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Faire le balai neuf.

BALAI.

Se dit du zèle que montre un domestique qui vient d'entrer dans une condition.

Rotir le balai.

Ce proverbe est populaire ; il signifiait autrefois brûler un fagot en compagnie, entrer en goguette au point de rotir le balai faute d'autre bois.

Payer pinte et fagot, sont encore des termes familiers au peuple.

Rotir le balai, quand on parle des femmes, est un terme injurieux qui veut dire, tenir une conduite déréglée.

BAMBOCHE.

Ce sobriquet donné à un peintre hollandais nommé Pierre de Laer, fort contrefait, et qui excellait à peindre des figures grotesques, parut d'une application si heureuse, que tous les tableaux du genre auquel il s'était adonné prirent le nom de bambochades.

Des folies en peinture, le mot bamboche a été transporté aux folies en morale; et faire ses bamboches, c'est se permettre de grossières facéties, de mauvaises pointes; c'est aussi mener une conduite peu régulière. BANAL. (Four)

Quand un homme a une bouche trop fendue, on dit qu'elle est grande comme un four banal.

Avant l'abolition de la féodalité, dans beaucoup de communes tous les habitans étaient contraints de porter leur pâte au four banal.

Le droit de banalité comprenait, dans quelques endroits, les moulins et les pressoirs.

BANNIÈRE. (Aller au-devant de quelqu'un avec la croix et la)

Ce proverbe est féodal. C'était ainsi qu'on recevait les seigneurs dans leurs fiefs.

BANNIÈRE. (Aller chercher quelqu'un avec la croix et la)

Ce proverbe s'applique aux personnes qui se font attendre long-temps.

Dans quelques chapitres, notamment à Bayeux et au Puy-en-Velay, si un chanoine ne se rendait pas à matines le jour d'une fête solennelle, quelques uns de ses confrères se détachaient du choeur avec deux clercs, et allaient processionnellement à son logis.

BANQUET.

Toutes les fois que nos pères donnaient un grand festin, ils faisaient asseoir les convives sur des bancs; et de là s'est formé notre mot banquet.

Chez les princes et les grands seigneurs, les siéges n'étaient que des bancs, mais on les recouvrait de tapis pour les rendre moins durs.

On dit encore le banc des ministres, lorsqu'ils siégent à la Chambre des Députés.

BAPTISTE. (Tranquille comme)

On donnait le nom de Baptiste aux niais dans les anciennes farces.

BARBE.

A barbe rousse et noirs cheveux,

Ne te fie si tu ne veux.

Les Espagnols disent: Faux de nature, les cheveux noirs, la barbe rousse.

Les Romains n'avaient pas non plus une bonne idée d'un homme à cheveux noirs et à barbe rousse.

BARBE. (Faire la)

Faire la barbe à quelqu'un, c'est lui donner des marques de mépris, le braver.

On sait combien les Orientaux tiennent à leur barbe; chez nous, il eu fut de même jadis. Le serment ordinaire de Charlemagne était : Je jure par saint Denis et par cette barbe qui me pend au menton.

Depuis Clovis jusque vers la fin du douzième siècle, on laissa croître la barbe. Pendant environ quatre siècles, ce furent les cheveux qu'on porta longs.

François 1er introduisit une mode contraire, lorsqu'un coup reçu à la tête, en jouant, l'eut obligé de faire accourcir ses cheveux.

Henri III, qui portait une toque de femme, fit couper sa barbe; mais on voit dans d'Aubigné quelle impression produisit ce changement.

Henri fut mieux instruit à juger des atours

Des p...... de sa cour, et plus propre aux amours:
Avoir le menton raz, garder la face pâle,

Le geste efféminé, l'œil d'un sardanapale;

Si bien qu'un jour des Rois, ce douteux animal,
Sans cervelle, sans front, parut tel en un bal.

Sous Henri IV, la barbe fut un des principaux articles de la toilette. On vit des barbes en éventail, en queue d'hirondelle, en feuille d'artichaut, et des moustaches à la turque, à l'espagnole, en garde de poignard. Une cire préparée donnait à la barbe le parfum et les couleurs à la mode; la nuit on la renfermait dans un sac fait exprès; de jolies brosses étaient destinées à en réparer le désordre; et un petit-maître regardait comme une faveur insigne qu'une dame voulût bien donner à sa barbe le coup de brosse.

Sous Louis XIII, qui monta sur le trône à l'âge de neuf ans, les barbes perdirent de leur crédit. Les cour

tisans ne conservèrent qu'un petit bouquet de barbe, d'abord carré, puis pointu, qui finit par disparaître.

On sait les vaudevilles qui furent faits sur le retranchement des barbes, sous le ministère du cardinal de Richelieu.

Vous êtes aussi rasé

A la mode de la cour,

Car l'on vous fait le poil bien court.

Ça, monsieur de Laforce,
Que je vous la fasse aussi.
Hélas! sire, mercy,

Ne me la coupez pas,

Plus ne me connaîtraient vos soldats.

Richard Mithon, bailli du comte d'Eu, mort en 1626, fut le dernier qui porta une longue barbe.

BARDOT.

On appelle ainsi, dans une compagnie, celui sur qui les autres se déchargent du poids de leurs travaux. Au propre, c'est un petit mulet.

BARILLET. (Jaloux de sa femme comme un ladre de son)

C'est-à-dire, du petit baril qui contient sa provision. de vin.

Ce proverbe se trouve dans Brantome.

BARRE. (Avoir)

Avoir barre sur quelqu'un, c'est avoir avantage sur lui.

Expression tirée du jeu que les écoliers appellent jeu de barres, et qui est une image de la guerre, car les joueurs sont divisés en deux camps.

BARRETTE (Parler à la) de quelqu'un."

Le réprimander avec colère; littéralement, porter la

main sur la partie du chaperon qui lui couvre le front. (Voyez Chaperon.)

On appelait, dans le moyen âge, le devant d'un chaperon barrette, à cause des passemens dont il était orné, et qui formaient des barres. Par la suite on détacha du chaperon cet appendice, mais le mot barrette resta; et il est encore en usage, quand on parle du petit bonnet rouge à trois faces (1), envoyé par le pape à un souverain, pour un de ses sujets promu, sur sa demande, au cardinalat.

BAS-BRETON.

Les Bas-Bretons savent que nos rois sont mariés lorsqu'ils ont des enfans. Proverbe angevin.

Il s'applique à des gens qui ne savent les choses que long-temps après qu'elles sont faites.

BASSIN. (Cracher au)

C'est contribuer à une dépense, mais avec autant de peine qu'en éprouve un malade à expectorer des flegmes.

Anciennement les collectes ne se faisaient point avec une bourse; c'était un bassin que les personnes préposées aux quêtes par les marguilliers présentaient dans l'église, les jours de fêtes solennelles.

BAST. (Qui ne veut selle, Dieu lui doint)

Doint, donne, du verbe doigner, venant de donare. Ce proverbe s'applique à ceux qui, en quittant une condition qu'ils ne trouvent pas bonne, s'exposent à tomber dans une pire.

(1) Les cardinaux étrangers n'ont le chapeau que lorsqu'ils vont à Rome, et qu'ils le reçoivent des mains du pape; ils peuvent le faire entrer dans leurs armes; mais à leur convoi ce chapeau n'est point placé sur leur cercueil.

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