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nous cùmes dernièrement l'occasion de rechercher la présence du phosphore dans les organes d'un enfant empoisonné par ces allumettes. Voici, en résumé, le fait qui a motivé ces recherches :

Le 21 mars 1856, à six heures du soir, dans la commune d'Oostcamp, la fille X. fait avaler à son enfant (un garçon) âgé de six mois. dans le but de s'en défaire, plusieurs bouts d'allumettes phosphoriques, peu de temps après lui avoir donné une soupe composée de lait et de biscuits. Aussitôt que le phosphore est avalé, elle donne un peu d'eau et du sucre, quitte la maison et abandonne son enfant à des personnes étrangères qu'elle payait pour le soigner.

Vers quatre heures du matin, dix heures après avoir pris la nourriture mentionnée plus haut, l'enfant, devenu fortement malade, vomit considérablement et, d'après la déposition des personnes à qui il avait été confié et qui se trouvaient dans l'obscurité, une traînée de feu sortait de ́sa bouche qui, d'après elles, en était toute remplie.

Ces gens, pour adoucir les souffrances du petit infortuné, lui donnent de l'eau qu'il vomit aussitôt et qu'il refuse finalement de prendre; douze heures après, c'est-à-dire vingt-deux heures après l'ingestion du poison, la victime rend le dernier soupir.

L'autopsie cadavérique, faite avec les plus grands soins par MM. les médecins légistes, ne fait constater aucune lésion morbide dans les organes de la victime; ne trouvant rien à recueillir des matières qui ont été vomies, les médecins se bornent à enlever les organes digestifs et urinaires avec leur contenu.

Appelés par le tribunal de Bruges pour rechercher par l'analyse chimique l'existence du poison dans les organes de la victime, nous avons eu recours aux différents procédés connus dans la science et notamment à celui qui a été naguère mis au jour par le savant chimiste allemand Mitscherlich. Tous les résultats ont été négatifs, en ce sens que tous ont démontré l'absence du phosphore libre dans les organes.

Ces résultats négatifs ont nécessité de notre part des recherches comparatives, afin de pouvoir établir que nos opérations avaient été bien faites et que les conclusions que nous avions admises ne pouvaient laisser aucun doute.

Ces opérations étant de nature à éclairer l'importante question de la recherche du phosphore dans les empoisonnements,

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nous allons les exposer en résumé. Elles nous ont permis d'établir, d'un côté, l'iucontestable supériorité du procédé d'analyse de M. Mitscherlich sur tous les autres procédés mis en avant pour découvrir des traces de phosphore libre dans les matières organiques; et, d'un autre côté, elles nous mettent à même de lever un doute soulevé dans ces derniers temps par M. Nicklès, dans le Journal de pharmacie et de chimie de Paris (décembre 1856), au sujet de la valeur du procédé Mitscherlich appliqué aux cas où le phosphore est mêlé à des corps gras.

Are Expérience. - Le 15 avril, à trois heures de l'après-diner, on fait avaler à un lapin quatre bouts d'allumettes phosphoriques, après lui avoir donné par intervalles du pain trempé dans du lait (ces allumettes provenaient de la même boîte que celles administrées à la victime). Jusque vers les sept heures du soir l'animal a paru bien portant et a mangé du pain; il avait uriné deux fois. Le lendemain, à cinq heures du matin, il a l'air très-abattu, ne veut plus manger et se tient fortement blotti dans un coin. A six heures il est mort, couché sur le côté gauche, sans avoir eu de vomissements.

L'autopsic, faite douze heures après, permet de constater ce qui suit: l'estomac se trouve rempli d'aliments. Cet organe ayant été extrait est vidé et placé sur une assiette; examiné avec le plus grand soin, il n'offre aucune trace d'inflammation. La matière qu'il contient est épaisse et bru nâtre, et on y reconnait la nourriture que l'on a fait prendre à l'animal; elle ne répand aucune odeur de phosphore et ne produit aucune lueur dans l'obscurité, même en la remuant avec une spatule.

Huit grammes de cette matière analysés par le procédé Mitscherlich font apparai tre des lueurs phosphorescentes dans le tube à expérience pendant plusieurs mi

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Douze heures, il ne sait plus où placer la tète, tantôt il la porte en l'air, tantôt il la presse entre ses pattes et reste couché sur le côté droit.

Douze heures et demic, les souffrances augmentent, la respiration est de plus en plus gênée; on fait avaler un peu de lait, les douleurs se calment pendant quelques instants pour reparaître et augmenter encore; il reste étendu sur le parquet, se lève et se couche sur le côté gauche; il fait constamment des efforts pour avaler sa salive et semble avoir la gorge brûlante; il étend les pattes, ne sait plus comment se placer, se lève de nouveau et se couche sur le côté droit.

Une heure et demie, il urine copieusement, son état empire à tel point qu'il commence à gémir et à hurler.

Deux heures, après avoir pris du lait il parait mieux.

Trois heures, il se lève, son état s'améliore de telle manière que le soir il paraît rétabli et que le lendemain il est aussi bien que si rien ne lui était arrivé; le chien a depuis rendu des excréments liquides et uriné encore deux fois.

Les excréments et les urines analysés d'après le procédé qui nous occupe donnent un résultat négatif.

5e Expérience. Le surlendemain, aussi à 9 heures du matin, on a fait pren dre au même chien 26 bouts des mêmes allumettes dans du lait avec des morceaux de pain; voici les symptômes qu'on remarque:

A 10 heures, il présente le même état que la première fois; on lui fait prendre du lait.

11 heures, il vomit; ces vomissements sont recueillis et répandent l'odeur du phosphore; les vomissements se répètent plusieurs fois et deviennent de plus en plus glaireux. Dans le dernier vomissement nous observons quelques bouts d'allumettes; l'animal refuse toute boisson, il se lève par intervalles, reste immobile pendant quelques minutes et se couche sur le côté droit.

12 heures, amélioration notable; celleci continue et l'animal est rétabli dans l'après-diner. Pendant ce temps il a uriné deux fois, quoique n'ayant pas rendu des

excréments.

Seize grammes des matières vomies ont

été analysés et ont fait apparaître des lueurs phosphorescentes, à peu près pendant un quart d'heure.

Le restant des matières vomies a été

placé dans un bocal ouvert pour être con

servé dans le laboratoire.

4e Expérience. Une pâte composée d'amidon, de graisse et de sucre, à laquelle était mélangé un centième de phosphore, a été mise dans un petit ballon et soumise à l'analyse d'après la méthode de M. Mitscherlich. Au point de l'ébullition, des vapeurs blanches lumineuses ont commencé à apparaître et se sont succédé en montant dans le tube à expérience et en présentant de petits éclairs, puis elles sont descendues jusqu'au flacon récipient; ceci ayant duré assez longtemps, nous avons cessé l'opération.

Après refroidissement, le réfrigérent contenait un liquide clair, produit de la distillation, dans le fond duquel se trouvait un dépôt semblable à du sable trèsfin et qui a été reconnu être du phosphore

très-divisé.

Be Expérience. Désireux de savoir si le phosphore libre pouvait être trouvé après un temps plus ou moins long dans les matières vomies et abandonnées au contact de l'air, nous avons analysé à la fin du mois de janvier 1857, les matières vomies dont il a été fait mention plus haut; elles étaient devenues épaisses et cornées.

La moitié a été délayée dans de l'eau distilléc acidulée avec de l'acide sulfurique et a été introduite dans un petit ballon à expérience, d'après le procédé de Mitscherlich. Après une ébullition de quelques instants, des lueurs phosphorescentes se sont montrées dans le tube comme dans les expériences précédentes.

De l'ensemble de ces faits, il résulte : 1° Que dans toutes les recherches médico-légales, relatives à des empoisonnements par le phosphore, il faut donner la préférence au procédé Mitscherlich, lequel mènera toujours à la découverte du toxique, quand même il aurait été intimement miêlé avec des corps gras (4o Expérience).

2o Que la recherche du poison doit se faire avec les matières contenues dans l'estomac et mieux avec celles qui auraient été vomics.

3 Qu'une fois que le phosphore est changé soit en acide phosphorique, hypophosphorique, etc., sa constatation devient très difficile et que, par suite,!l'expert ne saurait dans ce cas se prononcer d'une manière formelle.

4° Qu'il est encore possible de consta

ter le phosphore libre dans les matières vomies (résultat de la 3o Expérience), même lorsque ces matières ont été abandonnées pendant à peu près une année dans un flacon non bouché.

(Ann. de la Soc. médico-chir, de Bruges.)

Médecine lógale.

RAPPORT MEDICAL SUR UN CAS DE SIMULATION DE FOLIE; par M. le docteur MOREL, médecin en chef de l'asile des aliénés de Saint-Yon (Seine-Inférieure). — Dérozier, âgé de quarante et un ans, est un marchand forain qui paraît s'être créé la spécialité des vols d'église. L'accusation lui en reproche douze, commis dans autant d'endroits différents des arrondissements de Dieppe, Neufchâtel, les Andelys, Mantes et Beauvais.

Tout d'abord il en confesse trois avec les détails les plus circonstanciés, et nomme son complice, un certain Chapo teau, qui n'a pas été retrouvé, Quelques jours après, les 1er et 5 février 1856, il réitère ses aveux avec une lucidité en apparence parfaite. Mais, à partir du 12 mars, changeant de système, ou il garde un ob stiné silence, ou il n'articôle que des réponses insensées, accompagnées de gestes d'insouciance ou de bravade. En même temps il se livre dans la prison, en paroles et en actions, à toutes sortes d'extravagances.

La folie est-elle réelle ou feinte? Ce problème, soumis à M. le docteur Caron, médecin de la prison de Neufchâtel, est résolu affirmativement dans un rapport du 9 mai. Ce rapport se fonde principalement sur une idée fixe d'évasion justifiée par une tentative. Plus tard, 22 juillet, M. Morel est chargé par M. de Ramfreville, président des assises, d'examiner l'inculpé et d'émettre un avis sur son état mental.

Avant de faire connaitre les conclusions de notre savant collègue, rassemblons, dans un court résumé, les particularités ayant servi de base à son jugement.

Dans quatre examens successifs, du 22 juillet au 2 août, Dérozier s'est montré invariablement le même. I affecte un mouvement de balancement latéral, et un perpétuel clignotement des paupières. Il s'assroit si on le lui commande; mais, ne pouvant rester en place, il quitte et reprend sa chaise, jette un regard furtif dans les coins de la chambre, marche avec précaution, tourne sur lui-même, et semble être en proie à des sentiments de crainte et

de défiance. On veut lui faire du mal, lui jouer quelque mauvais tour. Chapoteau, son cauchemar, lui a volé 35 millions, et doit être fusillé. Pour qu'il se décide à manger, il faut qu'un gardien déguste les mets qu'il suspecte. Parfois il arrache à ses camarades de détention le pain qu'ils portent à la bouche. Si on lui présente un chat, dont il semble avoir une terreur instinctive, il s'exa-père et frappe, Prononce-t-on le nom de Quatremares, il pirouette et s'écrie: Je ne suis pas fou, les fous ne tournent pas. Dans le jour retiré à l'écart, n'adressant la parole à personne, il ramasse des fétus, des plumes ou d'autres ordures qu'il fourre dans sa poche ou attache à sa coi lure.

Une chose dont se préoccupe avec raison M. Morel, c'est l'état des fonctions. Chez Dérozier, la santé est normale. Il n'y a ni chaleur à la peau, ni fièvre, ni insomnie, ni souffrance, ni insensibilité, ni faiblesse. Une légère trémulation faciale, jointe à l'expression de millions, pourrait seule faire naître l'idée d'une paralysie générale au début; mais ce signe, naturel chez beaucoup d'individus, commun à la suite des abus alcooliques, reste sans signification par son isolement et son contraste avec les autres symptômes.

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Mais Chapoteau le juif, l'assassin, le voyez-vous? l'entendez-vous? Il a un habil vert; on fail bien la faction la nuit. Après cet interrogatoire, M. Morel, voulant s'assurer si Dérozier mettrait.Ja même incohérence dans ses actes que dans ses paroles, le prie d'écrire à son père, qu'il dit être à Beauvais. Prenant la plume qu'on lui présente, l'inculpé demande s'il doit s'en servir de la main droite ou de la main gauche, et, alternant rapidement de l'une à l'autre, il trace dans toutes sortes de directions des mots plus ou moins lisibles, mais sans suite.

On lui prescrit de lire; il tourne le livre à l'envers et débite, au lieu du texte, sa phraseologie ordinaire. En quittant la chambre pour retourner dans la cour, il fait ses pirouettes habituelles, prend le chapeau de M. Morel, qu'il met par-dessus son bonnet, s'empare de son livre et lui offre une poignée de main, en lui disant, comme à une ancienne connaissance: Comment cela va-t-il depuis que je ne vous ai vu à Beaurais?

En présence de ces faits, la première impression de M. Morel fut un soupçon grave de simulation. Dérozier n'avait ni les allures, ni la physionomie, ni le langage d'un véritable aliéné. Tous ses mouvements étaient ridiculement affectés. Son regard, craignant d'en rencontrer un autre, dénotait le calcul. On ne voit guèrc de malades qui toujours et comme systématiquement font des réponses étranges et sans aucun rapport avec l'objet des demandes. On ne découvrait chez Dérozier ancun dérangement physique. Et, d'ailleurs, le tableau des symptomes n'avait de concordance avec aucune des formes connues de l'aliénation mentale. Il ne représentait ni la divagation générale de la manie, ni la préoccupation fixe du délire systématisé, ni la débilité de la démence, ni les anxiétés de l'aberration sensoriale, ni l'engourdissement de la stupidité. La paralysie générale elle-même, compatible avec un entretien plus ou moins suivi, ne saurait être caractérisée par cette unique énonciation de 25 millions, produite évidemment à dessein, et bien en dehors de ce sentiment béat qui distingue ces sortes de manifestations ambitieuses chez les paralytiques.

En vertu de ces considérations, M. Morel n'hésita pas à déclarer que Dérozier simulait la folie.

Ce jugement, toutefois, ne fut pas aceucilli sans quelques rumeurs d'incrédulité. Par ordre de M. le président des assises, et après de nouvelles constatations,

M. Morel dut faire un second rapport. Durant cette période, un revirement s'était opéré dans l'attitude du prévenu. Moins revêche et plus communicatif, il causait volontiers et mangeait sans exiger cette garantie de préservation que les fous ne songent point à réclamer. Mais ses réponses ne sont pas moins excentriques et contre nature. Fait-il jour, lui demande t-on ? - Il fait nuit. Quel âge avez-vous? -Je suis le roi de Beauvais. Donnez la main droite? Il donne la gauche. Donnez la main gauche? Il donne la droite. S'il joue aux dames, on voit qu'il connaît le jeu; mais un gardien s'avance-t-il, il pousse les pions au hasard.

De telles anomalies ne s'observent jamais dans une maladie mentale en voie d'amélioration. A moins d'une transition vers la démence, qui n'est point ici le cas, le progrès dans la rectitude du langage suit le retour du calme. Loin donc de revenir sur sa première opinion, M. Morel ne trouvait là qu'une raison flagrante d'y persévérer. Ses nouvelles conclusions furent les mêmes que les premières, et M. Caron s'y rallia au jour de l'audience, le 4 novembre.

De son côté, le jury, les ayant acceptées, rendit, sans circonstances atténuantes, un verdict de culpabilité, par suite duquel Dérozier fut condamné à vingt ans de travaux forcés.

Or, le lendemain, on pouvait lire en toutes lettres, dans le journal de Rouen, le curieux épisode des efforts que le simulateur, dont l'intel'igence n'est pas vulgaire, confessait avoir soutenus pour faire triompher sa ruse; aveu précieux, aussi rassurant pour le médecin expert qu'honorable pour la science.

Dans son travail, notre excellent ami, avec une bienveillance dont je suis heureux de le remercier, a daigné invoquer mon faible témoignage. Étant, en effet, à Rouen vers la fin de septembre, M. Vingtrinier, médecin des prisons de cette ville, désira me faire visiter Dérozier, dont l'état douteux suscitait l'émotion générale. Je l'examinai avec soin, et ne tardai pas à me convaincre des contradictions si bien appréciées par M. Morel, et dont l'instinct de l'expérience cût suffi d'avance pour m'avertir. Le fou reflète un cachet qu'un œil exercé manque rarement de saisir. Ce qui fixa surtout mon attention, c'est la manière caractéristique dont se produisaient les réponses, quelquefois immédiates, et plus souvent lentes, retardées ou nulles, suivant qu'elles avaient pu non-seulement être combinées, mais sou

mises à un contrôle plus ou moins rapide.

Dérozier, pendant toute la durée de l'enquête médicale, a été maintenu en prison. M. Morel fait, à ce sujet, judicicusement observer combien, dans ces conditions, l'expertise rencontre de difficultés. Un asile d'aliénés permet seul un examen calme, continu, comparé. Là aussi peuvent s'appliquer utilement les moyens d'intimidation et de traitement, l'épreuve du tra

vail, et les rigueurs d'une surveillance de jour et de nuit, qui, à part le bien-être de l'inculpé, font souvent jaillir sur la situation de ses facultés des clartés inattendues. Dans la Meurthe, M. Morel avait obtenu de faire transférer à Maréville tous les prisonniers légalement suspectés de folie. Il est à souhaiter que ce système prévaille dans toutes les localités.

(Ann. médico psychologiques ct Gazette hebdom. de médec. et de chir.)

III. BIBLIOGRAPHIE.

TRAITÉ PRATIQUE DES MALADIES DE L'OREILLE; par le docteur E.-H. TRIQUET, lauréat des hôpitaux de Paris, de l'Académie des sciences, etc. Paris, 1857, 1 vol. in-8" avec figures intercalées dans le texte.

L'ouvrage dont nous allons donner une analyse a été édité tout récemment par M. J.-B. Baillière de Paris, et il a pour auteur un médecin des plus instruits, M. le docteur Triquet, dont le nom est depuis longtemps favorablement connu de nos lecteurs. Lauréat des hôpitaux de Paris et de l'Académie des sciences, M. Triquet, avant d'écrire le Traité dont nous nous occupons actuellement, s'était déjà distingué dans la littérature médicale par plusieurs monographics importantes sur les maladies de l'oreille, parmi lesquelles nous rappellerons ici d'une manière particulière le mémoire sur les otites qui se développent pendant le cours des fièvres graves, que nous avons publié dans le tome XIX de cc Journal et celui sur la surdité nerveuse qui a été inséré dans notre tome XX. Ces travaux, ayant été présentés à la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, valurent à leur auteur le titre de membre correspondant, et cette distinction était bien méritée, car les deux mémoires se faisaient remarquer par des qualités qu'on trouve rarement réunies, telles que faits nouveaux appuyés sur des dissections nombreuses, nouvelles applications pratiques, richesse de détails, lucidité dans l'exposition, sobriété dans la phrase, style correct et châtié. Remémorer ces qualités, que nos lecteurs ont été à même de constater par eux-mêmes, c'est expliquer suffisamment l'empressement que nous avons mis à étudier, dès son apparition, la nouvelle œuvre de notre savant collègue; en effet, nous devions nous

attendre à ce que le Traité pratique des maladies de l'oreille ne serait pas inférieur aux autres publications de l'auteur : sa plume excrcée, guidée d'ailleurs par une pratique éclairée et par les déductions de très-nombreuses recherches et expérimentations, ne pouvait produire qu'un bon et utile ouvrage. Et puis, nous l'avouerons franchement, le nom de M. Baillière nous était déjà une garantie du mérite de l'œuvre, car nous savons que cet habile et judicieux éditeur n'imprime en général que des travaux de bon aloi.

Après avoir lu et médité l'ouvrage de M. le docteur Triquet, nous pouvons heureusement déclarer que nous n'avions pas été trop prévenu en sa faveur : la lecture est en effet venue ratifier la bonne opinion que nous nous étions faite du nouveau Traité des maladies de l'oreille, et nous espérons, qu'après l'analyse que nous allons leur en donner, nos lecteurs la ratifieront également.

L'ouvrage est divisé en trois parties. La première comprend l'anatomie, la physiologie, l'hygiène de l'appareil auditif et la prophylaxie. La deuxième renferme un exposé général des maladies de l'oreille; les causes, la fréquence, l'otoscopie ou exploration de l'appareil auditif; les symptômes physiologiques et anatomiques. Un chapitre très-important sur le traitement général et local termine cette deuxième partic. La troisième partie traite des maladies de l'oreille en particulier.

Adoptant l'ordre anatomique suivi par Duverney, l'auteur classe et étudie chacune des maladies de l'oreille de la manière suivante : 1° Maladies de l'oreille externe; 2o maladies de l'oreille moyenne; 3° maladies de l'oreille interne.

Ici nous ne pouvons mieux faire que

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