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fer (teinture de perchlorure de fer) dans l'érysipele, préconisée en premier lieu par Hamilton Bell, a conduit le docteur Balfour, d'après des idées théoriques sur son mode d'action, à étendre ce traitement à des cas de phlébite puerpérale ou autres. Il en a obtenu les plus heureux effets. Un homme, dont la veine saphène interne roulait sous le doigt comme une corde et était entourée d'une vive rougeur, vit tous les symptômes aigus se dissiper en peu de jours et eut bien de la peine à se soumettre au repos nécessaire à sa guérison. Quelques années auparavant, il avait eu une atteinte analogue, contre laquelle on avait employé les sangsues, les vésicatoires et d'autres moyens; mais le résultat avait été beaucoup moins prompt.

Lorsque la phlébite prend naissance, comme c'est souvent le cas, dans un noyau de veines variqueuses, le docteur Balfour, comme l'a conseillé M. Velpeau, hâte la guérison par des fomentations de sulfate de fer. Dans un ou deux cas de phlébite après l'accouchement, les symptômes aigus cédèrent rapidement à l'administration du fer. Ces cas, néanmoins, ressemblaient plus à la phlébite ordinaire qu'à une phlegmasie blanche, et le docteur Balfour croit que la coexistence d'un état puerperal n'était qu'une coïncidence. \Edinb. med. Journ. et Bull. gén, de thérap.)

PHLÉBITE DES TRONCS VEINEUX DU COU A LA SUITE DE L'accouchement. Le docteur Alfr.-H.-M. Clintock vient d'appeler l'attention sur cette manifestation morbide à la suite de l'acte de la parturition. Dans un cas de cette nature qu'il eut l'occasion d'observer, il vit la phlébite s'emparer des jugulaires internes, des sous-clavières, de la partie supérieure des axillaires, de Pianominée droite et de la partie supérieure de l'innominée gauche; la mort n'arriva, dans ce cas, que le 22me jour après l'accouchement et, dans cet intervalle, il s'était manifesté des symptômes de fièvre puerpérale et un flux dyssenterique. L'état général paraissait peu inquiétant, lorsque, au 10me jour, on remarqua la tumefaction des veines prénommées; au 45me jour on constata, dans leur voisinage, de l'œdème et il se montra une amélioration sensible; mais au 18me jour, l'état de la malade s'aggrava tout à coup et des symptômes évidents de pyoémie se déclarerent, auxquels succéda la mort au 22me jour. A l'autopsie, on ne trouva aucune trace de péritonite, mais l'utérus était ramolli et derrière cet organe s'était formé

un petit abcès; les reins étaient dans un état avancé de dégénérescence graisseuse; les lésions principales, se rencontrèrent dans les veines du cou, siége de l'inflammation primitive; enfin, un petit abcès existait dans l'oreillette droite du cœur. Ce fait mérite d'autant plus de fixer l'attention que la littérature médicale n'en a pas encore enregistré de semblable.

Dr D....

(The Dublin quat. Journ. of med. science et Oest. Zeits. f. practische Heilkunde.)

NOUVEAU CAS DE GUÉRISON DE LA PUSTULE MALIGNE PAR L'APPLICATION DES FEUILLES

FRAÎCHES DE NOYER. - La pustule maligne est une affection toujours grave et qui amène encore trop souvent une issue fatale malgré une cautérisation énergique. Comment peut-on admettre dès lors qu'un moyen aussi simple que les feuilles de noyer puisse enrayer une maladie en général si promptement mortelle? Cela ne se comprend guère et cependant le docteur Pomayrol, médecin des environs de Perpignan qui, le premier en 1853, a préconisé l'emploi de ces feuilles, assure qu'elles sont aussi efficaces pour combattre le charbon et la pustule maligne que le sulfate de quinine pour guérir les fièvres intermittentes (voir notre tome XVII, p. 56). Peu de temps après M. le docteur Bruguier, de Gallargues, publiait un cas de guérison de pustule maligne à l'aide de ce moyen dont les bons et rapides effets l'avaient étonné (voir notre même tome, p. 256). A ces faits, M. le docteur Raphaël, de Provins, où la pustule maligne est assez fréquente, vient en ajouter un nouveau qui est bien de nature à porter la conviction dans les esprits; car ici le diagnostic ne peut laisser aucun doute, il s'agissait bien d'une pustule maligne vraie et non de cette variété de la pustule maligne, non contagieuse et guérissant facilement, sur laquelle notre confrère M. le docteur Ch. Van Swygenhoven a appelé l'attention en 1846 (voir notre tome IV, p. 21). Au reste, pour mettre nos lecteurs en état de juger par eux-mêmes, nous allons reproduire textuellement la partie la plus importante de la communication faite par M. Raphaël aux Annales cliniques de Montpellier.

« J'ai eu, je l'avoue, une grande répugnance à croire à un traitement si simple contre une maladie aussi grave et aussi rapidement mortelle que la pustule maligne, et mon incrédulité était si forte à cet endroit que, sans des circonstances parti

culières, je n'aurais jamais osé recourir aux feuilles de noyer. Mais quand je fus appelé près du malade qui fait le sujet de cette observation, la pustule maligne était si étendue sur les paupières et la face du côté gauche, et il fallait une cautérisation si large et si profonde, que je n'ai pas osé la faire; j'avais l'intime conviction qu'elle serait restée incomplète et par conséquent inutile. Si ce malade m'avait appelé dans un temps où j'aurais jugé la cautérisation encore possible, je l'aurais faite; j'aurais cru ma conscience engagée que de ne pas y avoir recours.

C'est donc parce que je regarde ce malade comme voué à une mort certaine que j'applique des feuilles de noyer sur les paupières et sur tout le côté gauche de la figure où siégent des pustules, et je conseille de les renouveler de trois en trois heures. Le lendemain, douze à quinze heures après la première application, ma surprise fut très-grande; je m'attendais à trouver chez mon malade tous les symptômes de la quatrième période, et je trouve l'état général déjà meilleur : il n'a plus les envies de vomir dont il se plaignait la veille, et, d'autre part, les symptômes de la troisième période se sont amendés, et ils continuent de diminuer de plus en plus au point qu'il n'en reste plus le lundi matin, trois jours après le commencement du traitement. On ne voit plus ce jour-là de pustules sur les paupières et la face à gauche qui restent gonflées, et, sous l'influence des feuilles de noyer partout où elles ont été appliquées, il est sorti une grande quantité de sérosité dont l'écoule ment continue toujours.

Le lundi, on peut donc regarder cette pustule maligne comme complétement arrêtée; si elle eût continué sa marche, le malade devrait être mort. Loin de là, il ne reste plus sur le siége du mal qu'une peau encore tuméfiée, mais flasque et d'une coloration noir jaunâtre on dirait de la gangrene humide; mais il faut attendre pour savoir dans quelle étendue ce tissu sc mortifiera, et dans quelle étendue aussi il reprendra vie.

Pour porter dans votre esprit et dans celui des lecteurs la conviction que j'ai acquise, et pour que cette communication que j'ai l'honneur de vous faire soit sans réserve, il est nécessaire que je décrive l'état du malade à ma première visite. I faut que nul ne puisse douter de l'existence d'une pustule maligne sur laquelle j'ai fait appliquer des feuilles de noyer.

Vendredi dernier, à 3 heures du soir, je vois pour la première fois un homme

âgé de 60 à 65 ans, et d'une forte constitution: il est marchand de peaux de mouton; il dit même qu'il a acheté dernièrement des peaux de moutons morts du sang (maladie éminemment septique). Il raconte que le lundi 5 juillet, et mardi 6, il a eu sur les paupières des démangeaisons trèsvives, et qu'elles se sont gonflées ainsi que toute la face, de manière à lui faire croire à un érysipèle. Aujourd'hui à peine s'il est possible de reconnaître une figure humaine tant sa tête est volumineuse. Le front, les tempes, le cuir chevelu, les paupières, les joues, les lèvres, le menton, le cou, sont d'un volume extraordinaire; la poitrine est également gonflée et œdémateuse en avant. Toutes les parties sont d'une couleur rouge violacée. Les paupières à droite en sont noires. La joue et les paupières du côté gauche sont gonflées et dures comme de la pierre; elles sont couvertes de pustules pleines de sérosité assises sur des plaques violacées et placées autour de points noirs, secs et déprimés. Le dessous de la mâchoire inférieure et même la partie latérale gauche du cou sont d'une dureté énorme. La bouche exhale une odeur très-fétide. De temps en temps le malade a des envies de vomir; le pouls est encore fort et régulier sans fièvre aucune. Les lèvres sont si gonflées qu'elles ne peuvent se rapprocher, la parole en est gênée. A chaque instant le malade veut avaler ou cracher, comme si un corps étranger embarrassait le pharynx; mais alors, quand il crache ou avale, ou même à chaque inspiration, on entend un bruit de gras et d'humide, ce qui prouve que la respiration est énormément gênée. Il est certain que de l'œdème existe dans la glotte, et que, s'il augmente, la mort arrivera par asphyxie avant que l'empoisonnement ne soit complet comme je l'ai déjà observé.

Il est évident qu'il y a là tous les symptômes de la première, deuxième et troisième période d'une pustule maligne avec les envies de vomir qui annoncent le commencement de la quatrième. C'est done bien une pustule maligne très-large, arrivée au début de la quatrième période, compliquéc d'œdème de la glotte, et contre laquelle j'ai l'intime conviction que la cautérisation au fer rouge serait inutile. C'est dans de telles circonstances que les feuilles de noyer ont eu un succès si extraordinaire et si rapide. Une pareille observation suffit, il me semble, pour confirmer le traitement de M. Pomayrol, et pour que tous nous puissions sans crainte suivre son exemple, et éviter au malade les don

leurs d'une cautérisation dont le succès est loin d'être toujours assuré en cas de pustule maligne. >

DES MOYENS DE PRÉVENIR LA RÉCIDIVE DU CANCER DU SEIN APRÈS SON EXTIRPATION; par M. BONNET (de Lyon). - Deux opinions règnent dans la science relativement à l'étiologie des cancers. La plus généralement accréditée aujourd'hui, grâce aux travaux de MM.Velpeau et Lebert, consiste à admettre que le mal est d'abord essentiellement local, et que ce n'est qu'au bout d'un certain temps qu'il affecte l'économie tout enti ère. Telle n'était pas l'opinion d'Hippocrate et de Celse, partagée encore de nos jours par l'école de Montpellier, et à laquelle se rallie M. Bonnet. La diathèse cancéreuse, suivant ce chirurgien, existe avant toute manifestation local du cancer, et cette dernière n'est que l'effet de la cause interne antécédente. Il faut avouer qu'admettre l'hérédité du cancer, l'influence qu'excrcent sur son développement l'âge critique, le tempérament bilieux ou nerveux, c'est fournir des arguments d'une certaine valeur aux partisans de cette dernière doctrine. Mais les faits sur lesquels reposent ces données étiologiques ne nous paraissent pas tous suffisamment concluants.

Aussi bien M. Bonnet ne se contente-t-il pas de ces preuves; recherchant dans les antécédents des malades les preuves de l'existence de la diathèse cancéreuse, il les trouve dans un certain nombre de symptômes qui, suivant lui, ne laissent aucun doute à cet égard. Interrogez, dit-il, sur son état, une femme affectée d'un squirrhe du sein et ayant atteint ou dépassé l'àge critique: elle vous répondra Souvent que sa santé ne laisse rien à désirer. Mais si, dans la défiance où vous êtes de la justesse de sa réponse, vous voulez savoir si elle a de la moiteur après avoir couru ou marché rapidement, elle vous dira qu'elle n'a jamais transpiré, et le toucher de sa peau vous montrera une sécheresse, une aridité dont la seule existence, eu égard à l'importance des fonctions cutanées, suffira pour vous expliquer la prédisposition aux maux les plus divers.

› Si, poursuivant l'examen de cette femme qui se dit bien portante, vous l'interrogez sur sa calorification, elle vous dira que ses pieds sont toujours glacés, qu'elle a beaucoup de peine à se réchauffer, que des vêtements chauds lui sont nécessaires, qu'elle est sujette à des fris

sons passagers; que tantôt elle a trop froid, que tantôt elle a trop chaud. Vous reconnaîtrez alors un abaissement de la calorification normale, que vient de temps en temps suppléer un léger état fébrile.

Ce trouble dans des fonctions aussi essentielles que celles de la peau ne peut tarder à produire des accidents du côté des autres organes; aussi voit-on communément ces femmes se plaindre de malaises, de douleurs vagues et errantes, se manifestant sous forme de migraines, de névralgies, de rhumatismes nerveux, de douleurs aiguës voyageant d'une partie à l'autre.

En résumé, sécheresse et pâleur habituelles de la peau, résultats d'une circulation capillaire insuffisante; affaiblissement de la calorification, se manifestant par la crainte du froid et la disposition aux frissons; diminution ou suppression des règles; état nerveux particulier : tels seraient les troubles fonctionnels qui précèdent ordinairement l'apparition des cancers. M. Bonnet ne nie point que les mêmes symptômes se montrent parfois chez des femmes simplement affectées de maladies nerveuses ou rhumatismales; que, conséquemment, ils sont loin d'être caractéristiques de la diathèse cancéreuse; mais il pense néanmoins qu'ils placent la constitution dans un état favorable au développement des tumeurs malignes. Comparant les cancers à ces végétaux parasites qu'on voit croître de préférence sur les arbres vieux et malades, M. Bonnet ne peut s'empêcher de voir chez l'homme, dans les mêmes conditions d'âge et de santé, une prédisposition au développement des productions hétéromorphes.

Les conclusions thérapeutiques qui découlent de ces idées sur l'étiologic du cancer sont, il faut l'avouer, plus consolantes que celles qui dirigent les partisans de la diathèse préexistante. Il faut, avant tout, dit M. Bonnet, rétablir la santé au moyen d'un traitement général approprié, et ce n'est qu'ensuite qu'on peut songer à enlever le mal local. Il est évident que, pour modifier ainsi la constitution et ramener à leur état normal les fonctions de la peau, des organes digestifs, du système nerveux, il ne suffit pas d'un traitement de quelques jours; il faut, pour cela, une préparation de plusieurs mois, dans laquelle on s'efforcera de remplir des indications formulées nettement par la nature des accidents. On comprendra aussi qu'aucun des moyens spécifiques vantés tour à tour contre le cancer ne peut trouver son

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application dans ce traitement, et qu'on devra surtout repousser toutes les substances qui, par leur nature ou leur mode d'administration, peuvent allérer la santé.

Au nombre des moyens avantageux pour rétablir les fonctions de la peau et de l'appareil digestif se place en première ligne le traitement hydrothérapique prolongé. Sauf quelques cas exceptionnels qui, par leur gravité, répugnaient à la cure par l'eau froide, M. Bonnet n'a vu que des résultats avantageux obtenus par ce moyen. Malheureusement l'hydrothérapie est d'une application difficile dans les hôpitaux et nécessite un séjour prolongé dans un établissement spécial, d'où une dépense à laquelle peu de malades peuvent s'astreindre.

A défaut de traitement hydrothérapique, M. Bonnet conseille les eaux thermales, et de préférence les eaux salines douces, comme celles de Néris, de Plombières, d'Ems, de Bade; mais là encore nous trouvons les inconvénients de l'hydrothé rapie, en ce sens que les eaux thermales ne sont à la portée que d'un très-petit nombre de malades. Pour les autres, l'hygiène offrira encore des ressources précieuses une alimentation en rapport avec l'état des fonctions digestives, tonique sans être excitante, l'exercice à la campagne, l'éloignement de toutes préoccupations tristes. Des moyens tirés de la matière médicale, enfin, viendront au secours de l'hygiène, et aideront à ranimer la calorification affaiblie et à exciter les sécrétions cutanées. Ici les sudorifiques, en particulier la salsepareille, se présentent tout d'abord.

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Ce traitement, quelque prolongé qu'il soit, n'exerce aucune influence favorable, dit M. Bonnet, sur les tumeurs et les ulcères cancéreux. L'amélioration de la santé générale et une legère diminution des tu meurs sont tout ce que le chirurgien doit en attendre. Si cependant la tumeur, pendant ce temps, éprouvait un accroissement notable, si elle menaçait de s'ouvrir, il serait prudent d'opérer avant que l'ulcération se fût produite.

Pour faire apprécier les effets du traitement qu'il préconise, M. Bonnet donne un aperçu des résultats qu'il a obtenus dans sa pratique depuis sept ans. Deux de ses malades se sont bornées au traitement hydrothérapique : l'une, atteinte d'encéphaloïde du sein, vit d'abord sa santé s'améliorer; mais, vers la huitième semaine du traitement, la tumeur principale s'ulcéra et fit succomber la malade quatre

mois plus tard. L'autre, affectée d'un squirrhe du sein, après un traitement de trois mois, sentit ses forces si notablement augmentées en même temps que sa tumeur avait un peu diminué, qu'elle refusa toute opération. Elle a été perdue de vue depuis ce temps.

Nous ne rapporterons pas ici l'histoire des malades qui ont été opérées sans avoir été soumises à aucun traitement général et qui ont eu des récidives au bout d'un temps plus ou moins court. C'est là, malheureusement, ce qui arrive le plus souvent, et la pratique de tous les chirurgiens fournit des faits semblables. Nous passerons aussi sur les observations dans lesquelles le traitement général a été insuffisant, pour arriver immédiatement aux cas dans lesquels le traitement hydrothérapique a été prolongé convenablement. Nous trouvons encore là deux malades dont les tumeurs du sein étaient compliquées de ganglions axillaires malades, et chez lesquelles la récidive eut lieu comme chez les autres. Restent enfin quatre malades affectées de cancer du sein sans ulcération de la peau, sans glandes sous l'aisselle. Chez elles, les résultats de l'opération, précédée du traitement général, ont été si remarquables, que nous ne pouvons mieux faire que de rapporter succinctement leur observation.

OBS. I. Madame L..., nièce de Dupuytren, âgée de quarante-quatre ans, présentait, en 1848, avec une tumeur squirrheuse du sein droit du volume d'une pomme, tout l'ensemble des symptômes mentionnés plus haut.

Traitement hydrothérapique : Draps mouillés, douches, maillot sec suivi de l'immersion dans la piscine. Au bout de trois mois de ce traitement, la tumeur avait un peu diminué, la santé générale était devenue excellente. Rentrée chez elle, la malade y fit établir une piscine et une douche, et continua, autant que le permettait la saison, les ablutions dont elle avait pris l'habitude. Cependant, trois ans plus tard, sa tumeur augmentant d'une manière évidente et devenant douloureuse, elle se décida à l'opération, qui fut pratiquée par M. Bonnet. Peu de temps après la guérison, la malade reprit les pratiques hydrothérapiques, auxquelles elle n'a jamais renoncé complétement. Depuis lors, cette dame n'a vu survenir aucun accident, et aujourd'hui encore (1856), elle jouit de toute la santé compatible avec une grande impressionnabilité

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rante-cinq ans; cancer du sein avec absence de transpiration, langueur de la calorification et malaises nerveux des plus variés. Traitement hydrothérapique continué pendant trois mois, sans modification sensible du mal. La tumeur fut alors enlevée, et reconnue pour un encéphaloïde tardacé. La guérison fut rapide, mais sept à huit mois après il se manifesta, sous l'aisselle du côté opéré, une tumeur dure et douloureuse qui fit craindre une récidive, mais qui disparut complétement, grâce à un nouveau traitement hydrothérapique de deux mois. A partir de cette époque, la santé s'est parfaitement maintenue, et aucune récidive n'est survenue. OBS. III. La malade est une sœur de Saint-Vincent de Paul, supérieure d'un établissement à Beaune; elle portait, en 1852, une tumeur encéphaloïde du sein, et fut soumise à un traitement hydrothérapique. Au bout de deux mois et demi, l'opération fut pratiquée parce que la tumeur avait fait des progrès et menaçait de s'ulcérer. Pendant les trois années suivantes, la malade est revenue passer un ou deux mois dans l'établissement de M. Lubanski. Bien qu'elle ait négligé cette précaution en 1855, elle n'en jouit pas moins actuellement d'une santé excellente.

OBS. IV. Tumeur squirrheuse du sein gauche. La malade fut opérée en 1847, et aujourd'hui encore sa santé ne laisse rien à désirer.

Quelles réflexions ajouterons-nous à ces observations? Essayerons-nous de révoquer en doute la justesse du diagnostic anatomique, parce que l'examen microscopique n'est pas venu démontrer la vraie nature des tumeurs enlevées? Contesterons-nous la réalité de la guérison, parce qu'un temps suffisant ne s'est point écoulé depuis l'époque de l'opération? Non, bien que la chose ait été faite nombre de fois, après de prétendus succès qui ne manquent pas d'analogie avec ceux de M. Bonnet. Dans des maladies qui, comme le cancer, font le désespoir des chirurgiens, on est si heureux de rencontrer un homme de la valeur de M. Bonnet venant à vous avec des moyens qui lui inspirent une certaine confiance, qu'on ne saurait qu'engager les praticiens à suivre les conseils de l'éminent chirurgien de Lyon, à essayer, dans l'occurrence, du traitement qu'il préconise et qui, s'il ne donne pas la guérison, pourra du moins entretenir pendant quelque temps les espérances des malades. (Gazette médicale de Lyon et Gazette hebdomad. de médecine, No 29.)

SUR LE MAL PERFORANT DU PIED; par M. DIEULAFOY. Entrevue par quelques auteurs et en particulier par Boyer et Marjolin, cette maladie a été étudiée par MM. Nélaton, Vésigné d'Abbeville, Leplat et Delmas. M. Dieulafoy, après avoir exposé le récit d'un nouveau cas, l'a fait suivre de considérations générales dont nous allons donner le résumé.

Le mal perforant a été divisé en quatre périodes. La première est constituée par la présence d'un durillon ou calus, épaississement de l'épiderme fort douloureux, que l'on observe toujours sur les parties du corps qui sont exposées à une pression habituelle ou à l'action soutenue d'une température élevée. On le rencontre spécialement aux mains et aux pieds. Les points de ces parties où on le voit le plus souvent sont le talon et les métatarso-phalangiens. Ce durillon, en devenant de plus en plus épais, comprime les tissus sousjacents et remplit l'office de corps étranger; il irrite alors ces tissus, les enflamme et provoque leur suppuration, qui est ordinairement suivie de sa chute. On trouve alors au-dessous de l'épiderme une petite cavité remplie d'un liquide séropurulent, et qui n'a aucune tendance à se cicatriser. Si le mal est abandonné à luimême, il s'étend en profondeur, la peau s'ulcère, et il s'établit une fistule qui communique avec une bourse muqueuse souscutanée, et même avec les synoviales tendineuses ou articulaires. Enfin survient la carie des os sous-jacents. La marche de cette maladie offre une rapidité variable; mais elle est généralement chronique, et sa guérison n'a presque jamais lieu d'une manière spontanée. Le plus souvent le mal s'étend de plus en plus en profondeur et entraîne la destruction du squelette des parties atteintes. Ses causes sont presque toujours locales, mais plusieurs faits démontrent l'influence incontestable de l'hérédité, et il n'est pas douteux qu'un mauvais état de la constitution et l'existence d'une diathèse scrofuleuse n'en favorisent le développe

ment.

Le traitement de cette maladie varie suivant ses diverses périodes. Au début, lorsqu'elle n'est encore caractérisée que par la présence du durillon, il faut soustraire, si c'est possible, la partie aux causes qui ont provoqué l'épaississement de l'épiderme, et détruire celui-ci, soit en l'excisant couche par couche, soit en l'usant avec la lime, etc. Si la callosité est tombée naturellement ou par le fait de la suppuration, il faut enlever avec le bis

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