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Chateau-Landon, petite ville, mais de grand renom; personne n'y passe qu'il n'ait son lardon.

Les habitans de Château-Landon, ville du ci-devant Gâtinois, n'étaient pas les seuls en qui nos pères reconnussent du penchant à la raillerie; ils disaient aussi: Les copieux (habitués à copier, à contrefaire) de La Flèche; les guépins (satiriques) d'Orléans, ou : La glose d'Orléans est pire que le texte; le propre des railleurs étant d'ajouter quelque chose aux faits qu'ils rapportent.

Mettre au violon.

VIOLON.

Nos aïeux disaient : Mettre au salterion. Un instrument à cordes, dont on s'accompagnait en chantant, portait le nom de psalterion, ou salterion.

Mettre quelqu'un au violon, c'est le renfermer dans une prison attenante à un corps-de-garde, le détenir provisoirement.

L'expression Siffler la linotte, dont se servent les gens du peuple, signifie chanter dans une prison. Un de ces proverbes explique l'autre.

VITRES. (Casser les)

Ne rien ménager dans ses propos.

Grégoire de Tours, qui écrivait dans le septième siècle, parle des vitres de l'église de Saint-Martin de Tours. Le poète Fortunat, qui vivait au commencement du huitième siècle, fait un grand éloge des vitres de la cathédrale de Paris. Dans ce même siècle, les Anglais envoyèrent chercher en France des vitriers pour arranger les vitres des églises de Cantorbéry et d'Yorck. Dans le douzième siècle, l'abbé Suger se fit un grand

honneur en ornant l'église et le monastère de SaintDenis de vitres magnifiquement peintes.

On commença, dans le quatorzième siècle, à orner de vitres les maisons des particuliers. Elles étaient, comme celles des églises et des châteaux, attachées avec du plomb. Précédemment on se servait de toile claire. Lors de l'invention du papier, on en garnit aussi des châssis, après l'avoir huilé, pour le rendre plus transparent.

Dans le seizième siècle, les vitres n'étaient encore que de petits morceaux de verre de forme carrée, hexagone, octogone, etc., liés ensemble par de petites lames de plomb à double rainure.

A ces verres de petite dimension succédèrent des carreaux de moyenne grandeur, immédiatement enchâssés dans des traverses de bois.

Vers la fin du dernier siècle, on porta la magnificence jusqu'à substituer aux verres de vitres, de vraies glaces. De nos jours il y a de ces glaces qui sont assez grandes pour qu'une seule remplisse un châssis de quatre à cinq pieds de haut.

VITULOS. (On dit d'un homme qui a été bien battu, Il en a eu depuis miserere jusqu'à)

Faisant allusion à un usage monastique. Pendant toute la durée d'un psaume dont le premier mot est miserere et le dernier vitulos, le religieux ou la religieuse coupable d'une faute grave, reçoit sur les épaules nues, des coups de baguette ou de discipline.

VIVAT.

Rabelais, pour se moquer de ce cri, a contrefait les Allemands. (Voy. Pantagruel, Liv. IV, chap. 53.) Vivat, s'écria Épistemon, vivat, fifat, pipat, bibat.

VOILE. (Prendre le)

Si la couronne de roses blanches est partie intégrante du costume d'une mariée, le voile n'est pas moins essentiel. D'où vient donc que prendre le voile signifie entrer en religion, se vouer au célibat? - De ce que le voile d'une mariée est la parure du moment, tandis que celui d'une religieuse va devenir sa coiffure habituelle.

Avant de recevoir le voile, une novice paraît à l'église, revêtue des plus riches habillemens de sa garde-robe. Une place, en face du prédicateur, lui est réservée; les dangers du monde et les avantages du cloître lui sont tour à tour présentés. A l'issue du sermon, si elle persévère, deux anciennes religieuses la conduisent aux pieds de la supérieure, qui, assise et armée de ciseaux, coupe ses cheveux, et lui ceint le front d'un bandeau.

Revenons aux mariées. Une chose assez singulière se pratique maintenant à Paris, pour la façon de poser le voile. Dans les classes inférieures, réputées cependant les plus modestes, une mariée veut que son voile ne cache pas sa figure, tandis que les jeunes mariées d'un rang élevé montrent à peine le bout de leur nez.

VOISIN. (Bon avocat, mauvais)

Un homme qui connaît toutes les ressources de la chicane doit être disposé à inquiéter ses voisins pour des vétilles.

VOISIN. (Un grand clocher est un mauvais)

Si un ouragan renverse le grand clocher, les maisons voisines sont écrasées.

Par le grand clocher on entendait aussi, avant la révolution de 1789, les églises cathédrales et les abbayes.

Un procès avec un chapitre, avec un couvent, était d'autant plus à craindre, que le nombre des chanoines ou des moines était plus considérable; chacun employant pour la défense commune son crédit et celui de ses amis. VOISIN. (Un bon renard ne mange point les poules de son)

C'est-à-dire, un homme rusé qui fait une action blàmable, la fait plutôt dans un quartier éloigné que dans son voisinage.

Ou, un jeune homme fougueux, qui a conservé quelque respect humain, ne donne point d'alarmes aux inères de son voisinage.

VOISINE. (Il n'est voisin qui ne)

Cependant le droit de voisiner dégénère souvent en abus. Tel voisin qui déteste le travail, vous fait perdre un temps précieux; tel autre est un témoin incommode de votre vie domestique.

VOLÉE. (Que de bond que de)

C'est-à-dire, tant de bond que de volée.
Expression prise du jeu de paume.

Pourvu que les joueurs renvoient l'éteuf, peu importe la manière dont ils l'ont rencontré.

VOLET. (Trié sur le)

Se dit d'une chose bien choisie.

Un volet signifie non seulement une cloison de fenêtre, mais un petit ais rond, un couvercle; et pour trier des choses menues, comme des graines, on se sert souvent d'un volet.

VOLEURS; (On ne pend que les petits)

parce qu'ils n'ont ni argent ni crédit pour échapper à la sévérité des lois.

Dans un recueil imprimé vers 1536, on lit cette question d'un légiste à un ermite :

-

Homme, que fais-tu dans ce boys?
Au moins parle à moi, si tu daignes.
Je regarde ces fils d'araignes,
Qui sont semblables à vos droicts.
Grosses mouches en tous endroicts
Y passent, menues y sont prises.
Pauvres gens sont subjects aux loix,
Et les grands en font à leur guise.

VOUER. (Ne savoir à quel saint se)

Ne savoir quel parti prendre, à quel expédient re

courir.

On trouve dans les OEuvres de La Mothe Le Vayer, un long passage sur les superstitions populaires qui ont fait invoquer certains saints en raison de leurs noms: par exemple, saint Clair pour les yeux; saint Lié pour les enfans noués; saint Main pour la gale, parce qu'elle se manifeste aux mains; saint Marcou pour les écrouelles, parce qu'elles attaquent principalement le cou, etc., mettant en rapport le nom du saint avec celui de la maladie.

Le jour de saint Léger (3 octobre) nos pères auraient eu de la répugnance à ensemencer la terre, dans la crainte que le blé ne devint léger. Le 29 janvier ils invoquaient sainte Sérène à Metz, pour avoir du beau temps.

VULGAIRE. (Il faut penser avec les habiles gens, mais parler avec le)

Proverbe dirigé contre les pédans toujours prêts à faire parade de leur savoir.

C'est, peut-être, aussi une pensée philosophique.

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