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ment. Dans un troisième et un quatrième cas, succès non moins certain. Dans le cinquième, les symptômes, qui duraient depuis neuf mois chez une femme de trente-cinq ans, avaient beaucoup diminué au quatrième jour, et entièrement eessé au huitième. Je ne l'ai vu échouer que dans un seul cas. Tous ces cas offraient une analogie très-grande sous le rapport du relâchement de la fibre musculaire et de l'aspect pâle et bouffi des membranes muqueuses.

(Bulletin général de thérapeutique.)

EFFICACITÉ DES INHALATIONS DE CHLOROFORME CONTRE LA PHOTOPHOBIE. Dans la

séance du 26 mai dernier de la Société royale de médecine et de chirurgie, les docteurs Mackenzie, Arnott, Snow et autres ont signalé plusieurs faits dans lesquels la photophobie accompagnant l'ophthalmie scrofuleuse a été combattue non-seulement temporairement, mais d'une manière durable, par lesjinhalations de chloroforme. Dans le cas rapporté par Mackenzie la maladie datait déjà de 16 mois et aucun des moyens employés n'avait pu faire céder la photophobic et le blépharospasme, qui disparurent enfin complétement après qu'il eut eu recours sept fois à l'inbalation chloroformique. Le docteur Snow a cherché à expliquer l'effet si bienfaisant du chloroforme dans ces cas, par son action sur les nerfs sensitifs, tandis que les nerfs moteurs restent tout à fait en dehors de son influence. Dr D..É

Les deux cas de délire furieux furent observés sur deux hommes jeunes, dont l'un était médecin.

Il est probable que cet état est déterminé par un œdème des membranes du cerveau, ou une légère exsudation séreuse dans les ventricules; ce sont, du reste, les seules altérations pathologiques trouvées jusqu'aujourd'hui à l'autopsie. La mort peut survenir rapidement. Le traitement prouve encore qu'on n'a pas affaire à une méningite, à une encéphalite, ou même à une simple congestion. Le professeur Oppolzer dit que la saignée est très-nuisible dans ces cas, tandis que l'opium donne les meilleurs résultats. Après le sommeil, les malades reprennent leur conscience. Il état et le délire des ivrognes. Dans les cas y a donc beaucoup de rapports entre cet de mélancolie, qui durèrent quelques jours, on ajouta à la morphine, des fomentations froides sur la tête, à cause des douleurs que les malades y accusaient. Tous les malades guérirent sans récidive.

(Oesterr. Zeilscher. f. prakt. Heilk. et l'Union médicale.)

BONS EFFETS DU GAÏAC DANS L'ANGINE TONSILLAIRE. Considérant les tonsilles comme une dépendance du canal digestif, le docteur Brinton, médecin du Royal-freeHospital, croit que, dans la plupart des cas, la constipation est un des éléments de l'inflammation de ces glandes, et que la maladie ne cède à aucun remède aussi bien qu'à de copieuses purgations, en même (Allgemeine medicinische Central-Zeitung.) de fomentations d'eau chaude. Pour remtemps qu'on fait usage de gargarismes et

DU DÉLIRE ET DE L'ALIÉNATION MENTALE TRANSITOIRES, COMPLIQUANT LE RHUMATISME ARTICULAIRE AIGU; par le doct. PLEISCHL.

Cinq cas de ce genre ont été observés par ce médecin; trois fois c'était une mélancolie profonde, et deux fois un délire furieux avec perte de conscience. Leur caractère essentiel est leur apparition subite et leur disparition rapide. Les trois premiers concernent deux filles de 15 et de 17 ans, et un garçon de 15 ans ; la mélancolie s'est manifestée au plus fort du rhumatisme. Crainte de punitions imaginaires, etc.; hallucinations de la vue et de l'ouïe; connaissance des personnes environnantes avec lesquelles ils causaient; en un mot, ils présentaient tout le tableau que l'on rencontre journellement chez les mélancoliques dans les établissements spé

ciaux.

plir la première indication, ce médecin a recours de préférence à la poudre de gaïac, administrée à haute dose, de 1 à 4 grammes toutes les quatre heures. Il y joint souvent l'opium, l'aloès, le jalap, lė tout en suspension dans un mucilage. SuiM. Brinton, ce traitement, mis en œuvre au début des accidents, prévient la formation des abcès, et même, employé plus tard, il guérit promptement encore, sans entraîner ces convalescences si longues qui souvent sont la suite des émissions sanguines, des vésicatoires et des vomitifs.

Tel est l'article emprunté par le Bulletin de thérapeutique au The Lancet. Nous ajouterons que le traitement de l'angine tonsillaire par le gaïac à haute dose n'est pas chose nouvelle, et qu'il a été préconisé déjà, en 1849 ou 1850, par le docteur Morris, médecin du Dispensaire d'York, qui a rapporté plusieurs faits qui témoi

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Une femme âgé de 33 ans, d'une bonne constitution, née à Dôle (Jura), mais habitant Paris depuis quelques années, porte sur la partie latérale gauche du cou, en dehors de la trachée, une tumeur ovoïde, allongée dans le sens vertical, et dont elle fait remonter le début à sa dernière couche, c'est-à-dire il y a deux ans, l'attribuant aux efforts qu'elle fit pour retenir ses cris. Il ne paraît point cependant que la tumeur se soit développée subitement; son volume s'est lentement accru jusqu'à ce jour; elle a des limites bien circonscrites, ne dépasse pas pour le moment le volume d'un gros oeuf de dinde, et occupe l'intervalle compris entre l'extrémité interne de la clavicule et le bord supérieur du cartilage thyroïde; elle paraît mobile sur les parties profondes, mais adhérente à la trachée, dont elle suit le déplacement dans les mouvements de déglutition; elle est complétement indolente, n'a point jusqu'à ce jour déterminé de dyspnée notable, et ne constitue guère encore qu'une simple difformité. Sa surface est lisse, égale, régulièrement arrondie, recouverte d'un tégument intact, parfaitement mobile et nullement aminci. Sa consistance est molle, mais offre cependant une certaine réni tence à la manière d'une poche à parois épaisses, distendue par un liquide; on perçoit même facilement une fluctuation très-nette sur tous les points accessibles de sa surface. Malgré tout le soin possible, et pourvu qu'on évite de la comprimer d'avant en arrière sur la carotide, on ne peut y distinguer ni battements expansifs, ni bruit de souffle.

M. Velpeau, pour éclairer le diagnostic, et dans le but de savoir si c'est une tumeur hématique ou séreuse, se propose d'ailleurs de traiter par l'injection iodée dans

l'un ou l'autre de ces deux cas, pratique une ponction le 17 juin, avec un trocart à hydrocèle, et constate de suite que la pointe de l'instrument peut être facilement déplacée dans l'intérieur des parties par un mouvement de circumduction.

Aussitôt après que la tige est retirée, il s'échappe par la canule un jet de sang rutilant, parfaitement liquide et très-coagulable, dont il s'écoule environ un verre et demi en deux ou trois minutes. Malgré cela, la tumeur garde son volume primitif, et ne semble s'effacer un peu sous la pression des doigts que pour reprendre aussitôt après sa forme, sa consistance et ses dimensions premières.

M. Velpeau retire alors la canule, renonçant à toute action sur cette tumeur, d'abord parce que cette affection peut rester stationnaire, ou devenir plus tard accessible aux moyens chirurgicaux, ensuite parce que dans un cas tout à fait semblable qu'il a eu l'occasion d'observer il y a quelques mois, ayant pratiqué une injection iodée, il a vu la malade succomber peu de jours après. Il n'y eut aucune in. flammation dans la tumeur, et la malade put sortir trois jours après. Cette observation est extrêmement remarquable, par l'impossibilité d'évacuer le contenu de la tumeur, même d'une manière passagère, et par le danger qu'il y aurait à faire usage des injections iodées, témoin le malheureux cas observé par M. Velpeau, quelques mois auparavant. M. Eug. Nélaton pense que cette tumeur pourrait être appelée goitre anevrismatique, malgré l'absence de battements expansifs (qui, du reste, s'observeraient quelquefois).

(Gazette des hôpitaux et l'Union médic.)

SUR L'EXISTENCE SIMULTANÉE DE MALADIES FONCTIONNELLES ET ORGANIQUES DES REINS ET SUR L'ADMINISTRATION DU MERCURE DANS QUELQUES CAS DE LA MALADIE DE BRIGHT; par le docteur H. KENNEDY. Après de longues considérations générales qui ne renferment rien de neuf, l'auteur expose trois cas de la maladie de Bright qui lui paraissent suffisants tant pour établir une subdivision plus convenable de cette maladie que pour proposer et recommander un nouveau traitement. Il pense en effet qu'on peut ramener toutes les formes de la maladie aux trois divisions suivantes: 1 cas dans lesquels on trouve de l'albumine, mais qui finit par disparaître complétement, ainsi que cela a lieu dans l'anasarque consécutive à la scarlatine; 2o cas dans lesquels la proportion d'albu

tuine reste la même et ne disparaît pas; 3 cas dans lesquels l'albumine disparaît en partie sous l'influence d'un traitement convenable, et où il continue d'en exister une certaine quantité. Des faits qu'il a observés, l'auteur conclut que, dans un grand nombre de cas de maladie de Bright, l'albumine qu'on rencontre dans les uri nes n'est due qu'en partie à la maladie des reins, tandis que l'autre partie doit être attribuée à un état dyspeptique; les moyens propres à combattre efficacement ce dernier état, contribuent par consé quent à diminuer la quantité d'albumine. L'expérience, dit-il, apprend que dans beaucoup de cas de la maladie de Bright, le traitement n'est efficace que jusqu'à un certain point; qu'on parvient bien à faire disparaître de l'urine une certaine quantité d'albumine, résultat d'un trouble fonc tionnel du rein, mais qu'il n'en reste pas moins des traces dues à une maladie organique. Les maladies fonctionnelles et organiques des reins se présentent done souvent simultanément, ce qui est conforme à l'opinion de Bright que les premières précèdent souvent ces dernières. Ce sont ces considérations qui ont conduit l'auteur, contrairement à la plupart des auteurs modernes, à recommander l'emploi du mercure contre la maladie de Bright. Toutefois il déclare expressément qu'il ne considère pas le mercure comme un moyen curatif de l'albuminurie dépendant d'une maladie organique des reins, et qu'il ne voudrait pas qu'on y eût recours exclusivement. En somme, son travail se réduit à ceci 1° Il y a souvent des maladies fonctionnelles des reins en même temps que des maladies organiques; 2 dans les eas où l'albumine diminue sous l'influence du traitement, on peut considérer comme guérie la maladie fonctionnelle, mais non

la maladie organique; 50 dans quelques

cas d'albuminurie non liée à une lésion
organique des reins, on peut administrer
le mercure avec de bons résultats, alors
même que d'autres moyens sont restés
infructueux.
Dr D....
(Dublin medical Journal et Nederlandsch
tydschrift voor geneeskunde.)

que la méthode la plus sûre de répondre à cette indication consiste à administrer des sels neutres formés par des acides végétaux combinés à des bases alcalines. Quelquesuns de ces sels sont purgatifs, d'autres ne le sont pas ou ne le sont que faiblement; en les combinant d'après les cas on pourra agir à volonté sur les voies digestives, tout en rendant par quelques doses de ces sels les urines alcalines. M. Owen Rees affirme que l'alcalinité peut même être obtenue lorsque les sels produisent un effet franchement purgatif. C'est ainsi que la poudre de Sedlitz (tartrate de soude et de potasse), tout en purgeant, rend bientôt les urines très-fortement alcalines. Cet effet peut s'expliquer de la manière suivante. Les acides végétaux, combinés aux bases, subissent très-probablement une oxygenation dans l'organisme, et un carbonate supérieur de la même base se développe dès lors dans l'urine. Les carbonates alcalins ne produisent pas aussi facilement le même effet, et on sait qu'on peut administrer plusieurs jours de suite une solution d'alcali caustique sans donner à l'urine une alcalinité quelque peu prononcée. Pour produire cet effet M. Owen Ress prescrit le tartrate potassique à la dose de 2 à 4 grammes en deux ou trois fois par jour.

(Guy's hosp. Rep. et Revue de thérap. médico-chirurg.)

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NOUVELLE MÉTHODE POUR LA RÉDUCTION DE LA LUXATION DE L'HUMERUS; par le docteur DEITERS, de Bielefeld. - Le malade est assis sur une chaise élevée sans dossier; l'extension est exercée par des aides autant que possible dans la direction du membre luxé; l'opérateur se place devant le mapied contre la muraille; il passe ensuite lade et affermit sa position en fixant un son bras droit, si la luxation est à gauche (et vice versa), sous le bras luxé et embrasse avec la main la partie supérieure de l'omoplate qu'il repousse de toutes ses forces en bas contre la colonne vertébrale pour la fixer le plus possible; en même temps, se servant de son bras comme d'un levier, il porte énergiquement le bras luxé en haut et en dehors, si la luxation est en bas; par cette manoeuvre il fait luiMOYENS DE RENDRE LES URINES ALCALINES. même la contre-extension qu'il renforce au -Dans quelques circonstances, et notam- besoin par une serviette passée autour du ment dans la taille et la lithotritie, il peut thorax et confiée à des aides. L'auteur se présenter l'indication de rendre les uri- considère sa méthode comme particuliènes alcalines, une urine acide agissant få- rement appropriée aux luxations en bas et cheusement par son contact sur les mem- il rapporte deux cas dans lesquels elle lui branes enflammées. M. Owen Rees assure a parfaitement réussi. Il l'a essayée unc

troisième fois pour une luxation datant de deux années sur un vieillard de 64 ans; la luxation était en dedans et probablement consécutive; il n'obtint qu'un déplacement momentané de la tête de l'humérus qui reprit bientôt sa position anormale, ce qui le fit renoncer à toute tentative ultérieure. Dr D.... (Ally. medicinische Central-Zeitung.)

TRAITEMENT ABORTIF DE LA MASTITE PAR LA BELLADONE. La mastite est une de ces affections qu'il serait important de pouvoir enrayer dans sa marche, car, sans présenter ordinairement une grande gravité, sans menacer la vie de la malade, elle est une source de vives souffrances; elle interrompt brusquement l'allaitetement, souvent au préjudice du nourrisson, enfin elle laisse après elle des traces indélébiles portant atteinte aux formes de l'organe.

Le docteur Goolden a publié, il y a quelques mois, dans la Lancelle, plusieurs faits tendant à prouver les heureux effets de la belladone pour arrêter le développement des abcès laiteux des mamelles. Nous trouvons dans le même journal deux nouveaux faits rapportés par le docteur Berry et qui viennent confirmer les espérances qu'avaient fait naître les expérimentations du docteur Goolden. Voici en peu de mots ces deux faits:

OBS. I.-M. S..., accouchée en décembre 1856, avant terme, voit, le troisième jour après l'accouchement, ses seins se gonfler, se durcir et rougir. Les veines superficielles sont gonflées; les mamelons sont rétractés; l'enfant est trop faible pour exercer la succion. Malgré l'emploi d'une pompe, les seins ne se dégonflent pas et deviennent très-douloureux; il survient de la fièvre et tous les signes précurseurs d'une mastite. Le docteur Berry fait enduire les aréoles et les mamelons d'extrait de belladone et fait prendre à l'intérieur à la malade une mixture saline, avec addition de colchique. Dès le lendemain, amélioration notable ; seins ramollis, écoulement abondant, spontané, de lait. On continua les applications de belladone; la guérison fut rapide.

OBS. II.A. S... ressent, trois jours après sa délivrance, de vives douleurs dans les mamelons lorsque l'enfant prend le sein. Des bouts de sein, des onguents, le nitrate d'argent n'amenèrent qu'un soulagement momentané. Les douleurs foreent la malade de cesser l'allaitement, les

mamelons sont profondément ulcérés et les mamelles, très-engorgées, présentent les premiers symptômes de l'inflammation. La belladone, appliquée comme dans le cas précédent, réussit avec le même succès; l'écoulement laiteux spontané était trèsabondant et, en peu de jours, la guérison était complète.

La propriété bien connue de la belladone de relâcher les fibres musculaires spasmodiquement contractées nous parait trèsbien rendre compte du mode d'action de ce topique dans ces circonstances. Les frictions belladonées font cesser l'engorgement laiteux et tous les symptômes qui en résultent, en relâchant les tuniques musculaires des enduits galactophores et en facilitant ainsi l'issue du lait. Quoi qu'il en soit, ce traitement nous paraît être souvent applicable dans des cas analogues à ceux que nous avons relatés, et nous avons cru utile d'appeler sur lui l'attention de nos lecteurs.

(The Lancet et Bulletin général de thérapeutique.)

TRAITEMENT DU CANCER PAR L'APPLICATION D'UNE SOLUTION DE CHLORURE DE ZINC. -11 se fait depuis quelque temps, à l'hôpital Saint-Barthélemy, de Londres, de curieux essais sur un nouveau traitement des tumeurs cancéreuses. Il s'agit de détruire sur place, presque sans douleurs et sans troubles graves de l'économie, des tutaquer par des caustiques violents ou par meurs cancéreuses qu'on a coutume d'atle bistouri. Cela consiste à appliquer sur les cancers ulcérés ou mis à nu par l'ablation préalable de la peau une solution légère de chlorure de zinc (liquide de Bur nett une partie, eau six ou huit parties). Ces pansements doivent être renouvelés tous les jours en ayant soin d'enlever chaque fois par le raclage la surface de la plaie qui se trouve racornie et mortifiée; on arrive ainsi en peu de temps à enlever entièrement des tumeurs assez considérables sans déterminer aucune espèce d'accidents et sans que le malade soit obligé de garder le lit même un seul jour. Plutrès-graves par M. Stanley et M. Hutchinsieurs guérisons obtenues dans des cas son permettent d'espérer que les heureux effets de cette méthode ne tarderont pas à être confirmés par des faits plus nombreux.

(Archives génér. de médecine et Gazette médicale de Lyon.)

Chimie médicale et pharmac.

DOSAGE DE LA MORPHINE DANS L'OPIUM; par M. M.-J. FORDOS. Le dosage de la morphine dans l'opium offre un trèsgrand intérêt au point de vue médical. C'est à la présence de cet alcali organique, doué d'une action très-énergique sur l'économie animale, que l'opium doit, sinon toutes ses propriétés, du moins celles que le médecin recherche dans les applications qu'il en fait en médecine. Or, les produits que nous fournit le commerce sont loin de présenter la même composition. Le pays Soù l'on a tiré l'opium, la variété de pavot qui l'a fourni, le mode d'extraction que l'on a suivi pour se le procurer, les nombreuses falsifications qu'on lui fait subir, tout contribue à donner à ce produit une composition très-variable. Aussi la quantité de morphine peut-elle varier de 0 à 14 pour 100, et même au delà pour l'opium indigène. On comprend dès lors quelle incertitude présenterait l'emploi de cette substance en médecine, si l'on ne déterminait par l'analyse sa richesse en morphine, avant de la faire entrer dans des préparations médicales. Aussi beaucoup de chimistes se sont-ils déjà occupés du dosage de la morphine dans l'opium; et dans ces derniers temps un de mes collègues dans les hôpitaux, M. Reveil, a publié sur ce sujet des expériences très-nombreuses et très-variées. Il a démontré le peu de valeur de la plupart des procédés de dosage indiqués, et il a apporté à celui de M. Guillermond des modifications importantes. Cependant les personnes appelées à faire des essais d'opium sc plaignent encore de rencontrer des difficultés de manipulation, qui ne permettent pas d'arriver facilement à un résultat exact. Aussi la question vient-elle d'être mise au concours par l'Académie de médecine de Belgique. Le procédé de dosage que je vais exposer me paraît d'une exécution plus facile, et il fournit un résultat plus rigoureux.

On laisse macérer dans 60 centimètres cubes d'eau 15 grammes d'opium coupé en tranches minces, en ayant soin d'agiter de temps en temps. Après vingt-quatre heures, ou plus tôt si l'on est pressé, on verse le produit de la macération dans un mortier pour diviser exactement l'opium à l'aide du pilon. On verse alors le tout sur un petit filtre, et lorsque le liquide est écoulé, on lave le filtre avec 18 centimètres cubes d'eau qui ont servi à laver le mortier et le flacon dans lequel s'est faite la macération. On recommence le même

lavage une deuxième et une troisième fois avec 10 centimètres cubes d'eau chaque. L'opium est alors suffisamment épuisé.

On prend un tiers de la liqueur pour déterminer la quantité d'ammoniaque nécessaire à la précipitation de la morphine. On ajoute l'ammoniaque goutte à goutte à l'aide d'une burette graduée, et l'on s'arrête au moment où la liqueur présente une légère odeur ammoniacale. On note la quantité d'ammoniaque absorbée.

On opère le dosage de la morphine sur les deux autres tiers de la liqueur, qui représentent 10 grammes d'opium. On ajoute à ces liqueurs leur volume d'alcool à 85° et une quantité d'ammoniaque double de celle exigée dans le premier essai. (Il est nécessaire d'employer un léger excès d'ammoniaque pour obtenir la séparation complète de la morphine). On agite la liqueur et on l'abandonne à elle-même dans un flacon bien bouché. Il se dépose bientôt des cristaux de narcotine en aiguilles fines peu colorées, et des eristaux de morphine en prismes plus volumineux et un peu plus colorés. Au bout de deux ou trois jours on agite le flacon et on laisse de nouveau en repos pendant quelques heures, pour donner à la morphine le temps de se précipiter complétement. On recueille alors les cristaux sur un petit filtre et on les lave avec 15 ou 20 centimètres cubes d'alcool très-faible de 40 à 45 pour 100. Ce lavage entraîne les eaux-mères, et en même temps débarrasse les cristaux de la matière colorante qui les souille. Il reste des cristaux de morphine pcu colorés et des cristaux blancs de narcotine. On laisse sécher sur l'entonnoir même. On verse alors sur le filtre de 10 à 15 centimètres cubes d'éther sulfurique pur, et puis, en deux ou trois fois, de 10 à 13 centimètres cubes de chloroforme. Les cristaux de narcotine se dissolvent instantanément dans le chloroforme et sont entraînés avec lui. Le chloroforme ne touche pas à la morphine. Enfin, on lave le filtre avec 15 centimètres cubes d'éther pour enlever les dernières traces de chloroforme et de narcotine. On fait sécher le filtre, et l'on pèse les cristaux de morphine qui s'en détachent très-facilement. On peut s'assurer, comme moyen de contrôle, que ces cristaux sont entièrement solubles dans une dissolution de potasse caustique.

Dans le procédé que je viens de décrire, en traitant l'opium par de l'eau, on dissout très-bien toute la morphine, qui s'y trouve à l'état de combinaison saline, et on ne dissout que peu de narcotine et peu de matière colorante résineuse. Si l'on ajou

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