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haletant, n'a pas cessé de se mouvoir; et si parfois sa démarche se rapprochait de celle qu'occasionne l'ivresse, il était bien moins fatigué que son camarade: ni l'un ni l'autre n'ont succombé. Après deux heures de repos, une nouvelle dose de deux grammes leur a été administrée : elle a déterminé la mort chez tous les deux; mais celui qui avait pris l'alcoolature a précédé l'autre de cinq ou six mi

nutes.

Les 4 grammes d'alcoolature ou de teinture ingérés par les deux derniers lapins sont bien loin de représenter les 20 centigrammes d'extrait qui avaient été donnés dans les premières expériences, et cependant la mort a été aussi prompte. N'est-il pas permis d'en déduire que, pendant l'évaporation, les extraits éprouvent des modifications qui altèrent les principes actifs des végétaux, et qu'il y aurait avantage à se servir des alcoolatures, que l'on peut tout aussi facilement doser? Ce qui me le ferait penser, c'est que 20 centigrammes d'extrait d'alcoolature de ciguë n'ont pas déterminé la mort, tandis que 4 grammes de ce même alcoolature de ciguë ont tué un lapiu en dix à douze minutes.

De tout ce qui précède, je crois avoir été amené à prendre les conclusions sui

vantes :

1o Les alcoolatures sont des préparations qui réunissent les propriétés des plantes à un plus haut degré que les teintures;

2o Les alcoolatures préparées directement avec la plante contusée et l'alcool, contiennent une plus grande quantité de matière extractive que ceux que l'on obtient par le mélange du suc de la plante et l'alcool, et que les teintures;

3° L'extrait obtenu des plantes fraîches, bien que plus abondant, n'en est pas moins plus actif que celui que l'on recueille du suc de la plante ou de la plante sèche;

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PRÉPARER LES TEINTURES ALCOOLIQUES ET LES VINS MEDICINAUX; par M. H. BUIGNET. Personne ne conteste aujourd'hui les avantages que présente la méthode de déplacement, lorsqu'il s'agit d'épuiser une substance médicamenteuse des matériaux solubles qu'elle renferme, et de présenter ces matériaux sous forme d'une liqueur aussi concentrée que possible. Ces avantages ont été si nettement et si parfaitement établis par MM. Boullay père et Polydore Boullay, dans les divers mémoires qu'ils ont publiés en 1855 et 1855, qu'il serait inutile d'y revenir aujourd'hui, et de chercher même à les confirmer par de nouvelles expériences.

Mais il est un point du travail de ces chimistes qui n'a été admis ni par le Codex de 1857, ni par les Pharmacopées qui ont paru depuis cette époque, c'est celui qui a pour objet l'application du nouveau procédé à la préparation des teintures alcooliques et des vins médicinaux. Comme, en pareil cas, le véhicule employé doit faire partie intégrante du médicament, et que son poids doit présenter un rapport constant avec celui des principes solubles qu'il a entraînés, il est indispensable que la méthode employée ne renferme aucune cause de variation ou d'incertitude, et qu'elle soit assez précise pour donner toujours le même produit, dans les mêmes circonstances. Or, il n'a pas semblé que la méthode de déplacement fût en mesure d'offrir cette garantie de son adoption. On a pensé que le mélange des couches liquides, signalé par M. Guillermond, que l'état hygrométrique des poudres, que le degré variable de leur finesse ou de leur tassement devaient exercer une influence nécessaire sur l'action dissolvante du véhicule, et modifier plus ou moins la nature des résultats obtenus.

J'ai eu occasion, dans ces dernières années, de faire un grand nombre d'expériences sur la valeur comparée des deux méthodes appliquées simultanément à la préparation des teintures. J'ai reconnu d'abord que le procédé du déplacement, pourvu qu'on cût égard à certaines précautions qui sont, en réalité, très-simples et très-faciles à observer, donnait des produits tout aussi constants que celui de la macération ordinaire: puis, ayant déterminé comparativement la nature et la proportion des matériaux entraînés dans les deux circonstances, j'ai pu me convaincre que, sous ce double rapport, les teintures préparées par lixiviation offraient des avantages marqués et incontestables.

Je vais exposer ici le résultat de mes expériences:

Lorsqu'on prend 100 grammes de quinquina jaune pulvérisé, et qu'on les traite par 400 grammes d'alcool à 56°, en suivant très-exactement le procédé du Codex, on obtient, après quinze jours de macération, une teinture qui réunit assez exactement les principes actifs et solubles de l'écorce, mais qui ne représente guère en poids que les trois quarts de l'alcool employé. La partie qui reste engagée dans la poudre de quinquina, peut être considérée comme ayant la même composition que celle qui a été recueillie à l'état de teinture; et, comme celle-ci fournit à l'évaporation un résidu sec dont le poids est de 13 gr.,50, on est fondé à admettre que le résidu laissé par l'évaporation de la première serait de 4 gr.,50. Si done on avait un moyen mécanique assez parfait pour extraire du quinquina tout le liquide qui a servi à l'épuiser, la quantité totale des matériaux solubles entraînés par cération, s'élèverait à 18 pour 100.

J

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ral que l'on peut exprimer en disant : que
lorsqu'on traite une substance médicamen-
teuse par quatre parties d'alcool, la quan-
tité de principes solubles qu'on peut en
extraire par lixiviation est infiniment plus
considérable que celle qu'on en retire par
la macération ordinaire. Il est vrai que,
dans ce dernier cas, la proportion de qua-
tre parties d'alcool n'est pas toujours suf-
fisante pour opérer l'épuisement; mais,
en employant celle de cinq parties que
M. Personne a reconnue comme la plus
favorable, on arrive encore au même ré-
sultat. Voici les nombres que fournit le
quinquina rouge pour lequel les avantages
de cette nouvelle proportion ont été parti-
culièrement démontrés:

Par macération, en tenant comple
de la quantité de liquide restée
dans le marc
Par lixiviation

28 gr.,80 p. 100 32. » 9

Polly a donc décidément quelque chose ma-que le procédé de la lixiviation permet

Si, maintenant, on dispose dans une allonge à déplacement 100 grammes du même quinquina au même état de division, et si on le traite de même par l'alcool à 56o, jusqu'à obtenir 500 grammes de teinture, ou reconnait que ces 500 grammes de teinture laissent à l'évaporation un résidu sec dont le poids est égal à 20 gr.,58. En déplaçant par de nouvel alcool la quantité de liquide destinée à compléter 400 grammes de teinture, on trouve, l'évaporant, qu'elle contient 1 gr.,98 d'extrait sec, ce qui porte à 22 gr.,56 pour 100, le poids des matériaux solubles entraînés dans cette circonstance.

en

Une pareille différence m'a paru assez importante pour motiver des essais analogues sur d'autres teintures. Voici les résultats obtenus pour quelques-unes des plus usitées, en prenant toujours 100 grammes de substance, et déterminant le poids des matériaux entraînés par 400 grammes d'alcool:

Nom
des teintures.

་་་

Résidu see

14 d'extraire des substances médicamenteu25 ses, et qui ne se retrouve pas, au même degré du moins, dans les teintures prépa

-frées selon la formule du codex.

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Quand on observe avec attention ce qui se passe dans la teinture de quinquina préparée par déplacement, on voit que les diVerses couches qui se succèdent se trousiblent réciproquement à mesure qu'elles li viennent à se mêler dans la carafe qui (leur sert de récipient; de telle sorte que, quand la teinture est complète, elle présente un abondant dépôt de matière janne rougeâtre que l'on peut séparer par le filtre, et dont le poids s'élève aux deux centièmes environ de celui de l'écorce. Le même phénomène peut s'observer avec la même évidence dans la plupart des autres teintures obtenues par déplacement; et le dépot qui se forme alors instantanément et en quantité considérable est exactement de même nature que celui qui se produit lentement et en très-petite quantité dans les teintures préparées par macération. M. Leroy, de Bruxelles, qui a fait une étude particulière du dépôt formé dans la teinture d'ipécacuanha, l'avait considéré comme un produit d'altération ou plutôt comme une espèce de dédoublement qu'e prouverait à la longue, soît l'émétine, soit l'acide ipécacuanhique. Mais la rapidite avec laquelle il se forme dans la teinture préparée par lixiviation, ne permet pas d'admettre ane semblable hypothèse.

Résidu sec par lixiviation.

par macération.

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Ainsi, le résultat observé à l'égard du quinquina jaune est un résultat très-géné

On doit comprendre, ainsi que l'a fort bien dit M. Boullay en rendant conspte du travail de M. Leroy, que dans Tipéca

cuanha, comme dans le quinquina et la plupart des autres substances, il existe certains principes que l'eau et l'alcool sont incapables de dissoudre par eux-mêmes, mais qu'ils dissolvent très-bien à la faveur de l'extractif, et à proportion qu'ils en sont plus chargés. Par cette raison, les premières portions de liqueurs qui passent dans le procédé de la lixiviation doivent en renfermer des quantités comparativement très-grandes; et quand ensuite elles viennent à s'affaiblir par leur mélange avec les couches subséquentes, elles n'ont plus la même puissance pour conserver et maintenir dissous ces principes particuliers qui, dès lors, abandonnent le véhicule et se précipitent sous forme pulvérulente. Il ne faut pas croire, toutefois, qu'ils se déposent ainsi en totalité du sein de la teinture. Quelque intervalle de temps qui se soit écoulé depuis que celleci est préparée, elle en renferme toujours une quantité plus considérable que celle qui convient à la saturation proprement dite, en sorte que ce n'est que lentement et progressivement qu'elle abandonne l'excès de ce qu'elle peut retenir, et qu'il en résulte alors une sorte d'instabilité permanente dans l'équilibre de ses principes

constituants.

Quoi qu'il en soit, la quantité de matière insoluble qui se dépose, étant toujours très-faible en comparaison de celle qui se trouve retenue en dissolution, il importe de savoir quelle est la nature chimique de cette substance, et quelle influence elle peut exercer sur l'action thérapeutique du médicament.

J'ai recueilli avec le plus grand soin les dépôts formés dans les teintures de quinquina, d'ipécacuanha et de digitale, et, après les avoir parfaitement lavés, j'ai recherché dans chacun d'eux la présence du principe alcaloïdique auquel est due l'action spéciale de ces trois substances. Le procédé que j'ai suivi est simple : j'ai attaqué la matière par un mélange d'alcool et d'acide acétique à la température de l'ébullition; j'ai précipité la dissolution obtenue par le sous-acétate de plomb liquide; puis, après avoir précipité l'excès de plomb par l'alcool sulfurique, j'ai recherché dans le liquide filtré la présence de l'alcaloïde. Or, dans chacun des trois cas, il m'a été possible d'en constater les caractères : la quinine s'est retrouvée dans le dépôt du quinquina; l'émétine dans celui de l'ipecacuanha; la digitaline dans celui de la digitale.

Ainsi, la substance qui se dépose dans les teintures n'est pas une substance inerte

dans la véritable acception du mot: c'est une combinaison particulière dans laquelle l'alcaloïde ou principe actif des matières médicamenteuses entre toujours en proportion plus ou moins notable. Sa présence n'est donc pas indifférente à l'action médidicale des teintures; et, comme elle abonde surtout dans celles qui sont préparées par déplacement, on comprend qu'elle doit leur donner une incontestable supériorité. C'est un point, d'ailleurs, que l'on peut vérifier par expérience directe que l'on prenne une même quantité de deux teintures de quinquina préparées l'une par macération, l'autre par lixiviation, et qu'après les avoir évaporées toutes deux à moitié de leur volume, on les traite par une même quantité de solution aqueuse de tannin, il s'y formera de part et d'autre un précipité abondant. Mais celui qui se sera formé dans la teinture par lixiviation, aura toujours un poids plus considérable. Voici les résultats obtenus pour 100 grammes des teintures qui suivent, et 4 grammes de tannin en dissolution :

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En rapprochant ces résultats de ceux que nous avons déjà rapportés, il est impossible de méconnaître les avantages attachés à la méthode de déplacement. Ces avantages peuvent se résumer en deux points principaux, savoir :

1° Que le produit obtenu est toujours plus abondant, puisque le procédé permet de recueillir très-exactement quatre parties de teinture pour une de substance;

2o Qu'il renferme, malgré cette circonstance, plus de matériaux actifs et solubles sous le même poids, puisqu'il laisse un résidu plus abondant par évaporation, et qu'il donne plus de précipité par la solution aqueuse du tannin.

Il s'agit maintenant de rechercher si les inconvénients qu'on a signalés comme inhérents à cette méthode sont, en effet, de nature à balancer ces précieux avantages,

Le principal reproche qu'on lui ail adressé est, ainsi que nous l'avons dit, de fournir des produits variables, non que les différences aient été positivement constatées par expérience, mais parce qu'elles ont été regardées comme une conséquence forcée de la méthode elle-même et des causes de variations qu'elle renferme.

Au premier rang de ces causes, on a placé le mélange des couches liquides. On a reconnu que le déplacement ne s'opérait pas avec une régularité absolue, et que l'eau, par exemple, qui sert habituellement à déplacer l'alcool, se mêlait toujours plus ou moins à ce liquide, et troublait ainsi la netteté du résultat obtenu.

Mais il suffit de consulter le mémoire de MM. Boullay pour reconnaître que ce n'est pas là une cause de variation absolue et indispensable. Rien n'est plus facile que de faire disparaître l'incertitude qu'elle présente en supprimant le déplacement par l'eau et lui substituant celui qu'on peut obtenir à l'aide d'un alcool semblable à celui de la teinture. Il est rare que les poudres organiques retiennent par affinité capillaire un volume de liquide plus considérable que leur volume propre. C'est donc une partie ou une partie et demie d'alcool qu'il faudrait verser sur le marc pour déplacer la teinture qu'il retient, et il est à remarquer que cet alcool ne serait pas perdu pour l'opération, puisqu'il pourrait être déplacé à son tour par l'eau et utilisé ensuite selon le besoin. En tout cas, comme il ne ferait pas partie de la . teinture, l'inconvénient relatif au mélange des deux liquides se trouverait par là complétement écarté.

(La fin au prochain No.) (Journal de pharm. et de chimie.)

NOUVELLE PRÉPARATION DE L'ONGUENT MERCURIEL, par M. COLDEFIER, ingénieurchimiste à Genève. - Depuis quelques années, les journaux de pharmacie donnent à chaque instant, pour la préparation de cet onguent, de nouvelles formules vantées, puis abandonnées à leur tour; aussi n'accucille-t-on ces articles qu'avec une grande circonspection.

Le procédé que je vais indiquer est une découverte uniquement due au hasard. Dans une de mes recherches sur l'ozone, en approchant, une chandelle à la main, de mon appareil pour en mieux saisir la marche, quelques gouttes de suif tomberent dans une capsule contenant du mer cure, chauffée par le courant d'une pile de Volta. Je maudissais ma maladresse. Mais, quel fut mon étonnement, lorsque je vis mon globule de suif prendre un mouvement gyratoire, se colorant en gris; la vitesse augmentait avec la coloration : j'interceptai le courant, et le globule s'arrêta; je l'enlevai délicatement avec une petite cuiller à analyses, et m'assurai, après le refroidissement, que j'avais une petite

quantité d'un onguent mercuriel parfaitement préparé, dans lequel il me fut impossible d'apercevoir, même à l'aide d'une loupe achromatique double, le plus petit globule métallique.

Il me vint naturellement à l'esprit que ce phénomène ne pouvait être produit que par la présence de l'ozone, au milieu duquel le mercure se trouvait. En effet, le suif s'étant ozonisé dans l'atmosphère de ce gaz, absorba le mercure par une action toute mécanique, c'est-à-dire par le frottement du sphéroïde adipeux sur le métal.

Pour ne pas prolonger inutilement ces lignes, laissant de côté mes nombreux tå. tonnements à ce sujet, j'en viens de suite à une formule, dont le résultat est aussi certain que facile à exécuter.

:

On met dans une capsule de porcelaine spacieuse, 500 grammes d'axonge percée de trous, afin d'en multiplier les surfaces, et l'on place 15 grammes de phosphore dans un vase suspendu à un fil au-dessus de l'axonge le tout est recouvert d'une cloche de verre, et, après 15 jours de contact, l'ozonisation est terminée. Cette graisse ainsi préparée est introduite dans un flacon à large ouverture, puis liquéfiée au bain de sable, à une température de 90 degrés centigrades. On chauffe alors légè rement 125 grammes de mercure, et on les verse brusquement dans l'axonge; on agite alors énergiquement pendant quelques minutes, et l'opération se termine en plongeant brusquement le flacon dans un vase d'eau froide. Ce procédé, nous n'en doutons pas, sera favorablement accueilli par nos pharmaciens.

(Écho médical de Neuchâtel, No 7.)

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GERS et GIRDWOOD. Dans un travail récent sur la strychnine et sur la sensibilité comparée de ses divers réactifs, M. de Vrij a cru pouvoir établir que cet alcaloïde se décompose dans l'économie en produisant son effet toxique, et qu'il est impossible d'en constater la présence quand la dose ingérée n'excède pas la dose mortelle.

Une pareille assertion devait nécessairement exciter la sérieuse attention des chimistes. MM. Rodgers et Girdwood ont trouvé qu'elle présentait un tel désaccord avec leurs idées propres, qu'ils ont cherché à en vérifier l'exactitude par de nouvelles expériences.

La méthode de Stas employée par M. de Vrij a été le premier et le principal objet de leur examen; et ils ont reconnu que si cette méthode offrait, en effet, de grands avantages, elle renfermait du moins deux inconvénients très-graves, et suffisants, selon eux, pour expliquer les résultats négatifs obtenus par ce chimiste.

Le premier de ces inconvénients est relatif au liquide à l'aide duquel on attaque la matière suspecte, liquide qui se compose, comme on sait, d'alcool mèlé d'acide oxalique ou tartrique. Ils trouvent que, dans le choix de ce dissolvant, la méthode s'est préoccupée trop exclusivement de l'action sur la strychnine, et pas assez de celle qu'il peut exercer sur la matière organique. Il est évident que, loin de détruire cette matière, ou tout au moins de la désagréger, l'alcool la contracte au contraire, et resserre les mailles de son réseau, de manière que la strych-. nine s'y trouve comme emprisonnée, et qu'elle ne peut plus être atteinte par le véhicule, si toutefois le contact de celui-ci n'est pas suffisamment prolongé. Ils proposent, pour y remédier, de remplacer le mélange en question par une dissolution pure et simple d'acide chlorhydrique dans l'eau. La proportion de 1 partie d'acide pour 10 d'eau leur a paru la plus convenable, et ils insistent sur la nécessité de faire digérer la matière dans cette solution jusqu'à ce qu'elle soit complétement fluidifiée. Alors seulement la matière organique est suffisamment désagrégée pour que la strychnine ne soit emprisonnée nulle part, et pour qu'elle reçoive partout l'action immédiate du dissolvant.

L'autre inconvénient que les chimistes anglais ont trouvé à la méthode de Stas est celui qui se rapporte au traitement de la strychnine dans la solution éthérée. La méthode ne tient aucun compte de la matière organique qui accompagne toujours

l'alcaloïde dans cette solution, et pourtant ils ont reconnu qu'elle avait pour effet certain de masquer les signes caractéristiques de sa présence. Il faut donc s'en débarrasser à tout prix, et le moyen qu'ils indiquent est de traiter par l'acide sulfu rique concentré, à la température de 100o, le résidu de l'évaporation de la liqueur éthérée. L'acide sulfurique carbonise, comme on sait, toutes les substances organiques, tandis qu'il respecte la strychnine avec laquelle il forme un composé stable et indestructible dans les conditions où on opère. On reprend la masse par l'eau; on sépare par le filtre tout le charbon qui s'y trouve mêlé, puis on ajoute à la solution filtrée de l'ammoniaque et du chloroforme. On recueille avec soin la solution chloroformique; on l'évapore de nouveau, et on traite encore le résidu par de l'acide sulfurique concentré, à la température de 100°. On continue cette action destructive de l'acide sulfurique jusqu'à ce qu'elle ne colore plus sensiblement le résidu de l'évaporation. Alors seulement on est assuré que la matière organique est complétement détruite, et les réactions de la strychnine apparaissent alors très-claires et très-distinctes, surtout en employant le réactif si sensible indiqué dans ces der niers temps par M. Heinsch.

Telles sont, à part quelques faits de détails, les principales modifications que MM. Rodgers et Girdwood proposent d'apporter à la méthode de Stas. Voici maintenant les résultats qu'ils ont obtenus à l'aide de cette méthode :

Ils ont administré la strychnine à un lapin, en ayant soin de ne lui en faire prendre que 1130o de grain à la fois, et en mettant entre chaque dose un intervalle de temps assez long pour qu'on pût suivre et reconnaître facilement les symptômes précurseurs de l'empoisonnement. Au bout de deux heures, l'animal n'avait encore pris que 4150o de grain, il commença à éprouver des contractions violentes et saccadées accompagnées d'opisthotonos. On attendit une heure encore, au bout de laquelle on lui donna une cinquième dose; mais bientôt après les symptômes s'aggravèrent, et l'animal mourut.

La totalité de la strychnine ingérée ne s'élevait donc qu'à 5750o de grain, c'est-àdire à huit milligrammes environ, et il est à remarquer que cette quantité n'excédait pas de beaucoup celle qui eût été rigoureusement nécessaire pour donner la mort, puisque les quatre premières doses avaient été insuffisantes pour la produire, au moins immédiatement.

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