger vers l'accomplissement de métamorphoses déterminées. C'est à peu près de la même manière qu'ils font agir les affinités ordinaires dont la nature intime ne leur est guère mieux connue. L'emploi des ferments ne s'en distingue que par la préexistence d'une forme, d'une constitution particulière extrêmement mobile et produite en dehors de notre intervention, sous l'influence de la vie.

› Quoi qu'il en soit, les expériences que je viens d'exposer se distinguent par leur caractère synthétique des fermentations connues jusqu'à ce jour. Au lieu de changer le sucre, la mannite, la glycérine en alcool, acide lactique, acide butyrique, composés plus simples et plus difficiles à décomposer, elles conduisent à transfor mer la mannite et la glycérine, corps assez stables, privés du pouvoir rotatoire et qui touchent à ceux que nous savons produire, en une substance douée d'une stabilité moindre et d'un ordre de complication plus élevé, je veux dire en un sucre véritable, analogue aux sucres qui se forment

sous l'influence de la vie, au sein des tissus des végétaux et des animaux. »

» La mannite et la glycérine dissoutes dans l'eau ont été abandonnées à la température ordinaire au contact de tous les tissus et substances azotées de nature animale ou analogues que j'ai pu me procurer. Dans plusieurs cas il s'est produit un sucre proprement dit, susceptible de réduire le tartrate cupro-potassique, et d'éprouver immédiatement, sous l'influence de la levûre de bière, la fermentation alcoolique. Les conditions de cette formation de sucre sont, les unes susceptibles d'être définies avec quelque rigueur, les autres exceptionnelles.

› Ainsi j'ai observé cette formation avec l'albumine, la caséine, la fibrine, la gélatine, les tissus cutané, rénal, pancréatique, etc., mais toujours accidentellement et sans réussir à fixer les conditions du phénomène.

se

> Un seul tissu, celui du testicule, a provoqué d'une manière à peu près régulière la transformation de la mannite et de la glycérine en sucre proprement dit. Voici dans quelles circonstances. On prend des testicules d'hommes ou d'animaux (coq, chien, cheval), on les coupe en petits morceaux et on les abandonne dans une solution formée de dix parties d'eau et d'une partie de mannite ou de glycérine; le poids du tissu animal (supposé sec) doit représenter 1/20 environ du poids de la mannite et de la glycérine. On opère dans un flacon ouvert, sous l'influence de la lumière diffuse et à une température qui doit rester comprise entre 10 et 20 degrés. Le tissu demeure en général sans putréfier; s'il pourrit, l'expérience est manquée. La formation des moisissures et particulièrement du Penicillium glaucum, est également nuisible, quoique à un moindre degré. On essaye de temps en temps la liqueur ; au bout d'un intervalle qui varie entre trois mois et une seule semaine, on constate d'ordinaire l'apparition d'une substance apte à réduire le tartrate cupro-potassique et à fermenter immédiatement au contact de la levûre de bière. A ce moment, on sépare par décantation les fragments testiculaires et on les soumet à des lavages réitérés jusqu'à élimination totale de la mannite ou de la glycérine; dans cet état, ils ont acquis la propriété de transformer ces deux substances en sucre véritable. Pour atteindre ce but, on reproduit avec les tissus préparés l'expérience que je viens de décrire; elle réussit en général et fournit presque toujours une certaine proportion de sucre.

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