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et qui soit en même temps au minimum possible d'oxydation.

Les hypophosphites de soude et de chaux sont les préparations qui semblent jusqu'ici le mieux réunir ces deux conditions.

Administrés à des doses qui peuvent varier entre 80 centigrammes et 3 grammes par jour, ces sels peuvent être employés indifféremment l'un et l'autre dans le traitement de la phthisie. La dose maximum à laquelle je me suis en général tenu a été de 1 gramme par jour pour les adultes. Ils ont une action immédiate sur la diathèse tuberculeuse, et font disparaitre avec une rapidité vraiment merveilleuse tous les symptômes qui en sont l'expression générale. Lorsque le dépôt morbide qui est le résultat spécial de la dyscrasie est récent, lorsque le ramollissement n'a fait que commencer, lorsqu'il ne s'opère pas trop rapidement, les tubercules sont résorbés et disparaissent sans laisser de traces; lorsque le dépôt est d'une date plus ancienne, lorsque le ramollissement a atteint un certain degré, il continue quelquefois malgré le traitement, et l'issue de la maladie dépend de l'état anatomique de la lésion, de son étendue, et surtout de la présence ou de l'absence de complications.

Dans les nombreux essais faits par moi pour modifier l'état local au moyen de l'inspiration de diverses substances, je n'ai vu aucun résultat favorable qui ne dût être attribué à la médication spécifique.

Les hypophosphites de soude et de chaux sont un prophylactique certain contre les maladies tuberculeuses.

Les effets physiologiques que j'ai observés dans l'emploi des hypophosphites de soude, de chaux, de potasse et d'ammoniaque, font voir que ces préparations ont une double action; d'une part elles augmentent immédiatement le principe, quel qu'il soit, qui constitue la puissance nerveuse; de l'autre elles sont des hématogènes par excellence, infiniment supérieurs à tout ce qui nous est actuellement connu. Elles offrent au plus haut degré toutes les propriétés thérapeutiques attribuées par les anciens observateurs au phosphore, sans aucun des dangers qui ont presque fait tomber cette substance dans l'oubli. Il est indubitable que les préparations hypophosphoreuses occuperont, à l'avenir, un des premiers rangs dans la thérapeutique. (Commissaires: MM. Louis, Trousseau et Bouillaud.)

ANESTHÉSIQUES (Suite de la discussion).

M. GIBERT veut présenter une protes tation plutôt qu'une argumentation nouvelle. Le point important de la discussion, c'est la possibilité de la mort subite; c'est elle qui compromet le plus la responsabilité médicale. On l'a expliquée par une action toxique du chloroforme; mais sur quoi appuie-t-on cette opinion? Il y a cu, cette année, un assez grand nombre de morts subites, et, en définitive, on n'a pas su quelle en était la cause on le sait encore moins quand le chloroforme vient compliquer la question. Pour moi, dit M. Gibert, je ne puis pas admettre qu'une substance qui agirait comme un toxique foudroyant pour les uns pourrait être supportée par d'autres avec une impunité parfaite.

Il faut donc repousser cette explication. Mais il en est une autre très-naturelle : c'est la syncope; et la syncope, malgré la complication du chloroforme, n'a rien de bien effrayant par elle-même.

Le bon sens public, mieux que les savants, toujours un peu amoureux des dissertations obscures, s'est prononcé à l'égard des anesthésiques, et il indique qu'on peut employer ces agents sans crainte, sans scrupule, surtout sans appareils, mais non sans précautions.

Quant à ce qu'on a dit des petites opérations, à propos desquelles on a recommandé de ne pas employer les anesthési ques, il croit qu'on n'a pas assez pensé aux patients qui les réclament. Donc, tant que cela ne sera pas défendu, il chloroformera dans tous les cas, afin d'épargner aux malades des douleurs inutiles.

M. CAZEAUX. Il résulte du dernier discours de M. Devergie, aussi bien que de sa première communication, qu'il admet la possibilité de l'asphyxie, et M. Devergie n'a produit aneun fait à l'appui de ce qu'il avançait. Or, sans cette démonstration, toute son argumentation tombe.

Il importe d'ailleurs de distinguer deux asphyxies l'une, consécutive, résultant de la lésion des puissances respiratrices; l'autre, et c'est la vraie, produite par le manque ou l'insuffisance de l'air respirable. Avec tous les appareils, y compris celui de M. Duroy, la quantité d'air est insuffisante, ou, du moins, la respiration est gênée; rien, au contraire, ne facilite davantage la respiration que la compresse tenue à quelque distance des narines et de la bouche. C'est le seul appareil, par conséquent, avec lequel il serait concevable que M. Devergie ne trouvât pas l'a3phyxie possible.

Pour M. Cazcaux la quantité de chloro

forme inspirée est sans importance; il n'y a que la diminution de l'air qui soit un danger. On peut, sur certains malades, comme il l'a fait chez une femme en couches, prolonger l'insensibilité pendant plusieurs heures et administrer jusqu'à 40 grammes de chloroforme impunément. Aussi ne peut-il comprendre ce qu'on veut dire par dosage, quand il s'agit d'un agent à propos duquel on est dans une ignorance absoluc. Le seul dosage, c'est d'en donner jusqu'à ce que l'effet qu'on cherche soit obtenu, c'est-à-dire jusqu'à ce que la sensibilité ait disparu.

M. Cloquet se proposant de parler de la responsabilité, M. Cazeaux n'abordera ce sujet qu'au point de vue de ce qu'on a dit à propos de l'avortement.

A ce sujet M. Devergie a commis une erreur. L'avortement est formellement, absolument prohibé par la loi; si donc le magistrat croit devoir poursuivre dans un cas de ce genre, c'est sur le fait en luimême que portera la poursuite, et point du tout sur le procédé qui aura été cmployé. Le magistrat, pas plus à propos de l'avortement que de l'éthérisation, ne peut être juge du procédé mis en usage. Mais le chloroforme n'est pas prohibé comme l'avortement, et le magistrat, ni à l'égard du fait lui-même, ni à l'égard du procédé, ne peut intervenir. Dans les cas incriminés, ce n'est pas à cause de l'éthérisation qu'il y a eu poursuite, mais parce que le chirurgien, usant de négligence, avait abandonné trop tôt son malade.

Ce qui prouve, au surplus, que M. Devergie est tombé dans une double erreur, c'est que, si sa doctrine prévalait, le magistrat aurait le droit de dire au chirur gien: Les appareils sont généralement abandonnés; en les employant vous vous êtes servi d'un moyen exceptionnel; vous êtes donc coupable.

En résumé, M. Cazeaux pense que l'Académie doit, dans cette discussion, sortir de ses habitudes et ne pas laisser se terminer les débats sur les anesthésiques sans prendre de conclusions. Il en propose deux dont le texte nous manque, mais dont voici le sens : 1° dans les cas trèsrares où les malades ont succombé, rien ne prouve qu'ils aient succombé à l'asphyxie; 2° dans l'état actuel de la question, rien ne démontre que l'éponge et la compresse offrent moins de sécurité que les appareils.

M. CLOQUET. Il est évident que la majorité des chirurgiens entendus dans cette discussion a reconnu que les appareils sont plus propres à causer qu'à prévenir les accidents.

L'Académie devrait donc conclure. Elle est un tribunal suprême, et de toutes parts, en France, on attend sa décision. Cette décision est, encore une fois, dictée par la majorité, et l'Académie doit dire qu'elle repousse l'emploi des appareils.

M. ROBERT trouve que cette décision serait déplorable; elle lierait ceux qui veulent employer les appareils, et, d'agresseurs qu'ils étaient, les obligerait à se défendre.

Les appareils, contrairement à ce qu'on a dit, peuvent ne pas gêner la respiration; ils ne masquent que les parties qu'on n'a pas besoin de voir; ce qu'il importe de surveiller, c'est la circulation et la respiration, et les appareils ne cachent ni l'une ni l'autre de ces fonctions.

Il est une chose qu'il faut dire : c'est que tous les cas de mort, sans exception, sont arrivés à la suite de l'emploi de l'éponge ou de la compresse (interruption). Ce n'est pas une erreur, j'ai fait le relevé de tous les cas de mort. Pas un seul n'a été causé par les appareils, et il ne faut pas dire que cela tient à ce qu'on ne les emploie pas: M. Charrière en fabrique des milliers par année.

Il regrette qu'on n'ait pas répondu à l'objection qu'il a faite à l'éponge d'offrir une surface d'évaporation illimitée, et termine en disant qu'il protestera, pour son compte, si l'Académie adopte les conclusions proposées.

M. LARREY a été étonné d'entendre dire par M. Robert que tous les cas de mort, sans exception, étaient survenus à la suite de la compresse et de l'éponge. Il pense que c'est une erreur. Il existe un grand nombre de ces cas dans lesquels on ne sait pas ce qui a été employé, éponge ou appareils. Mais le cas même qui a suscité cette discussion, celui de M. Snow, offre un cas de mort avec l'appareil.

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Il tient à dire que, lorsqu'on se sert de la compresse, on ne l'applique pas immċdiatement sur les orifices respirateurs, ainsi qu'on parait le supposer, mais qu'elle est maintenue toujours à une certaine distance de la bouche et des narines.

Il ne faut rien proscrire, mais, surtout, il ne faut pas imposer les appareils.

M. RICORD. Les orateurs qui ont été accusés par M. Devergie d'avoir apporté de l'inattention dans le choix de leurs arguments pourraient lui retourner l'accusation; ainsi tous les chirurgiens ont commencé par se servir d'appareils pour administrer les anesthésiques. Ces appareils étaient-ils bons? Apparemment non, puisqu'on les a abandonnés. Donc on a raison de ne pas les employer, et M.

Robert n'emploie pas celui de M. Duroy, qu'il vante.

Le dosage est une chimère. On a voulu assimiler le chloroforme aux agents toxiques de la matière médicale, qu'on dose cependant; mais l'assimilation n'est pas possible. Ici le médicament employé ne séjourne pas il entre, et, un instant après, il ressort. C'est comme une potion qui serait incessamment vomie; que deviendrait le dosage? Ainsi que l'a dit M. Cazeaux, on ne peut juger des doses nécessaires que par l'obtention de l'effet désiré. En d'autres termes, on ne sait rien, rien absolument sur les doses. On a beau dépenser du chloroforme, on n'en dépense jamais plus qu'il n'en faut pour atteindre le but qu'on poursuit.

La respiration, très-variable selon les sujets, rend tout dosage illusoire.

Le temps de l'anesthésie produite par les mêmes doses de chloroforme varie aussi selon les individus.

Les appareils soi-disant doseurs ont cet inconvénient de ne pas permettre d'augmenter la dose, si besoin est, à un moment donné, et la compresse permet, au contraire, d'en administrer la quantité que

l'on veut.

M. Gibert a accusé d'être trop prudents les chirurgiens qui repoussent l'emploi des anesthésiques pour les petites opérations. Cette accusation n'est pas juste. Le chloroforme tue, cela est certain; il faut donc, en termes généraux, l'employer le moins possible.

Il conclut qu'il ne faut pas engager l'avenir, et fermer peut-être la porte à un progrès en proscrivant l'un ou l'autre mode d'administrer le chloroforme; il faut laisser chacun libre d'agir à sa manière.

Séance du 28 juillet.

ANESTHÉSIQUES. (Fin de la discussion). M. VELPEAU. On a dit, en dehors de l'Académie et aussi dans le sein même de l'Académic, que les discussions n'apprennent pas grand'chose. M. Velpeau n'est pas de cet avis. Il pense que les discussions ont toujours une grande importance; elles répandent les notions acquises sur une question, et, grâce aux discussions, ces notions entrent dans l'esprit de tous les médecins. Celle-ci est remarquable en ce que tous les chirurgiens de l'Académie, sauf un scul, se sont trouvés d'accord, chose assez rare, ce qui lui permettra d'être très-court sur ce qui lui reste à dire.

Il tient, avant tout, à se disculper d'un reproche qui lui a été adressé par M. Devergie. Selon son honorable collègue, il

aurait égaré la discussion à l'aide d'une fausse interprétation des paroles de M. Devergie. Si tout le monde a suivi celte interprétation, ce n'est pas, à coup sûr, parce qu'il l'avait donnée, mais parce que tout le monde avait compris ainsi que lui ce que M. Devergie avait dit. En somme, n'est-ce pas en vue de l'asphyxic que M. Devergie a fait son mémoire? I admet bien, à la vérité, d'autres genres de mort, mais il revient toujours à l'asphyxie. — D'ailleurs, quand M. Velpeau a dit qu'il ne lui paraissait pas soutenable de prétendre que la mort n'arrivait que par asphyxic, ce n'était pas à à. Devergie qu'il faisait allusion, mais à d'autres; à ceux, par exemple, qui avaient avancé que tous les agents asphyxiants produisaient l'insensibilité, et, par conséquent, que l'anesthésie ne se produisait que par asphyxie.

Au surplus, il ne s'agit pas d'asphyxie, mais d'appareils; la question est de savoir si certains appareils valent mieux que d'autres, car tout est appareil, la compresse aussi bien que les mécanismes fabriqués. M. Velpeau ne croit pas que ces derniers soient préférables; il les a tous employés, et il ne les a rejetés qu'après en avoir fait l'essai. Or comment se jugent les questions de science et de pratique? Par l'expérience; et qui est meilleur juge, en ces questions, que les chirurgiens? Pourquoi vouloir que, sur la foi de théories, les chirurgiens abandonnent une longue habitude, sanctionnée par des milliers de faits? Cela serait-il raisonnable?

M. Devergic a dit qu'il y avait moins d'accidents maintenant, parce qu'on se servait moins souvent du chloroforme. Cela n'est pas très-vrai; ainsi M. Velpeau a toujours résisté aux demandes d'éthérisation pour les petites opérations; résisté jusqu'à un certain point, cependant; car, ce qu'il faut considérer, c'est moins la gravité de l'opération en elle-même que les craintes qu'elle inspire aux malades, et quelquefois il a anesthésié des sujets pusillanimes pour de simples explorations.

Il est une question à laquelle tient M. Devergie : c'est le dosage, et c'est une ques tion qu'il n'est pas aisé de résoudre. M. Velpeau, après avoir rappelé que certains opérés ne savent pas ou ne veulent pas respirer, demande ce qu'on fera quand la dose maxima des doseurs sera dépassée, et conclut qu'il n'y a qu'une seule manière bonne de déterminer les doses : c'est de produire l'insensibilité.

Quant à la responsabilité, il ne faut pas perdre de vue que la médecine n'a pas en dehors d'elle des juges compétents, et

que, pour faire des progrès, il faut qu'elle soit libre. D'ailleurs, ce n'est pas aux médecins à aller chercher la responsabilité.

En somme, it ne faut pas proscrire les appareils et surtout ne pas les imposer. Il se rallie à la proposition de M. Cazeaux, modifiée par M. Cloquet. Il faut un voté qui ne désoblige pas M. Devergie, et, pour son compte, il propose de déclarer que les chirurgiens sont libres d'employer ou de ne pas employer les appareils.

M. ADELON appuie la proposition. Il pense que l'Académie n'étant pas certaine de la valeur des moyens employés pour produire l'éthérisation, doit laisser la liberté aux chirurgiens.

Il regrette qu'on ait prononcé dans cette discussion le mot de responsabilité; on n'en devait pas parler; il ne sait pas ce qu'est la responsabilité médicale : terme n'est employé nulle part dans le Code, et les médecins sont régis par le droit commun.

ce

Quand un médecin est accusé, qu'arrivet-il? Il déclare le tribunal incompétent, ct demande des experts qui ne lui sont jamais refusés. En droit civil et en droit criminel, les choses se passent de même. Jamais un tribunal ne prononce sans experts, et, en définitive, le médecin est jugé par ses pairs, en toutes circonstances.

M. ROBERT répond que la responsabilité, pour venir devant les tribunaux par ricochet, n'en existe pas moins, et que, par conséquent, on a bien fait de la discuter.

M. DEVERGIE ne veut pas rentrer dans la discussion; il rappelle seulement à M. Adelon que l'art. 319 du Code pénal atteint tout le monde, et les médecins plus souvent que personne, puisqu'ils sont, plus souvent que personne, en présence de cas de mort. A la vérité, comme l'a dit M. Adelon, le tribunal ne prononce jamais sans appeler des experts, et ces experts sont des médecins; mais ce n'est que reculer la difficulté, et il est nécessaire que ces médecins-experts aient des bases d'appréciation. Il était done bon d'aborder cette question.

L'Académie parait désirer un vote, - il ne le désirait pas; mais, avant de voter sur une discussion aussi longue, i peut être utile d'en rappeler les prémisses. L'honorable académicien revient sur ce qu'il a dit dans ses précédentes communications et reprend tous ses arguments, qu'il ne trouve pas ébranlés. Il ajoute qu'un vole pourrait blåmer les chirurgiens qui se sont servis d'appareils ou qui s'en serviront à l'avenir, et il termine en énon

cant ces propositions, qu'il soumet au voté de l'Académie :

« L'Académie déclare que, dans l'élat actuel de la science, l'éthérisation peut être pratiquée avec ou sans appareils ;

» Que le choix du moyen peut être laissé à l'appréciation du médecin ou du chirurgien.»

M. LARREY s'étonne des conclusions mitigées de M. Devergie; il ne s'y attendait pas; il l'en remercie et s'y rallie avec empressement.

A propos d'un point qui a été soulevé de nouveau dans l'argumentation de M. Devergie, il affirme encore une fois que les comptes-rendus de la Société de chirurgie, qu'il a compulsés avec le plus grand soin, se taisent sur le moyen employé, compresse ou appareil, dans un grand nombre de cas de mort produits par l'éthérisation.

M. CAZEAUX abandonne sa proposition et se rallic à celle de M. Devergie.

M. ROBERT propose des conclusions qui ne sont pas appuyées.

M. MALGAIGNE s'oppose énergiquement au vote que demande l'Académie, parce qu'il ne traduira pas la véritable impression qui résulte de la discussion. Tous les chirurgiens, moins un, se sont élevés contre les apparcils; voilà ce qu'il faut dire et voilà ce que le vote ne dit pas.

M. Bussy appuie le rejet de M. Malgaigne; il ne faut pas voter, car les chirurgiens étaient libres d'employer, ou non, les appareils, et il n'est pas nécessaire de leur accorder cette liberté par un vote; ils l'avaient auparavant.

M. VELPEAU : M. Bussy aurait raison si, au commencement de cette discussion, M. Devergic n'avait pas voulu imposer les appareils. Cette obligation était, selon lui, le seul moyen de sauvegarder la responsabilité du médecin ; c'est comme ça qu'on l'a compris au dehors, et surtout en province; il faut rassurer les esprits qui se sont émus à ce propos. Il appuie la proposition du vote.

La proposition de M. Malgaigne, mise aux voix, est rejetée.

M. MALGAIGNE ajoute aux conclusions de M. Devergie un amendement déclarant que les appareils offrent plus de dangers que les moyens employés par tous les chirurgiens. Il répète que tous les juges compétents se sont prononcés dans un sens, et que, pour des considérations de bienséance, l'Académie va voler dans un sens opposé. Il faut voter selon l'esprit de la discussion, ou ne pas voter.

M. LARREY appuie M. Malgaigne et partage absolument son opinion.

M. ROBERT regrette que M. Malgaigne

se soit abstenu pendant la discussion, et soit resté sous sa tente au lieu de venir, à la tribune, démontrer les dangers des appareils. I appuie la proposition de M. Devergie.

M. CAZEAUX fait observer à M. Malgai gne que les chirurgiens n'ont pas parlé contre les appareils précisément, mais contre la prééminence qu'on voulait leur donner. En somme, il ne faut pas que le vote

blâme ceux qui se sont servis et qui se serviront d'appareils.

M. VELPEAU demande à ajouter un mot pour calmer les inquiétudes de M. Malgaigne c'est que cette proposition de M. Devergie est excellente, et qu'elle est excellente surtout parce qu'elle vient de M. Devergie.

Les conclusions de M. Devergie sont mises aux voix et adoptées.

V. VARIÉTÉS.

SUR L'ENSEIGnement médical en Prusse. Dans notre dernier cahier, nous avons donné un premier extrait de l'intéressante brochure publiée par M. Verhaeghe, sous le titre de : Une semaine à Berlin; aujourd'hui nous allons suivre notre savant correspondant aux cliniques de la capitale prussienne et communiquer à nos lecteurs les faits aussi importants qu'instructifs qu'il y a observés.

Berlin offre à celui qui veut s'instruire dans les sciences médicales, une telle richesse de cours théoriques et de cliniques qu'on n'en trouve pour ainsi dire nulle part de semblables. De belles bibliothè ques, de précieuses collections, des hôpitaux admirablement construits et qui ne le cèdent en rien à ceux de Paris et de Londres, sont accessibles à tous.

Les chaires de la Faculté de médecine sont occupées par les hommes les plus illustres de l'Allemagne. Quand on trouve inscrits sur le programme des cours les noms de Schoenlein, Langenbeck, J. Muller, Juengken, Romberg, pour ne citer que les plus connus, on peut dire que cette Faculté se trouve à la tête de la science d'un pays.

L'enseignement clinique de M. Schoenlein ne s'adresse pas aux commençants; mais ce professeur suppose son auditoire déjà familiarisé avec la description détaillée des maladies, et il réserve cette dernière partie pour son cours théorique à l'Université. A la clinique, il s'occupe exclusivement d'enseigner l'art, si difficile, de bien observer les malades, d'exercer tous les sens à bien saisir les divers phénomènes pathologiques, les symptômes de la maladie, et à les estimer à leur juste valeur. Les investigations anatomo et physiologico-pathologiques, auxquelles le professeur se livre volontiers, offrent des conséquences pratiques des plus utiles.

La physique, la chimie et la microscopie sont tour à tour appelées en aide pour arriver au diagnostic le plus certain qu'il soit donné à l'intelligence humaine d'établir. Ces sciences d'une utilité incontestable, trouvent dans les aide-cliniques — Assistenz-Aerzte d'habiles interprètes. Les nécropsies sont faites avec un soin et une minutie extrêmes. Le microscope vient chaque fois éclairer l'examen des tissus pathologiques.

Que dire de la clinique chirurgicale de M. Langenbeck? Ceux qui n'y ont pas assisté, se feraient difficilement une idée du talent opératoire du professeur et de ses efforts pour conserver à l'école de Berlin la supériorité qu'elle devait à Dieffenbach. Doué d'un génie aussi fécond qu'indépendant, il donne à sa clinique une physionomie à part et dont nulle autre ne reproduit le caractère. Il ne se passe pas de jour qu'on n'y voie pratiquer plusieurs opérations majeures.

J'ai assisté à une résection du coude; à une staphyloraphie; à l'extirpation d'un énorme cysto-sarcome à la région fessière; à l'extirpation d'une tumeur glandulaire de la région cervicale. J'ai vu rompre brusquement, le sujet étant profondément chloroformé, une ankylose du genou. Il faut remonter à l'époque où Dupuytren était dans toute sa vigueur à I'llôtel-Dieu, pour rencontrer tant de faits curieux, en deux ou trois jours.

Et qu'on ne s'imagine pas que le hasard avait amené tous ces faits coup sur coup; au contraire, il y avait plutôt pénurie, comparativement à ce qui a lieu d'ordinaire. On en jugera par les opérés qui étaient en voie de guérison.

Il se trouvait, dans les salles, trois sujets qui avaient subi depuis peu de temps la résection du maxillaire supérieur en totalité; avec rhinoplastie partielle chez

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