Images de page
PDF
ePub
[blocks in formation]

ALALIE SUPPRIMÉE INSTANTANÉMENT PAR UNE ÉTHÉRISATION DIRECTE DE L'UTERUS. M. Ch. Saurel, appelé auprès d'une malade hystérique et à laquelle il avait déjà donné des soins pour une affection chronique de l'utérus, trouva cette femme en proie à une crise nerveuse qui lui avait ôté complétement l'usage de la parole depuis 7 ou 8 heures. Après avoir administré sans succès l'éther par la bouche, l'idée Jui vint de porter une perle d'éther à l'orifice du col utérin; ce qu'il fit à l'aide d'un spéculum et d'un porte-nitrate;

quand la capsule cut fait explosion, à l'instant même la parole revint. Sans accorder plus d'importance qu'il ne mérite à ce fait isolé, M. Ch. Saurel, vivement impressionné par un résultat aussi satisfaisant, se demande si les femmes hystériques, en général, ne se trouveraient pas bien de l'application de la vapeur de l'éther, faite de temps en temps ou à moments donnés, sur la surface des cavités utérine ou même vaginale.

(Rev. de thér, du Midi, 50 sept. 1857, et Gaz, méd. de Lyon, No 19.)

OPÉRATION De la pupille ARTIFICIELLE A L'AIDE DE LA CAUTÉRISATION GALVANIQUE.

M. Tavignot vient d'appliquer la cautérisation galvanique à l'opération de la pu pille artificielle et pense que, dans quelques cas, cette méthode doit être préférée à celle de l'excision. Ses principaux avantages, suivant l'auteur, sont de faciliter l'établissement de la pupille nouvelle au lieu d'élection, de rendre l'ouverture plus régulière et plus souvent exempte d'accidents phlegmasiques, en raison de la promptitude et de la nature spéciale du mode opératoire. Toutefois, la cautérisation galvanique ne saurait être utilisée que chez les sujets qui ont déjà subi l'opération de la cataracte, car chez les autres malades elle pourrait amener à sa suite l'opacité du cristallin. Pour éviter cet inconvénient, M. Tavignot pense que l'on pourrait, dans tel ou tel cas donné, pratiquer simultanément l'opération de la pupille artificielle et celle de la cataracte avec la même tige galvano-caustique chauffée à blanc. Le courant galvanique étant développé par une pile de Bunsen, voici les temps divers de l'opération tels qu'ils sont indiqués par l'auteur: 1o L'opérateur › pratique à la circonférence externe de la » cornée une incision de 8 à 10 millimè> tres avec mon kératome à trois lances; » 2° à travers cette ouverture comme étoi » lée, il engage l'anneau de platine de la

tige galvano-caustique, et il le dirige » rapidement vers le point de l'iris qui » doit subir la perte de substance, en » ayant soin de ramener en avant le man

-

che de l'instrument; 5o Le courant éta» bli, la cautérisation est instantanée, et > il ne reste qu'à retirer l'instrument. › Il importe, pour le succès de l'opération, d'éviter avec soin la cautérisation des lèvres de la plaie cornéale et celle de la face postérieure de la cornée. (Mon. des hôp., 4 oct. 1857, et Gaz, méd. de Lyon, No 19.)

EMPHYSÈME DES SINUS FRONTAUX. Voici l'analyse de ce cas observé par M. le doc teur Igounet, de Sainte-Foi:

Une fille de 12 ans, forte, bien constituće, ne portant aucune trace de scrofules, née de parents sains, fut prise, au commencement de mars 1856, d'une forte rhinite, accompagnée d'une violente céphalalgic, qui dura douze jours, et pendant laquelle elle rendit quelques gouttes de sang. Elle mouchait abondamment: mais on n'a pu savoir de quelle nature étaient les mucosités rendues. Tout à coup, dans un effort de toux, une bosse se forme sur le milieu du front, et une vive douleur se fait sentir. La plus légère pression fait disparaître cette bosse; mais elle reparaît, en s'agrandissant, jusqu'à ce qu'un jour l'enflure s'étendit, non sans de grandes douleurs, jusqu'à la paroi inférieure de l'or bite et jusqu'aux oreilles. La peau était tendue, luisante, emphysémateuse. M. le docteur Igounet, soupçonnant une perfo→ ration du coronal, prescrivit une compres sion légère et graduée. Quelques jours après, il put constater, sur la ligne médiane, au beau milieu du front, une ouverture arrondie, semblable à celle que pour rait faire une balle de pistolet d'arçon. Pour remplir la première indication, qui était de s'opposer au retour de l'emphysème, en oblitérant autant que possible cette ouverture, il plaça sur l'orifice une pièce de cuivre de 5 centimes, enveloppée dans un linge et fixée au moyen d'un ruban. Comme il n'y avait aucune trace de cachexie, il ne prescrivit rien à l'intérieur. L'ouverture était oblitéréc au bout de six semaines. M. Igounet pense qu'il a dù y avoir d'abord une ulcération de la pituitaire, puis du périoste, et peut-être aussi de la table osseuse. (Compte-rendu des travaux de la Société de médecine de Toulouse et l'Union médicale, No 125.)

INDICATION SPÉCIALE DE L'EMPLOI DE L'ACIDE CHLORHYDRIQUE DANS LA DYSPEPSIE. L'idée de combattre les dyspepsies par l'administration des acides, qui existent physiologiquement dans l'estomac au moment de la digestion, a conduit à divers essais sur la valeur desquels la thérapeutique est loin d'être fixée. Tandis que la plupart, se fondant sur la prédominance de l'acide lactique dans l'acte de la chimification, conseillent cet acide pour favoriser les fonctions de l'estomac, M. Carron a démontré, par des faits, que l'emploi de l'acide chlorhydrique fournissait de meilleurs et de plus constants résultats. M. le profes

seur Trousseau, expérimentant cette mé→ dication, est arrivé à conclure que l'admi nistration des acides est surtout indiquée dans les formes de dyspepsies liées à des affections chroniques du thorax et de l'abdomen. Quatre malades de sa clinique, atteints les uns de phthisie, les autres d'affections intestinales graves et présen, tant tous les accidents dyspepsiques portés à un haut degré, ont vu ces accidents disparaître rapidement, et par suite leur état général s'améliorer sous l'influence de l'a cide chlorhydrique. Le remède était donné à la dose progressive d'une à trois gouttes dans un demi-verre d'eau sucré que les malades prenaient après chaque repas. (Bull.gén. de thérap. et Gaz, méd. de Lyon, No 16.)

LIGATURE DE L'ARTÈRE FÉMORALE SUperFICIELLE POUR LA CURE D'UN ANÉVRISME TRAUMATIQUE circonscrit DE L'ARTÈRE ARTICULAIRE SUPÉRIEURE INTERNE PROFONDE du GENOU; par M. PERUZZI. — L'observation suivante est un cas rare d'anévrisme d'une artère collatérale. A leur début, et lorsqu'ils sont d'un faible volume, ces anévrismes peuvent être traités avec succès, soit par la compression médiate (Guattani), soit par la compression immédiate (Guattani, Ant. Dubois), soit par l'acupuncture (Velpeau), soit mieux encore par la galvano-puncture (Pétrequin), soit enfin par les injections, telles que le perchlorure de fer ou le perchlorure ferro-manganique (Pravaz, Pétrequin). Lorsque ces moyens, rationnellement mis en pratique échouent, il reste encore la ligature du vaisseau (méthode d'Anel) avant de recourir à l'amputation du membre.

OBS. - Un jeune homme de 22 ans, de constitution robuste et de formes athlétiques, adonné par agrément aux occupations rurales, se blessa accidentellement avec une faucille au côté interne et supérieur du genou droit. Il s'ensuivit une hémorrhagie artérielle très-forte, et telle que le sujet aurait pu succomber, s'il n'eût été courageusement secouru par un paysan qui se trouvait là et qui lui appliqua une vigoureuse compression. C'était le 25 février. M. Peruzzi fut appelé en consultation par le médecin du malade, le lendemain de l'accident. Un tourniquet étant appliqué sur l'artère fémorale, on enleva les bandes et les compresses dont le genou était enveloppé. Plaie au côté interne et supérieur du genou, dirigée suivant la longueur du membre, légèrement oblique, longue de 2 pouces, profonde jusqu'au

condyle interne du fémur et remplie par un gros caillot de sang. Le caillot enlevé et la compression du tourniquet diminuée, on vit sortir un jet de sang rutilant, partant du fond de la plaie, surtout en haut et vers la lèvre postérieure. La petite bouche qui donnait du sang fut saisie avec un ténaculum et liée; l'hémorrhagie s'arrête, et on réunit la plaie par première intention. Comme on n'était pas parfaite ment rassuré, on conseilla au malade de tenir le tourniquet en place et de le serrer au cas où une nouvelle hémorrhagie surviendrait. Saignée du bras.

Au bout de trois jours, nouvelle hémorrhagie. La plaie, qui suppurait, fut découverte et écartée; on ne trouva qu'une très-petite artère, qui fut liée.

La cure marche sans chose digne de remarque pendant une semaine entière, lorsqu'on voit s'élever du fond de la plaie une petite tumeur violacée et pulsatile qu'on jugea avec raison être une tumeur sanguine. On espéra toutefois, qu'à mesure que les granulations s'avanceraient sur elle et la recouvriraient d'un tissu de cicatrice, on pourrait, en raison de sa position sur un os, la traiter plus tard par la compression ou autrement.

Le 10 mars, réapparition de l'hémorrhagie. La tumeur anévrismale, vu sa direction, sa position et sa profondeur, ne peut appartenir qu'à l'artère articulaire supérieure profonde interne du genou. C'est un anevrisme d'artère collatérale. On incise la tumeur, qui est formée de deux membranes distinctes et pleine de caillots. On ne peut voir clairement d'où vient le sang. On remplit toute la cavité avec une masse de charpie imprégnée d'un liquide astringent et hémostatique; compresses graduées et bandage fortement compressif.

La nuit suivante, forte hémorrhagie. Les moyens thérapeutiques locaux étant épuisés, on se décida à la ligature de l'ar tère fémorale superficielle. L'artère fut mise à nu à la réunion du tiers supérieur de la cuisse avec les deux tiers inférieurs par une incision de 4 pouces. Une double ligature fut placée à la distance de 4 centimètre et demi l'une de l'autre, et l'artère fut coupée entre elles deux.

Les ligatures tombèrent le quatorzième jour.

[ocr errors]

Au bout d'un mois, toutes les plaies étaient cicatrisées, et le jeune homme rendu à son premier état de santé. (Annali univ. di Med. di Milano et Gazette medicale de Paris, No 31.)

GANGRENE SPONTANÉE DE LA JAMBE, SÉPARATION SPONTANée du membre, GUÉRISON, par le docteur PRIDHAM.-George Slewenan a 89 ans, sa santé générale est bonne, l'intelligence parfaite.

[ocr errors]

Il y a un an et demi il se plaignit de douleur au talon, et croyant à un rhumatisme, il mit un bas de laine: quand au bout de trois semaines il ôta ce bas, il s'aperçut qu'une large phlyctène couvrait toute la jambe, il la perça avec une aiguille, il en sortit une grande quantité de sérosité claire. Quelques jours après, la peau était brune, bientôt elle fut noire, avec une ligne de démarcation bien tranchée. Après quelques semaines, elle était dure comme de la corne, et à la ligne de séparation des parties saines et des parties malades, il se fit un sillon qui rendait du pus: cet état dura ainsi pendant treize mois, sans aucun changement du côté de la jambe, mais le sillon devenait de plus en plus profond, lorsqu'une nuit il rêva qu'il courait; quand il se réveilla, sa jambe s'était séparée du corps, les os s'étant brisés au niveau de la mortification des parties molles : il y eut peu d'hémorrhagie. Un mois après, le moignon était bien cicatrisé, sauf en un point où il y avait une petite saillie du tibia.

-

(L'Union médicale, No 123.)

EPILEPSIE. COMPRESSION DES CAROTIDES. Chez un jeune homme épileptique, ayant eu plus de cinq cents attaques dans l'espace de huit ans, le docteur Reimer, directeur d'une maison de santé pour les épileptiques, essaya la compression des deux carotides exercée jusqu'à la cessation complète des pulsations. Cette opération, pratiquée vingt-deux fois dès la première apparition des phénomènes précurscurs qui annonçaient l'approche d'un accès, eut constamment pour effet de borner celui-ci à quelques légers symptômes convulsifs presque insignifiants, au lieu des contractions cloniques, de l'opisthotonos, de l'écume à la bouche, de la respiratien stertoreuse et des autres symptômes graves qui caractérisaient ordinairement les attaques. Sous l'influence de ce traitement le malade est devenu tout autre; sa force musculaire, diminuée auparavant, revint plus intense, et son humeur est de venue sereine et égale. Dans un cas aussi grave et aussi invétéré, le résultat obtenu n'aurait pu, suivant l'auteur, être amené par aucun autre moyen. (Deutsche Klinik et Rev. de thérap. médicochirurgicale, No 20.)

Chimie médicale et pharmac.

EXAMEN CHIMIQUE DU LAIT D'UNE FEMME ATTEINTE DE GAlactorrhée, par M. P. VIGIER, interne en pharmacie à l'hôpital de la Charité, aide-préparateur de chimie à l'école impériale polytechnique, membre de la Société d'émulation pour les sciences pharmaceutiques. —Dans ce travail que j'ai présenté à la Société de pharmacie de Paris, je m'étais proposé seulement de déterminer la composition chimique d'un liquide analogue au lait par ses propriétés physiques et sécrété par la glande mammaire chez une femme dans des circonstances tout à fait exceptionnelles; c'est ainsi que j'ai été amené à comparer entre eux quelques uns des procédés si nombreux qui, à diverses époques, ont été proposés pour doser les principes immédiats du lait.cast

[ocr errors]

Le liquide qui m'a servi à faire ces expériences a été fourni par une malade dont je vais donner en quelques mots l'observation.

La malade nommée Girard (Marie-Thérèse), de Château-Landon (Seine-et-Marne), âgée de trente-sept ans, maigre, petite, chétive, est hystérique; son teint est coloré, ses joues ridées et ses cheveux déjà gris; elle est entrée le 18 avril 1857 dans le service de M. Manec, chirurgien à l'hôpital de la Charité. Elle est atteinte de galactorrhée intense depuis sept ans, le sein droit seul est dur, volumineux et laisse couler 600 à 700 grammes de lait en vingt-quatre heures; le gauche, quoique un peu douloureux, est flasque et petit. Cette femme a une faim continuelle, et après la digestion, qui est trèsrapide, le lait coule en formant un jet d'un décimètre de longueur; dans les autres moments de la journée, il tombe goutte à goutte de son sein. Plus la sécrétion est abondante et plus la faim et la maigreur augmentent, aussi refuse-t-elle de manger des légumes, qui, dit-elle, lui font rendre beaucoup plus de lait.

C'est de son premier accouchement (1850), que date cette affection. A ceste époque, elle perdait six à sept litres de lait par vingt-quatre heures; elle fut obligée de nourrir son enfant au biberon, la succion lui donnant la fièvre, le délire et même des accès de folie. Elle eut ensuite deux grossesses, l'une en 1855 et l'autre en 1856, pendant lesquelles le lait ne cessa de couler; les règles furent toujours normales, elle essaya de nouveau de donner à téter, mais les accès de folie et d'hystérie reparaissant, elle suspendit l'allaitement, recommença l'usage des mé

dicaments, qui jadis avaient été infructueux, consulta plusieurs médecins, puis désespérée, voyant ses forces physiques et morales s'affaiblir de plus en plus, elle se rendit en dernier ressort à l'hôpital de la Charité pour y demander quelque soulagement à ses souffrances.

M. Manec lui fit attacher un gobelet à la ceinture afin de ne perdre aucune goutte de ce liquide lactiforme et me pria d'en faire l'analyse. M. Regnauld, pharmacien en chef, informé du fait, mit avec beaucoup de bonne grâce tous ses appareils à ma disposition, et en moins d'une heure, au moyen du lacto-densimètre, du microscope, du lacto-butyromètre, du lactoscope et du polarimètre, je fus certain que ce lait était excellent et très-propre à servir à l'allaitement.

Le lait des galactorrhées est ordinairement peu abondant et très-faible en principes nutritifs; celui-ci paraissait avoir les qualités contraires. Ce cas curieux m'intéressa et je voulus faire l'analyse exacte du liquide.

Alors j'attendis que la malade fut habituée au séjour de l'hôpital, que le repos, la nourriture uniforme eussent produit sur elle leur salutaire effet; puis pendant une quinzaine de jours je fis des expériences pour avoir une moyenne. Quand je vis que le lait de tous les jours avait une identité complète de composition, je fis recueillir tout le lait qu'elle donna en vingt-quatre heures, et je soumis de suite les 650 grammes obtenus à divers genres d'expériences pour approcher le plus possible de la vérité.

Ce lait, tout en ayant la même alcalinité, la même odeur que le lait ordinaire de femme, avait une saveur un peu plus sucrée et une couleur plus belle. Sa blancheur pouvait se comparer à celle d'un lait d'amandes léger.

L'examen microscopique m'a fourni les résultats suivants :

Les globules de beurre sont nettement dessinés avec leur centre lumineux, et leur bord formé par un cercle noir trèsrégulier; ils présentent des diamètres de 1/100 à 1/500 de millimètre. L'abondance de ces derniers a une grande influence sur la couleur de ce lait.

Il n'y existe ni globules de pus ni globules de sang reconnaissables, les uns à leur diamètre, à leur granulation et à leurs noyaux; les autres, à leur aplatissement central et à leur coloration.

Je ne pus reconnaitre non plus l'existence des cellules caractéristiques du colostrum.

La densité de ce lait, prise au moyen d'un densimètre ordinaire et du lacto-densimètre de Quevenne, fut de 1033,2 et celle de son sérum 1039.

Le crémomètre ne me donna pas de bons résultats, il n'accusa qu'un huitième de crème après vingt-quatre heures d'exposition à une température de 12 à 15 degrés. Ce nombre de degrés correspond à 26gr,66 de beurre par litre, chiffre trop faible d'après les expériences suivantes. D'ail leurs, dans des essais précédents, j'ai rarement pu constater la séparation nette de la crème, bien que M. Quevenne ait avancé que la crème du lait de femme se sépare rapidement et s'observe facilement à son crémomètre.

Cette espèce d'éprouvette graduée m'a rendu beaucoup moins de services que le lactoscope de M. Donné, qui n'exige que deux grammes de lait et donne des résultats plus rapides et même plus exacts quand on a l'habitude de le manier. Ainsi, en me plaçant dans un endroit obscur à un mètre d'une bougie allumée, et après avoir fait tomber quelques gouttes de lait entre les deux lames parallèles de verre, appliquant cette espèce de lorgnette contre l'œil, trois fois sur quatre je vis disparaître la bougie à 30 degrés, nombre correspondant à 35 grammes de beurre par litre.

On a beaucoup attaqué le lactoscope, on a même trouvé des objections sérieuses contre son emploi ; elles ont été probablement suggérées par les prétentions de haute exactitude que l'on suppose à ce petit instrument, mais on en a fait d'autres qui laissent bien voir le peu d'attention que leurs auteurs ont apporté à son usage. Par exemple, MM. Filhol et Joly, de Toulouse, s'expriment ainsi à la page 70 de leur mémoire sur le lait, couronné par l'Académie de Belgique en 1853.

Pour juger du degré de confiance que l'on doit accorder au lactoscope, qu'il nous suffise de dire que chez la même femme le lait marquait à cet instrument, au moment de la traite, 48 degrés, au milieu 46 degrés et à la fin 34. A quel moment fautil done le prendre pour en apprécier la valeur? »

Tout le monde sait qu'au commencement de la traite, le lait est beaucoup moins riche en beurre qu'à la fin; on n'aura done qu'à mélanger tout le lait de la traite avant de l'examiner au lactoscope. J'ai constaté ce fait moi-même, et aujourd'hui je suis persuadé qu'un lait quelconque étant donné, on peut en quelques minutes apprécier approximativement sa

richesse en beurre par le lactoscope. Évidemment, si le lait a une opacité artificielle, les indications seront fausses, et il faudra recourir au microscope ou à un autre instrument; mais ces falsifications sont les plus rares, et certainement le lactoscope mérite mieux que ce qu'en ont dit MM. Becquerel et Vernois dans leur mémoire sur le lait de femme de 1853:

Un semblable instrument manque tout à fait son but, et de tous ceux qui ont été proposés, il est peut-être le moins utile en ce sens qu'il est le plus trompeur. »

Ces médecins habiles n'appuyant pas leur opinion sur des expériences, j'aime mieux croire MM. Bouchardat et Quevenne, qui ont eu assez foi au lactoscope pour consacrer une centaine d'analyses à chercher le rapport qui existe entre ses degrés et la quantité de beurre que le lait contient par litre. Je ne saurais trop répé ter que lorsqu'on considère cet instrument, sa simplicité, sa rapidité d'exécution et même son exactitude, on ne peut que louer son ingénieux inventeur.

Pour trouver encore le poids du beurre, je me suis servi du lacto-butyromètre de M. Marchand, qui m'a fourni d'assez bons résultats.

Après plusieurs essais successifs, j'ai obtenu une moyenne de 9o de matière grasse. En multipliant ce chiffre par 2,55 et ajoutant le produit 2097 à 12,60, d'après les instructions de M. Marchand, j'ai eu 33,57, nombre de grammes de beurre par litre.

Il importe de remarquer que si l'on ne suit pas scrupuleusement les indications de l'auteur, on est exposé à faire des dosages inexacts.

M. J. Regnauld a fait observer qu'une des causes qui tendent le plus à rendre les résultats fournis par cet instrument peu comparables entre eux, c'est la difficulté que l'on éprouve à opérer dans le tube même où se fait le mélange, le jaugeage des différents liquides qui sont mis en présence; la largeur du tube et le développement des parois mouillées empêchent de verser exactement le lait, l'alcool et l'éther jusqu'aux traits marqués sur ce tube.

M. J. Regnauld conseille de faire les mesures en dehors avec des pipettes por tant un trait de graduation et contenant 10° cubes; le jaugeage est alors très-rapide et très-sûr.

Une cause d'erreur qui se présente encore assez souvent, c'est l'empêchement que met la caséine coagutée à l'élévation

« PrécédentContinuer »