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AVOCAT. (Il est dégoûté comme la gibecière d'un) Ce proverbe se trouve dans les Matinées du seigneur de Cholières. Paris, 1585. Nous avons un témoignage encore plus ancien de l'avidité des gens de loi.

Le bailli vendange, le prevôt grappe,
Le procureur prend, le sergent happe,
Le seigneur n'a rien, s'il ne leur échappe.

(Extrait du Grand Coutumier de France, Paris,
Galliot-Dupré, 1514.)

AVOINE. (Avoir reçu de l')

Signifie, dans le département des Hautes-Alpes, avoir été rebuté par celle que l'on aime.

Si le galant disgracié persiste, la belle, pour l'éconduire tout-à-fait, tourne vers lui le bout non allumé des tisons.

Dans les Landes, qui font partie du département de la Gironde, si une fille que l'on vient demander en mariage verse du vin lorsqu'on s'est mis à table, c'est signe qu'elle donne son consentement; comme c'est une marque de refus, si elle apporte des noix pour dessert.

AVRIL.

Avril pleut aux hommes, mai pleut aux bétes.

Aprilis hominibus, maius jumentis pluit.

C'est-à-dire, que la pluie d'avril procure des grains, celle de mai des fourrages.

AVRIL. (Poisson d')

Fleury de Bellingen (Étymologie des Proverbes français) prétend que la coutume de faire courir et de renvoyer d'un endroit à l'autre ceux dont on veut se moquer, vient du temps où l'on ne voyait point d'indécence à prendre des sujets de farces dans la Bible.

La Passion du Sauveur eut lieu à une époque qui correspond à notre commencement d'avril, et il fut renvoyé par les Juifs d'Anne à Caïphe, de Caïphe à Pilate, de Pilate à Hérode, et d'Hérode à Pilate. Poisson, suivant le même auteur, serait le mot passion, que l'ignorance du vulgaire aurait altéré.

Sous Louis XIII, un prince de Lorraine, qui était gardé à vue dans le château de Nanci, trompa la vigilance des sentinelles, et se sauva en traversant la Meurthe à la nage; c'était le premier d'avril; on dit aux Lorrains, poisson d'avril.

BBBB.

B.

Femme ne doit toucher à BBBB de l'homme. Ces quatre B signifient: Bourse, Bonnet, Barbe, Brayette.

B. (Étre marqué au)

C'est être ou borgne, ou bigle, ou boiteux, ou bancal, ou bossu, ou bègue. Ces sortes de personnes sont ordinairement malignes.

Bigle, borgne, bossu, boiteux,

Quatre B malencontreux.

De toutes les personnes marquées au B, celles qui tendent le moins la plaisanterie, sont les bègues; la raison en est simple; ils n'ont pas d'arme pour riposter; la langue leur refuse le service.

B. (Ne savoir ni A ni)

Les Grecs, pour caractériser un homme profondément ignorant, disaient: Il ne sait ni lire ni nager. BABILLER.

Qui de coutume moult babille,
Trouve à chacun trou sa cheville.

Un babillard a toujours quelque chose qu'il rapporte au sujet de la conversation.

Mais, fût-il sensé d'ailleurs, celui qui parle beaucoup passe pour un indiscret et pour un brouillon. Parler peu et bien, c'est le caractère du sage.

BABOUIN ; (Taisez-vous, petit) laissez parler votre mère qui est plus sage que vous.

Prosternée à deux genoux devant une image de Vénus, qui tenait par la main son petit Cupidon, une jeune fille la priait ardemment, et presque à voix haute, de lui faire obtenir en mariage un beau jeune homme qu'elle aimait. Un espiègle qui était caché derrière l'autel, lui répondit: Ce n'est pas pour vous. La jeune suppliante, croyant que cette réponse venait de Cupidon, lui répliqua en colère : Taisez-vous, petit Babouin; laissez parler votre mère qui est plus sage que vous.

Depuis ce temps-là, quand un enfant se mêle de la conversation de personnes plus âgées que lui, on lui impose silence, en lui disant : Taisez-vous, petit Babouin, etc.

BADAUD.

Du latin barbare badaldus, venant de badare, qui signifie béer, avoir la bouche béante.

« Si on a donné le nom de badaud, dit Voltaire, au peuple de Paris, plus volontiers qu'à un autre, c'est uniquement parce qu'il y a plus de monde à Paris qu'ailleurs, et par conséquent plus de gens inutiles qui s'attroupent pour voir le premier objet auquel ils ne sont pas accoutumés, pour contempler un charlatan, ou un charretier dont la charrette sera renversée et qu'ils ne relèveront pas. Il y a des badauds partout, mais on a donné la préférence à ceux de Paris. >>

Lorsque Ménage fit imprimer ses Origines de la Langue française, Journel, son imprimeur, refusa de mettre sous la presse ce qui regardait la badauderie de Paris. A Dieu ne plaise, disait-il, que j'imprime rien contre ma patrie. Cette naïveté inspira ces quatre vers à Ménage :

De peur d'offenser sa patrie,

Journel, mon imprimeur, digne enfant de Paris,
Ne veut rien imprimer sur la badauderie;
Journel est bien de son pays.

BAGAGE.

Vient du bas latin baga, qui signifiait un coffre. Nos pères appelaient bagues, non seulement les anneaux, mais tous les bijoux précieux; de là vient l'expression : Sortir d'une ville, ou d'une affaire vie et bagues

sauves.

BAGUENAUDER.

C'est s'amuser à des riens. On a tiré cette façon de parler de l'usage où sont les écoliers de crever les gousses qui renferment les semences du baguenaudier, pour produire une espèce d'explosion.

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BAGUETTE. (Commander à la)

Dans ce proverbe, on fait allusion à la baguette des huissiers ou à celle des écuyers.

BAHUTIER.

Quand un homme fait plus de bruit que de besogne, on dit qu'il fait comme les bahutiers. Les bahutiers, après avoir enfoncé un clou, donnent plusieurs coups de marteau inutiles avant que d'en cogner un autre.

BAISEMAINS.

L'usage des baisemains a toujours été regardé comme

un formulaire muet établi pour assurer les réconciliations, pour demander des grâces, remercier de celles qu'on a reçues, et marquer sa vénération à ses supérieurs. Chez nous cette pratique tombe en désuétude; on la regarde comme une bassesse ou comme une trop grande familiarité; et il serait à craindre que cet usage ne se perdit entièrement, si nos amans ne prenaient soin de le conserver.

BAISEMAINS. (A belles)

Avec marque de grande soumission. Baisemain n'est féminin que dans cette espèce d'adverbe. Le baisemain était un hommage que le vassal rendait à son seigneur. On dit encore je vous baise les mains, pour, je vous salue. Si les enfans baisent leur propre main en recevant un bonbon, c'est que le respect les empêche d'appliquer la bouche sur la main du bienfaiteur.

Porter la main à sa bouche, était chez les anciens un signe d'adoration, et le mot adorare composé de ad os, porter la main à la bouche, vient de cet usage. Les baisemains étaient fort à la mode sous Louis XIII; on en exécutait l'action à chaque rencontre, et le mot entrait dans toutes les formules de complimens.

BAISER.

Pour l'amour dou chevalier

Baise la dame l'escuier.

Dou pour du indique assez qu'il s'agit d'une époque

reculée.

Dans ce même temps, un chevalier qui se promenait devant la porte de sa maîtresse, devait, ne pouvant faire mieux, baiser affectueusement le loquet.

A l'église, on baisait très chrétiennement la paix après la personne que l'on aimait.

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