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Chimie médicale et pharmac.

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OBSERVATIONS SUR LES PRODUITS DE LA DISTILLATION SÈCHE DES MATIÈRES FÉCALES; par M. T.-L. PHIPSON, membre corres. pondant à Paris. On m'a appelé dernièrement à l'usine de M. B..., dans la rue de la Roquette, pour constater la qualité des produits obtenus par la distillation des matières fécales. L'appareil employé consistait en un grand vase rectangulaire en tôle, de la contenance de 100 litres, enfermé dans un fourneau en briques et chauffé par en dessous. Les produits de la distillation se dégageaient par des tubes latéraux pouvant se boucher et que M. B... avait disposés à différentes hauteurs, dans le but de recueillir à part les produits qui passaient à différentes températures. - Mais, à l'époque où j'ai examiné cet appareil, il était loin d'être parfait et ne remplissait pas le but que son auteur s'était proposé. La chaleur employée par M. B... n'était pas assez forte pour chasser tous les produits volatils, car le charbon qui restait après l'opération, n'était pas complétement calciné et contenait encore, comme nous le verrons, de l'azote et du soufre. L'auteur de l'appareil insistait cependant sur cet arrangement, parce qu'il avait principalement en vue la production d'un charbon pouvant servir d'engrais. La matière était soumise à la distillation à l'état humide, telle qu'elle était livrée par les vidangeurs. 100 litres de la matière fécale en cet état, ont donné à M. B... 20 litres d'un liquide huileux ammoniacal; un demi-litre d'un liquide acide et coloré, recueilli à part par un des tubes latéraux de l'appareil, et de 5 à 8 kilog. de charbon, selon que la matière était plus ou moins humide et selon qu'on poussait la distillation plus ou moins loin. La liqueur acide, recueillie à part, était colorée en rougebrunâtre, elle renfermait une matière goudronneuse odorante et devait son acidité, selon toute apparence, aux acides acétique et formique.

La liqueur ammoniacale était épaisse, jaunâtre, huileuse; elle présentait une réaction alcaline, exhalait une forte odeur de sulfure ammonique et précipitait les sels de fer en noir. Ce précipité était un mélange de sulfure et d'oxyde ferriques. - En soumettant ce liquide à l'analyse, je l'ai trouvé composé principalement de carbonate d'ammoniaque, de sulfhydrate ammonique et d'un savon ammoniacal. En traitant ce liquide jaune, huileux, par l'acide sulfurique, à la température ordi

naire, les acides gras étaient mis à nu et
venaient surnager la liqueur sous forme
de corps gras, couleur brun foncé.
Les corps gras primitifs, jaunâtres, se
charbonnaient par l'ébullition en donnant
naissance à une espèce d'huile qui passait
à la distillation sans se décomposer. Expo-
sés à la lumière, ces corps gras se décom-
posaient également en noircissant, à la
manière de l'huile animale de Dippel.
(Je dirai à cette occasion que M. le duc de
Luynes, membre de la Société française
de photographie, a institué un prix de
10,000 fr. qui sera remis à la personne
qui trouvera un moyen de rendre les
épreuves photographiques aussi perma-
nentes que les lithographies, dans les-
quelles la matière colorante noire est due
au charbon, l'un des corps les plus inalté-
rables. Je pense que si l'on parvenait à
employer en photographie une de ces
huiles animales qui s'altèrent à la lumière
en noircissant, on remplirait le but pro-
posé).

La chose qu'il importait surtout de sa-
voir, c'était la quantité d'ammoniaque
qu'on pouvait obtenir de cette distillation.
Dans les échantillons du liquide huileux
qu'on m'a remis, cette quantité était assez
faible. En effet, un litre de ce liquide ne
m'a donné que 3,45 grammes d'ammo-
niaque sec (Az H3); de sorte que, dans les
20 litres obtenus à la distillation, on n'a-
vait que 68 grammes, ou environ 100 li-
tres d'ammoniaque gazeux. Cette ammo-
niaque existait dans le liquide huileux sous
forme de carbonate, de sulfhydrate et en
combinaison avec les acides gras,
forme de savon ammoniacal.

sous

Le charbon provenant de cette distillation, et tel qu'il sortait du fourneau, était noir, poreux, léger et friable. Il brûlait difficilement et avec une flamme fuligineuse accompagnée de beaucoup de fumée et d'une odeur de corne brûlée. En le pulvérisant j'obtenais une poudre brune foncée, plutôt que noire. Ce charbon contenait des sulfures, des silicates et peut-être d'autres sels encore. Délayé dans l'eau, il communiquait à celle-ci une réaction acide; il décomposait les acides nitrique et sulfurique concentrés et possédait une action décolorante marquée, mais pas à un aussi haut degré que le charbon animal proChauffé dans un vase de venant des os. fer clos avec du carbonate potassique sec, il m'a donné une quantité notable de ferro-cyanure potassique et une quantité plus grande encore de sulfure potassique.

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SUR LE VERT DE ZINC; par M. T.-L. PHIPSON, membre correspondant à Paris.

J'ai analysé dernièrement la couleur qui se trouve dans le commerce sous le nom de vert de zinc; je l'ai trouvée composée presque en entier d'oxyde zincique coloré par une fort petite quantité d'oxyde cobaltique; elle montrait aussi des traces d'arsenic, qui devenaient sensibles quand on introduisait de cette couleur dans l'appareil de Marsh, et qui provenaient sans doute de l'impureté du minerai de cobalt employé dans sa préparation. Cette cou leur verte n'est pas homogène, à moins qu'elle ne soit parfaitement broyée; elle s'emploie dans la peinture à l'huile. Une chose digne d'intérêt, c'est la petite quantité d'oxyde ou de sel cobaltique qu'il faut pour communiquer une belle couleur verte à une très-grande quantité d'oxyde zincique.

CE DU SUCRE DANS LES URINES.

MOYEN D'ASSURER LA VALEur des diveRS RÉACTIFS EMPLOYés pour déceler LA PRÉSEN- On se rappelle l'empressement avec lequel a été accueillie la découverte de la liqueur cupropotassique de M. Barreswil qui, appliquée à l'examen des urines, permettait d'y déceler la présence des plus petites quantités de glycosc. Ce moyen, d'un emploi déjà si facile, fut encore simplifié en provoquant la réaction à l'aide d'un peu de potasse caustique. Des procédés d'analyse si prompts devaient rapidement se vulgariser. Leur usage, toutefois, n'était pas aussi sûr qu'on le croyait, et une cause d'erreur a semblé menacer l'avenir de cette précieuse conquête.

M. Béhier, dans une récente séance de la Société médicale des hôpitaux, est venu fournir de si nombreux exemples de l'infidélité de ces réactifs, que si la chimie ne nous avait fourni immédiatement le moyen de parer à cette cause d'erreur, ces procédés d'analyse auraient dû être rejetés de la pratique courante. En effet, M. Béhier a fait voir que les urines d'un très-grand nombre d'individus affectés de maladies diverses se coloraient par la potasse, et même précipitaient par le liquide cupropotassique.

L'infidélité des réactifs, dans ces cas, n'était pas un fait nouveau, et M. Becquerel en avait signalé la cause dans son Traité de chimie pathologique. Voici, d'après cet auteur, le moyen de détruire les éléments des urines, autres que le sucre, qui provoquent la coloration du liquide et qui rend toute leur valeur à ces réactifs.

On prend une quantité déterminée d'urine, 30 grammes, on la traite par une petite quantité d'acétate de plomb solide et eristallisé, soit 2 grammes; on fait chauffer le mélange et l'on a immédiatement un précipité abondant de couleur blanc sale; on filtre ce liquide et, une fois filtré, on le traite par le sulfate de soude en excès. Si, par exemple, on a mis 2 grammes d'acé tate de plomb, on y ajoute 4 grammes de sulfate de soude; ce deuxième mélange opéré, on chauffe de nouveau et le sulfate de plomb se précipite; on filtre de nouveau et on a pour résidu un liquide clair, transparent, qui contient du sucre quand il y en a, de l'urée et quelques sels insignifiants. L'urine, ainsi traitée, ne réduit les réactifs cupro-potassiques et ne brunit la potasse que lorsqu'il y a du sucre. Ces deux réactifs sont alors parfaitement fidèles, très-exacts et ne donnent ces résultats que lorsque le sucre s'y trouve.

Si l'urine dans laquelle on veut rechercher ce principe contient de l'albumine, l'acétate de plomb solide coagule ce principe immédiat, en même temps que les autres matières organiques, et l'on n'est plus embarrassé par lui lorsqu'on veut chercher le sucre.

Il résulte de là que toutes les fois qu'on voudra déceler la présence du sucre dans une urine quelconque, albumineuse ou non, on aura dans le liquide cupro. potassique et dans la potasse deux excellents réactifs; mais à la condition qu'on traitera préalablement cette urine par l'acétate de plomb solide et le sulfate de soude, dont la double réaction entrainera toutes les matières étrangères acides ou organiques qui pourraient réduire, décolorer ou verdir le liquide cupro-potassique et brunir la potasse. »

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(Bulletin général de thérap., No du 30 aoû1).

SUR UN NOUVEL ALCALOÏDE (conhydrine) DANS LA CIGUE; par M. TH. WERTHEIM.

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Lorsque l'on épuise avec de l'eau aiguisée d'acide sulfurique les fleurs du Conium maculatum, et que l'on soumet l'extrait moyennement concentré à la distillation avec de la chaux ou de la potasse, on obtient dans le récipient une liqueur trèsalcaline qui renferme, indépendamment de l'ammoniaque et de la conicine, une nouvelle base organique.

Pour l'obtenir, on neutralise par l'acide sulfurique le produit de la distillation; on évapore la solution au bain-marie en consistance sirupeuse, on reprend le résidu par l'alcool absolu, on distille l'alcool, et

Jon traite l'extrait alcoolique refroidi par la potasse caustique que l'on ajoute par petites portions. On agite ensuite ce mélange à plusieurs reprises avec de l'éther, et l'on distille la solution au bain-marie. Le résidu, introduit dans une petite cornue tubulée, est soumis à la distillation fractionnée dans un courant de gaz. Il passe d'abord de l'éther avec de la conicine, puis de la conicine pure, et vers la fin de la distillation la voûte et le col de la cornue se recouvrent de paillettes incolores et irisées. On détache cette croûte cristalline des parois de la cornue, et, après l'avoir fortement refroidie à l'aide d'un mélange réfrigérant, on l'exprime entre des feuilles de papier. On purifie les cristaux exprimés en les faisant cristalliser à plusieurs reprises dans l'éther. 280 kilogrammes de fleurs de ciguë ont donné 17 grammes de produit.

La base ainsi purifiée constitue des paillettes incolores, nacrées et irisées; elle fond à une douce chaleur, et se sublime lentement même au-dessous de 100 degrés. A une température plus élevée elle se sublime rapidement et sans laisser de résidu, en répandant au loin l'odeur particulière de la conicine. Elle est assez soluble dans l'eau, très-soluble dans l'alcool et dans l'éther: ces solutions sont fortement alcalines. Elle chasse l'ammoniaque de ses combinaisons, même à la température ordinaire; mais, d'un autre côté, elle paraît être déplacée elle-même par la conicine. Lorsque l'on neutralise la solution alcoolique de la nouvelle base avec l'acide chlorhydrique, et que l'on y ajoute une solution alcoolique de chlorure de platine, on obtient par l'évaporation spontanée de magnifiques cristaux d'un sel double. Ces cristaux sont des tables rhomboïdales, très-volumineuses et colorées en rouge hyacinthe. Ils renferment :

C13 H1 Az02, CIH Pt C2.

La composition de la base elle-même est par conséquent représentée par la formule CH AzÒ1. On voit qu'elle ne diffère de la conicine que par les éléments de 2HO. On peut donc la désigner sous le nom de conhydrine, mot qui exprime cette relation de composition. L'acide phosphorique anhydre, chauffé avec la conhydrine à une température d'environ 200 degrés, lui enlève 2 équivalents d'eau, et la transforme en conicine:

C" H" Az0-2 HO+C8H15 Az. Cette conicine artificielle possède toutes

les propriétés de la conicine naturelle.
Elle forme avec l'acide chlorhydrique une
combinaison cristallisable
rhomboïdaux. Elle est très-toxique. La
en prismes
conhydrine l'est à un degré beaucoup
moindre.

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(Analen der Chemie und Pharm. et Journ. des Connaissances méd. et pharmaceut.)

Falsifications, etc.

SUR LA SUBSTITUTION DE L'Iodure de POTASSIUM AU BROMURE DU MÊME MÉTAL. Réponse à MM. ORMAN et KAYSER, par M. F. HAINAUT, pharmacien à Courcelles.

J'ai publié dans ce journal, t. 13, p. 240, un article intitulé: Moyen de reconnaitre la substitution de l'iodure de potassium au bromure de la même base (1).

pharmacien militaire à Liége, a fait erreur Mon honorable collègue, M. Orman, bliée (2) dans le même tome, page 285, en dans la critique de cet article qu'il a puavançant que j'ai dit avoir traité la potion suspecte par l'acétate de plomb qui a occasionné un précipité blanc de bromure de plomb. Il a confondu la potion avec le soparé afin de savoir si ce sel produit la luté de bromure de potassium que j'ai prémême réaction que l'iodure sur l'amidon employé concurremment avec l'acide sulfurique, et quelle est sa réaction sur l'acétate de plomb.

cétate plombique, avait donné un préciSi la potion en question, traitée par l'apité blanc, certes je n'aurais pas écrit une note sur la substitution de l'iodure de potassium au bromure de la même base, puisJe sais fort bien que cette réaction n'aurait que cette substitution n'aurait pas existé. pas été une preuve que la potion contenait du bromure et qu'il aurait pu s'y trouver tout aussi bien du chlorure de potassium ou de sodium, du sulfate ou du carbonate de potasse ou de soude, sels qui donnent plomb. Mais je n'aurais pas poussé mon aussi un précipité blanc avec l'acétate de investigation plus loin, car il n'est pas à supposer qu'un pharmacien oserait s'aviser de faire une pareille substitution.

L'intensité de la couleur jaune du précipité que j'ai obtenu en traitant la potion par l'acétate de plomb, me fait croire qu'il y a bien eu substitution d'iodure au bromure je me suis assuré que, pour obte

(4) Voir notre cahier de juillet.
(2) Voir notre cahier d'août.

nir un précipité aussi coloré, le bromure doit contenir les trois bons quarts de son poids d'iodure. Or, il n'est pas probable que les falsificateurs oseraient faire entrer une pareille proportion de l'un sel dans l'autre.

Le bromure de plomb obtenu au moyen d'un bromure renfermant jusqu'à un douzième de son poids d'iodure, étant encore parfaitement blanc, je dirai, avec mon honorable collègue M. Kayser, que l'emploi du nitrate d'argent est préférable à l'acétate de plomb pour constater l'adultération du bromure de potassium par l'iodure; mais si l'on ne voulait pas connaître le rapport du mélange, l'amidon et l'acide sulfurique suffiraient.

Quant à la sophistication de l'iodure de potassium par le bromure, il ne me paraît pas qu'elle puisse être pratiquée, le prix du brome étant plus élevé que celui de l'iode.

Maintenant, je dois reconnaitre que j'ai commis une hérésie scientifique en contestant la réaction en jaune produite par l'amidon aidé de l'acide sulfurique sur le bromure de potassium. La présence d'une certaine quantité d'iodure dans mon bromure a été la cause de mon erreur.

(Journ. de pharm. d'Anvers, août.)

Pharmacie.

DE LA PRÉPARATION DES PASTILLES DE PEPSINE. Les services rendus par la pepsine ont conduit à rechercher la forme médicamenteuse la plus agréable pour la médecine des enfants. M. Corvisart, à qui l'on doit cette précieuse acquisition thérapeutique, avait cru avoir résolu le problème en faisant préparer un sirop de cerises, à base de pepsine. Une étude des réactions provoquées entre le sucre et la pepsine a démontré à M. Berthé qu'une partie du nouvel agent médicamenteux était modifiée et transformée en glucose et en acide lactique. En présence de ce résultat, l'honorable pharmacien s'est ingénié à trouver une autre forme pharmaceutique qui mit la pepsine à l'abri de toute altération. La présence de l'eau étant la cause principale de cette altération, M. Berthé a été conduit à choisir la forme de pastilles. Voici le mode de préparation qu'il a suivi :

Avec un mucilage de gomme arabique on fait une pâte ferme dans les conditions ordinaires, qu'on aromatise avec quelques gouttes d'essence de citron; lorsque la

masse est parfaitement homogène on y ajoute, par chaque pastille, 25 centigrammes de pepsine amylacée, puis on divise par les procédés connus; on porte aussitôt dans une étuve chauffée de 25 à 30 degrés.

La dessiccation dans ces conditions s'opère très-rapidement, et les pastilles obtenues, très-agréables au goût, n'attirent point l'humidité.

(Bull. gen. de thérap., 50 août.)

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NOTE PHARMACOLOGIQUE SUR LE GUARANA OU PAULLINIA; par M. DEBOUT. — Le silence de la plupart de nos traités de thérapeutique à l'égard du guarana, médicament exotique dont la valeur a été de nouveau mise en relief par notre confrère M. Hervé, de Lavaur, nous engage à rassembler ici les notious conuues sur ce produit. Il est encore un bon nombre de substances complétement négligées, dont les propriétés médicinales, une fois connues, doivent leur assigner un rang distingué dans la matière médicale. De ce nombre nous paraissent devoir être les semences du paullinia, qui servent à préparer le guarana.

Ce médicament nous a été signalé pour la première fois en 1817, par Cadet de Gassicourt, d'après un fragment de gnarana qui lui avait été rapporté du Brésil par un officier attaché à notre ambassade. Sur cet échantillon était collée une étiquette portant que cette substance était fort employée au Brésil contre la diarrhée et la dyssenterie.

Vers la fin de 1822, un habitant des mêmes contrées, M. Gomès, adressait à Mérat un échantillon complet : c'était une masse présentant la forme, le volume et la couleur de nos saucissons; il y avait joint un os très-rugueux, destiné à faire l'office de râpe et que l'on vend toujours avec le médicament. M. Gomès ne donnait aucun détail sur le mode de préparation du guarana; il mandait que c'était une pâte composée par les Indiens du Para, et dont les Brésiliens, à l'exemple des Indiens, usaient à petite dose et râpée dans un verre d'eau sucrée, comme boisson hygiénique et antifébrile, puis à la dose de 4 à 8 grammes dans les cas de dévoiement et de dyssenterie ainsi que dans les maladies des voies urinaires par relâchement. Il terminait en disant que son emploi était d'un usage vulgaire, et que pas un habitant ne s'aventurait dans un voyage sans se munir de

guarana.

Depuis, un savant botaniste bavarois, Martius, s'est occupé de découvrir la plante qui fournit le guarana, car ce nom n'appartient pas à la liane dont on tire ce produit, mais bien aux peuplades demisauvages qui le préparent et s'en servent pour elles-mêmes. Les Indiens Guaranis occupent des contrées marécageuses situées entre les fleuves Parana et Uruguay et se nourrissent de manioc, d'ignames et de maïs. On comprend que ces tribus aient cherché une substance capable de triompher des fréquents flux de ventre auxquels les expose leur alimentation exclusivement végétale, sous un climat chaud et au sein d'effluves paludéens. L'instinet, ce guide quelquefois si précieux, les a merveilleusement servis en leur faisant user des semences d'un arbuste très-abondant dans leurs forêts. En octobre et novembre, dit Martius, à la maturité des semences, les Indiens les retirent de leurs capsules pour les faire sécher au soleil, afin de pouvoir briser entre les doigts la pellicule qui les recouvre. Elles sont ensuite broyées sur une pierre plate préalablement chauffée, comme pour le chocolat. On y ajoute alors de l'eau en petite quantité, ainsi qu'un peu de cacao et de fécule de manioc. Après quelque temps on en fait une pâte en pétrissant le mélange, où l'on introduit des semences concassées; puis on donne à cette pâte une forme cylindrique analogue à celle de nos magdaléons d'emplâtres, et on la fait sécher soit au soleil, soit à l'aide de la chaleur artificielle, jusqu'à ce qu'elle ait acquis une grande dureté. Ainsi préparé et mis à l'abri de l'humidité, le guarana peut se conserver de longues années. Martius a classé l'arbrisseau grimpant qui fournit ces semences dans la famille des sapindacées, sous le nom de paullinia sorbilis, à cause de son emploi en boisson.

mences du paullinia que dans aucune des plantes (le café et le thé) d'où on l'a extraite jusqu'ici.

Peu de temps après la publication de leur mémoire, l'un des auteurs, M. Dechastelus, communiquait à la Société de pharmacie les diverses préparations et formules sous lesquelles on pouvait administrer ce médicament. L'honorable pharmacien rappelle que l'alcool est le scul agent qui enlève au guarana toutes ses propriétés actives; aussi doit-on se servir, suivant lui, de l'extrait hydro-alcoolique pour les diverses préparations de ce médicament. On obtient cet extrait en épuisant le guarana par de l'alcool à 22 degrés bouillant; on distille la teinture pour retirer la majeure partie de l'alcool, et on évapore en consistance pilulaire. Voici ses formules:

Pastilles de guarana, ou paullinia.
PR. Extrait hydro-alcoolique. 21 gr. 30 cent.
Sucre aromatisé à la vanille. 500 grammes.
Mucil. de gomme adragante. Q. S.

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Pa. Ext. hydro-alcoolique. Q. S. tigrammes d'extrait. Dose de 4 ou 5 par pour des pilules contenant chacune 10 cenjour.

Teinture.

PR. Ext. hydro-alcoolique.
Alcool à 22"..

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32 grammes. 500 grammes.

Faites chauffer l'alcool pour dissoudre

l'extrait.

Pommade.

Théodore Martius, frère du botaniste, découvrit en 1826 dans le guarana une matière cristalline, à laquelle il rapportait toutes les propriétés thérapeutiques du médicament. Regardant cette substance comme un nouvel alcali organique, il lui donna le nom de guaranine. MM. Berthemot et Dechastelus reprirent en 1840 l'étude chimique du prétendu principe l'extrait pour l'incorporer à l'axonge.

immédiat, et démontrèrent par l'analyse élémentaire de ce produit que cette substance cristalline n'était autre que la cafeine et qu'elle se trouvait dans le guarana à l'état de tannate. Un fait important, au point de vue de la thérapeutique, et que nous croyons devoir rappeler ici, est que la cafeine est plus abondante dans les sc

Pu. Ext. hydro-alcoolique.
Axonge.

8

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grammes. 64 grammes.

A l'aide de l'eau bouillante ou ramollit

Prises de poudre.

PR. Poudre de guarana
Sucre aromatisé.

...

4 grammes. 16 grammes.

Un ou deux paquets par jour.

Chocolat tonique au guarana.
PR. Chocolat de santé. 500 grammes.
Poudre de guarana
32 grammes.

..

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