Images de page
PDF
ePub

de toute part et entièrement recouvert de cils vibratiles. Ce nouvel infusoire exécute dans son enveloppe une rotation continuelle; j'ai comparé, dans un autre travail, cette rotation à celle qu'exécutent les embryons des mollusques gastéropodes dans l'œuf.

Pendant que le vorticellien métamorphosé tourne sur lui-même, il se développe, il devient plus volumineux, toute sa surface se couvre de plis; enfin, il arrive un moment où le kyste, cédant à la pression qui s'exerce à son intérieur, éclate; l'infusoire cilié devient libre et nage en tournoyant.

Pour découvrir comment cet infusoire se transforme en acinète, il faut une observation attentive, afin d'éviter toutes les chances d'erreur qui peuvent se présenter et qui sont nombreuses.

Je me crois autorisé à admettre l'existence de cette métamorphose, parce que j'ai observé des infusoires qui, d'un côté, présentaient tous les caractères des acinètes et, d'un autre côté, les caractères de l'infusoire produit par la transformation des vorticelliens.

Trois fois j'ai observé des acinetes mystacina qui, déjà, étaient pourvues de tentacules et qui avaient la forme sphérique et le corps couvert de cils vibratiles. J'ai saisi là, sans aucun doute, le moment de la métamorphose de l'infusoire cilié (opaline) en acinète. On pourrait m'objecter que les cils dont ces acinètes étaient couvertes appartenaient à l'état embryonnaire; la réponse à cette objection est facile : les cils des embryons sont disposés d'une tout autre manière et ne se trouvent que chez des acinètes de très-petite taille; ils tombent de bonne heure, avant l'apparition des tentacules.

Je discuterai maintenant les objections de M. Lachman contre la théorie de M. Stein, en tant qu'elles pourraient s'appliquer à mon opinion.

M. Lachman croit que les formes que M. Stein a indiquées comme étant des degrés de transition entre les vorticelliens et les acinètes, ne sont réellement que des espèces différentes d'infusoires, qui n'ont d'autres relations entre eux qu'une ressemblance plus ou moins grande.

Cette objection est, en effet, applicable aux observations de M. Stein. Cet auteur ne s'est pas assez attaché à montrer la liaison que les différentes formes transitoires avaient entre elles.

Quant à moi, je me crois entièrement à l'abri de cette objection et tout ce qui précède le prouve suffisamment ainsi, j'ai démontré comment certains vorticelliens se transformaient en infusoires ciliés (opaline), et comment ces opalines se couvraient de tentacules et se métamorphosaient en acinètes.

Une seconde objection de M. Lachman contre M. Stein est tirée de ce que l'apparition simultanée d'acinètes et de vorticelliens, dans une mème infusion, ne peut pas être considérée comme un signe de parenté entre ces deux espèces. Je suis tout à fait du même avis que M. Lachman sur ce point; pourtant, j'admets que l'apparition simultanée de deux infusoires, toujours et partout, dans une même infusion, donne une très-grande probabilité à l'existence réelle de la métamorphose de l'une espèce dans l'autre. De nombreuses observations

m'ont amené à la certitude que l'on pourrait presque affirmer, a priori, que là où l'on observe une espèce de vorticellien, on observera une espèce d'acinète, et réciproquement.

Non-seulement j'ai retrouvé la plupart des acinètes, décrites par M. Stein, comme accompagnant certains vorticelliens, mais encore, lorsque j'ai observé un nouveau vorticellien, j'ai trouvé en même temps une nouvelle espèce d'aci nète.

Une troisième objection de M. Lachman doit être prise en sérieuse considération d'après lui, l'alternance dans l'apparition des vorticelliens et des acinètes dans une même infusion n'indique, en aucune manière, que l'une espèce provient de la transformation de l'autre. En effet, cette alternance existe pour un très-grand nombre d'infusoires et, comme le dit avec raison M. Lachman, c'est ce qui a conduit MM. Pineau, Gros et Laurent à admettre que la plupart des espèces d'infusoires ne sont que les stades du développement d'une seule et même espèce. M. Lachman dit ensuite: Une alternance dans l'apparition de certains infusoires peut réellement donner une démonstration sur les rapports de parenté qui existent entre eux, quand on s'est assuré par un isolement complet que, dans un espace très-peu étendu, il se trouve sculement des individus d'une espèce.

M. Stein a, il est vrai, toujours négligé cette expérience; quant à moi, je l'ai répétée plusieurs fois et, après de nombreux efforts, j'ai découvert des acinètes dans le liquide où j'avais isolé des epistylis plicatilis.

Je dois cependant avouer que je n'ajoute pas à ces expériences la même importance qu'y ajoute M. Lachman; les causes d'erreur sont trop nombreuses, surtout à cause de la grande difficulté d'isoler complétement une espèce d'infusoire.

Les autres objections de M. Lachman s'adressent à la seconde partie de la théorie de M. Stein, c'est-à-dire à la transformation des embryons d'acinètes en vorticelliens; je n'ai pas à m'en occuper ici; cette question est actuellement tirée au clair, comme je l'ai déjà dit dans l'aperçu historique qui précède ce travail.

M. Lachman termine ses objections en disant que la métamorphose des vorticelliens en acinètes n'est pas probable, parce qu'elle ne peut se comparer à rien de ce qui se passe chez d'autres animaux. Je répondrai à cela par ces paroles d'un grand physiologiste : « Il faudrait être bien audacieux pour vouloir assigner des bornes à la nature. »

IV.

APPARITION D'EMBRYONS CILIÉS DANS L'INTÉRIEUR DES ACINÈTES.

La découverte de la naissance d'embryons ciliés dans l'intérieur des acinètes est due à M. Stein. M. Lachman annonce avoir fait une découverte semblable chez un grand nombre d'acinètes. J'ai trouvé aussi cet embryon chez l'acinète de l'epistylis plicatilis, et plus tard chez toutes les acinètes que j'ai rencontrées et parmi lesquelles il y a beaucoup d'espèces non décrites.

Tous les naturalistes sont aujourd'hui d'accord sur l'apparition d'embryons ciliés dans les acinètes et sur leur formation aux dépens du nucléus; mais un point est encore controversé, c'est la manière dont se comporte le nucléus pendant la production de l'embryon. Pour M. Stein, la division du nucléus parait précéder la formation de l'embryon; M. Cohn regarde cette division comme improbable; il paraît que M. Lachman a étudié cette question avec beaucoup de soin, mais comme il ne donne que le résultat de ses observations pour les infusoires en général, et non pas spécialement pour les acinètes, il est impossible de connaître son opinion sur ce point. Quant à moi, malgré tous les soins que j'y ai apportés, jamais je n'ai pu apercevoir la division du nucléus des acinètes. avant la production de l'embryon, telle que l'indique M. Stein; j'ai toujours, au contraire, vu le nucléus se transformer en totalité en embryon, et après l'expulsion de ce dernier, il se formait un nouveau nucléus qui, à son tour, se transformait en embryon et ainsi de suite.

V.

TRANSFORMATION DES EMBRYONS CILIÉS EN JEUNES ACINÈTES.

M. Stein, après avoir découvert la production des embryons ciliés dans l'intérieur des acinètes donna, comme une hypothèse des plus probables, que ces embryons, une fois devenus libres, se transformaient en vorticelles; cependant il ne parvint jamais à suivre le développement ultérieur des embryons. Ces derniers lui échappaient toujours. Plus heureux que lui, M. J. Muller parvint à suivre ces embryons et vit qu'ils se fixaient et se transformaient en jeunes acinètes; M. Lachman arriva au même résultat.

Ces observations de MM. Muller et Lachman n'étaient pas encore, comme je l'ai déjà dit, connues en Belgique quand je présentai à l'Académie des sciences mon travail sur le développement de l'epistylis plicatilis; je décrivis dans ce travail cette curieuse transformation de l'embryon cilié en jeune acinète, croyant être le premier qui l'eut observée. Depuis lors, je parvins à saisir cette métamorphose chez presque tous les embryons.

Cette transformation de l'embryon cilié en jeune acinète a-t-elle toujours lieu? Il est permis d'en douter; deux fois j'ai vu des embryons ciliés, au lieu de se changer en jeunes acinètes, s'entourer d'un kyste. Il me fut impossible de pousser plus loin l'observation et de m'assurer si, dans l'intérieur du kyste, l'infusoire subissait ou ne subissait pas de nouvelles métamorphoses.

De nouvelles recherches devront nécessairement venir éclairer cette question obscure.

OBSERVATIONS DE PUPILLES EXCENTRIQUES CONGENITALES BINOCULAIRES, DONT UNE COLOBOMATEUSE (Corectopie colobomateuse congéniale ou corectopie dySCORIQUE); par M. VALLEZ, docteur-oculiste à Bruxelles, membre de plusieurs Académies, etc.

Les vices de conformation originels de l'iris ne sont point rares; ils compren

nent particulièrement : L'absence de l'iris, iridorémie ;

[ocr errors]
[ocr errors]

l'imperforation de l'iris, ou persistance de la membrane pupillaire; la dilatation extrême de la pupille, ou mydriasis congénital; l'étroitesse ou resserrement de la prunelle, myosis congénital; les taches rouillées de l'iris, ou colorations diverses de l'iris; le colobome, division bifide, ou bec-de-lièvre de l'iris, iridochisma; -la perforation multiple de l'iris, ou pupilles surnuméraires originelles; la pupille excentrique congénitale, ou corectopie; - le prolongement anormal plus ou moins saillant de la marge iridienne au-devant de la prunelle, ou koresténoma; enfin, la tumeur érectile congéniale de l'iris..

En passant, disons un mot de ce dernier vice de conformation.

Nous nous rappelons avoir vu, il y a quatre ans à peu près, un enfant d'une dizaine d'années, qui portait depuis sa naissance, sur la partie inférieure de l'iris de l'œil gauche, une tumeur rougeâtre, érectile, de la grosseur d'une tête de mouche, tumeur qui grossissait visiblement chaque fois que l'œil était irrité. Cette turgescence momentanée déformait quelque peu la pupille, et le tout rentrait dans l'ordre dès que l'organe optique était reposé.

Cet enfant, issu de parents campagnards sains, était bien constitué : il avait les yeux bleu-clair, très-mobiles; les pupilles se dilataient uniformément et la vision était excellente. Au dire des parents, la tumeur en question n'avait fait que très-peu de progrès depuis la naissance.

Quant au vice de conformation de l'iris qui fait le sujet de notre article, nous ignorons si la science en a enregistré un cas. C'est à cause de cette rareté que nous sommes amené à publier le nôtre.

MM. Thibou et Levrat, le premier ancien professeur de médecine et le second ex-médecin en chef de l'Hôtel-Dieu de Lyon, à qui nous avons communiqué la corectopie colobomateuse en question, nous ont déclaré n'en avoir jamais rencontré d'exemple dans leur nombreuse clientèle. Depuis, plusieurs autres médecins qui nous ont fait l'honneur de venir voir ce cas à notre clinique, nous ont fait le même aveu. Venons à l'observation.

Dans le courant du mois de juin 1857, Mme Marie-Julie B..., âgée de 45 ans, demeurant au faubourg de Louvain, lez-Bruxelles, amenait à notre institut ophthalmique gratuit son fils Norbert; elle fixa soudain notre attention.

Tout en causant avec Mme B... de l'affection de son fils, nous remarquâmes chez elle une irrégularité particulière des axes optiques. Elle devint aussitôt l'objet de notre examen le plus attentif.

Mme B... répondit à nos questions que, dans sa famille, personne n'a rien d'anormal du côté des organes visuels ni ailleurs. Quant à elle, d'une taille moyenne, elle est bien constituée et paraît bien portante. Elle a la peau légèrement basanée et les cheveux noirs. Son tempérament est nervoso-sanguin; elle a toujours été bien menstruée depuis l'âge de 16 ans jusqu'aujourd'hui; elle est mariée depuis l'âge de 22 ans; elle a donné le jour à quatre enfants, trois filles, dont deux jumelles, et un garçon, tous bien conformés et jouissant d'une assez bonne santé.

Marie-Julie B..., qui n'a jamais eu d'ophthalmie ni fait de maladie grave, a de beaux yeux bruns, bien ouverts, sans indice de nystagme, de strabisme, d'oscillation de l'iris, ni de photophobie.

Voici maintenant ce que nous remarquâmes d'anormal chez elle.

[ocr errors]

OEil droit. La pupille, ordinairement ronde, au lieu d'occuper à peu près le centre de l'iris, est située, chez Mme B..., à trois ou quatre millimètres au-dessous et vers le grand angle; elle a la forme d'une grenade dont la base serait tournée en haut, tandis que le sommet toucherait au cercle ciliaire du côté oppposé (Voyez la figure 1).

[blocks in formation]

La plus grande largeur de cette prunelle irrégulière et oblique peut avoir cinq millimètres d'étendue, tandis que sa partie rétrécie n'a qu'un millimètre et demi d'écartement. Cette pupille se contracte et se dilate isolément ou de concert avec celle de l'autre œil, soit au grand jour, soit dans une demi-obscurité. Il y a synergie parfaite. La vision de cet organe est assez bonne, mais un peu plus faible que du côté de l'œil gauche. Il n'y a rien d'anormal quant à la cornée ni dans les différentes parties transparentes de l'œil.

L'essai de plusieurs verres à lunettes ne nous a rien indiqué de particulier non plus.

Nous avons instillé dans cet œil quelques gouttes d'une solution d'extrait de belladone sans fécule; après 15 à 20 minutes d'attente, la pupille s'est dilatée considérablement en conservant sa forme irrégulière.

En outre, la vision est aussitôt devenue plus confuse par l'action mydriatique. Le fond de l'œil était d'un beau noir. (Voyez la figure 5).

FIG. 3.

OEil gauche. Cet organe présente aussi une anomalie, mais moins apparente que celle du congénère. Ainsi la prunelle, qui doit aussi se trouver presque au centre du diaphragme oculaire, un peu en dedans, vers le nez, se trouve précisément dans une direction opposée. Elle occupe,

dans cet œil, la partie supérieure et externe de l'iris, à deux millimètres en dehors du centre irien. Sous le rapport de sa grandeur, de sa rondeur et de sa contractilité, cette ouverture pupillaire ne présente rien d'anormal et a de quatre à cinq millimètres de diamètre (Voyez la figure 2).

La vision est très-bonne.

Le mydriasis artificiel fait disparaitre complétement toute apparence de corectopie dans l'œil gauche.

« PrécédentContinuer »