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long. Mais dans les dégénérescences chroniques de l'estomac et des organes voisins, surtout dans la gastrite chronique, dans le pyrosis déterminé par une affection de la couche des glandes pepsinipares, dans les cas d'ulcération, de squirrhe ou de cancer de l'estomac, M. Reil considère la conéine comme un palliatif certain. Elle mérite aussi d'être prise en sérieuse considération dans les maladies du pancréas dont le diagnostic est assurément souvent trèsdifficile. Le mode d'administration le plus convenable est celui-ci : Une goutte de conéine sur six onces d'une cau aromatique quelconque, dont on fait prendre une cuillerée à soupe toutes les heures, toutes les 2 ou 3 heures, selon le besoin. Lorsqu'il y a une sécrétion abondante d'acides, on fait prendre en même temps le bi-carbonate de soude à la dose d'un demi-gros à un gros.

Ce qui résulte le plus clairement de la note de M. Reil, que nous venons d'analyser d'après le Medicinisch-chirurgische Monatshefle, c'est que la conéine doit être employée avec beaucoup de précaution, qu'elle n'est qu'un palliatif et qu'elle n'offre pas des avantages assez grands pour mériter la préférence sur une foule d'autres sédatifs d'un usage plus commode. Nous dirons même que la formule de M. Reil, pour l'usage interne, est sinon dan gereuse, du moins défectueuse, car la conéine étant peu soluble dans l'eau et beaucoup plus légère que ce liquide, doit toujours venir à la surface de celui-ci, d'où la possibilité d'une intoxication sérieuse; il conviendrait donc de faciliter sa solution par l'addition d'un peu d'alcool ou d'éther. Nous rappellerons à nos lecteurs que la conéine a été préconisée déjà contre la fièvre intermittente et le typhus, par le docteur Wertheim, de Vienne (Voir notre tome IX, p. 574); contre la coqueluche, par le docteur Spengler, de Herborn (oir notre tome XIV, p. 430); pour amender la constitution et l'état général des malades atteints de cancer, par M. A. Beauclair, interne des hôpitaux de Lyon (Voir notre tome XVII, p. 419); dans les maladies chroniques de la peau, les douleurs dentaires, dans les névralgies et les douleurs ostéocopes, dans la synovite chronique, dans les ophthalmics scrofuleuses et rhumatismales, dans les ulcères scrofuleux et câncéreux, par le docteur Murawjeff (Voir notre tome XXI, p. 152). Nous engageons, enfin, nos lecteurs à ne pas adopter les doses de M. Murawjess, qui ne sont peut-être pas exagérées pour des estomaes russes, mais qui, sous notre cli

mat, produiraient certainement des accidents fort graves. Dr D....

TRAITEMENT DE LA PNEUMONIE PAR LE SULFATE DE CUIVRE. Le traitement de la pneumonie a subi depuis quelque temps des vicissitudes étranges. Après avoir consisté presque exclusivement en déplétions sanguines, il s'est composé des moyens diamétralement opposés. Puis nombre de spécifiques ont été proposés, auxquels un médecin hongrois, M. Mittler, vient d'ajouter un nouveau, le sulfate de cuivre. Un cas cité par lui dans l'Ungarische Zeitschrift für Natur-und Heilkunde (1856, 41), semble prouver qu'en effet ce moyen est utile dans le traitement de la pneumonie. Il administre le remède à la dose de 6 à 8 grains par jour, pour diminuer celle-ci à 4,3 et 2 grains. Quelquefois il y associe de l'opium.

Dans l'appréciation de tous les moyens préconisés contre les inflammations pulmonaires, nous croyons qu'il sera nécessaire de se rappeler qu'à l'Ecole de Vienne il a été constaté numériquement que, abandonnée à elle-même, la pneumonie guérit au moins autant de fois que lorsqu'on la soumet à une thérapeutique quelconque. M. Grisolle avait déjà fait remar quer dans son beau Traité de la pneumonie qu'avant de juger de la valeur du traitement actif de l'inflammation pulmonaire, il fallait de toute nécessité étudier la marche naturelle de la maladie et savoir quelle ressource la nature a pour la mener à bonne fin. Or, c'est justement là une étude à laquelle les médecins ne se sont guère appliqués, si l'on en excepte toutefois Dietl (1) de Vienne, et Woldemar Samson von Himmelstiern, de Moscou (2).

(Annales méd. de la Fland, occid.)

NOTE SUR LES PROPRIÉTÉS FÉBRIFUGES DE LA TEINTURE D'IODE. M. le docteur Barbaste, médecin à Romans (Drôme), ayant lu dans le Journal des connaissances médicales et pharmaceutiques, la relation de trois cas remarquables de guérison de fièvres intermittentes rebelles par la teinture d'iode, se promit de faire l'essai de ce nouveau fébrifuge, en se mettant dans des conditions analogues à celles indiquées par l'auteur de l'article, le docteur Seguin (d'Albi). L'occasion ne tarda pas à se présenter. L'armée d'Orient a fourni, au

(1) Das Aderlass in der Lungenentzündung › Wien, 1849.

(2) Archiv f. d. ges. Medecin, Bd. v. Heft, 4.

dépôt militaire de Romans, un grand nombre de fièvres intermittentes, et, entre autres, les trois cas suivants :

Chez un nommé Aubry, la fièvre intermittente datait de dix mois; elle s'était compliquée du scorbut et de la diarrhée, et avait récidivé trois fois, dont deux en Crimée, et la troisième à Romans, en décembre 1835. Cette dernière fois, la quinine ne diminua en rien les accès. La bouffissure de la face, le ballonnement du ventre, le teint jaune paille de la peau, l'état cachectique, en un mot, du jeune homme, firent penser M. Barbaste aux préparations iodées, qui, dès le premier jour de leur administration, mirent fin à tous les accès, comme par enchantement, et rendirent au malade son teint naturel avant la fin du premier septénaire.

Chez un maçon de 55 ans, retiré du service militaire après deux congés, la teinture d'iode n'a pas eu un moins bon effet. Cet homme, pendant son séjour de cinq années en Afrique, a éprouvé une fièvre continue, suivie d'une fièvre intermittente tierce ayant duré dix-huit mois; cette dernière s'était compliquée de dyssenterie. La quinine, longtemps continuée, n'a pu en venir à bout complétement. En mars 1856, les accès se sont reproduits à Romans, avec une nouvelle intensité. Hypochondres douloureux; tuméfaction du foie et de la rate; état cachectique. La teinture d'iode a fait disparaître tous ces désordres en quatre jours, et a ramené la santé et le teint naturel de l'individu.

Un nommé Dupin, âgé de 65 ans, habitant un pays marécageux, est pris, depuis deux ans, d'une fièvre intermittente, d'abord sous le type tierce, puis sous le type quarte, avec prostration des forces, inappétence; ventre soulevé et douloureux à la pression; teint cachectique, etc. La quinine est impuissante. On administre la teinture d'iode, et en cinq jours tout a disparu. Comme dans les deux cas précédents, le facies a repris son teint naturel avec une extrême rapidité.

Mode d'administration el doses.-Trente gouttes, prises en trois fois dans les vingtquatre beures, dans un quart de verre de lisane amère (chicorée, camomille, centaurée), et à l'issue des accès. Cette dose est répétée deux jours de suite, et l'on peut, par précaution, y revenir huit jours après la cessation des accidents.

(Revue thérapeutique du Midi.)

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du docteur Oppolzer, sur la thérapeutique des maladies de l'estomac, publié dans notre cahier d'août, nous avons vu que ce mé decin avait eu recours à la créosote pour combattre les flatuosités et les vomissements accompagnant la maladie de Bright. Le docteur Budd, de son côté, recommande particulièrement la créosote administréc sous forme pilulaire, à la dose d'un demigrain à un grain, après chaque repas, contre les maladies de l'estomac qui reconnaissent pour cause le développement de sarcines. Dans ces cas, on obtient aussi de bons résultats avec le bi-sulfate de soude, sel qui, par sa facile décomposition, met en liberté de l'acide sulfurique, lequel empêche la fermentation nécessaire au développement des sarcines. On administre ce sel à la dose de 10 ou 15 grains jusqu'à 1 gros, trois fois par jour, ou bien on en fait dissoudre 2 gros dans 1 once d'eau, et de cette solution on fait prendre, immédiatement après le repas, une cuillerée à café dans un verre d'eau. Dr D...É.

(Oesterreich. Zeitschrift f. pract. Heilk.)

DE L'EMPLOI Thérapeutique de l'acide GALLIQUE; par M. le docteur W. BAYES, médecin du Dispensaire de Brighton. Sans vouloir donner à l'acide gallique une place hors ligne parmi les astringents ou médicaments analogues, personne ne se refusera à admettre avec nous que ce médicament n'est peut-être pas suffisamment connu et apprécié en France. C'est ce qui nous engage à donner ici un extrait de l'important travail publié il y a quelques mois dans les journaux anglais par M. Bayes.

On pourrait en quelque sorte, dit M. Bayes, déduire de la connaissance des effets produits par l'acide gallique sur les tissus contractiles et sur les diverses parties constituantes, tant solides que liquides, du corps humain, les avantages que l'on peut retirer de l'administration de ce médicament, toutes les fois qu'il existe un relâchement des premiers, une trop grande fluidité ou dilution des seconds. L'expérience a pleinement répondu à ces prévisions. Aussi l'acide gallique mérite d'être employé avec confiance: 1° dans les hémorrhagies actives de quelque organe, de quelque partie du corps qu'elles procèdent; 2° dans les hémorrhagies passives, la diathèse hémorrhagique, le purpura, etc.; 3o dans les sécrétions excessives, pyrosis, diarrhée séreuse, bronchite chro nique, flux bronchique, sucurs noctur

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nes, quelques formes de dyssenteric et peut-être le diabète; 4° dans les états atoniques du canal alimentaire et du corps en général, en particulier dans le rachitisme et dans les cas où il existe un état de faiblesse et de congestion des capillaires; 50 comme auxiliaire d'autres moyens, dans le cas d'hémorrhoïdes, de plaies.

§ 1. L'administration de l'acide gallique, dans le cas d'hémorrhagic active, ne s'oppose nullement à l'emploi de déplétions sanguines, pour peu que l'état pléthorique du malade semble le réclamer. Dans ma propre pratique, je n'ai jamais eu recours qu'à l'acide gallique et à l'application locale du froid, et je n'ai jamais été déçu dans mon attente; mais il peut se trouver des cas dans lesquels il soit nécessaire de soulager immédiatement l'engorgement du système vasculaire, et alors l'acide gallique sera l'auxiliaire le plus utile des moyens qu'on mettra en usage.

Dans les cas d'hémorrhagie active, l'indication dominante est d'introduire le remède dans l'organisme, de telle manière qu'il pénètre le plus rapidement possible dans la circulation. Le temps a ici une grande importance, puisque la vie s'écoule, en quelque sorte, à moins qu'on n'arrête l'hémorrhagie. C'est dans ces cas qu'il convient d'administrer, toutes les quatre ou cinq minutes, une grande cuillerée d'une solution saturée d'acide (0,25 environ), tandis que le doigt placé sur la radiale suit les variations de la circulation qui s'éteint. On voit alors le sang couler moins rapidement ou s'arrêter entièrement, sa coloration devenir de plus en plus foncée et souvent presque noire. Lorsqu'il en est ainsi, la saturation par l'acide est complète; on peut l'administrer à de plus longs intervalles et en cesser l'emploi après quelques jours.

Ce mode d'administration est applicable aux hémorrhagies de tous les organes, sauf à celles de l'œsophage et de l'estomac, et cette exception tient seulement à ce que, administré ainsi, il pourrait être vomi et n'entrerait pas par conséquent dans la circulation. Il faut alors l'administrer en grande quantité par la voie rectale. On pourrait cependant encore faire avaler au malade des pilules récemment préparées avec l'acide gallique, dans l'espoir d'agir topiquement sur les vaisseaux sanguins, de coaguler le sang déjà versé et de calmer les vomissements.

Dans les hémorrhagies utérines, il est aussi assez souvent utile de combiner à l'administration de l'acide gallique à l'in

térieur des injections avec une solution de cet acide ou de tannin; en agissant par ces deux voies en même temps, l'amélioration et la guérison marchent plus vite. Mais je n'hésite pas à affirmer que l'acide gallique ne trompera pas plus dans ce premier groupe de cas que dans celui qui va suivre, les espérances que le médecin placera en ses propriétés curatives.

§2. Dans le traitement des hémorrhagies passives, il suffit de doses bien moins considérables d'acide; on peut aller sans crainte jusqu'au point où l'on obtiendra un résultat utile. Ce point coïncide en général avec un sentiment de constriction vers le front et au-dessus des yeux ou avec un bourdonnement dans les oreilles ou dans la tête. Quand on en est là, c'est que l'hémorrhagie sera bientôt arrêtée; et en continuant le médicament à plus petites doses et à de plus longs intervalles pendant quelques jours après la curation totale de l'écoulement, on évitera une rechute. Du reste, dans les hémorrhagies passives et chroniques, il vaut mieux donner le médicament sous forme de pilules, parce que la solution se décompose lorsqu'on la garde longtemps.

3. Le troisième groupe de cas réclame un peu plus de discernement relativement au choix des conditions auxquelles cette méthode de traitement est applicable. Il est certain que, tandis que dans certains cas la sécrétion excessive est par elle-même une action morbide, c'est dans d'autres un effort de la nature pour chasser quelque poison ou matière peccante circulant dans le sang, et, comme tel, un effort curatif. Nous avons un exemple d'une sécrétion du premier genre dans le pyrosis, et du second dans les sueurs des rhumatismes, dans la diarrhée qui précède l'érysipèle et dans quelques autres désordres qui servent de crise aux fièvres. Même en rejetant ces derniers cas, comme peu convenables pour l'administration de l'acide gallique, il en reste encore un grand nombre dans lesquels les sécrétions excessives résultent de la débilité ou d'un état de relâchement général des organes ou des capil laires des parties qui fournissent la sécrétion. Lorsqu'on tombe sur ces conditions morbides, il n'est certainement aucun remède qui agisse d'une manière plus certaine et plus admirable que l'acide gallique, qui redonne, pour ainsi dire, le ton et la vigueur, sans la moindre tendance à allumer la fièvre.

4. Depuis que j'ai parcouru le mémoire de M. Scott Alison, j'ai essayé l'acide gallique sur une assez grande échelle,

dans le rachitisme et le carreau, et j'ai vu constamment les sécrétions devenir normales sous son influence, perdre leur odeur désagréable et leur aspect morbide, tandis que les muscles reprenaient leur fermeté ancienne; les enfants de deux ou trois ans, qui étaient dans l'impossibilité de marcher, devenaient en deux ou trois mois viss, animés, actifs, se tenaient droit et marchaient bien. Dans ces cas, l'acide gallique agit certainement comme tonique et même comme le meilleur tonique, par suite de son astringence, contractant les vaisseaux relâchés, arrêtant les pertes de nutrition, et imprimant en même temps de la fermeté et du ton à tous les tissus musculaires et élastiques. Seulement si j'ai remplacé l'acide tannique par l'acide gallique, c'est, ainsi que je l'ai dit plus haut, parce que l'acide gallique est mieux supporté et passe plus facilement dans la circulation.

Il est encore une autre grande classe de malades, ou plutôt il est une autre classe de personnes pour la constitution particulière desquelles l'acide gallique est un correctif presque sans prix; je veux parler de ces personnes que l'on regarde trop souvent comme pléthoriques, parce qu'elles sont fortes et colorées, tandis que leur pouls est faible, leur système musculaire relâché; le froid les cyanose aisément, la chaleur les fait transpirer en abondance; elles sont facilement oppressées et languis santes, incapables d'un exercice un peu violent. Ce ne sont pas des cas de pléthore, mais de congestions passives, et les vaisseaux sanguins, participant à l'état d'atonie et de relâchement général du corps, se déchirent parfois; de là des hémoptysies et des apoplexics à la suite d'un exercice modéré ou d'une excitation insolite. C'est chose surprenante que de voir avec quelle rapidité, sous l'influence de l'acide gallique, leur santé générale s'améliore, combien chaque fibre reprend sa force avec rapidité, et combien les fibres relâchées reprennent vite leur tonicité : l'aspect congestionné de la face disparait et les petits vaisseaux capillaires distendus se suivent dans la coloration normale, tandis que la langue devient plus ferme et le pouls plus plein et plus puis

sant.

5. Dans la première classe de cas d'hémorrhoïdes, plaies, etc., ce que l'on sait des effets de l'acide tannique à l'extérieur doit faire comprendre ce qu'on peut demander à l'acide gallique. Dans les cas où de petites plaies donnent lieu à des pertes de sang abondantes, comme cela se

produit dans la diathèse hémorrhagique, l'administration à l'intérieur de l'acide gallique aide beaucoup à arrêter l'hémor. rhagie. Nul doute que l'acide gallique ne réussit aussi bien dans quelques affections de la peau et dans les varices. J'ajouterai en terminant que, dans les cas graves d'hémorrhagie, l'acide gallique doit être donné sans hésitation et continué jusqu'à saturation complète de l'économie.

Dans la diarrhée et la dyssenterie, j'ai toujours vu, après l'emploi d'un demilaxatif pour expulser tous les matériaux irritants, l'administration de doses modérées d'acide gallique, toutes les deux ou quatre heures, avec une petite cuillerée à café d'huile de ricin chaque matin, faire cesser la maladie et rendre facilement la tonicité à la muqueuse intestinale.

Il est un certain nombre de phthisiques pour lesquels l'acide gallique est un trésor presque inestimable: je veux parler de ceux chez lesquels l'expectoration est sou. vent teinte de sang, et qui n'éprouvent pas plutôt un peu d'amélioration dans leur santé générale ou dans leurs forces qu'ils sont pris d'une légère hémoptysie, qui les ramène de nouveau à leur point de départ. J'ai en ce moment sous les yeux plusieurs malades de ce genre, chez lesquels l'amélioration marche d'une manière lente mais certaine, en leur faisant prendre cinq grammes d'acide gallique trois fois par jour, en même temps que l'huile de foie de morue et d'autres remèdes. L'un de ces malades est maintenant depuis un an entre mes mains. Lorsque je le vis pour la première fois, il était presque réduit à l'extrémité par une hémoptysic continuelle et une expectoration profuse; il souffrait tellement de sa dyspnée, qu'il lui était impossible de travailler. Trois vomiques se sont vidées depuis que je le traite, et cependant il va mieux; depuis deux mois, il a pu reprendre ses travaux et les continuer pendant l'hiver, monter des échelles ou des escaliers sans grande gène. En continuant l'huile de foie de morue et l'acide gallique, il va bien; s'il interrompt l'un, l'hémoptysie reparaît; s'il cesse l'autre, il devient faible et languissant.

L'acide gallique est encore utile associé à l'huile de foie de morue, en ce qu'il permet à l'estomac de la supporter sans nausées.

Un autre des grands avantages que présente l'administration de l'acide gallique chez les phthisiques, c'est le ton qu'il donne à l'estomac, calmant l'appétit exces

sif et activant la puissance digestive. L'estomac est souvent considérablement dilaté dans cette maladie, les parois relâchées et frappées d'atonie; de là les bons effets de ce médicament.

Dans les sueurs nocturnes et la diarrhée, qui caractérisent quelques périodes de la phthisie, l'acide gallique, bien qu'en core très-utile, réclame cependant un certain choix et une certaine réserve. Il faut commencer par de petites doses, qu'on augmente avec prudence; car on aggraverait sensiblement la toux si l'on supprimait trop brusquement les sécrétions. Mais si les doses sont augmentées peu à peu, non-seulement on modère la diarrhée et les sueurs, mais la respiration devient plus facile, l'expectoration moins pénible et les digestions meilleures. Tous ces effets favorables me paraissent s'expliquer facilement par la simple action de l'acide gallique, sa solubilité et sa pénétration dans le sang. Il contracte les capillaires et les glandules du canal alimentaire, resserre les parois et diminue leur calibre général, donne la même puissance de contraction aux tissus élastiques et musculaires du poumon, facilite l'expulsion des mucosités ou du pus, et produit enfin la même action sur la peau, dont il suspend l'exsudation, sueur d'épuisement.

Dans la bronchite chronique, mêmes précautions quand il s'agit de suspendre l'expectoration; mais aucun remède ne peut être plus facilement ménagé, aussi il est plus convenable pour arrêter d'une manière permanente les sécrétions morbides et pour rendre du ton aux tuyaux bronchiques et à leur membrane interne. La dose d'acide est de 5 à 10 grains, trois fois par jour. (J'ajouterai que, pour calmer la toux dans la phthisie et la bronchite, je me suis toujours bien trouvé de toucher, matin et soir, les amygdales et la Juette avec un pinceau trempé dans une solution de nitrate d'argent, de 5 à 10 grains par once.)

Le diabète me semble encore une maladie dans laquelle l'acide gallique pourrait avoir quelque avantage. Je n'ai pas eu souvent l'occasion de l'employer, mais un fait que j'ai observé me porte à croire que son usage, suffisamment continué, pourrait peut-être arrêter la maladie dans quelques cas. C'était un homme de 55 ans, ouvrier. jadis fort et bien constitué, mais d'une maigreur très-prononcée et d'une grande faiblesse, par suite d'une déperdition énorme d'urines qui étaient chargées de glucose. Sous l'influence de l'acide gallique, à la dose de 15 grains, près d'un

gros par jour, la quantité d'urine diminua de douze à dix pintes, et le séjour à la campagne, pendant quatre mois, acheva de faire tomber la quantité d'urîne à six pintes. En même temps, le pouls avait repris sa force et les symptômes avaient disparu du côté de la tête, de sorte que l'on se demandait, en présence d'un pareit résultat obtenu en quelques jours, si l'on ne fùt pas arrivé à la guérison complète en continuant plus longtemps le traite

ment.

Les plus heureux résultats suivent en particulier l'emploi de l'acide gallique dans le pyrosis, toutes les fois que la maladie n'est pas accompagnée d'ulcérations étendues, ni de maladie organique de l'estomac, ni de maladie du foie. Nonseulement l'acide gallique supprime la sécrétion avec une certitude et une rapidité que l'on ne voit jamais après un autre remède, mais encore il donne du ton à l'estomac, augmente l'appétit, et, ce à quoi on s'attendrait difficilement au premier abord, il fait cesser la constipation. Il faut donc admettre, en pareil cas, que le relàchement atonique de l'estomac qui favorise le pyrosis se continue dans tout le canal alimentaire, et que la constipation résulte de ce manque de puissance dans les parois musculaires de l'intestin. L'acide gallique remédie à ce défaut de tonicité.

Les cas de pyrosis dans lesquels j'ai pu employer l'acide gallique sont peu nombreux encore; cela tient à ce que cette forme de maladie paraît assez rare à Brighton. Sur neuf cent quarante cinq cas de maladie qui ont passé sous mes yeux au dispensaire en une année, je n'ai pu trouver que buit cas de cette affection, tous sur des femmes. J'ai conservé des notes sur cinq de ces cas : le premier était celui d'une femme non mariée, âgée de vingt-cinq ans, souffrant depuis dix-huit mois de pyrosis et d'une constipation rebelle. Elle avait été soumise, sans succès, à presque tous les moyens recommandés en pareil cas. Guérison en deux jours. Je ne l'ai pas perdue de vue pendant trois semaines, continuant l'acide gallique et l'huile de ricin de temps en temps. Je l'ai revue plusieurs mois après : pas de rechute. Dans un second cas, chez une femme de quarante-neuf ans, le pyrosis céda à la seconde dose du médicament. Le traitement fut interrompu après huit jours. Légère atteinte le lendemain; l'acide gallique en fit de nouveau justice et, en continuant les pilules pendant trois semaines, la malade se rétablit parfaite

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