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pondre. Cependant ma réserve ne doit pas aller jusqu'à laisser s'accréditer, grâce à l'autorité de votre journal, des opinions que je puis démontrer ne pas être fondées, en m'appuyant uniquement sur les faits que je trouve dans vos colonnes. J'ai une trop haute idée de votre impartialité personnelle pour ne pas être convaincu que vous serez le premier à désirer qu'elles soient rectifiées.

› Lorsque je me suis occupé d'obtenir en grand le lactucarium, je me proposais de remplacer l'extrait de laitue, employé sous le nom de thridace et reconnu tout à fait inerte, par le suc laiteux obtenu par incisions ce suc avait été expérimenté sous le nom de lactucarium par de nombreux observateurs, qui tous avaient signalé ses propriétés calmantes avec une sorte d'enthousiasme. Il m'avait semblé que, même en faisant la part de l'exagération, assez ordinaire chez les auteurs d'une découverte, un produit auquel on avait attribué de telles propriétés ne devait pas être complétement sans utilité, et qu'il pouvait y avoir intérêt à le mettre à la disposition des praticiens. Telles sont les considérations qui m'ont amené à chercher la solution de ce problème. Les premières expériences qui ont été faites à ma demande sur le produit que j'ai obtenu ont confirmé mes espérances. Mais je dois dire que, de toutes les observations qui m'ont été communiquées, il n'en est pas qui soient plus favorables au lactucarium que celles que vous avez publiées, qui prouvent mieux que ce médicament doit prendre une place utile dans la matière médicale.

› Pour qu'il en soit ainsi, il ne me sembla pas nécessaire que le lactucarium soit doué de propriétés aussi énergiques que l'opium; car alors il aurait comme lui les inconvénients de sa puissance; si je ne me trompe, il suffit que l'action de ce nouvel agent soit manifeste, incontestable, quelque faible qu'elle puisse être; cette faiblesse relative est même à mes yeux un avantage réel, parce qu'elle permet de graduer l'emploi des narcotiques, en commençant par recourir au médicament le plus faible, le lactucarium, en s'y arrêtant, s'il suffit, pour passer ensuite à l'opium, si l'emploi d'un agent plus actif est reconnu nécessaire. Rien ne prouve mieux que les faits recueillis à l'hôpital SainteMarguerite, et publiés par vous, que le lactucarium satisfait à toutes ces condi

tions.

En effet, sur les seize observations que vous avez rapportées, il en est deux

seulement dans lesquelles le lactucarium s'est montré absolument sans action. Dans les quatorze autres son action a été plus ou moins marquée, mais toujours sensible. Ce qui m'a surtout frappé dans ces observations, c'est qu'elles établissent, comme l'avaient annoncé, bien avant que je m'occupasse de ce produit, Coxe, Scudamore, Anderson, Duncan en Amérique et en Angleterre, Bidault de Villiers et François en France, que le lactucarium agit même sur des malades accoutumés à l'usage de l'opium ; qu'ainsi il a déterminé le sommeil d'une manière durable chez une femme atteinte d'un cancer et qui avait pris précédemment des pilules d'extrait thébaïque (obs. XV); que lorsque le lactucarium, après avoir longtemps produit un effet utile, est devenu impuissant, le malade étant sur le point de succomber, l'opium ne réussit pas mieux (obs. XIV); que des malades, qui avaient éprouvé un soulagement marqué sous l'influence du lactucarium, n'en avaient éprouvé aucun sous l'influence de l'opium, à tel point que le lactucarium était redemandé avec instance (obs. XII); que dans les convalescences de fièvre typhoïde rendues plus pénibles par la privation du sommeil, le sommeil est si bien revenu sous l'influence du lactucarium, qu'une des malades auxquelles il a été administré, a dit avoir mieux dormi dès le premier jour qu'elle n'avait fait depuis deux mois, et qu'au bout de très-peu de temps le lactucarium a pu être remplacé par des pilules de mie de pain, sans que l'insomnie ait reparu (obs. VII et XI); qu'enfin ce médicament agit (il n'est pas une de vos observations qui ne le constate), sans nausées, sans céphalalgie, sans rêves, sans la moindre pesanteur de tête; qu'il laisse, en un mot, après lui si peu de traces de son action, que vos malades vous disent, je cite textuellement, non-seulement qu'ils ont bien dormi, mais encore qu'ils ne sont pas aussi engourdi le matin que lorsqu'ils ont pris des pilules d'opium (obs. XIV).

Il ne me semble pas que, à moins de parti pris, on puisse considérer un médicament qui produit de tels effets comme un médicament qui ne mérite pas l'attention dont il est l'objet.

» Quant au sirop, je reconnais avec vous que, si l'on veut administrer le lactucarium à haute dose, ce n'est point la forme à laquelle il faut recourir. Mais je suis loin d'admettre qu'il faille employer ce sirop à aussi haute dose que vous le dites, pour produire un effet utile. D'ailleurs, on n'administre pas toujours le lactucarium

dans le seul but de ramener le sommeil. On met souvent à profit ses propriétés pour calmer la toux ou certains états nerveux, sans avoir besoin pour cela de l'administrer à dose somnifère.

› M. Bertrand, directeur de l'École de médecine de Clermont, inspecteur des caux du Mont-Dore, a si bien caractérisé l'action du lactucarium dans la note où il a résumé ses observations, il a précisé avec tant de justesse les limites dans lesquelles elle s'exerce, que tout ce qu'il a dit à ce sujet a été confirmé par tous les faits recueillis depuis, par ceux observés dans les services de MM. Serres et Magendie, comme par ceux que vous venez de publier. Eh bien! c'est une observation faite par M. Bertrand qui a servi de règle pour la proportion à adopter dans la formule du sirop. Cet éminent observateur rapporte que le lactucarium, administré à la dose de 30 centigrammes par jour, en trois fois, le matin, à midi et le soir, dans un cas bien déterminé de phthisie pulmonaire, avait calmé d'une manière complète et durable une toux fréquente, profonde, convulsive, empêchant tout sommeil, et usant ainsi avec une double rapidité les forces du malade. La formule du sirop a été calculée précisément de manière à ce qu'une cuillerée contienne tous les principes solubles de la dose de lactucarium qui a produit l'effet indiqué par M. Bertrand. Vous reconnaissez qu'il y eût eu inconvénient à dépasser cette dose; vous reconnaîtrez aussi, je l'espère, toute la valeur de la considération qui me l'a fait adopter. Il ne faut pas perdre de vue d'ailleurs que, le principe actif du lactucarium étant très-peu soluble, et ne pouvant être enlevé à la matière résineuse qui l'accompagne que par l'action de l'eau bouillante plusieurs fois répétéc, il y a chance pour que l'extrait qui se trouve en dissolution dans le sirop agisse d'une manière plus prompte et plus efficace que lorsqu'on l'administre sous forme pilulaire. Une moindre dose sous forme de sirop doit produire plus d'effet qu'une plus forte en pilules, lorsqu'on ne laisse qu'aux sucs de l'appareil digestif le soin de remplacer l'action de l'eau bouillante pour la dissoudre.

Il faut bien aussi tenir compte de la différence que présente l'impressionnabilité des malades qu'on traite dans les hôpitaux et de ceux de la pratique civile, de la difficulté que beaucoup de personnes, et surtout les enfants, éprouvent à avaler des pilules. De là des motifs de préférence pour une forme plutôt que pour une autre. Malgré ces observations, je suis tout dis

posé à reconnaître que c'est par des expériences cliniques comparatives qu'il convient de juger la valeur relative des diverses préparations du lactucarium. [l serait aussi à désirer que le sirop de lactucarium fût comparé, dans ces expériences, au sirop de thridace, qu'il est surtout destiné à remplacer. Si l'intérêt de ces recherches pouvait tenter un de vos collaborateurs, je m'empresserais de mettre à sa disposition telle quantité de lactucarium qui pourrait lui être nécessaire. Je me permettrai seulement d'insister pour que le sirop soit préparé en suivant exactement la formule que j'ai proposée, et qui a été adoptée par l'Académie de médecine à la presque unanimité. Les modifications qui ont été indiquées ne m'ont pas paru heureuses, et j'aurais tout lieu de craindre que le sirop préparé en en tenant compte ne justifiât par trop la critique que vous avez faite de cette préparation. Ce ne serait pas la première fois, du reste, qu'une mauvaise manière d'opérer aurait compromis sa réputation. H. AUBERGIER. ›

Les réflexions de M. Aubergier ne dé. truisent pas, nous le croyons du moins, les réserves que nous avons cru devoir émettre à propos de la valeur du sirop de lactucarium; pour les légitimer, il nous suffira de faire remarquer à ce savant chimiste qu'il n'a pas jusqu'ici fourni la preuve d'un fait important. M. Aubergier fait bien entrer dans la formule de son sirop la quantité d'extrait de lactucariumi nécessaire pour que chaque cuillerée (20 gr.) contienne 10 centigrammes de lactucarium; mais comme il fait intervenir dans sa préparation de l'albumine, et que cette substance possède la propriété de précipiter la matière résineuse du lactucarium, et de dépouiller le sirop de son amertume, nous nous sommes demandé si l'albumine n'enlevait pas en même temps une certaine portion des principes actifs de l'agent médicamenteux. H. Aubergier ne le pense pas, puisque les principes actifs sont sołubles dans l'eau bouillante; mais, en thérapeutique, les jugements doivent se baser seulement sur les faits. Comme le savant chimiste n'avait pas fourni de preuves cliniques à l'appui de son assertion, et que des observations que nous insérions ressortait seulement la valeur de l'extrait alcoolique du lactucarium, nous aurions dépassé les données des expérimentations tentées par M. Marotte, si nous avions appliqué au sirop les conclusions qu'on devait tirer des essais du lactucarium. M. Aubergier le reconnait,

puisqu'il dit : « C'est par des expériences cliniques comparatives qu'il appartient de juger la valeur des diverses préparations du lactucarium. » Nous n'avons jamais prétendu autre chose. DEBOUT.

L'expérience clinique de chacun et de chaque jour a prononcé ; presque tous les médecins emploient aujourd'hui le sirop de lactucarium d'Aubergier, et ils y reviennent parce qu'avec lui ils réussissent.

M. Debout croit que l'albumine dépouille ce sirop de son amertume; c'est la matière âcre et non la matière amère qu'on enlève par cet agent. On laisse donc ainsi le principe utile en séparant une matière dont le moindre inconvénient est de rendre ce sirop désagréable.

(Répertoire de pharmacie.)

PILULES ET Teinture de semences de diGITALE.-Les pharmaciens des petites localités n'ont pas toujours le temps de préparer la digitaline, de constater la pureté de celle qu'ils achètent. Pour être cer tain d'avoir un produit toujours efficace, M. Brossard, pharmacien à Rouen, propose de récolter la semence de digitale, qui se conserve bien d'une année à l'autre. Un gramme de cette semence, pilée avec quantité suffisante de miel, donne une masse pilulaire qui, divisée en 30 pilules, contient un peu plus d'un milligramme de digitaline. Ce pharmacien prépare en outre une teinture dont voici la formule :

Alcool à 33o.

...

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Semence de digitale. . . 40 grammes. 120 grammes. Faites macérer pendant huit jours, et terminez par une digestion de deux heures, puis versez dans un appareil à déplacement. Quand toute la teinture est passée dans le récipient, ajoutez au résidu de l'alcool en quantité suffisante pour en chasser les dernières portions de teinture, de façon à obtenir 120 grammes. Cette teinture contient à peu près 1 centigramme de digitaline par gramme, et peut être employée dans les potions et la préparation du sirop de digitale.

M. Bouchardat, en publiant la note de M. Brossard dans son Répertoire de pharmacie, tout en accordant que les semences de digitale sont moins variables pour la proportion de digitaline que les feuilles, fait remarquer avec juste raison qu'un pharmacien ne peut, dans aucun cas, remplacer la digitaline par une préparation de semences de digitale. Mais rien ne s'oppose à ce que les praticiens, profitant de l'enseignement qui leur est donné, ne sub

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REACTIF PROPRE A DÉCELER LES PLUS PETITES QUANTITÉS DE SUBLIME MÊLÉES AU CALOMEL, par M. MARCHANDIER. La pureté du calomel est un point si important que nous croyons utile de signaler aux praticiens un procédé très-simple pour s'assurer si le médicament est exempt ou non de sublimé corrosif. Voici la formule de mon réactif :

PR. Iodure de potassium. 10 centigrammes. Eau distillée..... 10 grammes.

On prend environ 50 centigrammes du calomel à essayer, et on fait une pâte avec une goutte ou deux du liquide d'épreuve sur un morceau de verre.

Si le calomel est pur, il prend une couleur verte; s'il renferme seulement un millième de bichlorure, il se produit des taches rouges. (Ibid.)

Médecine légale.

DE L'EXAMEN PHYSIQUE DES POILS ET DES CHEVEUX, CONSIDÉRÉ SOUS LE RAPPORT MÉDICO-LÉGAL; par M. J.-L. LASSAIGNE.Dans plusieurs circonstances relatives à des cas de médecine légale on a souvent besoin, dans l'intérêt de la vérité, d'établir si des poils ou des cheveux trouvés sur des vêtements d'un inculpé, ou sur des instruments ayant servi à la perpétration d'un crime, appartiennent ou non à la victime. Si la solution d'une semblable question présente de nombreuses difficultés, que plus d'un expert a pu rencontrer en présence des faits qu'il avait à examiner, elle est souvent obtenue par des expériences comparatives, qu'il importe de ne jamais négliger lorsqu'il y a intérêt, soit pour la justice, soit pour l'accusé.

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Les divers ouvrages de médecine légale publiés jusqu'à ce jour n'ont traité ce point que d'une manière secondaire ; quelques-uns ont même gardé un silence qui attesterait, suivant nous, qu'il n'a pas été l'objet de travaux particuliers, ou du moins que les faits recueillis sur cette matière sont rares et peu connus.

Une observation, consignée dans le Manuel complet de médecine légale publié par MM. Briand, Ernest Chaudé et Gaultier de Claubry en 1852, démontre, p. 814, de quelle importance peut être la constatation de la nature de quelques cheveux ou quelques poils retenus au milieu de taches de sang ou de tout autre liquide. Les moyens d'observation que ces auteurs indiquent, à l'aide du microscope, et les procédés qu'on doit suivre pour arriver à la connaissance de la couleur, de la forme et de la grosseur des poils ou cheveux qui sont l'objet d'un examen, suffisent dans le plus grand nombre de cas. Nous les avons même mis en pratique dans diverses circonstances; mais nous avons ajouté à ces moyens quelques faits qui peuvent trouver aussi quelques applications utiles dans plusieurs expertises médico-légales du même genre.

Dans une affaire criminelle qui s'instruisit en 1837, à l'occasion d'un triple assassinat commis au village de SaintMartin-le-Gaillard, près de la ville d'Eu, la présence de plusieurs filaments adhérant au bord tranchant d'une hache présumée avoir servi à la consommation du meurtre, fournit à MM. Barruel et Ollivier (d'Angers) l'occasion de soumettre à l'examen microscopique ces filaments, qu'ils reconnurent bientôt être des poils d'animaux se confondant avec ceux du cheval ou du bœuf, et s'éloignant, par leur structure, des cheveux avec lesquels on les avait confondus. Les débats firent constater qu'en effet cette hache appartenait à l'un des accusés exerçant la profession de boucher (page 816).

De nouveaux faits, accomplis dans ces derniers temps, viennent démontrer de quelle importance peuvent être, pour la justice, les observations semblables à celle que nous avons mentionnée ci-dessus.

Dans une affaire relative à un attentat à la pudeur, pour laquelle nous fûmes judiciairement requis avec M. Lesueur, professeur agrégé et chef des travaux chimiques de la Faculté de médecine de Paris, nous eumes à examiner deux che veux courts trouvés sur la jupe de la victime. Ces cheveux, saisis comme pièces à conviction, pouvant appartenir à l'un des

prévenus, nous furent remis par le président à l'effet de constater s'ils appartenaient aux échantillons de cheveux déta chés de la tête des inculpés.

Les expériences auxquelles nous nous livrâmes, ont été faites suivant un plan que nous nous étions tracé, afin d'obtenir, autant qu'il était possible de l'établir sur ces matières, des résultats comparatifs.

Une même longueur de chaque cheveu, coupée à la base et à l'extrémité opposée, a été placée sur une lame mince de verre blanc, au milieu d'une goutte de glycérine pure, et on a recouvert le tout avec une autre lame mince de verre, comme cela se pratique pour l'examen microscopique des objets transparents qu'on veut voir par la lumière transmise. Cette première opération, en nous permettant de reconnaître la grosseur comparative de ces portions de cheveux, nous donnait, au moyen d'un micromètre gravé sur lame de verre, leur diamètre réel. Or, cet examen, fait avec le plus grand soin, nous a fait constater nonseulement que la couleur des cheveux trouvés sur le jupon de la victime différait, par sa nuance, de celle des cheveux des inculpés, mais que les premiers étaient beaucoup plus fins que les cheveux des derniers. Ceux-là avaient un diamètre moyen qui égalait Omm,04 à 0mm,05; ceux. ci un diamètre égalant Om,07 à 0mm,09, c'est-à-dire double environ.

La conclusion à laquelle nous fùmes conduits se formulait en ces termes :

« Les cheveux trouvés sur la jupe de la » victime n'ont aucun rapport avec les cheveux des inculpés; ils sont plus fins,

plus souples et d'une teinte beaucoup moins » foncée, ont un diamètre plus gros, éga»lant environ le double des cheveux pré

cédents : ce qui établit une notable » différence entre les premiers et les se»conds. »

Nous ajouterons à ces données, fournies par l'examen microscopique, que la comparaison de couleur faite en disposant sur une feuille de papier blanc les cheveux l'un près de l'autre, une simple loupe permettait de distinguer nettement les cheveux recueillis sur la jupe de la victime de ceux appartenant aux inculpés.

Les dessins que nous fimes d'après l'observation microscopique, joints au rapport qui fut dressé à cette occasion, fournirent une représentation exacte de ce que nous avions remarqué et constaté par l'expérience.

Depuis, l'un de nous, dans une expertise qui lui a été confiée par l'un de MM. les juges d'instruction près le tribunal de

première instance de la Seine, a pu mettre en pratique les mêmes moyens et arriver à éclairer la justice sur un même ordre de faits.

Cette nouvelle observation, rapprochée de la précédente, démontrera de quelle importance doivent être les recherches de la nature de celles qui font l'objet de cette note.

Dans une commune de l'un de nos départements, un meurtre fut commis dans la nuit du 3 au 4 février dernier. Un des individus avec lesquels la victime s'était trouvée en rapport dans la soirée, fut soupçonné et arrêté. Une visite domiciliaire ordonnée par les autorités judiciaires fit constater, dans une des chambres attenante à celle où la victime avait eu des rapports avec l'inculpé, une fourche et une hache. L'examen attentif de ces deux objets amena la constatation de deux pctites taches de sang, de 0.003 à 0,004 sur le manche de la fourche, et un cheveu et un poil collés au fer de la hache près d'une petite tache recouverte de rouille. Ces pièces à conviction, recueillies par le juge chargé de l'instruction de l'affaire, furent envoyées à Paris avec une commission rogatoire adressée à M. le procureur impérial.

La mission qui nous fut confiée à la suite de ce dernier acte, nous fit entreprendre des expériences d'après lesquelles nous reconnûmes, à l'aide du microscope et de quelques réactions chimiques, que les deux petites taches sanguines déposées sur le manche de la fourche saisie au domicile de l'inculpé, étaient formées par du sang à globules ovales, de la forme el de la grosseur de ceux qui font partie du sang des oiscaux. Cette observation, en établissant que ces taches ne pouvaient provenir du sang humain ou d'un autre animal mammifère, confirma une déclaration faite par l'inculpé, que le sang observé sur le susdit manche provenait, sans doute, d'une poule qu'il avait égorgée peu de jours auparavant.

L'examen du poil et du cheveu trouvés sur le fer de la hache a été fait comparativement avec des poils de la barbe et des cheveux prélevés sur la tête de la victime, d'après la demande que nous avons fait adresser par M. le procureur impérial. Cette comparaison établie entre les objets précités, et les poils recueillis au menton et ceux faisant partie de la moustache de la victime, ainsi que les cheveux détachés à l'occiput, sur le sommet de la tête et vers la partie frontale, a permis de reconnaitre les faits suivants :

1o Le cheveu trouvé sur la hache appartenant à l'inculpé n'a pu être rapproché, ni par sa couleur ni par sa grosseur, des cheveux pris sur le sommet de la tête, sur le front et à l'occiput de la victime; ces trois sortes de cheveux étaient plus gros du double et d'une teinte plus foncée.

2o Le poil trouvé a lhérent au fer de la hache, examiné à l'œil nu et à l'aide du microscope, se rapprochait, abstraction faite de sa longueur, des poils composant la moustache de la victime, et non de ceux de la barbe au menton, qui étaient plus gros ct d'une teinle rousse plus foncée.

Nous sommes arrivés à ces conclusions en disposant, comme nous l'avions fait déjà, sur une même lame de verre imprégnée d'une couche mince de glycérine pure, des portions de poils et de cheveux coupées vers la base et à l'extrémilé opposée libre, recouvrant avec une seconde lame de verre et examinant sur le porte-objet d'un microscope grossissant 200 fois.

Les observations qui précèdent démontrent donc de quelle utilité sont, pour les expertises médico-légales, les expériences qu'il est possible d'entreprendre avec le secours du microscope. Les travaux de M. Charles Robin ont prouvé, depuis longtemps, tout ce que la science a le droit d'attendre d'un instrument que les découvertes en optique ont aujourd'hui si bien perfectionné et de ceux qui, comme lui, le manient et l'emploient avec une si grande habileté. Leur exemple ne saurait trop engager ceux qui se livrent aux expérimentations, en général, à faire usage du microscope, en s'aidant de leurs conseils et des préceptes que leur longue expérience permet de prendre pour guide. (Annales d'hyg. publ. et de médec. légale.)

Hygiène publique.

RAPPROCHEMENTS STATISTIQUES ENTRE LES DEUX PROSTITUTIONS (INSCRITE ET CLANDES TINE) AU POINT DE VUE DE LA SYPHILIS, par le docteur J. VENOT, chirurgien en chof de l'hospice Saint-Jean. On l'a dit et imprimé cent fois : la source qui fournit dans nos grandes villes le plus d'aliments à la prostitution légalement organisée, c'est sans contredit la débauche latente, que les besoins impérieux et toujours renaissants du luxe dans la misère entretiennent et développent avec une incroyable activité. On ne peut se faire une idée, si l'on n'est pas descendu dans les bas-fonds où glt cette peste sociale, des rapports et des

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