Images de page
PDF
ePub

l'un. Deux autres avaient subi la résection du maxillaire inférieur avec réconfection de la lèvre; trois, la résection du coude ; un, la résection de l'articulation tibiotarsienne.

Un jeune homme de 13 ans avait été opéré de la staphyloraphic, avec un parfait succès, un mois auparavant, et un autre allait être opéré dans quelques jours! Le professeur Juengken, qui a laissé d'agréables souvenirs parmi le corps médical de l'armée belge, continue, à l'hôpital de la Charité, la chirurgie classique de Rust; toutefois, le professeur ne néglige point les utiles découvertes modernes. A sa clinique chirurgicale est ajoutée une clinique intéressante d'ophthalmologie, Accueilli avec une faveur marquée par M. Juengken, j'ai vu dans ses salles un énorme anevrisme de la partie inférieure de l'aorte ventrale. La tumeur faisait un grand relief à la région lombaire, immédiatement au-dessus de la crête de l'os iliaque gauche. Les pulsations, quoique obscures, étaient néanmoins suffisamment appréciables pour rendre une méprise impossible. L'auscultation y faisait entendre le bruissement particulier aux tumeurs de cette nature. Le professeur avait tenté la coagulation du sang au moyen de l'électro-puncture, toutefois sans grand espoir de réussir.

Un large ulcère atonique, sordide, à la jambe, fut cautérisé profondément par le cautère actuel, en vue d'y développer une inflammation exsudative qui aurait amené la cicatrisation de l'ulcère. En même temps, un traitement général tonique uni à un régime analeptique furent prescrits.

M. V. Graefe a une clinique ophthalmologique, dans le voisinage de la Charité. L'affluence d'élèves et de jeunes médecins avides d'entendre le professeur et de profiter de son enseignement est considérable. C'est que M. V. Graefe jouit d'une réputation bien méritée. Les considérations physiologico-pathologiques auxquelles il se livre à l'occasion de toutes les affections oculaires qui se présentent à son examen, sont du plus haut intérêt. Il m'a charmé par une leçon sur le strabisme, et est entré. à ce sujet, dans de longs détails de physiologie appliquée, en déduisant la valeur diagnostique de chacune des anomalies dont les muscles oculaires pouvaient être le siége.

Un cabinet spécial est disposé ad hoc et reservé pour l'examen ophthalmoscopique, auquel les auditeurs sont successivement

exercés.

C'est dans les cliniques, que les médecins étrangers trouvent réellement les nou

veautés scientifiques qu'ils sont venus

chercher.

Il n'y a peut-être pas, dans toute l'Allemagne, de professeur plus populaire que M. Langenbeck; il est juste de dire que peu méritent comme lui, ces sentiments d'admiration. Ma prédilection pour la chirurgic, indépendamment de l'amitié qui me lie à M. Langenbeck, m'engagea à suivre avec assiduité ses leçons de clinique chirurgicale.

J'ai eu l'occasion d'y voir pratiquer plusicurs opérations majeures, parmi lesquelles j'en choisis quelques-unes des plus importantes pour en donner une descrip

tion détaillée.

[ocr errors]

1° RESECTION DU COUDE. Un homme d'une trentaine d'années, portait, au coude gaucbe une tumeur blanche, avec plusieurs fistules conduisant aux os que le stylet sentait cariés au fond. Divers traitements étaient restés sans succès, quoiqu'ils eussent été suivis pendant des années, et la résection avait été jugée indispensable.

L'avant-bras légèrement fléchi sur le bras et en forte pronation, fut couché sur un coussin assez solide, et tout le membre maintenu par deux aides, dont l'un, celui chargé de fixer l'avant-bras, devait lui imprimer les mouvements de flexion ou d'extension selon que l'opérateur l'ordonnerait.

Une incision longitudinale de trois pouces fut pratiquée, le long du bord interne de l'olécrâne, de telle sorte qu'une moitié de l'incision montait au-dessus du sommet de cette apophyse, et que l'autre moitié descendait au-dessous. L'instrument pénétra du premier coup sur l'os. Un aide, armé de crochets mousses, écarta aussitôt les deux lèvres de la plaie, et l'opérateur commença la dissection, ou pour mieux dire l'isolement de l'articulation. Pour cela, l'ongle du pouce de la main gauche, ou ceux des doigts indicateur et médius, repoussa en dedans les parties molles formant la lèvre interne de la première incision et renfermant le nerf cubital caché dans sa gaine: pendant ce temps-là, le scalpel, guidé par l'ongle des doigts, détacha par des traits allongés et multipliés, faits à une ou deux lignes l'une de l'autre, les parties molles et le périoste, qui furent refoulés en dedans autour du condyle interne de l'humérus jusqu'à la face antétérieure de l'articulation. En agissant de la sorte, on ne court aucun risque de léser le nerf cubital, à la conservation duquel M. Langenbeck attache, à juste titre, un grand prix.

Ensuite le scalpel coupa en travers le

ligament latéral interne; puis, l'attache du tendon du triceps au sommet de l'olé crâne. Après cela, l'instrument divisa, en dehors de l'olécrâne et le long de son bord externe, les fibres du musele anconé et y ouvrit la capsule articulaire. On répéta ici ce qu'on avait fait pour mettre à nu le condyle interne de l'humerus; c'est-à-dire que l'opérateur conduisit en traits allongés et rapprochés, le tranchant toujours guidé par l'ongle, qui refoulait les parties molles au-devant du condyle externe de l'humerus. Le ligament latéral externe fut coupé en travers ainsi que le ligament annulaire du radius.

Un mouvement de forte flexion imprimé à l'avant-bras, fit saillir à travers la plaie, l'olécrâne qui fut saisi par une forte pince tenaille et attiré en dehors, pendant qu'un scalpel boutonné divisa les parties des ligaments qui avaient échappé jusque-là. Le même instrument contourna la face articulaire du cubitus ainsi que l'apophyse coronoïde, et coupa le ligament articulaire antérieur. La même chose fut faite pour le radius.

Pendant ce temps de l'opération, on doit avoir soin de tenir constamment le tranchant du scalpel dirigé contre l'os pour éviter la blessure de l'artère brachiale qui est dans le voisinage.

Les os de l'articulation furent saisis successivement par la pince-tenaille, fixés immobiles et sciés ; d'abord l'extrémité inférieure de l'humerus ct finalement le cubitus et le radius.

Les extrémités articulaires des trois os étaient profondément cariées, et le cubitus renfermait, en outre, dans l'épaisseur de son extrémité articulaire, un séquestre d'un demi-pouce de longueur.

La plaie fut pansée simplement et le membre dut être placé, après douze ou quinze heures, dans le bain local tiède permanent.

2o BAIN LOCAL PERMANENT. Ce bain local est un mode de pansement adopté par M. Langenbeck dans le traitement des grandes plaies suppurantes. Le professeur se propose par là: 1o de soustraire les plaies au contact de l'air; 2o d'entretenir autour d'elles une propreté constante et une température uniforme; 3o de prévenir l'accumulation du pus; 4 de calmer les douleurs inhérentes à ces sortes de plaies; 3o de modérer les accidents traumatiques; 6° d'éviter les pansements fréquents et presque toujours douloureux; 7° d'échapper aux dangers de la résorption purulente; et 8° d'activer la formation et la marche des granulations cicatricielles.

Jusqu'ici l'expérience de plusieurs an

nées a justifié les espérances de M. Langenbeck. Au moment de mes visites à la clinique, il y avait quatre blessés soumis au bain local permanent, savoir: trois pour résections du coude et un pour une plaie énorme du pied. Tous se trouvaient fort à l'aise, et se louaient beaucoup de ne pas être exposés journellement à des pansements que tous les blessés redoutent.

Avant de placer le membre dans le bain, il convient de l'enduire d'un corps gras — de cérat par exemple - afin de s'opposer aux inconvénients résultant de l'imbibition de l'épiderme, lequel se gonfle et se ramollit en causant de vives douleurs.

Les appareils dont se sert M. Langenbeck sont des caisses en zinc, proportionnées à la dimension des membres malades et pouvant prendre divers degrés d'inclinaison. Pour le bras, l'avant-bras et la main, la caisse a une forme oblongue. Pour la jambe et le pied, elle est triangulaire, le sommet tourné en bas en inclinant légèrement la caisse du côté du membre, il s'y trouve fort à l'aise. Lorsqu'il s'agit de la cuisse ou du genou, on se sert d'une caisse carrée à laquelle sont adaptées des manchettes coniques en caoutchouc vulcanisé, destinées à comprimer la cuisse et la jambe, afin d'empêcher la filtration de l'eau.

Un couvercle en zinc ou en verre ferme la caisse en haut, et un robinet fixé à la partie inférieure de l'appareil permet de la vider, sans déranger le blessé.

La partie malade est supportée, dans les caisses, par des bandes en forte toile, attachées à des crochets en dedans ou en dehors du bord supérieur de la caisse.

La disposition de ces appareils permet au chirurgien d'inspecter la plaie à tout instant, sans déranger le membre.

La température de l'eau n'est qu'un point secondaire, et le professeur emploie indifféremment l'eau fraiche, tiède ou chaude, se dirigeant en cela d'après les indications fournies par les blessés euxmêmes. Assez ordinairement il commence par de l'eau à 8° ou 10° R. Bientôt l'eau se réchauffe au contact de la partie immergée, si bien qu'au bout de quelques heures elle a acquis une température de 15o à 25o. Après les premiers jours, les blessés se trouvent très-bien dans le bain de 25° à 27°. En général, on se règle pour cela d'après la sensation et le désir du malade.

L'eau doit être renouvelée aussi souvent que le besoin s'en fait sentir. En général, il suffit de la renouveler deux fois en vingt-quatre heures. Quand la suppuration est abondante, on fait bien de nettoyer l'appareil une fois par jour. Pour

[ocr errors]

cela, on laisse s'écouler l'eau et on lave les parois de la caisse avec des éponges trempées dans une solution de chlorure de chaux et fixées au bout de longues baguettes. Pendant ce court instant, la partie léséé repose sur les bandes, sans qu'il soit nécessaire de la soulever.

La plaie est examinée tous les jours. Pour cela, le malade lui-même ou des aides soulèvent doucement bors de l'eau le membre, pendant que le chirurgien soumet la plaie à un examen convenable.

Aucun pansement n'est appliqué, afin que l'eau puisse s'introduire dans tous les sinus de la plaie et enlever le pus à mcsure qu'il est sécrété.

On n'a pas recours au bain immédiatement après l'opération, de crainte d'une hémorrhagie; mais on laisse passer dixhuit à vingt-quatre heures, pendant les quelles la plaie est pansée très-simplement. Cette règle n'est cependant pas sans exception, et il arrive souvent, surtout lorsqu'on ne redoute point d'hémorrhagie consécutive, qu'on place le membre dans le bain avant même que l'opéré soit sorti de l'anesthésie.

Lorsque, après une amputation, la plaie admet la réunion immédiate, on applique les sutures et on plonge le membre dans l'eau, afin que le trajet occupé par les fils des ligatures artérielles et exposé à la suppuration soit sous l'influence du bain. M. Langenbeck a remarqué que la réunion par première intention s'opère trèsbien dans l'eau tiède.

Le bain est continué jusqu'à ce que la plaie soit près d'être cicatrisée. Alors on le cesse et on panse simplement.

Voici les phénomènes qu'on peut observer à la surface d'une plaie dans le bain. Les couches de sang coagulé qui la recouvrent ne restent pas longtemps rouges; l'eau entraîne bientôt la matière colorante du sang et l'on n'y voit plus qu'une couche de fibrine adhérente à la surface de la solution de continuité. Dans un espace de temps qui varie de cinq à huit heures, la plaie prend un aspect d'un blanc grisjaunâtre, dù à une couche d'exsudat qui la recouvre. Cette espèce de pseudo-mem. brane s'exfolie après trois ou quatre jours, époque où les granulations se développent à la surface et commencent à

sécréter du pus.

Un autre phénomène qui se montre après un séjour de quelques heures dans le bain tiède, c'est une augmentation de volume des environs de la plaie, par suite de l'imbibition des parties molles, et qui sion. Il en résulte que la plaie est plus ne s'étend pas au delà de la ligne d'immer

grande dans le bain qu'elle ne l'est en réalité. Cette augmentation de volume se dissipe en peu de temps lorsque le membre est sorti du bain; la contractilité des tissus exprimant l'excès d'eau, du moment où le membre n'est plus immergé.

L'infiltration de l'eau dans toutes les anfractuosités de la plaie et son imbibition dans les tissus les plus immédiatement avoisinants paraissent à M. Langenbeck devoir exercer un effet salutaire sur la marche du travail d'exfoliation d'abord et de cicatrisation ensuite.

30 STAPHYLORAPHIE. Le sujet de l'opération était une jeune fille de 16 ans, bien portante. On l'avait habituée depuis huit à dix jours à l'introduction des doigts et au maniement d'instruments dans l'arrière-bouche; aussi se conduisit-elle parfaitement durant toute l'opération.

Assise devant l'opérateur, la bouche ouverte, en face d'une croisée dont la vive lumière tombait au fond du gosier, la malade fut maintenue immobile par deux aides, l'un lui fixant la tête, l'autre lui tenant les mains.

L'opérateur saisit successivement l'angle inférieur de chaque lèvre de la fissure, au moyen d'une longue pince à crochets, la tendit suffisamment en l'attirant à lui, et en fit l'avivement de la manière suivante: un petit scalpel à double tranchant perça le côté de la fissure vers le milieu de sa hauteur et à deux lignes de son bord, et le tranchant dirigé en haut coupa une mince languette jusqu'à l'angle supérieur de la division. Des ciseaux droits terminèrent cet avivement, en bas, en ayant soin de laisser intact l'angle inférieur du bord de la fissure. En agissant ainsi, on a en vue de réconfectionner la luette par le rapprochement sur la ligne médiane des deux petits tubercules formés par les angles de la fente,

Pour l'avivement du côté gauche, la main gauche maniait la pince, et la main droite les instruments tranchants; pour le côté droit, l'inverse avait lieu.

Quelques minutes suffirent pour ce temps de l'opération. La jeune fille eut alors quelques instants de repos, pendant lesquels on lui fit prendre dans la bouche, mais sans gargariser, quelques gorgées d'eau froide.

Après cela, l'opérateur procéda au placement des liens destinés à rapprocher les bords avivés. L'instrument que j'ai décrit ct dessiné, dans mon Essai de chirurgie plastique, remplit parfaitement son role. Le lien du milieu fut placé d'abord, puis le supérieur et enfin l'inférieur. Avant de serrer les fils, l'opérateur divisa, en tra

vers, les muscles du voile du palais, les quels se contractaient avec une force étonnante pour cela il perça le voile de part en part, de devant en arrière, à trois ou quatre lignes de son bord inférieur et à cinq ou six lignes du bord avivé; il fit agir ensuite le tranchant du scalpel en haut jusqu'au bord de la voûte palatine. Pendant ce débridement, il faut avoir soin de diriger la pointe de l'instrument un peu obliquement en dedans, afin de rester éloigné des artères carotides internes, qu'on pourrait blesser, si l'on agissait rudement.

Après quelques nouveaux instants de repos et quelques gorgées d'eau froide tenues dans la bouche sans gargariser, l'opérateur procéda au serrement des liens en commençant par celui du milieu. Un nœud, dit nœud du chirurgien, et un autre nœud simple par dessus, suffirent.

L'opération avait duré une demi-heure, et la jeune personne l'avait supportée avec un courage admirable.

Le traitement consista en compresses, trempées dans de l'eau froide, autour du cou; en petites gorgées d'eau glacée, prises dans la bouche, ayant soin de ne point gargariser. Des sangsues durent être appliquées derrière l'angle de la mâchoire, de chaque côté. C'est une précaution que M. Langenbeck ne néglige jamais après ses opérations de staphyloraphie.

Il fut recommandé à la malade de se tenir assise, dans le lit, et d'observer un silence absolu. Elle ne prit qu'un peu d'eau sucrée, de temps en temps. L'aide chargé des soins consécutifs dût enlever, au moyen d'une petite éponge fixée à une baleine, les mucosités entre les divers points de suture.

Le quatrième jour, un lien fut ôté et la réunion dans ce point était parfaite. Les deux autres fils durent être ôtés le lendemain et le surlendemain.

J'ai su, plus tard, que cette opération avait eu le meilleur succès.

(La suile au prochain No.)

[blocks in formation]

vée dans les jardins: ses bulbes ont le goût du panais et sont très-nourrissantes par la grande quantité de fécule qu'elles renferment. La manière de les préparer est très-simple; on les fait cuire dans le bouillon ou bien on les fait étuver; dans ce dernier cas, il ne faut que d'un quart d'heure à une demi-heure pour leur préparation; si ces avantages venaient à être confirmés, la myrrhis bulbosa n'aurait pas seulement du mérite comme moyen diététique et alimentaire pour les malades. mais elle viendrait aussi enrichir la cuisine des bien portants d'un nouveau mets trèsnourrissant, ce qui n'est pas à dédaigner et ce qui vaut certes bien la peine qu'on établisse par l'expérimentation la valeur de la communication de MM. Guerdan et Betz. Dr D.....

(Memorab. aus der Praxis.)

CAS REMARQUABLE D'ANOMALIE PHYSIOLOGIQUE. Il s'agit d'une dame qui, à la suite de l'impression vive et prolongée du froid, a vu sa main droite pâlir, puis devenir insensible, en même temps que de vives douleurs se faisaient sentir dans

l'avant-bras. Depuis l'époque où cet accident est arrivé, il n'a pas cessé de se re

produire toutes les fois que la main se la Société médicale de Genève ont pu s'astrouve exposée au froid. Les membres de surer, en examinant la malade qui leur a été présentée par le docteur Julliard, de la réalité de la décoloration de la peau, de son refroidissement et de son insensibilité au calorique.

(Annales méd. de la Flandre occid.)

BIDARAH LAOEt, nouvelle plANTE MÉDICINALE.-Un médecin hollandais, le docteur Van Dissel appelle l'attention de ses collègues sur une plante nommée Bidarah laöct par les habitants de l'ile de Java, où elle croit abondamment, et où il l'a vue très-fréquemment employée. Cette plante est une espèce de Zizyphus, famille des Rhamnées; Haskarl seul parle des Bidarah dans sa Matière médicale javanaise, sans cependant mentionner le Bidarah laoel. C'est dans le traitement de la dyssenterie que la racine de ce végétal est employee; cette racine est très-dure, rouge, et ressemble à du bois de Fernambouc; lorsqu'elle est sèche on la réduit en poudre à la râpe. Deux cuillerées à café de cette poudre sont digérées avec cinq onces d'eau froide pendant la nuit, et la dose est prise le matin à jeun.

M. Van Dissel pense que cette drogue qui se vend au marché de Java, mériterail

d'être mise en expérimentation par les médecins européens.

(Geneesk. Cour. et Ann. méd. de la Fl. occ.)

DU CLIMAT DE MADÈRE ET DE SON INFLUENCE SALUTAIRE SUR LA PHTHISIE PULMO

NAIRE; par M. le docteur F.-A. BARRAL, membre de l'Académic royale des sciences de Lisbonne. (Traduit par M. le docteur Paul GARNIER).

... Le nombre d'étrangers visitant Madère et y séjournant pour leur santé, à cause de son climat bienfaisant, a beaucoup augmenté depuis 1834, et surtout dans ces dernières années, en raison des profondes commotions politiques en Italie. On l'évalue à trois ou quatre cents chaque année à Funchal, mais ce calcul est exagéré, et, d'après les documents que nous avons consultés sur ce sujet, ce mouve ment aunuel ne serait guère de plus de 200 malades. La plupart sont Anglais; puis il y a quelques Américains, des Allemands, des Russes, peu de Français et un ou deux malades des autres nations. Les Portugais n'y vont, par motif de santé, que depuis peu d'années, et pourtant le nombre en était déjà assez élevé en 1852. Quelques Brésiliens, se confondant avec les nationaux, s'y rendent également, mais en très-petit nombre, d'après les documents officiels. Voici le dénombrement de ces malades pendant les cinq dernières années :

Le nombre des Anglais est de 1,601, savoir: 316 en 1848, 348 en 1849, 257 en 1850, 560 en 1851 et 520 en 1852. Dans ce nombre, sont compris les parents ou amis qui accompagnent ordinairement les malades, car si quelques-uns arrivent seuls, adressés et recommandés à une famille particulière, un hotel ou une maison de santé, la plupart sont accompagnés d'une ou deux personnes; de manière que le nombre réel des malades ne peut être évalué approximativement au-dessus de la moitié. Et encore faut-il en déduire les malades anciens revenant à plusieurs reprises et que l'on compte à tort dans le nombre total. Aussi ne faut-il pas ajouter foi aux dires de certains habitants qui, pour augmenter le crédit du climat et ses conséquences, ne font pas toutes ces distinctions et exagèrent l'affluence des malades, assez remarquable dans les limites mêmes de la vérité.

La plupart de ces malades obtiennent, sans aucun doute, une grande amélioration de ce séjour, mais tous ne sont pas atteints de phthisie pulmonaire; remarque essen

tielle, capitale, que nous voudrions pouvoir mieux préciser. Un certain nombre souffrent de laryngites, bronchites, pneumonies ou pleurésies chroniques, épanchements consécutifs, hemoptysies, etc., maladies plus ou moins graves et dangereuses auxquelles ils succomberaient probablement en Angleterre, mais en fait beaucoup plus curables que la phthisie, au développement de laquelle elles contribuent trop souvent.

Pour fortifier encore l'opinion des hommes de l'art sur la valeur du climat de Madère, nous croyons devoir citer celle des malades ayant resté dans ce pays ou des personnes qui les ont accompagnés et observés aux différentes phases de leur maladie. Cette opinion se manifeste nonseulement par les dires et l'affluence de ces malades, mais surtout par leur retour dans l'ile pendant trois, quatre, dix hivers successifs et plus. D'autres y sont restés plusieurs années entières, et quelquesuns s'y sont même établis. Il y en a aussi qui sont allés à Madère sur le simple conseil d'autres malades dont l'exemple les décida. Un service assez régulier de navires s'est déjà établi en Angleterre pour transporter les malades en octobre et novembre, et le nombre en est de 20 à 30 à chaque voyage. Si donc le climat n'offrait pas un avantage réel à ces malades, cette affluence ne continuerait pas ainsi et les mêmes malades n'y recourraient pas tant d'années de suite; d'autant plus que Madère, sans offrir les agréments et les distractions de l'Italie, ni des autres pays d'Europe, présente l'incommodité du voyage par mer et une dépense égale. Enfin, le grand nombre de guides ou instructions pour les voyageurs et les malades qui vont dans l'ile, et plusieurs autres livres publiés dans ce but, sous divers titres, prouvent que ce genre de publications trouve aujourd'hui de nombreux

acheteurs.

Ces arguments, en faveur du climat de Madère contre les affections pulmonaires chroniques, ne suffiront pas aux esprits exacts et sévères; ils voudront sans doute des preuves plus convaincantes et surtout des faits patents, clairs et précis à l'appui des propositons précédentes, ainsi qu'une comparaison analytique de ces mêmes faits avec les résultats obtenus dans les climats analogues. Comme eux, nous sentons le besoin de ces puissants moyens de conviction dont nous apprécions toute l'impor tance; mais, dans l'impossibilité de les offrir, nous donnerons les renseignements que nous avons recueillis sur les faits ser

« PrécédentContinuer »