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BASTILLE. (Plus d'argent que le roi n'en a dans sa)

Le trésor des rois de France fut gardé d'abord au Temple, puis au Louvre, ensuite dans une tour de la cour du Palais. Il était, en 1604, à la Bastille; Henri IV y avait alors sept millions d'or, suivant les Mémoires de Sully, et en 1610, année de sa mort, quinze millions huit cent dix mille livres.

BATEAUX. ( Arriver en trois)

Proverbe ironique. Coste, commentateur de La Fontaine, en rapporte ainsi l'origine : «Lorsqu'on surfait au peuple du poisson, tel que.... l'acheteur, pour en ravaler le prix, répond ironiquement au vendeur : Oh! je le vois bien, ce poisson est venu en trois bateaux. Celui qui le premier imagina ce trait, trouva plaisant de comparer la méchante petite barque d'un pêcheur à un vaisseau marchand richement chargé, qui aurait été escorté par deux vaisseaux de guerre; d'où le propriétaire prend droit d'augmenter le prix de ses marchandises à proportion de ce que lui a coûté le

convoi. >>

La Fontaine a employé ce proverbe dans la fable 3me du 9me livre.

BATON (Faire sauter le) à quelqu'un.

C'est lui faire faire quelque chose malgré lui.

Cette métaphore fait allusion à un amusement qui consiste à faire arrêter tout à coup un troupeau de moutons, pour sauter par-dessus un bâton qu'on tient élevé à trois ou quatre pieds de hauteur.

BATON. (Tour du)

Tour du métier, profits secrets et illicites.

La Monnoye tire cette expression du petit bâton avec

lequel les joueurs de gobelets font leurs tours de passepasse. De Brieux pense qu'il s'agit du bâton des maîtres-d'hôtel; et, suivant Borel, baston a la même signification que ton bas; on ne dit qu'à l'oreille de celui qu'on veut mettre dans ses intérêts : Vous aurez tant, si vous me secondez dans cette affaire. Peut-être aussi est-ce un proverbe féodal. Lorsqu'un seigneur se faisait représenter pour juger, il donnait sa baguette à celui qui le représentait. En payant l'amende, plus d'un condamné aura cru que les profits du juge étaient ajoutés aux amendes de la loi.

BATONS. (Fêtes à)

Nos pères appelaient ainsi les fêtes solennelles, parce que ces jours-là non seulement le grand chantre, mais les chefs des confréries, marchaient à la procession, tenant en main une espèce de bourdon.

Les avocats ont leur bâtonnier. Ce titre vient de ce que, anciennement, le doyen des avocats portait, à une procession de Saint-Nicolas, un bâton auquel était suspendue la bannière du saint. Ce titre fut ensuite un hommage volontaire que l'ordre rendit aux talens, aux vertus, à la considération personnelle. Le bâtonnier fut réélu, tous les ans, par le suffrage des anciens bâtonniers.

BATTRE.

Il fait bon battre glorieux.

Parce qu'il ne s'en vante pas, et que vous n'avez point à craindre les personnes qui pourraient le venger. Autant vaut bien battre que mal battre.

Quoi qu'il puisse arriver, il ne faut pas faire les choses à demi.

Il a battu les buissons,
L'autre a prins les oisillons.

Pendant le siége d'Orléans sous Charles VII, les habitans de cette ville, pressés par la famine, mais, ne voulant pas se rendre aux Anglais, firent dire au duc de Bourgogne, Philippe-le-Bon, qui servait alors l'Angleterre contre la France, qu'il serait digne de sa générosité d'empêcher qu'un prince son parent, outre sa liberté, perdit encore ses biens. (Le duc d'Orléans était retenu prisonnier en Angleterre depuis la bataille d'Azincourt.) Ils prièrent le duc de recevoir leur ville, l'Orléanais et les autres biens de leur seigneur en dépôt, jusqu'à ce qu'il fût délivré. La proposition plut à Philippe. Il alla lui-même à Paris la communiquer au duc de Bedfort, régent du royaume de France pour le roi d'Angleterre Henri v1. Bedfort, que la prospérité commençait à aveugler, ne sut pas se contraindre en cette occasion, et répondit imprudemment par une phrase devenue proverbe, qu'il n'était pas homme à battre les buissons pour laisser prendre les oisillons. Cette réponse, accompagnée de quelques brusqueries, piqua le duc de Bourgogne. Il rappela les troupes nombreuses qu'il avait, dans l'armée anglaise, et leur départ causa au régent une grande diminution de forces, dans un moment où il n'aurait pas eu trop de toutes celles qui l'abandonnaient, pour soutenir les efforts de Charles VII, alors puissamment secondé par la Pucelle

d'Orléans.

Nicot, qui, dans son Dictionnaire français - latin (année 1606), rapporte le proverbe : Il a battu les buissons, etc., dit : « Nostre siècle est plein de batteurs de buissons et de preneurs d'oisillons, en temps de paix et de guerre, et en tous estats. »

BAUDRIER.(Mon)

Nos pères appelaient ainsi un compagnon inséparable, un ami sur lequel ils comptaient comme sur le baudrier ou ceinture qui leur servait de bourse.

Trop gratter cuit,
Trop parler nuit.

BAVARDAG E.

Le proverbe espagnol est plus expressif que le nôtre : peu parler est or, et le trop est boue.

Le

Les Grecs modernes disent :

Si tu gagnes de l'argent à parler, tu gagnes de l'or

à te taire.

Un de nos poètes a dit de la langue :

Ne la réglons pas, rien n'est pire;

Gouvernons-la, rien n'est si bon.

BAVETTES. (Tailler des)

Quand des femmes s'assemblent pour caqueter, on dit proverbialement qu'elles taillent des bavettes. Le mot baver, d'où dérive bavette, est tombé en désuétude; mais on dit encore bavard.

BAVOLET.

Loin de la cour je me contente

D'aimer un petit bavolet.

(BOISROBERT.)

Le nom d'une coiffure est devenu proverbial pour désigner une paysanne. Mais quelle est l'étymologie de bavolet?

Petit voile qui descend bas; volet pour voilet. Originairement tous les bavolets étaient des coiffures à barbes; on les porte encore tels dans la ci-devant Normandie.

Dans quelques livres anciens, au lieu de Bavolet, on trouve Bagnolet. Nous croyons que ce dernier nom est celui d'un village des environs de Paris.

Iris coiffée en chien barbet
Cessera bientôt de me plaire;
Quand elle met son bagnolet
Elle ressemble à sa grand'mère.

Autrefois de ses blonds cheveux
Célimène faisait parure;

Mais à présent elle est bien mieux,
Ayant mis bas sa chevelure.

Il s'agit d'une mode de l'année 1726: les bagnolets d'été étaient de gaze garnie de blonde, ou entièrement de point. On faisait ceux d'hiver en velours, en pluche ou en satin sans envers, et on les garnissait d'une dentelle de soie noire. Quand les dames quittaient leurs bagnolets, elles étaient entièrement frisées par petites boucles : les cheveux, sur toute la tête, étaient coupés en vergette.

BEAUCOUP. (Cent ans ce n'est guère, mais jamais

c'est

Cela se dit à une personne qui assure, dans un moment de colère, que jamais elle ne retournera en tel endroit, dût-elle vivre cent ans.

BEAU-COUSIN.

Anciennement on disait beau-cousin, comme on dit beau-père et beau-fils.

BEAUNE. (Anes de)

Dans le treizième siècle, il y avait à Beaune des commerçans distingués, du nom de L'Ane. Lorsqu'on voulait parler d'un commerce bien établi, on citait les Anes de Beaune. Depuis, ce nom est resté aux habitans, et c'est sur une misérable équivoque que rou

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